L'Atelier de JP

L’Olympus Pen-EE

Une des dernières brocantes de l’année, une charmante dame qui revendait un petit appareil qui lui appartenait et qu’elle avait remisé avec soin, et me voici propriétaire, le temps de sa découverte, d’un Olympus Pen EE.

Je vous ai déjà présenté un Olympus de poche, le Trip 35. Un appareil qui a toujours beaucoup de succès, encore de nos jours, grâce à la qualité de sa fabrication et de son optique, qui fut réutilisée jusqu’au Mju !

Celui-ci est aussi petit, très « vintage » et aussi de très bonne qualité.

Avec une particularité, c’est un demi-format, comme, par exemple, le Fujica Half ou le Canon Demi.

Ici, j’ai eu la chance d’acquérir un exemplaire avec sa boîte d’origine, le mode d’emploi, de la pub, sa gaine en cuir.

Mais commençons les présentations : Olympus Pen, Pen comme plume pour écrire au quotidien. Ce petit appareil ayant fonction de bloc-note à emporter partout.

Ensuite EE pour Electric Eye, la fameuse cellule en nid d’abeille autour de l’objectif. Une cellule au sélénium, qui n’a pas besoin de pile pour fonctionner mais qu’il convient de protéger de la lumière si on veut qu’elle tienne dans le temps. Gaine ou bouchon d’objectif recommandé fermement.

C’est le célèbre designer Yoshihisa Maitani qui va commettre cette petite merveille et une autre tout aussi connue, le PEN F original (faudra que j’en trouve un !) : le petit PEN est destiné au grand public tandis que le PEN F, un vrai 24X36, est destiné aux photographes experts. Ce brillant ingénieur sortira ensuite le plus petit reflex avec pentaprisme du monde (1973), l’Olympus OM-1 : O pour Olympus, M pour Maitani. Mais c’est une autre histoire ….

-« Mais pourquoi avoir opté pour le demi-format ? »

Pour répondre à un cahier des charges draconiens, qui voulait que l’appareil soit le moins coûteux possible tout en étant d’excellente qualité. Loin de décourager Monsieur Maitani, il a l’idée de réduire la taille du boitier tout en gardant le format en vogue, le 24×36, mais en cadrage vertical, le 18×24. Il va simplifier tant que faire se peut l’appareil, en renonçant au levier d’armement, qu’il remplace par une molette crantée, toute fine (si les pignons sont nombreux, ça ne se voit pas et le résultat est d’une élégance rare); il supprime le contrôle de l’ouverture, de la vitesse d’obturation et de la mise au point et il crée sans doute le premier appareil vraiment compact au monde !

Le PEN de 1959 est une réussite technique et commerciale

Celui que j’ai acheté est sans doute une deuxième version, car le simili cuir est gaufré, mais il porte le mot « Olympus » sur la plaque devant et PEN-EE embossé sur le capot alors que généralement il devrait y avoir Olympus Pen sur la plaque. Mais il possède les « nouvelles » vitesses du 1/40s et 1/200s au lieu du 1/60s intial.

Un petit boitier tout en rondeurs, avec son cuir gris, caractéristique. Notez que si l’envie vous en prend, il existe chez Aki-Asahi des tas de couleurs différentes, juste pour le plaisir.

Point de vue boutons et machins, c’est le minimum syndical : un déclencheur en saillie, une petite molette avec sa manivelle, une roue crantée en plastique pour ré armer, un compteur de vue; en dessous, le petit bouton de débrayage pour rembobiner le film et une clé pour ouvrir le dos (qui s’escamote en entier); sur la face avant, une prise PC (synchro flash). C’est tout, et ça suffit très amplement pour faire des (bonnes) photos.

Car ce petit appareil, qui est un fix-focus (un objectif fixe), a une excellente réputation.

Déjà celle de son objectif, un D. Zuiko de 28mm ouvrant à f3,5, trois composants en quatre éléments. C’est l’équivalent d’un 40mm en 24×36 puisque nous sommes ici avec un 18x24mm, j’y reviendrai. Il offre une grande profondeur de champ, une belle résolution et un joli contraste pour une si petite chose.

Ensuite, celle de sa facilité d’utilisation : soit vous le laissez en tout automatique et la cellule commande l’ouverture du diaphragme (de f3,5 à f22) selon la lumière, soit en manuel.

La seule chose que vous devez régler, au moment de mettre un film dedans, c’est la valeur de sa sensibilité, en ASA. L’appareil gère les sensibilités de 10 à 200 Asa.

Les vitesses, vous ne devrez pas vous en préoccuper, c’est le Pen qui la gère. Son obturateur va de 1/40s à 1/200s.

