Le Yashica Minimatic C

Comme d’habitude, dans une caisse poussiéreuse, un magna d’appareils entassés et plein de poussières … j’ai failli me décourager et puis, un étuis noir en bon état attire mon regard et mes doigts tous noirs.

Je l’extirpe et ouvre le « sac tout prêt » : un Yashica Minimatic C, qui a l’air en assez bon état si ce n’est la saleté qui le recouvre. J’ôte le sac tout prêt pour mieux le manipuler. Vu le « nid d’abeilles » autour de l’objectif je ne pense pas qu’il y ait une pile … ok, confirmé, rien en dessous ni derrière pour en contenir une.

A part ça, j’avoue que je suis perplexe : c’est bien un Yashica mais je ne reconnais pas le modèle. Il est plus petit qu’en Electro 35 ou un Lynx, bien qu’il ne soit pas vraiment compact.

Sur le dessus, une fenêtre semble indiquer qu’il y a une cellule, un gros bouton cerclé de rouge, …. bref, il titille ma curiosité, vous me connaissez, alors je demande le prix, négocie par réflex et me voilà emportant cet étrange Yashica Minimatic C.

Bon, va falloir trouver des infos maintenant … Un petit tour sur Collection-appareils (voir dans les références) m’apprend que cet appareil est rare car visiblement peu ou pas importé en Europe. Il semble avoir été destiné au marché Nord américain et au Canada essentiellement.

Comme quoi, dans les brocantes, on peut trouver des pépites !

Allez, séance de nettoyage intensif, il en a bien besoin, le sac tout prêt y compris (en cuir et en bon état finalement).

Je reviens sur cette fenêtre, sur le capot, qui m’avait interpellée : en fait, ce n’est pas l’indicateur de la cellule mais un réglage pour les Asa/din, que l’on modifie grâce au gros bouton rouge, près du déclencheur et cerclé de rouge, permettant ainsi de régler une aiguille en face de la valeur Asa/din voulue.

Ensuite, comme je l’écrivais plus haut, la cellule en nid d’abeilles autour de l’objectif est une cellule au sélénium (auto alimentée si je puis dire et qui n’a donc pas besoin de pile ou batterie).

L’objectif lui est un Yashinon (un classique) de 45mm ouvrant à f2,8.

Je peux juste régler l’ouverture ou mettre une position A (auto). Il n’y a pas de réglage de vitesses.

Sans doute le boitier calcule t’il la vitesse en fonction de l’ouverture sélectionnée, pour une valeur Asa/din donnée.

L’obturateur est un Copal « unique ».

Voilà, voilà … alors, de lectures en traductions, je découvre que cet appareil est bien à exposition automatique, qui sélectionne dès lors l’ouverture et la vitesse grâce à l’obturateur Copal Unique.

Ne cherchez pas d’indication pour savoir ce que fait l’appareil (il faut lui faire confiance), vous ne verrez qu’un indicateur qui se déplace entre deux zones rouges « Under » et « Over », vous signalant les limites ne pas dépasser. Ça c’est quand vous êtes sur la position Auto.

Car lorsque vous quittez celle-ci, vous devrez régler l’ouverture mais la vitesse d’obturation est réglée au 1/30s et franchement, c’est à utiliser avec le flash.

De ce que j’ai pu lire, le boitier gère très bien les situations d’éclairage que vous lui soumettez et le conseil donné est de faire confiance à la position automatique.

Cet appareil est apparu sur le marché entre 1961 et 1963 et s’il n’est pas vraiment « mini », il est quand même plus petit qu’un Electro 35 de la même époque et (un peu) plus léger.

Il y eut deux boitiers dans la gamme Minimatic : le C que je vous présente et le S, un peu plus sophistiqué puisque lui comporte des indications de l’exposition dans le viseur, et il possède un objectif ouvrant à f1,8.

Ceci étant, si vous regardez les photos prises avec cet appareil (voir ci-plus bas), vous constaterez que le f2,8 est loin d’être ridicule. Les Yashinon ont toujours eut une bonne réputation.

Le déclencheur est agréable, relativement discret, l’armement est souple et rapide. Le viseur est clair, avec un cadre fixe pour aider à la visée et le télémètre est bien visible (patch orangé).

