Et pourquoi pas la macro en argentique ? La suite par Olivier

Les Flashs « Macro »

              Comme cela était abordé dans le précédent article, le prix des équipements optiques associés à la macrophotographie a  fait  que très peu de personne se sont lancé dans cette activité. De plus, un néophyte se rendra vite compte que cette activité requiert bien souvent d’autres accessoires. Le simple objectif spécifique  est indispensable mais pas toujours suffisant. En effet, les conditions de prise de vue demandent  très souvent une lumière conséquente que l’environnement extérieur ne peut fournir. Finalement, un éclairage additionnel sera requis pour des situations d’intérieures et un flash dédié vous sera certainement d’une grande utilité. Toutefois, les prix élevés associés à ces équipements vous feront  bien évidement préférer le matériel d’occasion qui, même s’il ne reprend pas les spécificités de votre boitier, sera largement suffisant pour arriver à de très bons résultats. Nous allons vous expliquer dans cet article pourquoi la lumière vous fera défaut dans la majorité des situations et comment faire pour utiliser un flash qui ne peut utiliser les automatismes qui sont associés à votre boitier.

Mais pourquoi vais-je donc avoir besoin d’un flash ?

              Et bien vous allez être confronté au problème de la profondeur de champ. En effet, en Macro, un objectif standard (et même un objectif macro) n’en a aucune ! La preuve, cette photo d’un circuit électronique (carte de décodage d’un ancien caméscope SONY).

Pour les trois photos suivantes qui nous serviront de support didactique, j’ai utilisé un Olympus OM-2n avec des flashs en mode « Full Automatic Control ». Cette fonctionnalité permet de mesurer l’éclairement associé au flash à travers l’objectif et décharge l’utilisateur de tout calcul d’ouverture du diaphragme.

Vous vous rendez vite compte que le haut des composants est bien net alors que la base est floue. Quand un objectif est utilisé à pleine ouverture, il n’y a même pas un centimètre de profondeur de champ.

              Alors  utilisons notre flash (COBRA) pour éclairer la scène… Et ainsi fermer le diaphragme et donner de la profondeur de champ…

Cette fois, nous avons un peu plus de profondeur de champ, mais la position du flash (qui est resté sur la griffe porte accessoire) provoque un éclairage non uniforme et des ombres apparaissent.

Utilisons maintenant un flash annulaire (spécifique macro)

Cette fois, il n’y a plus d’ombre parasite mais la photo obtenue semble sans relief. En effet, les ombres donnent de la profondeur et ce n’est pas ce qui est recherché par les personnes qui utilisent la macro de manière industrielle.

              Finalement, si vous voulez faire de la macro, il faudra garder à l’esprit les problèmes d’éclairage ou de profondeur de champ. Donc, imaginer que l’on pourra avoir des photos aussi éclatantes que celles que l’on rencontre sur le net, est quand même illusoire si on se limite uniquement à l’achat d’un objectif macro.

Commençons par quelques spécificités…

                            Un flash « Macro » est un flash avec un faible nombre guide.

              Et oui, oubliez les nombres guides (NG) supérieurs à 20. Les flashs « Macro » se situeront dans la plage NG 8 à NG 15 au maximum et encore, vous serez bien content de pouvoir faire varier la puissance (De la puissance maximale à 1/16 ou 1/32 de cette puissance). Si vous avez la chance d’avoir un flash pouvant accepter un cordon de synchronisation, alors vous pouvez espérer positionner ce flash de manière à exposer correctement le sujet. En effet, quand vous avez un sujet à faible distance de mise au point, la zone couverte par le flash n’est pas nécessairement la zone où se situe le sujet. Un flash à tête orientable est donc indispensable. Or les flashs ayant un faible nombre guide ne sont JAMAIS à tête orientable. Le cordon de synchronisation vous permet de palier à ce défaut si le flash concerné est capable de le recevoir.

a) Exemple de flash de forte puissance à tête orientable

Le flash T-32 (Olympus) possède une tête orientable qui peut descendre d’une dizaine de dégrée vers le bas. C’est suffisant pour éclairer un sujet très proche de l’objectif. Mais sa puissance trop importante surexposera systématiquement le sujet en MACRO.

b) Exemple de flash de moyenne puissance à tête fixe

Sa faible puissance (NG 20 quand même) rend le T-20 plus adapté à l’éclairage des sujets rapprochés, toutefois l’absence de tête orientable et son incapacité à doser la puissance en mode manuel le rendent d’un emploi délicat en MACRO.

