L'Atelier de JP

Voigtländer Vito CLR

La marque Voigtländer est sans doute la plus ancienne marque d’appareils optiques : elle fut fondée en 1756 par Johann Christoph Voigtländer, un pionnier de l’histoire de la photographie.

En 1840, elle sort le premier appareil photo tout métallique au monde et se sera le début d’une longue aventure d’innovations, jusqu’à une première association avec son concurrent, Zeiss Ikon en 1970, pour tenter de résister à l’invasion des appareils nippons. Hélas, en 1972 elle ferme ses portes. Son nom sera racheté par Rollei en 1974. Enfin, la société allemande Plusfoto GmbH rachète la marque Voigtländer et confie à Cosina (Japon) la réalisation de nouveaux boîtiers télémétriques haut de gamme, les fameux Besa.

Je ne vais pas faire ici l’historique de cette prestigieuse marque, vous trouverez facilement des infos sur la Grande Toile à son sujet.

Je vais m’arrêter sur un des nombreux modèles produit, le Vito CLR.

Contrairement aux Dacora Super Dignette et Voigtländer Vitoret que je vous présentais il y a peu, celui-ci est un télémétrique, c’est à dire que l’action que vous portez sur l’objectif se voit dans le viseur. Vous ajustez l’image par coïncidence d’un point (patch) sur celle-ci.

Ce qui permet une mise au point plus précise, non plus approximative mais basée sur l’objet à photographier (ce qui n’exclus pas l’utilisation du zone focus quand il faut aller vite).

Le Vito, premier du nom à vu le jour en 1939 et c’était un appareil pliable utilisant le 135mm. Ensuite, le Vito B, pourvu d’une « carrosserie rigide » est apparu en 1954. Cette gamme de Vito fut déclinée en plusieurs versions pour aboutir, en 1960, à la gamme du Vito C, dont le CLR est une déclinaison. Enfin, la gamme s’acheva sur le Vito Automatic.

C’est donc la troisième évolution du Vito. Le sigle CLR indique qu’il s’agit de la gamme C avec un photomètre (L = ligth) et un télémètre (R=rangefinder). Il fut produit de 1961 à 1967.

La cellule et le télémètre sont couplés à l’obturateur. Un luxe à l’époque qui se négociait en 1965 au prix de 56,97£ (soir près de 2058€ en 2020 !).

L’appareil photo est un peu plus grand que le Vito B – il mesure 125 mm sur 85 mm sur 75 mm et pèse 730 g. Concrètement, on « sent » ce que l’on a en mains ! Mais il reste compact et facile à manipuler, si vous le prenez correctement en mains : la gauche sous le fut de l’objectif et le majeur de la main droite sur le déclencheur… Faut juste un peu de pratique pour que ça paraisse normal.

L’appareil est maintenant doté d’un dos à charnière, fermé par un loquet fixé sur la gauche de l’appareil. Il faut appuyer sur les deux extrémités en même temps pour déverrouiller le loquet.

Un astucieux bouton, placé près de la fenêtre de visée, permet de déverrouiller la bobine réceptrice, pour rembobiner le film en fin de course. Sur ce bouton, un rappel pour le type de film inséré : lumière du jour ou lumière artificielle me semble t’il (j’ai toujours un doute sur l’utilité de cet accessoire).

L’armement se fait grâce à une tirette, parfaitement dissimulée dans le corps de l’appareil, avec juste un petit bout de cette tirette qui dépasse pour armer rapidement.

Le compteur de vue, qui se remet à zéro à l’ouverture du dos, se situe sous la semelle.

Il y a une griffe porte flash mais sans contact comme nous le connaissons aujourd’hui mais une prise pour le flash est en façade, sous le déclencheur.

Car oui, le déclencheur est en façade. Le gros bouton doit être abaissé pour prendre la photo, ce qui nécessite un peu d’habitude pour ne pas faire bouger l’appareil (finalement, le bouton à enfoncer du Dacora était peut-être une meilleure solution).

Pour le reste, le Vito CLR possède :

Le viseur est très grand, lumineux, avec un cadre parfaitement visible et compensation de la parallaxe (distance minimum de 1m pour les prises de vue). Ceci étant, il ne contient aucune indication. Si vous voulez vérifier la cellule, il faut quitter le viseur des yeux. Rome ne s’est pas faite en un jour, que voulez-vous !

L’exemplaire que je possède est marqué du numéro 138/1. Il est équipé de sa gaine en cuir, elle-même munie d’un petit sac qui contient un filtre B+W 32 à clipser sur le devant de l’objectif et un pare-soleil, lui aussi à clipser.

C’est un bel appareil. Honnêtement, si je devais en utiliser un entre le Dacora, le Vitoret et celui-ci, c’est lui que je prendrais.

Je crois que je peux le mettre en compétition avec le prochain appareil que je vous présenterai, le Zeiss Ikon Contessamat BSE.

Si j’avais un regret à son égard, c’est qu’il ne soit pas muni d’œillets pour pouvoir le porter avec une sangle. Mais à l’époque, il était inconcevable (ou presque) de ne pas emporter le sac « tout prêt » avec soi. Gage de protection d’un appareil onéreux, et de sa cellule, au sélénium.

En résumé, un bel appareil que l’on n’hésite pas à sortir, qui demande un minimum de pratique pour bien le manipuler.

Je vous ai trouvé une vidéo (en anglais) :

Quelques références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Voigtl%C3%A4nder, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-1624-Voigtlander_Vito%20CLR.html en français, https://oldcamera.blog/2017/03/05/voigtlander-vito-clr/, https://www.k2-photography.dk/voigtlander-vito-clr/ en anglais

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