Le Yashica Minister D

Voilà, dans la grande famille des Yashica télémétriques, il me restait à vous présenter le Minister D, qui vient compléter l’offre du constructeur au début des années soixante.

Je pense ainsi que j’aurai fait le tour de ces fabuleux appareils qui, soixante ans après leur production, font toujours rêver et produisent toujours d’excellentes photos.

Ah, ils savaient construire utile, beau et solide en ces époques là !

Si vous relisez l’article consacré au Lynx 5000E, nous pouvons écrire que le premier Yashica télémétrique, le Yashica 35 sort en 1959, suivi ensuite par une nouvelle famille, le Minister, en 1960 et puis une lingée supplémentaire, plus orientée « pro » verra le jour aussi en 1960, la famille des Lynx, enfin, les Electro 35, à partir de 1966 viendront couronner le tout.

Personnellement, si je devais retenir une chose de ces appareils, comme je l’écrivais plus haut, c’est qu’ils ont été construit pour donner du plaisir, longtemps, à leurs heureux propriétaires. Sophistiqués pour l’époque mais terriblement maniables, ils ont enchanté des millions de photographes. Et ils en enchantent encore de nouveaux, ceux qui les découvrent ou les re découvrent.

Chacun à sa spécialité, si je puis l’écrire : les Minister sont destinés aux photographes qui aiment tout sélectionner eux-mêmes mais n’excluent pas le confort d’un peu d’automatisme, les Electro 35 flattent les photographes qui ne dédaignent pas l’aide discrète mais efficace de l’électronique, les Lynx sont destinés aux « professionnels » ou – je préfère – aux puristes qui se sentent comblés par la maitrise qu’ils ont sur tous les paramètres de prise de vue.

C’est résumé, je le concède, mais ça permet d’aller à l’essentiel car je pars du principe que si vous voulez vous lancer dans l’argentique, vous cherchez les infos utiles pour utiliser votre appareil.

Un peu d’histoire vous permet de le situer dans le temps mais si vous cherchez des détails infimes, c’est que vous penchez sur la collection et mes propos ne vont pas dans ce sens

Bref, le Minister D fait partie d’une famille commencée en 1960 par le Minister (aussi appelé M, avec un objectif ouvrant à f1,9), suivi par le Minister II, le Minister D (1963), qui sera suivi en 1964 par un Minister 700 (qui bénéficiait d’un objectif ouvrant à f1,7) et un Minister III en 1966. Si ce n’est pas très logique, c’est assez condensé : six ans de production.

En fait, chaque itération du boitier apportera une substantielle amélioration : ici une cellule qui évolue, là un obturateur, encore un compteur de vue qui se modifie … des petites touches pour un « toujours mieux ».

Toutefois l’appareil restera toujours entièrement mécanique, fonctionnant même sans batterie pour les modèles qui en réclament une (qui alimente seulement la cellule au CdS), donnant au photographe un contrôle total sur l’ouverture et la vitesse d’obturation contrairement au modèle qui le remplacera, le Yashica Electro, mais c’est une autre histoire…

En effet, en 1966, Yashica lancera le premier appareil photo à obturateur entièrement électronique au monde, le Yashica Electro, qui remplacera à la fois les gammes Minister et Lynx. Tous les Electro seront livrés avec l’excellent objectif Yashinon f/1.7 et resteront en production pendant plus d’une décennie encore.

Les Minister étaient considérés comme les moyens de gamme de la série des télémétriques, les Lynx étant le haut de gamme.

Quoique, installer une cellule CdS sur un appareil moyen de gamme à l’époque était une « fleur » faite à la clientèle des Minister. Peu d’autres appareils, à l’époque, bénéficiaient d’un tel luxe, même chez les reflex !

Reprenons à son prédécesseur, le Minister II pour comprendre celui qui nous préoccupe aujourd’hui. C’est un télémétrique, doté d’une cellule non couplée, au sélénium. Une petite molette à l’arrière du boitier permet de modifier l’affichage de la cellule en indiquant la sensibilité de la pellicule utilisée.Son objectif est un Yashinon de 45mm ouvrant à f2,8 – en général, car il existe aussi des objectifs ouvrant à f1,9 (1964), plus rares.

Le Minister D reprend ses caractéristiques (objectif et obturateur Copal) mais il change la cellule, qui devient CdS, et qui nécessite cette fois une pile.

