L'Atelier de JP

Agfamatic 2008

Tiens, j’allais l’oublier celui-ci, un Agfamatic 2008 que j’ai reçu, dans sa boîte d’origine, avec sa dragonne, un flipflash (entamé), le mode d’emploi, sa carte de garantie et … un film avec 9 photos déjà faites.

Si je regarde la lignée des Agfamatic, cet appareil est apparu sur le marché en 1975, soit 3 ans plus tard que le 4000 que je vous présentais il y a peu. Et il est considéré comme entrée de gamme.

Quoique il propose tout de même un « ‘téléobjectif » dont la mise au point sera fixée entre 1,2m et l’infini. Près du déclencheur, se trouve un petit curseur qui vous fait passer de l’objectif au téléobjectif en faisant glisser un complément optique devant ledit objectif. La focale passe du 26 au 43 mm (soit 55 et 90m en équivalant 24X36, pas mal !) et le viseur s’adapte au changement de focale

L’objectif proprement dit est un Colar Agnar de 26mm en 3 éléments ouvrant à f9,5. L’appareil travaille avec 2 vitesses d’obturation, le 1/50s et le 1/100s que vous réglez en sélectionnant l’image d’un soleil ou d’un nuage avec le curseur placé sur le dessus de l’appareil. Et si vous n’aviez pas assez de lumière, vous pouvez lui adjoindre une barre de flipflash.

Le « flipflash » est une barre en plastique, munie de lampes flash (10 en général) qui se déclenche au fur et à mesure. Dès que vous êtes à la moitié de la barre, vous la retournez pour terminer les flashs

Le viseur est toujours aussi lumineux, avec des marqueurs pour la parallaxe.

Rien de plus, rien de moins … et c’est ce qui fait le charme de cet appareil qui, pour être considéré comme entrée de gamme, n’en est pas moins sophistiqué. Je vous laisse découvrir la subtile mécanique qui se cache sous son habillage métal/plastique. Qui, soit dit en passant, à remporté le iF Product Design Award en 1974, comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences !


Comme le reste de la gamme, cet appareil est équipé du déclencheur Sensor et de l’armement Repitomatic.

Un mot sur ces deux termes :

Le Sensor, cette pastille orange, typique des appareils Agfamatic Sensor a été une petite révolution à l’époque de sa création. Les ingénieurs voulaient offrir un déclenchement sans vibration. Ils ont donc imaginé un bouton souple qui permet une tension délicate d’une partie en métal moulé. On peut déclencher en appuyant tout doucement sur le Sensor sans causer la moindre vibration contrairement aux anciens déclencheurs mécaniques sur lesquels il fallait « pousser » et qui risquaient de déstabiliser l’appareil lors de la prise de vue.

Le système d’armement Repitomatic, une autre idée géniale. Si vous vous souvenez de l’article sur le Minox B, le soucis principal était qu’une fois armé,vous deviez prendre la photo car si vous refermiez l’appareil sans le faire, la photo était « perdue » . Eh bien le système Repitomatic permet de faire coulisser l’une dans l’autre les deux parties du boitier, ce qui actionne un mécanisme qui fait avancer le film et arme l’obturateur. Et tant que vous n’aurez pas déclenché, vous pouvez refaire le geste, sans plus perdre la moindre photo !

En fait ce qui est passionnant avec ces appareils, c’est leur apparente simplicité qui les rend immédiatement utilisable, sans devoir lire un mode d’emploi à la limite : vous sortez l’appareil de votre poche, vous l’ouvrez, vous visez et déclenchez, puis « Ritsch-Ratsch-Klick » (le bruit du mouvement et du déclenchement) et vous recommencez.

Cette simplicité d’utilisation en a fait un cadeau tout trouvé pour des milliers d’enfants et d’adolescents, pour qui ce fut souvent le premier appareil photo.

Cette gestion très facile laisse la place à l’instantanéité propre aux enfants : ils voient quelque chose qui les amuse, les intéresse, leur paraît étrange ou beau, « Ritsch-Ratsch-Klick » c’est dans la (petite) boîte.

