Et si j’essayais un doubleur de focale ?
En cette période étrange, qui nous a forcé à rester chez nous, pour un photographe c’était soit devenir fou, soit trouver des alternatives à sa (ses) pratique(s) habituelles.
Heureusement, la grande majorité d’entre nous ont opté pour la seconde solution. Qui fut l’occasion de (re)découvertes.
Parfois d’anciens appareils, parfois d’anciennes techniques (sténopé, cyanotipe, cafenol, moyen format, chambre, …), parfois d’expérimentations, etc. bref, ce fut l’occasion de se remettre en question et – parfois – de découvrir d’autres horizons.
Personnellement, et parce que j’ai la chance d’un grand jardin et d’un quartier non loin d’un bois, j’ai eu envie de découvrir la photo animalière. Je confesse aussi avoir été aidé dans ma démarche par la belle émission de Tanguy Dumortier, qui avait rebaptisé son “jardin extraordinaire” en “notre” jardin extraordinaire. Pendant trois semaines, avec d’autres passionnés, il nous a fait découvrir la richesse de nos jardins, de nos champs, de nos balcons, des parcs urbains. Je vous encourage à aller revoir ces émissions sur Auvio, le site de podcast de la RTBf.
Et donc, après avoir aménagé un petit coin d’observation (sans tomber dans l’affut de chasse), je me suis surpris à photographier nos petits oiseaux, quelques écureuils facétieux, un chevreuil timide, des fleurs, … enfin, tout ce qui pouvait avoir un intérêt, à portée de mains, pardon, d’objectif !
Mais bon, vous connaissez mon matériel et à part le 70 -200 f4, c’est pas le top pour ce genre de photos, à moins de s’approcher très (trop) près.
Donc, le besoin et d’un téléobjectif plus puissant et d’un objectif permettant la macro s’est fait assez vite ressentir.
J’ai eu l’occasion (comme d’hab, sur un site de seconde main) d’acheter un 500mm à miroir à un prix intéressant.
Super, l’allongement était génial mais … pas d’autofocus et ouverture à f8. L’ouverture n’était pas vraiment un soucis, avec les réglages ISO de nos appareils modernes, on peut voir même en pleine nuit !
Par contre, en animalier, l’autofocus, c’était un problème : si capter la lune fut un bel exercice, c’est autre chose que de suivre un écureuil gourmand et pressé sans cet aide.
Vu le prix des grands téléobjectifs, il me restait la solution de la location. Quoique pour quelques jours, et puisque nous ne pouvions sortir et que les magasins non essentiels étaient fermés, il fallait trouver une autre solution.
Et pourquoi pas un doubleur de focale ?
“Heu… un quoi ?” – “Ben, un doubleur de focale, ou un extender, dans la langue de Shakespeare”.
Pour être correct, il faudrait parler de multiplicateur de focale, le doubleur étant un de ces multiplicateurs, qui – comme son nom l’indique – multiplie par deux la focale que vous utilisez normalement.
Ainsi, mon fidèle 70 – 200 deviendra à sa focale maximale, un 400 mm. Chouette non ? Juste en ajoutant un petit fut entre votre boitier et votre objectif.
Soyons toutefois attentifs à, au moins, trois points : ce multiplicateur va vous faire perdre de la luminosité, il va mettre à rude épreuve la qualité de vos objectifs, et vous devrez en choisir un qui respecte les contacts de votre boitier et objectif (autofocus, transmission données, etc.). L’idéal étant de rester dans la même marque que celle de votre objectif, si cela existe.
Pour ma part, je suis resté chez Canon, avec un extender 2x. Il existe aussi une version plus light, qui multiplie par 1,4 votre focale. A conseiller si votre optique n’est pas très piquée et/ou très lumineuse. Ce multiplicateur fera moins ressortir les défauts éventuels de votre objectif, mais un 200mm ne “deviendra” qu’un 280 mm (dans ce cas là, optez pour le Canon EF 70-300mm f/4-5.6 IS II USM qui est environ à 490€).
Donc, avec ce doubleur de focale, me voici muni d’un équivalent 400 mm ouvrant à f8 (le 70 – 200 F4 série L perd environ 2 diaphragmes). C’est moins bien que le Canon EF 400 mm f:2,8, certes, mais à 13.220€ le caillou, comme on dit, “y a pas photo” ! (en fait de caillou, ça se rapproche du diamant à ce prix là !). Notez qu’il existe un modèle “plus accessible”, le Canon EF 400mm f/4 DO IS II USM,qui ne coûte plus que 7150€. Dans le cas où vous auriez vraiment besoin de cette luminosité, vaut mieux envisager la location (voyez par exemple chez https://www.brupixel.be/index.html)
Voilà, je pense avoir fait le tour de la question. Si vous aussi avez envie de (re)découvrir les beautés qui nous entourent, sans effrayer nos petites bêtes à poils ou à plumes, allez-y les yeux fermés (enfin, au moins un, sinon c’est plus difficile pour viser).


Ah, petite frayeur avec l’Extender 2x et le Canon Eos 6D ! J’avais monté le 70 -200 avec le doubleur de focale sur l’Eos 6D et impossible d’activer l’autofocus. Tout fonctionne si je retire le doubleur, mais plus rien quand je le remets. Donc, soit l’électronique du doubleur est HS, soit il n’est pas compatible avec l’Eos 6D. Bon, pour en avoir le cœur net, je monte l’ensemble sur un Eos 5D mark III dont je vous parlerai bientôt et là, tout fonctionne.
Pour une obscure raison que j’ignore, l’Eos 6D mark I ne serait pas compatible avec un Extender Canon 2x (premier modèle). Si vous en avez aussi fait l’expérience, je serais ravi du partage d’informations à ce sujet.
Ceci étant, comme je préfère toujours les Eos 5 D, ça ne me pose pas de problème, mais c’est quand même étrange …
Je pense avoir trouvé l’explication de pourquoi l’autofocus du Eos 5D mark II et du Eos 6D ont déclaré forfait. Je vous la livre telle quelle : « … le module AF de Canon est le plus complet du moment avec 61 points dont 41 en croix et 5 en double croix. Mais attention, ces chiffres varient en fonction de la luminosité des optiques et des modèles. Ainsi, les 5 points en double croix ne sont actifs qu’avec certaines optique à f/2,8 ou plus lumineuses. A f/4, 5 les 5 poins en double croix ne fonctionnent plus et il faudra se «contenter» des 41 collimateurs en croix. À f/5,6 seuls les 21 collimateurs centraux en croix sont actifs, les 20 restant sur les 61 points sont linéaires. Avec certaines optiques le nombre total de collimateurs se réduit à 33. Avec une ouverture à f/8, l’autofocus ne fonctionne simplement pas. Ainsi, les optiques f/4 utilisées avec un doubleur 2x ne disposeront pas d’autofocus ». Dixit un test fait par « Les numériques » (https://www.lesnumeriques.com/appareil-photo-numerique/canon-5d-mark-iii-p46451/test.html, pages consultées le 09/06/’20). Là où je pense que l’explication peut être logique avec le 6D et le 5D, elle est erronée avec l’Eos 5D mark III car il fonctionne parfaitement avec le doubleur, il suffit de monter un peu dans les ISO. (ajouté le 17/06/2020).
Comme d’habitude, des liens vers des sites utiles : https://www.comment-photographier.com/doubleur-de-focale-et-multiplicateur-de-focale-ou-comment-voir-plus-loin/ (il y a une vidéo intéressante), ou https://www.digixo.com/passion-photo/actualites/23/choisir-multiplicateur-focale.html