Le compteur de vue s’intègre maintenant dans le capot, avec une petite fenêtre de lecture.

Comme je le notais, l’obturateur est un Copal SVL (pour Light Value Scale – échelle d’indice de lumière). En fait cela désigne un mode de réglage un peu particulier parce que celui de l’obturateur est couplé à l’ouverture et à la vitesse.

La cellule du Minister D indique la lumière mesurée sur l’indicateur au dessus du capot. C’est un système de valeur de lumière (LV ou indice de lumination) notées de 3 à 17. Ce système est « l’ancêtre » des cellules couplées qui pourront plus tard détecter l’ouverture sélectionnée et les vitesses d’obturation pour suggérer une lecture précise de la lumière (comme sur les Electro 35).

Donc, dans ce cas, si vous changez la vitesse ou l’ouverture, la cellule ne réagit pas. Ce qui fera réagir celle-ci, c’est la modification de la valeur des Asa (la « vitesse » du film) avec le petit cadran qui est juste devant l’échelle LV

En pratique, lorsque vous appuyez sur le bouton qui active la cellule (près du viseur, à gauche), la petite aiguille de l’indicateur LV va réagir à l’éclairage que « l’œil CdS » va capter. Cette cellule est à mesure moyenne, c.-à-d. qu’elle fait la « moyenne » de la quantité de lumière reçue dans un triangle (virtuel) d’environ 30 à 40 degrés devant le boitier. La mesure « ponctuelle, ce sera pour plus tard !

Lorsque vous pointerez l’appareil vers un sujet, « l’œil de la cellule » va détecter une quantité de lumière qui sera reflétée sur l’écran de l’échelle LV par une position devant un chiffre allant de 3 à 17, encore une fois sans qu’intervienne ici la vitesse ou l’ouverture choisie. Cela peut vous sembler anodin mais ceci implique que lorsque vous regarderez l’écran, pensez à ne pas (trop) modifier la position de l’appareil sous peine de modifier la quantité de lumière « vue » par la cellule (ne visez pas vers le haut ou le bas par exemple). Rappelez-vous, il n’y a pas de rappel dans le viseur (ce sera aussi pour plus tard).

l’écran LV gradué de 3 à 17
le bouton près du viseur qui active la cellule

Ça y est, vous avez noté le nombre qui apparait sur l’échelle LV ?

Regardez maintenant le barillet de l’objectif. Il affiche 3 séries de nombres : ceux de l’échelle LV, les ouvertures et les vitesses.

Il vous reste maintenant à faire correspondre les valeurs de vitesse et d’ouverture avec le chiffre LV que vous aurez retenu.

Ceci vous semble compliqué ? Pourtant, les ingénieurs de chez Yashica ont pensé ce système pour vous faciliter le calcul de l’exposition. Au lieu d’avoir à comprendre les lectures d’exposition ou de mémoriser la règle Sunny 16, vous prenez simplement le numéro LV de l’échelle, puis tournez un cadran sur l’objectif pour correspondre à ce numéro, et c’est réglé.

De fait, tout est actionné à l’intérieur de l’objectif : si l’écran LV vous suggère LV 9, vous tournez la bague sur le chiffre 9 et c’est réglé !

Dans notre exemple, l’indice de lumination indiqué par le posemètre est de 9. Dans ce cas, l’exposition de base sera de f5,6 pour 1/15 sec. Après avoir aligné le chiffre 9 sur le triangle de repère rouge de l’objectif, l’exposition et la vitesse seront parfaites. En procédant de la sorte, les diverses données d’exposition comprises dans la zone délimitée par les lignes sont autant de combinaisons correspondant à l’exposition.

Cependant, si vous voulez changer la vitesse ou l’ouverture suggérée de cette façon, vous pouvez encore le faire (vous quittez alors le mode « automatique »).

Si je résume, voici un appareil compact (comme il pouvait l’être dans les années soixante !), tout en métal, construit pour durer, avec un système facile pour prendre de belles photos, que vous pouvez ignorer si besoin ou envie. Son viseur est clair et précis, avec un patch du télémètre bien visible, collimaté qui plus est.

Même si vous en trouviez un avec la cellule HS (hors service), il est toujours parfaitement utilisable, son obturateur ne dépend pas de la pile.

