L'Atelier de JP

Kodak Instamatic 324

Franchement, je suis parfois moi-même surpris de ce que je peux trouver dans une caisse d’un lot de vieux appareils.

En l’occurrence, sous un Nikon F65 en très bon état, se cachait ce drôle d’appareil.

Lui non plus ne gagnera pas un prix de design mais comme appareil vintage, il est sans doute imbattable.

Non mais, vous avez vu sa bouille ?

Dès que je l’ai extirpé de sa cachette, je l’ai fait tourner dans mes mains, pour le « sentir » … et c’est à ce moment là que j’ai vu qu’il y avait toujours un film à l’intérieur et que 16 vues avaient été prises déjà. Mais depuis quand et par qui ? Seul le développement pourra nous le révéler …

J’imagine que le film doit faire 24 vues, je vais donc le terminer …

Mais avant tout, nettoyage en profondeur et détection des éventuels problèmes. Bon rien de grave, quelques endroits où il faudra recoller le simili cuir, un bouton de sélection qui a besoin d’exercice pour retrouver un peu de fluidité, une optique et un viseur à nettoyer sérieusement.

J’arme et déclenche une fois, pour entendre l’appareil réagir … mais pas plus, je ne veux pas gaspiller la pellicule.

Au fait, celle-ci est dans une cassette appelée 126, qui fut créée par Kodak expressément pour ce type d’appareil, les Instamatic.

« Le format 126 fut introduit sur le marché par Kodak en mars 1963. La cartouche KODAPACK mettait remarquablement fin au récurent problème de la difficulté de charger correctement un film dans l’appareil. Ce fut un succès immédiat : plus de 50 millions d’Instamatics furent vendus entre 1963 et 1970 dont 7,5 millions les deux premières années !
Mise au point par l’ingénieur Australien Hubert Nerwin, le chargeur 126 est une cartouche en plastique contenant du film 35 mm avec perforations spécifiques doublé par un papier portant au dos les numéros de vues. Il suffit de déposer le chargeur dans l’appareil, fermer le dos et avancer automatiquement jusqu’à la première vue. Une fois le film terminé, il n’est pas nécessaire de le rembobiner, juste ouvrir le dos et retirer la cassette ». source : http://www.philcameras.be/collection/collectionm/ijk/kodakm/instamatic126m

source : http://www.philcameras.be/collection/collectionm/ijk/kodakm/instamatic126m

Le tout premier appareil a en bénéficier fut le Kodak Instamatic 50, fabriqué par Kodak UK et vendu en Angleterre en premier. Il fut produit de 1963 à 1966.

Puis vint l’Instamatic 100, fabriqué lui par Kodak USA de 1963 à 1966.

Toujours de 1963 à 1966, par Kodak USA, un Instamatic 300 et un 400, qui avait la particularité d’avoir un moteur à ressort

Il y en eut plein d’autres, que je vous laisse découvrir sur l’excellent site de Philippe, Philcamera qui est une véritable mine d’or en renseignements. La saga des Instamatic s’est finalement terminée en 1985.

Mais revenons à notre Kodak Instamatic 324. Cet appareil a été fabriqué de 1966 à 1968 en Allemagne.

S’il n’est pas le plus beau, il a quand même quelques jolis arguments à faire valoir, comme par exemple :

Il était vu comme un modèle sophistiqué dans la gamme.

Un petit mot sur le « flashcub », que les plus jeunes ne connaissent pas forcément : il s’agit d’un cube dans lequel 4 ampoules sont insérées et qui tourne au fur et à mesure des prises de vue. Lorsque les 4 ampoules ont « flashés », vous jetez le cube et vous en remettez un nouveau si vous n’avez pas fini vos prises de vue. Il est toujours possible de retirer un cube entamé et de le remettre ensuite pour finir les lampes restantes. C’était une alternative au flipflash que je vous ai présenté avec l’Agfamatic 6008

source : https://www.lightstalking.com/flashcubes/

C’est une évidence, l’appareil est « carré », taillé à la serpe mais finalement, il me rappelle certaines carrosseries des voitures de ces années là

Au niveau manipulation, rien de compliqué, forcément : un grand viseur avec les marques pour la parallaxe; une tirette en plastique noir pour ré armer l’appareil à l’arrière; sur le dessus, la prise caractéristique pour le flash cube; au dessus de l’objectif, un curseur noir qui permet de choisir entre A pour automatique et flash; à la même hauteur, un gros poussoir noir, qui est le déclencheur, pas vraiment souple, il faut appuyer pour déclencher (risque de flou de bougé); l’objectif enfin, avec ses symboles tout simples pour la mise au point (ce n’est pas un télémétrique donc pas de patch pour la mise au point), de 70cm à l’infini; pour le nombre de prises de vues, pas de compteur mais une fenêtre qui donne sur le dos de la cassette de 126.

Un appareil voulu facile d’utilisation et qui a su trouver son public, moins regardant que de nos jours (dirais-je moins difficile/exigeant ?) mais qui a rempli de souvenirs des tas d’albums familiaux, qui font la joie aujourd’hui des enfants et petits enfants.

Ne croyez pas que je sois nostalgique, loin de là, mais je pense que jouir des choses simples est devenu un luxe, qu’il est tentant de réapprendre.

Une remarque encore pour cet appareil, et tous les autres qui utilisaient cette cassette en 126, car elle n’est plus fabriquée de nos jours.

J’ai pu trouver sur Ebay un vendeur hollandais qui fabriquait, avec une imprimante 3D, des cassettes acceptant du film en 135mm (du 24×36 classique). Je vous livre ici quelques photos issues du site de vente car je ne suis pas certain que vous retrouviez l’offre au moment où vous lirez ces lignes

Je reviens aussi sur un élément, qui est comme une trace, comme cette inscription sur le MIR que je vous présentais il y a peu : le fait qu’il y ait une pellicule dans l’appareil, entamée.

Croyez le ou pas, ça arrive souvent, lorsque je trouve de vieux appareils, compacts ou autres, que je découvre un film encore à l’intérieur. Et à chaque fois, je me dis que des personnes ont laissé là, sans même plus s’en souvenir, des tranches de leur passé, que je vais découvrir parce que je vais faire développer les films.

Et ça arrive même en numérique : le dernier Canon Eos 7D que j’avais acheté avait encore une carte CF à l’intérieur. J’ai visionné les premières images et me suis rendu compte qu’il s’agissait d’images de fêtes enfantines, d’anniversaires. J’ai immédiatement contacté le vendeur, anglais, pour lui demander s’il avait sauvegardé ces images ou s’il fallait les lui renvoyer. Comme il n’en était plus certain, j’ai utilisé les services gratuits de WeTransfer pour lui expédier les 780 photos qui étaient sur la carte.

Là, j’avais eu de la chance, je pouvais immédiatement identifier le propriétaire des photos mais lorsque j’achète un appareil dans un vide grenier, chez Emmaüs, sur une brocante, c’est quasi mission impossible …

Peut-être un jour ferais-je une galerie de ces images oubliées, en espérant que quelqu’un puisse s’y reconnaître, ou un des ses proches …

Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Kodak_Instamatic_324, https://www.lightstalking.com/flashcubes/ en anglais, http://collection-argentiques.net/?p=2534, http://www.philcameras.be/collection/collectionm/ijk/kodakm/instamatic126m en français

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