Quel avenir pour la photographie ? Première partie : les reflex

Si vous suivez un peu l’actualité photographique, force est de constater qu’il y a plus de questions que de réponses pour l’avenir proche.

Alors je vous livre mon ressenti vis-à-vis de ce qui est notre hobby, notre passion et pour les autres, des lignes dans un bilan !

Au sujet des réflex :

Ça fait des années que les auspices nous prédisent la fin du reflex, tantôt à cause du smartphone (je rigole !), des compacts experts (et le viseur mon grand ?), les hybrides (bon là, nous y sommes, presque).

Hier, Olympus annonçait la vente de sa division photo à un groupe d’investissement japonais; avant hier, Minolta était racheté par Kiocera puis revendu à Sony, Konica a disparu, Leica s’est allié avec Panasonic, et demain ?

En fait, les constructeurs, plutôt que faire les tendances, les subissent au nom de quelques « experts » qui essaient surtout de se démarquer et se faire remarquer.

Citons par exemple les magasines photos, en format papier ou sur le Net qui analysent un reflex au nombre de gadgets qu’il emporte : WiFi, NTC, GPS, nombre de prises HDMI et – surtout – sa capacité à se muer en caméra ultra performante, même au prix de standards qui n’existent pas encore et dont personne ne se sert.

Tout le monde crie haro sur Canon parce que ses boitiers R5 chauffent après 30 minutes de video en 8k.

Moi, ce que je voudrais savoir c’est si ce réflex m’aide à faire de (très) bonnes photos. Si je veux filmer en ultra hautes performances, j’investis dans une caméra !

Ah oui, vous me rétorquerez que la plupart des photographes pro doivent pouvoir passer de la photo à la vidéo pour satisfaire les exigences de leurs clients. « Est-ce que ton client a le pouvoir de t’imposer avec quoi tu arrives à le satisfaire ? » Non, tu choisis le matériel le plus adéquat en fonction de la tâche à réaliser.

Imaginons un client qui exige de son maçon de monter son mur avec une petite cuillère parce que ça fait plus « up to date ». Croyez moi, il va manger ses briques … à la cuillère !

Les boitiers d’aujourd’hui sont de plus en plus chers, avec des cycles de vie définis par un nombre de déclenchements qu’un pro atteint en 2 ans de travail à peine.

Ils sont de plus en plus sophistiqués, véritables usine à gaz numérique. Seul Canon, me semble t’il, s’en sort encore à peu près avec une tradition de menus limpides, faciles à appréhender et avec des aides contextuelles pertinentes. Pour Sony, Fuji, Panasonic, Olympus, prévoyez une boite d’aspirine !

Posséder un boitier performant aujourd’hui revient à exhiber son dernier smartphone qui fait tout … sauf le café. Et il devient inconcevable de le posséder plus de deux années de suite.

Notez, ça fait le bonheur des amateurs, comme moi, qui peuvent enfin se payer ces appareils, sans être à la mode.

Sérieusement, qu’attendons-nous d’un bon réflex ?

Qu’il soit portable (poids), adapté au milieu qu’il va photographier (portrait, paysage, sport, etc.), que nous puissions l’accompagner d’objectifs performants – n’oubliez pas que ce sont eux qui font la qualité de la photo; qu’il réagisse vite si besoin, qu’il possède des outils nous permettant de mieux appréhender la lumière – qui reste notre première matière; qu’il soit résistant – c.-à-d. qu’il nous en donne pour notre argent en termes de durabilité (pour mémoire, mon Canon New-F1 a 40 ans et il est prêt pour encore 40 ans mais j’ai dû revendre mon Eos 5D premier du nom parce que Windows 10 ne le reconnaissait plus !).

L’ultra connectivité que l’on nous vend pour tout et pour rien (je bondis à chaque fois que j’entends le slogan de la firme Orange qui veut des « connected employes » taillables et corvéables à toute heure et en tous lieux) n’a rien à voir avec la photographie.

Je peux comprendre les besoins des photographes professionnels – eux aussi soumis à des cadences infernales et à des conditions concurrentielles démentes, qui les ruinent plutôt que les faire vivre – mais pourquoi obliger tout le monde à avoir besoin de ces outils qui ne seront jamais utilisés par le commun des photographes et – surtout – les payer au prix fort.

Revenons en au principe si simple : des appareils pour les pro – et si des amateurs (très) fortunés veulent se les payer, tant mieux, et des appareils qui vont de l’amateur au confirmé, débarrassés des gadgets qui n’apportent rien à la photo mais qui diminuent les prix raisonnablement.

Bref, le reflex est un appareil qui a encore de beaux jours devant lui, si tant est que l’on apprécie la photographie parce qu’il répond à la majorité des besoins.

Depuis les années soixante, c’est l’appareil qui a le plus répondu présent, partout dans le monde et même au delà (Nikon a accompagné les cosmonautes), pour tous les types de photos imaginables.

Il a mué, a évolué, s’est renouvelé, a atteint des sommets de sophistication, mais j’ai le sentiment étrange que maintenant il n’appartient plus aux photographes mais aux ingénieurs et « experts » en marketing.

Et, surtout, l’offre, qui reste pléthorique quoique l’on en dise, ne simplifie pas la vie du photographe. Les ingénieurs se sont amusés à multiplier les formats : APS – et même là, chacun y a été de sa formule, puis 4/3 pour revenir au format 24×36.

Et ensuite, alors qu’il était si simple de viser à travers un viseur « classique », on nous a implanté une TV, censée nous renvoyer l’image de notre réalité; bienvenue à l’hybride.

Histoire de compliquer encore un peu les choses …

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