Le télémètre est rapide et précis, parfaitement utilisable, notamment en photo de rue. Le seul risque dans ce dernier cas d’utilisation est que l’on vous aborde pour discuter de lui !

Un dernier mot enfin, au sujet du Minister III, qui sera le dernier de la famille. Sa cellule est maintenant placée autour de l’objectif et non plus en façade et son obturateur est dorénavant un Citizen et non plus un Copal.

Je pense que vous en conviendrez avec moi, ces appareils sont plaisants à l’œil et – cerise sur le déclencheur – de très bonnes machines à photographier, soixante ans après leur présentation au public qui leur a, en son temps, réservé un fort bon accueil (en témoigne les millions d’exemplaires vendus pendant les 25 ans de leur carrière).

Donc, si vous en trouvez un dans une brocante, un vide grenier, dans un grenier familial, laissez-vous tenter, essayez le pour le plaisir de posséder un bel appareil et un boitier qui ne vous décevra pas souvent.

Moins prestigieux que les Lynx ou les Electro 35, il gagne en facilité d’utilisation, il est compact et son objectif est très bon. Il est souvent délaissé, injustement, mais cela se répercute invariablement sur les prix, qui restent bas.

Ah oui, le prix ! Moins prisés donc que les Electro 35 ou les Lynx, ils sont accessibles. Comptez entre 30 et 5O€ maximum pour un bel exemplaire fonctionnel et avec sa magnifique gaine en cuir.

https://i0.wp.com/collection-appareils.fr/gestion_catalogue/images/1317384105.jpg?w=640&ssl=1
source : Collection-appareils, Flash 1969.
https://i0.wp.com/collection-appareils.fr/gestion_catalogue/images/1336592329.jpg?w=640&ssl=1
source : Collection-appareils, Phokina 1969

Petites videos d’illustration

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI

Des références : https://www.mikeeckman.com/2016/08/yashica-minister-d-1963/, http://camera-wiki.org/wiki/Yashica_Minister_D, https://retinarescue.com/yashicaministerd.html, https://vintagecameraproject.com/cameras/ministerd/, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Yashica_Minister_D, http://www.yashica-guy.com/document/chrono2.html, en anglais, https://mgroleau.com/photo/japon/yashica/yashica_minister_d.html, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-1364-Yashica_Minister%20D.html, en français.

Ils ont beau être solides, il est parfois utile d’avoir des infos pour les retaper, alors vous trouverez ça ICI.

6 commentaires sur “Le Yashica Minister D

  1. C’est tentant, merci! Je veux bien un petit mail pour en parler.

    • Gaël, je ne vous oublie pas et je reviens vers vous au plus vite?K J’imagine que vous habitez en France ? Tenez compte que les frais de port sont de 16€. A bientôt.

        • Désolé Gaël, ce mail était dans les spams !
          Bien sûr, c’est plus sympa le tutoiement.
          Pourtant, tu auras toutes les raisons de me haïr : j’étais persuadé avoir encore le Lynx mais de fait il ne me reste que le Minister D, le Minimatic et un Electro 35 GS dont la cellule est HS.
          Que pourrais-je te proposer d’équivalent ? Eventuellement un Minolta Hi-Matic 11 Super Circuit 3 qui possède une magnifique optique ouvrant à f1,7 (l’article est sur le site).
          Merci de ta compréhension et ton indulgence.
          Bien cordialement.

  2. Un plaisir ce Yashica. C’est du costaud, c’est bien fabriqué, facile à utiliser, bref c’est mon chéri. Peut-être par ce que je n’ai pas manipulé énormément de télémétriques! Mais mise au point efficace, cellule CdS (pas l’angoisse du sélénium), vitesse et ouverture réglables, pour moi c’est parfait. Et pas cher. Que demander de plus? Un Lynx 500 peut-être? Mais en ce moment, les tarifs s’envolent…😔

    • Oui, ils sont beaux et costaud, faciles d’utilisation et délicieusement « vintage ». Et en photo de rue, un excellent moyen de communiquer avec les gens. Ceci étant, j’ai toujours un Lynx 5000, qui fonctionne parfaitement, à prix raisonnable si tu veux (les frais de port, hélas, sont de 15€ vers la France) ;-). Bien à toi Gaël.

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