Si jamais vous n’aviez pas assez de lumière, un signal rouge (qu’on surnomme le « drapeau ») apparait dans le viseur et vous empêche de déclencher si vous êtes en mode automatique. Vous devez alors passer en manuel pour « forcer » la photo ou monter un flash (synchro au 1/40s). Quand je note « forcer » la photo, c’est quand vous vous mettez sur la position flash (bague autour de l’objectif, les chiffres oranges) sans le flash et que vous réglez l’ouverture en tenant compte des réglages d’une cellule à main, sachant que la vitesse de synchro sera constante au 1/40s

Il y a quand même une autre chose que vous devrez régler, j’allais l’oublier, c’est le compteur de vue.

Car nous touchons ici la particularité de ce petit bloc-note : il est en demi-format comme je le précisais au départ. Ce qui veut dire que vous tirerez 72 vues d’un film de 36, 40 d’un film de 20, …

Et donc, lorsque vous aurez mis un nouveau film dans la chambre, après avoir armé et déclenché trois fois (boitier refermé), vous devrez indiquer au compteur le nombre de vues qu’il va décompter.

En effet, ce compteur vous indique le nombre de vues restantes.

Là, je râle, car voulant tester ce fameux compteur, j’ai modifié le chiffre indiqué. Or, en voulant ouvrir l’appareil pour photographier la chambre, je me suis aperçu qu’il y avait un film à l’intérieur. Bon, il y aura quelques images grillées mais j’ignore combien il reste à tirer maintenant ! Je verrai bien.

Le viseur vous donne une image verticale si vous le tenez « normalement ». Si vous le tenez à la verticale, l’image sera alors horizontale. Etrange mais logique.

Et donc, sur un film en 24×36 vous ferez des photos en 18×24, du demi-format.

Pour en revenir au viseur, il est étonnamment lumineux pour sa taille, avec un cadre clair qui délimite la zone de prise de vue. Son grossissement est de 0,5 (la « magnification »).

Lorsque vous ouvrez l’appareil (une clé à tourner en dessous, qui libère le dos en entier), vous voyez la chambre divisée en deux. Les guides film et la plaque de pression dans le dos assurent un transport constant et fluide de la pellicule. C’est important si vous voulez faire des mini séries de photos, qui doivent se correspondre.

Voilà donc un petit boitier de 330 gr, que l’on glisse dans n’importe quelle poche ou petit sac, toujours prêt à déclencher.

Heu … le fabricant préconise quand même de n’armer l’appareil qu’au moment de prendre la photo pour ne pas laisser les ressorts de l’obturateur inutilement tendus et prolonger ainsi son espérance de vie.

Mais ça a dû être construit costaud car, présenté au public en 1961, de très nombreux exemplaires fonctionnent toujours comme au premier jour.

Redoutable de discrétion – le déclencheur ne fait quasi pas de bruit – il est le compagnon idéal des sorties en Street. Son obturateur central a en plus le bon goût d’éliminer quasi toutes vibrations.

Et puis, avec ses demis-photos, c’est presque un jeu de créer des histoires car l’esprit de la série, ou du « panorama » vient facilement : hop, une première photo, hop la seconde qui suit l’histoire …

Quelques exemples de photos prises par le PEN-EE à découvrir ICI.

Alors que penser de ce petit appareil rondouillard et sympa ?

Il est toujours parfaitement dans le coup. Il faut juste vérifier que la cellule fonctionne encore en essayant de déclencher dans différentes conditions de lumière. Si le « drapeau » rouge apparait systématiquement, c’est mauvais signe, même si vous pouvez toujours l’utiliser en mode manuel, à la seule vitesse du 1/40s alors.

Au niveau prix, comptez environ 40€ pour un exemplaire en très bon état, un peu plus si comme le mien il est dans sa boite.

Vous verrez, on ne se lasse pas de ce petit PEN-EE.

Deux videos d’illustration

Et au cas où vous devriez démonter :

Petite publicité d’époque :

Source : Collection-appareils.fr, Photo Hall 1964.

Pour le mode d’emploi, c’est par LA.

Des références : https://retrofilmcamera.com/olympus-pen-ee/, https://www.aperturepreview.com/olympus-pen-ee, https://www.imagingpixel.com/p/olympus-pen-ee.html, http://camera-wiki.org/wiki/Olympus_Pen, https://pimhens.be/collection-item/olympus-pen-ee-2, https://mikeeckman.com/2019/03/olympus-pen-ee-s-1962/ en anglais, https://35mm-compact.com/forum/viewtopic.php?t=46945, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-1000-Olympus_Pen%20EE.html

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