L'Atelier de JP

Kodak Dualflex I

Certes, mais encore …?

Allez, je vous raconte … un soir, je regarde la RTBf (télévision belge) et lors d’une émission (Visitwallonia.be), je remarque un vieil appareil qui sert un peu de fil rouge à la présentation de la dite émission.

Comme je suis curieux, je tente – et réussi – à voir la marque : un Dualflex ! En creusant un peu, je découvre que cet appareil est en fait un Kodak.

Encore quelques recherches sur la grande Toile et je trouve des infos utiles : c’est un faux TLR (Twins Lens Reflex, autrement dit, appareil réflex à deux objectifs) car s’il présente bien deux « objectifs » sur la face avant, le premier (au dessus) ne sert qu’à la visée à travers un verre placé au dessus (un peu comme les vieux « box » de chez …Kodak, notamment). Il fut fabriqué de 1949 à 1955 par Kodak UK.

Donc, nous visons à travers le verre incurvé que se trouve sur le dessus de l’appareil et voyons (à peu près) la scène grâce au verre du dessus.

En dessous, se trouve l’objectif proprement dit. Heu, objectif, le mot est grand ! Il s’agit d’un « ménisque » (une seule lentille) qui offre une focale équivalant à un 75mm dont la mise au point minima est de +/- 1,5m (5 pieds). Pas de réglage, c’est du fix focus. Ouverture unique de f1:15.

Quand aux vitesses, ben … y en a deux : B pour Bulbb (c-à-d le temps que vous voulez mettre) et un I qui devrait être de 1/30 sec (mais ça dépend des appareils, certains ont constaté 1/50sec pour le leur). Le déclencheur est à droite, le bouton qui dépasse.

Jusque là, rien d’affriolant, mais je trouve que cet appareil à « une gueule sympathique », complètement hors du temps ! Je fouine sur un grand site de vente et j’en dégote un à … 25€, frais de port compris.

Trois jours d’attente et le voila qui débarque de son Angleterre natale. Il est tout complet, avec une protection spéciale qui se fixe sur le dessus, en plus de sa house, et avec sa lanière d’origine. Propre et tout à fait fonctionnel.

Que me réserve t’il d’autre comme surprise ? En l’ouvrant, je constate qu’il n’accepte que du film en 620. Aïe, c’est un format rare, très difficile à trouver. En fait, c’est du 120 mais enroulé sur une bobine beaucoup plus fine et au diamètre réduit. Je pourrai sortir des photos en 6×6 (12 vues).

Je trouve bien quelques sites, aux USA, qui refabriquent cette pellicule mais je n’ai vraiment pas envie de passer par eux (frais de douane élevés). Il y aurait même une société belge qui la fabrique, je les ai questionné à ce sujet et j’attends leur réponse (daté du 10/08/2020).

Sinon, comme d’habitude, il existe plein de tutos pour transférer une bobine de 120 sur un axe de 620 mais j’ai essayé, c’est une galère pas possible qui m’a coûté une Porta 400 bonne pour la poubelle. Vu comme ça, à la lumière, c’est simple mais quand vous devez faire ça dans le noir, ce n’est plus du tout évident. D’autant qu’il vous faut déjà 2 bobines de 620 pour la manœuvre : transfert du 120 vers le 620 (film enroulé à l’envers) puis repassage du film vers une seconde bobine 620 pour remettre le film à l’endroit. A éviter !

Reste une autre idée, dont je livre la vidéo :

Je vous avoue que j’ai un peu modifié la technique, en utilisant un pied à coulisse pour vérifier l’épaisseur du support de la 620 qui, rappelons le, est en métal (1/10mm) et une petite ponceuse électrique avec du grain à 80gr pour réduire le plastique de la 120 à l’épaisseur voulue. Je ne découpe pas non plus le pourtour aux ciseaux mais j’arrondis avec la ponceuse aussi. Et honnêtement, ça prend 10 minutes pour transformer une bobine de 120 en 620. Petit coup de pinceau doux pour éliminer toutes les poussières et hop, dans le ventre de l’appareil. Ça entre tout juste (faut vraiment bien respecter le 1/10mm) mais ça rentre, et ça tourne autour de l’axe sans soucis.

Voilà, j’ai donc chargé l’appareil d’une autre Porta 400. J’ai repris une cellule à main, au cas où … et je vous livrerai le résultat sous peu.

La prise en main se fait comme pour un TLR classique et l’on vise « par au dessus » comme avec un Rolleiflex ou un Yashica D, à la différence qu’il n’y a pas de « protection » autour de la vitre de visée et qu’il n’est pas possible de régler la distance, fixe. Il faudra vérifier avec la cellule en tenant compte d’une ouverture fixe de f1:15 et une vitesse de 1/30sec. Je pense que je vais essayer d’éviter les sur-ex et les flous de bougé en cas de faible lumière.

Voilà, voilà, j’ai reçu le film fait avec le Dualflex … et je suis perplexe !

Vous aller comprendre …

Pour mémoire, j’avais chargé l’appareil avec une Kodak Porta 400, qui ne s’en sort pas trop mal au niveau du rendu (grand soleil mais réglages à minima f1:15 et 1/30s). Et je n’ai pas perdu une seule photo, contrairement au Gevabox.

Mais là où s’est vraiment bizarre, ce sont ces déformations qui vont dans tous les sens.

Pour ceux qui aiment la « lomographie » et ses surprises, ils vont être gâté !

Je ne sais pas si à l’époque ce gendre d’effets étaient recherché, mais j’imagine les albums de famille faits avec cet appareil !

Reste que l’appareil est joli – pas totalement inutilisable – mais joli. Un nouveau presse-papier ou cale-livres en somme ou pour le fun de photos improbables.

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