L'Atelier de JP

Le Fujica ST 701

Si vous vous en souvenez, la plupart des fabricants que je vous ai déjà proposés étaient, à l’origine, des opticiens.

Ici, pour changer un peu, les premiers produits de la Fuji Shashin Film K.K. (ou Fuji Photo Film Co.) étaient des films. Créée en 1934, la société ne prit pas non plus le nom de ses créateurs mais celle du célèbre Mont

source : Conseils voyage au Japon

Puis, en 1944, elle fut rebaptisée Fuji Shashin Kōki K.K., ou Fuji Photo Optical Co.et elle se décidait à fabriquer des appareils photos. Quel meilleur moyen pour vendre encore plus ses pellicules ? Kodak, Agfa, Gaumont, … avaient déjà compris l’astuce …

Son premier appareil, le Fujica Six est présenté au monde en 1948, un appareil somme toute très simple, léger, dans la « norme » des autres foldings de cette époque si ce n’est qu’il utilisait du film et non des plaques.

source : Camera Wiki, Picture courtesy of Pacific Rim Camera. (Image rights)

Un petit mot aussi sur les noms Fuji et Fujica : pour simplifier les choses (car l’histoire est compliquée) Fuji est la coupole et chapeaute tout ce qui est produit, films (Fujifilm), appareils photo (Fujica) et autres applications plus industrielles (optique, ingénierie médicale p. ex.)

Fuji a proposé des innovations surtout dans le domaine des pellicules, comme en 1976, avec le FUJICOLOR F-II 400 ISO, premier film négatif couleur haute sensibilité puis, en 1984, le premier film négatif 1600 ISO, mais aussi dans celui des appareils photo, comme ce Fujica ST 701 (là, je suis très content de la transition !) que je vais vous présenter.

En effet, en 1970, il est le premier appareil reflex équipé d’une cellule au silicium, abandonnant les anciennes cellules au CdS. La photodiode au silicium est plus sensible, précise et rapide que la CdS et le ST701 en utilise deux. « C’est un récepteur de cellule photoélectrique au silicium couplé à un circuit de transistor à effet de champ (FET) pour la mesure de la lumière, une première sur un appareil grand public » (et pour ceux qui ont compris quelque chose, chapeau … moi je retiens juste que ça allait mieux qu’avant).

Il est entièrement manuel mais dispose de la mesure TTL (à travers l’objectif) . Un indicateur à aiguille est affiché dans le viseur, qui est très lumineux.

Son obturateur à plan focal autorise des vitesses de 1s à 1/1000s, plus pause B et synchronisation du flash au 1/60s. L’appareil propose deux connecteurs pour le flash, celui du haut pour FP (pour Flat Peak, c-à-d une lampe à éclair) et celui du bas pour la synchro X. Et, fait amusant, sur les premiers modèles, le sabot de la griffe flash était une option ! A la troisième version, la griffe porte flash est cependant une des premières à proposer un contact direct (à chaud comme on dit)

L’écran du viseur propose un champ de microprismes pour faciliter la mise au point, en tout cas sur les deux premières versions car dès la troisième, un stigmomètre (rond brisé) viendra épauler le champ de microprismes et le dépoli fin.

Le Fujica ST701 est donc un semi-automatique car pour avoir une exposition correcte, vous devrez régler la vitesse et le diaphragme de façon à mener l’aiguille visible dans le viseur au centre de l’échelle marquée d’un + et d’un -.

La vitesse, vous la réglez avec le gros barillet, près du levier d’armement et l’ouverture avec l’objectif. Sachez, en passant, que l’appareil utilise la monture « universelle » M42 à vis.

Autre innovation, moins visible, la chambre est « floquée » noir ce qui supprime toute réflexion lumineuse parasite dans l’appareil.

L’alimentation des deux photodiode est assurée par deux piles, initialement au mercure, aujourd’hui interdites. J’avais lu que mettre des piles modernes empêchait la cellule de fonctionner. Eh bien c’est faux ! Je viens de mettre une LR43 et une LR1130, toutes deux de 1,5v (elles sont d’épaisseurs différentes mais de même voltage) et je viens de tester le tout, ça fonctionne parfaitement.