              De plus, les flashs ayant un faible nombre guide sont des flashs d’entrée de gamme et ne sont pas prévus pour être utilisés en mode déporté. Il faudra trouver les précieux accessoires qui vous permettront de le faire. Dans le cas du système Olympus, il faut 3 éléments qui seront difficiles à réunir.

Un cordon de synchronisation                 Une griffe accessoire spécifique                            un sabot pour le flash

              Donc, vouloir utiliser le T-20 dans une situation ou le sujet est à quelques dizaines de cm de votre objectif ne sera pas si facile que cela. Si vous n’êtes pas pressé, regardez régulièrement les sites de vente de matériel d’occasion, si vous voyez passer ce type de matériel, il y a de forte chance pour que vous soyez aussi la seule personne intéressée et vous finirez par compléter votre équipement pour le rendre utilisable en macro.

c) Les flashs  annulaires

              Ces flashs sont dédiés MACRO et sont proposés à des tarifs bien trop élevés compte tenu de leur utilisation exclusive. Qui va dépenser le prix de deux ou trois objectifs pour un flash qui sera utilisé deux ou trois fois par an. Par exemple, Olympus a eu deux flashs dédiés MACRO dans sa gamme, le T-28 et le T-10

A gauche le T-28, à droite le T-10

              Les prix demandés en occasion pour de tels équipements vous feront vite tourner les talons (150 à 250 Euro). Mais rien n’est perdu et de très vieux modèles proposés par d’autres constructeurs sont tout à fait capables de vous exposer correctement votre sujet. Il faudra toutefois revenir sur les spécificités de la macrophotographie pour être en mesure de réaliser correctement votre exposition. Ainsi, le choix que vous avez fait de rester sur des  appareils photos argentiques n’ayant que très peu d’électronique devient un avantage car vous pouvez utiliser du matériel qui n’intéresse pas les possesseurs d’appareils numériques.

Exemples de flash MACRO proposés par SUNPAK.

A gauche le Sunpak GX8R, à droite, le Sunpak DX8R

Pour le Flash SUNPAK DX8R, j’exprime tous mes remerciements à une personne rencontrée par l’intermédiaire d’un site de vente entre particulier qui m’a donné ce matériel pour que je puisse vous proposer cet article en ayant l’opportunité de concilier les explications et les photos expérimentales.

              Ces deux modèles ne sont pas capables d’utiliser les fonctionnalités des boitiers récents et, pour l’un d’entre eux, il possède un niveau de tension au niveau des contacts du sabot qui risque de griller les précieux circuits électroniques d’un appareil numériques. Bref, vous aller être obligé de travailler en manuel et uniquement avec des appareils ayant une électronique simple et robuste ( CANON série A, Olympus OM-1 ou OM-2, Fujica AX , NIKON F …. ) et un sabot standard .  Allez passons à la pratique…

                                          Une photo « Macro » se fait avec un papier et un crayon.

              Aussi curieux que cela puisse paraitre, vous allez vous retrouver sans aucune assistance pour mettre vos paramètres de prise de vue. Il faudra réfléchir un peu et vous remettre en mémoire vos premières notions de photographie. Seuls les plus chanceux d’entre nous ont des appareils ayant une capacité TTL au flash, sans compter qu’il faut aussi que le flash soit doté du sabot adapté pour garder les automatismes du boitier. Je suis l’un de ces chanceux, car j’ai un Olympus OM-2n et un flash annulaire équipé d’un sabot dédié Olympus. Toutefois, cette configuration servira de configuration de référence pour vérifier si notre procédure de travail pour un appareil utilisé en semi-automatique donne une bonne exposition du sujet.

a)  Le doubleur de focale  (avec fonction MACRO)

              C’est la solution la plus économique pour ceux qui pensent se limiter au grossissement 1:1.  Cette solution vous obligera à faire quelques petits calculs si vous utilisez un flash. En effet, ce type de complément optique vous prend beaucoup de luminosité. Ce qui est équivalent à la perte de deux diaphragmes (si vous avez la chance d’avoir la notice d’utilisation du doubleur, cette information y figure obligatoirement, avec un doubleur vous n’envoyez  sur la pellicule qu’un quart de la scène qui est vue par l’objectif). Dans le doute, n’hésitez pas à faire l’expérience suivante pour évaluer l’impact du doubleur sur l’exposition.