Que dire de plus ? La mise au point sera au minimum à 80cm; c’est un télémétrique avec cadre collimaté et vous voyez le réglage dans le viseur (couplé). La griffe flash est dite « froide » c’est-à-dire qu’il faut impérativement utiliser un câble pour connecter le flash au boitier.

Et, comme souvent avec les Yashica de cette époque, il est construit pour durer : c’est du solide, du bien fini et tout en métal.

Finalement, j’ai bien fait de continuer à fouiller cette caisse, j’en ai extrait un bel exemplaire de Yashica, rare qui plus est et fonctionnel. Bref, la cerise sur le gâteau.

source : https://www.goantiques.com/yashica-minimatic-c-1954136

Cette publicité en noir et blanc du 18 octobre 1963 explique: « Voici pourquoi le nouveau Minimatic C de Yashica est l’appareil photo familial parfait. Le père est ravi des diapositives de paysages, la mère adore photographier le bébé, la sœur est ravie de l’utiliser à l’école et le frère est un fan de sport et il est là pour photographier ».

Ce qui est amusant avec cette publicité, c’est aussi ce qui est « autour » : un Monsieur prend des photos avec le Yashica Minimatic C puis les développe avec un appareil Polaroid Autoprocessor. Ce qui explique les méthodes « ordinaires », les habitudes, des photographes de l’époque.

Ah oui, un mot sur le Autoprocessor de Polaroïd : non seulement la célèbre firme américaine a inventé le film à développement instantané mais elle a aussi fabriqué des films en 24×36 classiques. Toutefois, pour rester logique avec elle-même, elle a trouvé un procédé pour que vous puissiez développer chez vous, en lumière naturelle, vos pellicules Polaroïd. Il fallait pour ça acquérir un Autoprocessor (qui deviendra Automat un peu plus tard, c.-à-d. électrique) dans lequel vous installiez la bobine, puis les chimies et vous pouviez développer votre film tout seul à la maison.

Un peu de patience, je vous expliquerai tout ça dans un avenir proche, j’ai eu la chance de pouvoir en acheter un rien que pour vous ! (et par curiosité aussi).

En résumé, ce Yashica Minimatic est une belle découverte qui ravira les adeptes de la photo de rue. Discret, n’ayant pas besoin de piles ou batterie pour fonctionner, son objectif est suffisamment lumineux pour la plupart des scènes et il n’est ni trop lourd ni trop encombrant.

Si d’aventure vous avez la chance d’en découvrir un, faites vous plaisir. Sa rareté risque de jouer en sa défaveur (question prix bien sûr) mais pour ma part j’estime qu’il ne devrait pas coûter plus de 50€ (c’est le prix auquel je revends cet exemplaire).

Il me reste à vous souhaiter de bonnes balades et de bonnes photos en sa compagnie …

Des exemples de photos prises avec cet appareil ICI

Video d’illustration

Pour le mode d’emploi, c’est par LA

Quelques références : https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-1455-Yashica_Minimatic-C.html, en français, https://www.goantiques.com/yashica-minimatic-c-1954136, https://www.photo.net/discuss/threads/yet-another-yashica.418863/, http://seqvintagecameras.com/portfolio-item/cam_074/, http://neighborhoodvalues.com/nv/JH/010JH.htm, http://filmisback.blogspot.com/2010/11/yashica-minimatic-c.html en anglais

4 commentaires sur “Le Yashica Minimatic C

  1. 50 € pour un appareil rare, cela ne me semble pas cher.
    Pourquoi ne le gardes-tu pas dans ta collection personnelle ?
    Bon weekend, JP.

    • Oui, je sais, mais je veux laisser abordable la découverte de ce type d’appareil. C’est un peu ma croisade à moi, bien futile il est vrai, mais bon … Ceci étant, je ne suis pas collectionneur et si j’aime toujours autant découvrir des appareils anciens, qui m’intriguent, je ne peux quand même pas les utiliser tous. Autant en faire profiter d’autres qui le feront j’espère avec plaisir. Mes amitiés Phil

      • Je croyais que tu avais chez toi des dizaines d’étagères et vitrines dans lesquelles tu exposes des centaines d’appareils. 🙂

        • Eh non, déjà j’ai pas la place, ensuite je suis allergique à la poussière 😉 et je n’ai vraiment pas l’âme du collectionneur, même s’il est parfois difficile de se défaire de quelques appareils, mais mon épouse veille ! Bien à toi.

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