Le Yashica FR-1

Je vous ai déjà cité quelques Yashica mais il s’agissait des Electro 35, les premiers télémétriques à incorporer de l’électronique, avec des contacts dorés à l’or fin s’il vous plait !

Ce sont de superbes télémétriques, très agréables à utiliser et – mais vous connaissez ma faiblesse – magnifiques en version noires.

Cependant, aujourd’hui je vais vous présenter un réflex qui a une histoire intéressante, le Yashica FR-1

L’histoire de cette marque est compliquée mais en gros, elle commence en 1949 en s’appelant Yashima Seiki qui fabriquait des composants pour horloges électriques.

Tant qu’à fabriquer des éléments de précision, ils ont fabriqué aussi des éléments pour appareils photos et ils y ont manifestement pris goût car en 1953, ils présentent leur premier appareil, le Yashimaflex, un boitier double objectifs (dit TLR pour twin lens reflex) en moyen format 6×6.

Quelques changements de noms plus tard et après avoir établi une collaboration étroite avec une société d’optique (pour la fabrication de ses objectifs), en 1957, la firme fonde une filiale aux USA (New York), la Yashica Inc destinée à l’exportation de ses produits dans le pays. C’est encore à cette époque qu’ils présentent le Yashica Mat, un TLR en 6×6 qui aura une longue descendance.

Enfin, en 1958, le nom de Yashica Company Ltd remplace définitivement Yashima. Et en passant, la société rachète la firme Nicca, un fabricant de télémétriques, initialement copies de Leica, mais qui fit avancer le concept et allait donner l’occasion à Yashica de se lancer dans le télémétrique efficace.

Mais en 1959, ils sortent le Yashica Pentamatic, leur premier reflex à objectif unique, déjà pourvu d’une baïonnette propriétaire, d’un diaphragme automatique (avec un seul objectif, mais bon), et une gamme d’optiques interchangeables.

En 1962, conscients que leur monture propriétaire est un frein à leur développement, ils adoptent la monture Contax/Praktica M42. Leur nouvel appareil s’appelle Penta J.

Décembre 1965 verra l’apparition du premier télémétrique à commande électronique du monde, l’Electro 35, qui sera décliné en plusieurs variantes pour arriver au chiffre extraordinaire de 8 millions d’exemplaires vendus.

Yashica se portait bien et il alla même jusqu’à racheter son fabricant d’optique, réputé pour être le meilleur du Japon. Cet achat, combiné à l’essor des appareils, dont les TLR Mat et les reflex en 35mm allait faire reconnaître Yashica comme un fabriquant de qualité pour sa maitrise de l’électronique et la qualité de ses optiques.

En 1968, ils présentaient le Yashica TL Electro -X en 35mm : cet appareil, produit jusqu’en 1974, proposait une monture M42, une cellule TTL (à travers l’objectif) entièrement électronique, qui utilisait des flèches lumineuses (les premières LED sont apparues sur le Fujica ST 801), un obturateur Copal à plan focal vertical contrôle électroniquement.

Suivra ensuite un TL Electro 35, très similaire au Pentax Spotmatic mais utilisant un affichage de mesure éclairé similaire à celui du TL Electro X, toujours avec la monture en M42.

La réputation de Yashica a fait qu’ils ont pu commencer une collaboration avec Carl Zeiss, caché sous le nom de code “Top Secret Project 130” pour produire un nouveau reflex professionnel avec un obturateur commandé électroniquement.

Ce sera le Contax RTS (Real Time System) qui bénéficiera d’une nouvelle gamme d’optiques de prestige, signée Carl Zeiss avec une nouvelle monture à baïonnette dite C/Y (Contax/Yashica), qui permettra de monter ces optiques tant sur la gamme Contax (haut de gamme) que Yashica.

C’est le bureau F. Alexander Porsche qui fut appelé pour le nouveau design du Contax RTS.

Finalement, le Contax RTS fut présenté à la Photokina de 1974 et il deviendra un immense succès commercial. Sur cette vague, Yashica a présenté plusieurs reflex : le FX-1 (1975), le FX-2 (1976) et le haut de gamme FR, qui utilisait certaines des fonctions du RTS, comme son déclencheur électro magnétique, sa monture acceptant les objectifs Carl Zeiss.

De fait, Yashica proposera pendant 10 ans des reflex qui suivent les évolutions de Contax, en étant certes un peu moins sophistiqués mais toujours de grande qualité, parfois plus solides.

C’est dans cette idée que sort, en avril 1977, le FR-1 (qui sera suivi par un FR-II).

Et donc ce Yashica FR-1 sera même plus performant que le Contax RTS (plus ancien il est vrai) car il propose un obturateur électronique avec modes manuel et priorité à l’ouverture. Là, Yashica sera l’égal de Nikon, Canon et Minolta sur le marché des reflex professionnels. Il sera produit de 1977 jusqu’en 1981.