– Olympus OM-1n  associé à un 100 mm  (Ici, un Zuiko 100 mm, f:2.8)

Une mesure avec cet objectif me donne pour une scène d’extérieure, une vitesse de 1/60 et une ouverture de f:8

– Olympus OM-1n  associé au doubleur et à un 50 mm  (Ici, un Zuiko 50 mm, f:1.8)

Une mesure avec cette association me donne pour la même scène d’extérieure, une vitesse de 1/60 et une ouverture de f:4  (soit une perte de luminosité de deux diaphragmes).

              Si vous avez un OM-2n avec un flash réalisant la mesure en TTl,  alors déclenchez sans vous poser trop de question et tout se passera bien…Pour les autres cas, on se grattera la tête…

              Prenons un cas pratique : Imaginons que vous avez un 50 mm f1:1.8 associé à un doubleur de focale ayant la fonction Macro. Votre sujet se trouve à 37 cm du plan de votre film et  vous avez un flash annulaire utilisable seulement en manuel. Le premier travail que vous devez faire est de convertir les ouvertures de votre objectif en ouvertures réelles associées au doubleur de focale.  Si votre plus petite ouverture est de f:16, alors mettre f:16 sera équivalent à mettre une ouverture de f:32 (- 2 diaphragmes) mettre l’ouverture à f:2.8 revient à une ouverture réelle de f:5.6.

C’est le moment de regarder le dos de votre flash et de déchiffrer le tableau de réglage.

Les réglages possibles sont les suivants pour une pellicule de100 ASA:

distance (cm)Puissanceouvertureouverture corrigée
37:            fullf:22f:11
37:            1/2f:16f:8
37:            1/4f:11f:5.6
37:            1/8f:8f:4
37:           1/16f:5.6f:2.8

              L’ouverture corrigée est la valeur que vous allez mettre sur votre objectif pour avoir l’ouverture demandée par le flash. Finalement, vous avez 5 réglages possibles. A la vue des ouvertures conseillées, vous comprenez pourquoi votre flash de nombre guide 30 ne sera pas utilisable (vous allez finir par mettre des filtres de densité les uns sur les autres !). Le constructeur vous propose aussi des diagrammes pour déterminer l’ouverture de l’objectif.

              On retrouve les valeurs proposées par la réglette de calcul et si un changement de puissance est requis, il faut recalculer l’ouverture : une ouverture de f:32 à pleine puissance se traduira par une ouverture de f:16 au 1/4 de puissance. Pour ceux qui se poseraient la question du choix de la distance, il ne faut pas oublier que même les flashs macros ont parfois un fonctionnement automatique et la cellule de mesure n’est pas placée sur l’anneau mais sur la griffe du flash, donc à proximité du plan du film, d’ou le choix de privilégier le calcul de la distance en partant du plan du film.

              Passons à la pratique…  Utilisons notre appareil semi-automatique (Ici un Olympus OM-1n) avec le flash SUNPAK DX8R en manuel. L’objectif est un 50 mm f1.8 associé à un doubleur de focale ayant la fonction Macro.

On voit immédiatement que la photo obtenue est similaire à celle obtenue avec l’Olympus OM-2n avec le flash annulaire en mode « Full Automatic Control ». Donc notre procédure de réglage est parfaitement validée.

Voici la même photo réalisée sans tenir compte de la perte de deux diaphragmes causés par le doubleur de focal.

Heureusement que notre négatif est tolérant à la sous-exposition (ILFORD FP-4) car nous voyons toujours le sujet photographié. On a quand même une sous-exposition de deux diaphragmes.