Et il n’y a pas que les enfants qui s’en sont servis, Bernard Plossu en a tiré un livre, intitulé Paris-Matic dans lequel il exprime sa joie d’utiliser quelque chose d’aussi simple et intuitif.

Tout est-il parfait dans ce monde là ?

Non car sauf à utiliser les modèles les plus sophistiqués, les réglages sont à minima (mais c’est parfois ça le fun de la chose). Ensuite, la qualité des films en 110 a été décriée. Pourtant aujourd’hui, c’est justement ces imprécisions, ces approximations qui en font le sel. Les membres de Lomography ne s’y sont pas trompé, eux qui proposent plusieurs types de films intéressants dans ce format.

Ici pas besoin de post-production, de filtres créatifs à gogo, l’appareil vous surprendra toujours (généralement en bien) avec des images très personnelles.

Personnellement, j’ai un Agfamatic 5008 (qui sera sans doute doublé par un 6008 bientôt) dans la poche et à chaque sortie, je l’utilise, juste pour le plaisir de la facilité d’utilisation et son encombrement réduit. Je sais que je ne sortirai pas des agrandissements époustouflants mais ce n’est pas la démarche. C’est celle d’avoir sur soi toujours un moyen simple de capter un moment par essence fugace.

A l’heure où je vous écris ces lignes, des sites comme Ebay (re)commencent à s’intéresser à ces appareils et les cotes commencent à monter, ce qui est dommage. Essayez de faire le tour de vos connaissances, famille ou amis, ils doivent en avoir qui trainent dans un coin et demandez qu’ils vous les cèdent. A défaut, écumez les sites de vente et repérez les bons prix (je dirais 5€ pour les modèles d’entrée de gamme et max. 20€ pour les plus sophistiqués).

A quoi faut il faire attention en cas d’achat ? Le mécanisme fonctionne t’il bien (fluide), les piles – quand il y en a – n’ont elles pas coulé, les curseurs coulissent ils bien, les optiques sont elles propres, le mécanisme d’armement tourne t’il (une petite molette à l’intérieur de la chambre, en métal) … ?

Vous vous en doutiez, les plus sophistiqués sont ceux qui ont un numéro élevé (2000 – > 4000). Ceux qui se terminent par un zéro utilisent un flash cube et ceux qui se terminent par huit, un flipflash, tous les deux introuvables, sauf à tomber sur quelques stocks mais sans garantie qu’ils fonctionnent encore. Sur certains modèles (ceux avec flipflash), il est parfois possible de trouver un flash électronique de la marque, avec une prise spéciale qui s’insère dans celle du flipflash (p.ex. le flash Agfamatic Pocket Lux 234) … mais a t’on besoin d’un flash ?

Enfin, sachez que je vous parle ici des Agfamatic mais que d’autres marques ont sortis des appareils dans ce format de film, dont Kodak, Minolta, Canon, … évitez seulement les marques exotiques comme Regula, Hanimex Halina et autres fantaisies, qui sont souvent de pâles copies sans grand intérêt.

Et concernant les Minolta ou Canon, faites attention au prix : ils sont sophistiqués, certes, mais la facture grimpe vite.

Pour les Kodak Instamatic Pocket, vérifiez le type de pile : si ce sont des K Size, elles sont introuvables, laissez tomber. Si ce sont des PX 625, comme sur les Agfamatic, on en trouve facilement, voire on peut détourner le problème avec un adaptateur et une bonne vieille LR44.

Une interview , en français, du designer Julian Schlagheck (dont le père fut un des ingénieurs concepteurs), vous permettra de mieux cerner les motivations à la création et l’évolution des Agfamatic.

Une petite vidéo d’illustration

Des références : https://casualphotophile.com/2020/06/05/agfamatic-2008-pocket-sensor-110-camera-review-featuring-lomography-film/, https://www.lomography.com/homes/stratski/notes/93621-my-camerapaedia-agfamatic-2008-tele-pocket-sensor, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Agfamatic_2008_tele_pocket,_Pocket_lux_234-3988.jpg?uselang=fr en anglais, http://apphotnum.free.fr/Agfamatic%20recap.html, http://www.app-phot-col.com/photcol/pdfr/T34/2088.pdf, http://www.click-clack.fr/index.php?/category/453 en français

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