Les télémétriques

Depuis l’invention de la photographie, la question de « voir » ce que l’on va photographier est au centre de bien des recherches et … idées.

Si cela semble évident, dites vous qu’il a fallu bien d’ingéniosité pour y arriver. Au début, la vision de l’objet photographié se faisait directement à travers l’objectif. C’est le principe des chambres telles que l’on les représente : un gros appareil en bois, avec un tissus noir pour cacher le photographe qui prépare sa prise de vue. Je ne saurais trop vous conseiller d’aller découvrir ce type d’appareil au musée de la photo de Charleroi (voir la rubrique les « Incontournables »).

Puis il y eut les viseurs à travers un morceau de verre placé au ras de la structure de l’appareil. C’est ce qui était repris sur les célèbres « box », les Brownie de Kodak. Heu … vision pour le moins aléatoire.

Ensuite, il y eut les folding, vous savez, ces drôles d’appareil qui se déplient avec un accordéon entre la chambre et l’objectif. Souvent le viseur se résumait à une structure en tôle à travers laquelle le photographe regardait l’objet à photographier. Plusieurs systèmes, plus ou moins sophistiqués, se sont succédés sur ce type d’appareil. Dont, déjà, des viseurs avec un verre de visée mais dont la parallaxe n’était pas corrigée (La parallaxe optique est le décalage entre l’axe de prise de vue de l’objectif et l’axe du viseur – de Galilée, télémétrique, etc.).

Enfin, vers 1911, un génial inventeur du nom d’Oskar Barnak inventa le premier télémétrique … enfin, qui allait le devenir. Le premier Leica ne disposait que d’un viseur sous forme de tunnel, le télémètre vient vers 1930. En passant, ce cher Monsieur est aussi celui qui a « lancé » le format 24×36 mm, qui est devenu le standard en photographie. Il eut l’idée géniale de mettre à l’horizontale un film utilisé verticalement pour … le cinéma et de construire l’appareil qui allait pouvoir « lire » ce format.

Ah, il y avait aussi les appareils de type Rolleiflex (2 objectifs superposés l’un au dessus de l’autre, les TLR (Twin Lenses Reflex, ou réflex bi objectifs), avec lesquels on vise à travers un dépoli. Généralement assez large, ces dispositifs permettent une bonne vision de ce que l’on va photographier … pour autant que l’on remette la photo « à l’endroit » car la visée à travers le dépoli inverse ce qui est vu. Pas facile pour les photos de sport, par exemple.

Enfin, il y eut les appareils dit réflex. Vous voyez l’image telle qu’elle sera directement à travers l’objectif de votre appareil, même si celle-ci est reflétée sur un miroir en prisme et un verre dépoli. C’est rapide, précis et adapté à la plupart des styles photographiques.

Bref, sans refaire l’histoire de la photographie, il y eut de multiples moyens de viser, plus ou moins justes et rapides, précis.

Ceux que je vais présenter ici sont donc des télémétriques. Pourquoi choisir ce type d’appareil ? Vaste question mais je peux vous répondre :

  • parce que ces appareils sont plus compacts qu’un réflex
  • parce qu’ils sont discrets lors du déclenchement car il n’y a pas de miroir qui « claque » comme sur les réflex
  • parce qu’ils sont rapides, là aussi parce qu’il n’y a pas de miroir à relever avant que la photo ne soit prise (bon, on ergote sur des dixièmes de secondes, mais c’est là le sel de ce type de débat …)
  • parce que la visée permet de voir tout le cadre et d’anticiper le sujet qui n’est pas encore entré dans celui-ci (on peut aussi visser avec les yeux ouverts !)

Soyons de bons comptes, tout n’est pas rose au pays du télémétrique :

  • la visée est sans doute excellente mais plus la focale est longue, moins c’est facile à utiliser. L’idéal étant entre 35 et 90 mm. Au delà, il faut beaucoup d’entraînement !
  • la mise au point est manuelle. Si vous n’avez jamais connu que le tout auto et l’autofocus, il va falloir vous habituer (mais on y arrive vite) – je parle ici des anciens télémétriques, quelques « nouveaux » ont bénéficié d’un autofocus (ex. le Ricoh R1 que j’utilise)
  • il y a des limitations importantes : la distance de mise au point est longue et il est impossible de descendre sous les 70 cm pour faire une photo, et vous oubliez la macro
  • le prix du matériel est parfois un obstacle, surtout si vous voulez vous lancer avec des appareils connus tels Leica, Contax G, Konica Hexar, Voigtländer Bessa, Zeiss Ikon, …. mais il existe des alternatives très intéressantes, comme les télémétriques russes (dont je parle un peu plus loin), notamment. Là, vous pouvez vous faire plaisir pour moins de 100€, objectifs compris !

Si nous allons surtout parler des télémétriques en argentique, ils sont aussi présents en numérique, notamment chez Fuji avec la série des X (Fuji X 100, Fuji X-E) qui sont soit des télémétriques purs, soit des hybrides (vous visez dans un viseur « sur le côté » mais c’est un viseur électronique, c.-à-d. que l’image vue est celle renvoyée par le capteur).

Personnellement, j’utilise un Canon Eos 50M pour la photo de rue en numérique mais en argentique, selon l’humeur, surtout un Canonet QL 17 G III (1972), un Canon P (1958) et un Leica M5 (1974), un Leica M6 (1985), que je vous présenterai sous peu.

Comme d’habitude, je vous propose quelques sites qui seront plus précis et techniques sur ce sujet : https://www.lense.fr/news/une-vue-sur-le-telemetrique/ vous montrera des schémas très simples pour comprendre la visée télémétrique. Auquel j’ajoute, toujours en français, le site http://35mm-compact.com/compact.htm et http://35mm-compact.com/photographie/parallaxe.htm pour comprendre le principe de la parallaxe.

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