Ceci étant, un défaut de celles-ci n’empêche pas le boitier de fonctionner, les piles ne sont là que pour l’alimentation des photodiodes. Vous devrez juste vous munir, le cas échéant, d’une cellule externe ou apprendre la maitrise de la lumière, ce qui n’est pas si compliqué.

Lorsque l’appareil est sorti, il était accompagné d’un parc d’optiques Fuji de très bonne qualité mais je vous rappelle qu’il utilise la monture à viser en M42, ce qui vous ouvre un choix immense, même dans d’autres marques. Par exemple, j’ai monté sur le mien un Pentacon Auto f1,8 50mm car il n’était pas équipé d’une optique quand je l’ai acheté.

source : Fan de Yashica (et on peut dire qu’ils ne sont pas sectaires eux !)

Que penser de cet appareil ?

Franchement, en noir, il est magnifique (mais vous connaissez mon faible pour les appareils dans cette couleur).

Je ne peux pas vraiment dire qu’il soit compact mais il est plus petit qu’un Minolta SR-1 ou un Mamiya MSX-500 par exemple. Il est agréable à tenir en mains, même si nous n’atteignons pas encore les ténors de l’ergonomie qui viendront 20 ans plus tard.

Il est facile à régler : les vitesses avec le gros barillet à côté du levier d’armement, que vous soulevez pour noter la sensibilité du film, et le déclencheur. De l’autre côté, juste la molette pour rembobiner quand vous arrivez au bout. En façade, le levier du retardateur et son petit bouton de lancement. Et c’est tout … nous en revenons aux fondamentaux de la photographie et son célèbre triangle d’exposition que je vous ai déjà décrit (voir l’article sur le Praktica MTL 50).

Petit rappel pour ceux qui ne vont pas voir l’article sus nommé :

source : Pyros.fr Illustration du triangle d’exposition (NB vous remplacez le mot bruit par grain lorsque vous êtes avec un film argentique, ça revient au même)

Un mot sur le chargement du film : ici, pas encore d’aide au chargement (comme ses concurrents d’ailleurs). Il vous faudra glisser le bout de l’amorce dans une fente de la bobine réceptrice, en veillant à ce que le film soit bien placé au dessus de la molette d’entrainement.

Allez, c’est plus facile en images

Quand je vous disais qu’il n’y avait rien de compliqué … maintenant, ne faites pas comme le démonstrateur, quand vous avez vu que l’amorce est bien prise, que les trous du film sont alignés sur les pignons d’entrainement, refermez immédiatement le dos et armez-déclenchez deux fois maximum, ne gaspillez pas de pellicule inutilement (lui, il utilise un film test déjà voilé, qu’il rembobine à chaque fois).

Ce sera la seule (relative) difficulté avec ce boitier. Et croyez moi, ce sera toujours plus simple qu’avec un Leica M4 (et toc !)

Voilà, vous aurez compris que j’aime bien ce boitier. Si vous en trouvez un, assurez-vous qu’il déclenche et que vous pouvez l’armer sans soucis. Pour la cellule, comme je le notais, n’attendez pas de miracle et vous pouvez vous en passer. Vérifiez plutôt l’état des mousses assurant l’étanchéité du dos, elles seront souvent à changer.

Et nous en venons, forcément à parler prix. Avec un objectif 50mm et les mousses refaites, comptez 50€ pour partir photographier de suite. Sinon, vous en trouverez dans les 25€, nu et avec quelques menus travaux.

Noir ou argenté, c’est un appareil fiable, qui a su traverser le temps et qui vous accompagnera encore longtemps.

Généralement, faute d’avoir pu trouver les piles adéquates, vous l’utiliserez avec une cellule à main, ou avec ce petit résumé qui a fait le bonheur de million de photographes : la règle du Sunny f16 !