              En conclusion, si vous voulez vous initier à la macro, dépenser quelques dizaines d’euro dans un doubleur de focale capable de vous donner le rapport 1:1  est largement suffisant. Ajouter par la suite un flash annulaire (un vieux !) que vous trouverez à moins de 50 euro et vous serez équipé pour 90% des photos que vous voudrez faire.

b) Les bagues allonges ou le soufflet macro.

              Cette fois, c’est bien plus difficile d’évaluer la perte de luminosité causée par l’ajout d’un tel équipement. Voyons déjà le résultat en lumière du jour. On remarque déjà que le rapport d’agrandissement est supérieur à celui des photos précédentes et nous sommes presque au tirage le plus faible. C’est le FUJICA AX-3 qui s’est prêté au jeu…

Inutile de chercher de la qualité quand on est à pleine ouverture et avec aucun apport de lumière autre que la lumière du jour. L’absence de profondeur de champ est encore plus dommageable  avec un soufflet macro. Plus vous augmentez l’agrandissement, plus la profondeur de champ est faible.

              De plus, un soufflet est difficile d’utilisation, un support (pied photo) est indispensable et le flash est bien évidement requis dans toutes les circonstances car le grossissement dépassera 1:1 au tirage minimum.  Et pour la correction de luminosité ? Un soufflet ne contient aucun élément optique, c’est juste un moyen d’augmenter artificiellement le tirage d’un objectif. Il n’y a donc à priori aucune perte de luminosité. Donc l’utilisation d’un flash annulaire en mode manuel ne devrait pas provoquer de modification du réglage du diaphragme.

Allez, vérifions cette hypothèse…

              La photo de référence faite en « Full Automatic Control » par l’OM-2n associé à un soufflet (Low cost) et au flash SUNPAK DX8R. (La pellicule utilisée est une ILFORD FP-4 qui a un peu mal vieilli, alors ne partez pas du principe que le soufflet donne de mauvais résultat, bien au contraire).

Cela sera la photo de référence et nous ferons toute un série de photos en mode manuel en partant du réglage de référence donné par la réglette de calcul du flash et en augmentant l’ouverture d’un diaphragme à chaque nouvelle photo.

              J’ai sélectionné la photo utilisant le réglage de référence (sans modification du diaphragme) et la photo ayant une ouverture de + 1 EV.

Correction +0 EV                                                                     correction + 1 EV

              En fait, aucune des photos réalisées avec de faibles corrections (+/- 1 EV) ne semblent impossible à traiter, aussi bien par le scanner que par l’agrandisseur. Je pense que l’utilisation du soufflet avec une correction nulle ou de +1 EV ne posera pas de problème pour la majorité des photos.  La tolérance de la pellicule fera le reste ! 

              Par contre, je n’encourage pas du tout le néophyte à investir dans un soufflet MACRO. En effet celui-ci ne peut pas être utilisé sans support. De plus le flash est requis et compte tenu du rapport d’agrandissement (bien supérieur à 1:1 ) il est souhaitable d’avoir une loupe de mise au point pour s’assurer de la netteté de la photo (encore un achat à faire !)

CONCLUSION.

              Si vous voulez occasionnellement faire de la macro, alors investissez dans un doubleur de focale ayant la fonction macro (en général, les doubleurs à 7 lentilles le font). Cela vous donnera un équivalent d’un 100 mm allant jusqu’au rapport 1:1. Vous arriverez à un prix bien plus faible qu’un objectif MACRO. Si vous voyez passer un flash MACRO (comme les flashs SUNPAK), cela vous donnera un petit plus pour les situations ou la lumière est trop faible. Laissez de coté les soufflets MACRO qui sont réservés à des amateurs qui auront des besoins bien supérieurs aux vôtres. Les bagues allonges ne seront pas vraiment utiles car la somme que vous devrez débourser pour avoir un jeu complet (3 bagues) sera identique ou supérieure au doubleur macro. De plus le doubleur macro est aussi un doubleur que vous pourrez utiliser sur un 200 mm pour en faire exceptionnellement un 400 mm.

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