Que nous propose t’il donc, ce Yashica FR-1 ?

  • la monture C/Y qui permet de monter les objectifs Carl Zeiss (très chères) ou les Yashica excellentes et (un peu) plus abordables mais tout aussi réputées
  • l’obturateur à commande électronique du RTS, offrant des vitesses de 1s à 1/1000s plus pause B
  • deux modes d’exposition (manuel et priorité ouverture)
  • avec le testeur de profondeur de champ
  • un retardateur électronique (7s, il faudra courir un peu !)
  • les informations d’exposition visibles dans le viseur.
  • une cellule à 2 photodiodes au silicium, sensible de 12 à 3200 Asa)
  • la compatibilité avec certains accessoires Contax (le moteur p. ex.)
  • le miroir très silencieux du RTS
  • sa télécommande électrique
  • possibilité d’expositions multiples

Que dire encore ? Le contrôle de l’exposition est confié à deux cellules TTL au centre du viseur, dans lequel apparaissent la vitesse choisie et l’ouverture de l’objectif. Ce sont des DEL rouges ou vertes qui indiquent si l’exposition est correcte.

L’appareil que j’ai reçu est en très bel état. Quoique je vais devoir changer les mousses du miroir et du dos, mais à cet âge-là, c’est plus que normal.

C’est un beau boitier, et vous connaissez ma faiblesse pour les boitiers en noir. Comparé au Contax, finalement son demi-frère, il n’a aucune raison de rougir. Des nombreux articles que j’ai lu pour vous proposer celui-ci, il ressort que bien souvent le Yashica était même mieux fini, plus étanche au poussières que le Contax et moins sensible aux conditions extrêmes..

C’est le paradoxe de Toyota et Lexus, Citroën et DS, … c’est le même fabriquant, les mêmes composants, avec pour les seconds “un petit quelque chose en plus” mais qui ne renie en rien la qualité des premiers qui sont souvent plus rustiques et robustes..

Sans pile (6v), l’appareil ne fonctionne pas, son obturateur étant géré électroniquement. Mais vous pouvez en contrôler le niveau par un petit bouton située à gauche, sur le capot.

Son automatisme est facile à régler et la qualité de sa cellule, alliée à la précision de l’obturateur, vous donnera toujours entière satisfaction (pour rappel, priorité ouverture), mais vous pourrez toujours basculer en mode manuel (un M lumineux apparaît alors dans le viseur) en gardant l’aide de la cellule (via le bouton de contrôle de l’exposition).

Une particularité intéressante est ce bouton du contrôle d’exposition (à l’arrière, sur l’arrête du capot) qui permet la lecture immédiate de l’exposition mais qui peut aussi être verrouillé pour des lectures d’expositions plus longues. Ceci dit, n’oubliez pas de le déverrouiller ensuite pour économiser la pile.

Le bouton de correction d’exposition peut déconcerter mais finalement c’est assez simple (surtout quand on a lu le monde d’emploi) :

  • le réglage 2 double la quantité de lumière atteignant le film (une vitesse d’obturation de 1/250s sera automatiquement abaissée à 1/125s)
  • le réglage 4 quadruple cette quantité de lumière (la vitesse de 1/250s deviendra automatiquement 1/60s)
  • le réglage 1/2 réduit la quantité de lumière de moitié (une vitesse de 1/250s deviendra 1/500s)
  • le réglage 1/4 réduit cette quantité d’un quart (une vitesse de 1:250s deviendra 1/1000s)

Vous pourrez toujours utiliser un flash Contax RTF 540, qui sera parfaitement synchronisé avec le boitier. Et si vous avez la chance de trouver des optiques Carl Zeiss T à prix raisonnable, vous pouvez les monter sur le Yashica FR-1, qui donnera le meilleur de lui-même.

En résumé, un très bel appareil, moins couru que son demi-frère mais tout aussi bon, surtout que les “spécialistes” se tourneront vers le FR, vous laissant ainsi faire de bonnes affaires en achetant le FR-1.

Son prix ? Comptez 50€ pour un boitier nu et avec un peu de chance, moins de 80€ avec une optique Yashica ou tierce.

A ce tarif là, ne le laissez pas passer, c’est un excellent boitier !

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source : Collection -appareils, Grenier-Natkin 1979.

Petite video d’illustration

Des exemples de photos prises avec cet appareil LA

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI

Des références : https://camerapedia.fandom.com/wiki/Yashica_FR_I, http://camera-wiki.org/wiki/Yashica_FR_I, en anglais, http://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=2278, https://fr.wikipedia.org/wiki/Yashica, https://fr.qaz.wiki/wiki/Yashica en français

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