-« Aïe, c’est quoi ce brol ? »

Un ensemble de trucs très simples pour ouvrir correctement et régler sa vitesse d’obturation :

Imaginez que vous êtes dehors, le soleil se cache derrière les nuages ou vous vous trouvez dans un lieu tel qu’une plage ou un champ de neige, il vous suffira d’adapter votre ouverture comme cela :

  • f/22 : soleil très vif sur surface réfléchissante, comme la plage, ou la neige (les ombres sont très nettes)
  • f/16 : plein soleil (les ombres sont nettes)
  • f/11 : soleil légèrement voilé, ou en fin de journée (les ombres sont légèrement floues)
  • f/8 : nuages, soleil masqué (les ombres sont difficiles à discerner)
  • f/5.6 : ciel très nuageux, ou sujet à l’ombre par beau temps (il n’y a pas d’ombres visibles)
  • f/4 : au coucher du soleil, ou ciel très lourd, ou sujet à l’ombre par temps couvert

Ne vous bloquez pas sur ces réglages car vous pourrez les adapter grâce à la règle de réciprocité qui veut que lorsqu’on ouvre d’un cran, il faut augmenter la vitesse d’un cran aussi. Un exemple : si je peux faire une photo à 100 iso à f16 et au 1/125s, je peux aussi la prendre à 200 iso en restant à f16 avec une vitesse de 1/250s

La règle selon la luminosité avec une vitesse de 1/125s et une sensibilité de 100 iso

A ceux qui voudraient approfondir la notion de triangle d’exposition, je leur propose ce site, très bien fait : Joannie Therien

Sinon, encore plus simple :

C’est le genre de grille qui était notée sur les emballages des films auparavant

Encore un petit mot sur la marque :

Pour conclure un peu rapidement l’historique des innovations de la marque, sachez, par exemple, qu’elle a produit le Quiksnap, petit appareil jetable pré-chargé d’un film couleur (1986), qu’elle fut une des premières à proposer des appareils numériques, le Fujix DS-1P (1988), le Fujix DS-505/515 (1994), premier appareil numérique à saisie intégrale de l’image vue dans le viseur, puis le Fine Pix F700 (2003) a été le premier appareil numérique doté d’un capteur Super CCD-SR, autre innovation maison. Dans d’autres domaines, en 1983, elle créa le premier système d’imagerie de diagnostic numérique aux rayons X : FCR (elle avait proposé le premier film sensible aux rayons X en 1936 et le premier film aux rayons X industriels en 1956). Ou encore le papier sans carbone (copie) en 1963, les premières bandes pour ordinateur en 1965, les premiers mini-lab photo en 1984, les premières disquettes pour ordinateur (1984), etc.

Quelques pub d’époque :

Les données techniques :

  • Appareil photo reflex avec obturateur à plan focal, mesure d’exposition TTL, couplé à l’ouverture et à l’obturateur.
  • Obturateur du plan focal aux vitesse B, 1 – 1/1000 s
  • Mesure de la lumière à ouverture réelle du diaphragme
  • Sensibilité de 25 à 3200 Asa
  • Retardateur (+/- 10s)
  • Contacts FP et X puis flash avec contact dans la griffe
  • Pentaprisme, champ de microprisme au centre puis stigmomètre ajouté
  • TTL – mesure de la luminosité générale à travers l’objectif récepteur de cellule photoélectrique en silicium couplé au circuit FET (Field Effect Transistor), aiguille de mesure visible dans l’image du viseur.
  • Alimentation: 2 piles au mercure de 1,3 V ou alternative avec des piles pour prothèses auditives 1,4V 171mAh PR41 type 312
  • Poids 820 g (objectif compris)

Une petite video d’illustration

Quelques exemples de photos prises avec cet appareil LA

Pour le mode d’emploi, c’est ICI

Quelques références : http://www.app-phot-col.com/photcol/pdfr/P26/2479.pdf, https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fujifilm, https://www.gralon.net/articles/photo-et-video/photo-et-video/article-fujifilm–une-marque-innovante-847.htm, https://www.lesnumeriques.com/photo/les-abreviations-et-sigles-des-optiques-fujifilm-pu101131.html, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-10273-Fujica_ST701.html, https://www.fujifilm.eu/fr/a-propos-de-fujifilm/historique en français, http://camera-wiki.org/wiki/Fujica_ST701, https://yashicasailorboy.com/2016/10/04/fujica-st701-from-1971/, http://blog.bkspicture.com/review_Fujica_ST701.html, https://utahfilmphotography.com/2014/09/04/fujica-st701-tested-by-my-son-connor/, en anglaishttps://www.photo-foto.eu/fujica/fujica-st701/ en allemand

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