Le Minolta 16 II

J’avais envie de changer de format, après un reflex 24×36, un instantané, un télémétrique costaud et un moyen format.

Si nous ne sommes pas dans la catégorie du Minox LX, nous sommes quand même dans du « très petit », ce que l’on a appelé les « sub-miniatures ».

Il y a un moment, je vous présentais le Minolta 16 MG mais ici nous en venons presque à la genèse du modèle, le Minolta 16, paru en 1957 et produit jusqu’en 1960.

Et qui dit genèse suppose un peu d’histoire : à l’origine, c’est l’Institut Konan qui, en 1947, développe le concept d’un appareil sub-miniature utilisant un film de 16mm. Cette entreprise est spécialisée dans la conception d’appareil dont elle vend les brevets à d’autres constructeurs.

En l’occurrence ici, ils ont vendu à Chiyoda Kogaku Seiho Company Limited (l’ancien nom de Minolta) le brevet d’une cartouche spéciale pour ce film 16mm. En métal, elle est pourvue d’un volet qui permet de changer la pellicule même non terminée sans voiler le film. Comme ils avaient aussi développé un appareil pour utiliser ce film, le Konan Automat (qui ne fut pas un succès commercial), ils cédèrent aussi les brevets de ce dernier.

Minolta a bien évidemment modifié et amélioré l’appareil, tout comme la cassette à laquelle ils ont retiré le volet.

C’est ainsi qu’est né le Minolta 16 premier du nom.

La cassette évoluera encore et passera au plastique, moins couteux à produire. Minolta reconditionne les films d’autres fabricants, qu’il glisse dans ses propres cassettes et ce n’est qu’en 1995 que cessera cette production. Entre-temps, elle deviendra le standard pour les appareils, toutes marques confondues, qui utilisent ce format. Il va sans dire qu’elle sera beaucoup copiée, un peu partout dans le monde.

Tout comme pour le Minox, des cuves spéciales de développement existaient (ou existent encore si vous fouinez bien) avec une spirale pour le 16mm. A l’époque, il existait même du film en bobine pour que vous puissiez charger vous-même vos cassettes.

En 1960 la firme sortait un Minolta 16 II, qui deviendra lui le standard des appareils de ce format. Identique à son prédécesseur, ce sont quelques détails qui les différencie, nous allons les découvrir.

Entièrement mécanique, le Minolta 16 II sera suivi d’un Minolta 16 P (le plus simple de la gamme) en 1962, d’un Minolta 16 EE avec un posemètre au sélénium la même année, bientôt remplacé en 1963 par un Minolta EE II qui gagne un posemètre au CdS (et qui aura besoin d’une pile), ensuite le Minolta PS (le même que le P mais avec deux vitesses) en 1965, puis le Minolta 16 MG qui possède un posemètre couplé et un obturateur à priorité à l’ouverture.

Dès 1972, la série des sub-miniatures de Minolta doit se défendre contre le format 110 inventé par Kodak.

Une autre cassette en plastique mais avec un film légèrement plus grand que le 16mm de Minolta (13×17 contre 12×17) et dont le film n’est pas perforé, contrairement au 16mm Minolta qui possède deux rangées de perforation.

Minolta modifie alors sa cassette et le film, qui n’a plus qu’une rangée de perforation puis qui les abandonnera définitivement.

Sortira ensuite le Minolta 16 MG-S (1970 – 1974) en haut de gamme et le Minolta 16 QT, simplifié, qui utiliseront le nouveau film d’abord avec une rangée de perforation puis sans. Dès lors, le format de l’image passe à 12x16mm contre 10×14 auparavant.

Mais en 1975, Minolta abandonne et « se convertit » au format 110, pour lequel il développera des appareils miniatures haut de gamme.

Revenons donc à notre Minolta 16 II, celui qui a lancé le « standard » du 16mm.

Lorsqu’il est fermé, il ne prend guère de place (à peine plus que le Rollei A 110) et ouvert il n’est pas beaucoup plus grand, de toute manière.

Tout en métal, il inspire la robustesse malgré son gabarit.

Son objectif est un Rokkor de 22mm ouvrant à f2,8, fixe. C’est un objectif en trois éléments dont le plan focal est fixé à environ 45m. En étant à f5,6, vous êtes net de 2,10m à l’infini.

Le réglage des vitesses s’effectue sur le côté, tout comme les ouvertures.

Il propose des vitesses de 1/30s à 1/500s plus une pose B, et des ouvertures de f2,8 à f16.

Le système d’avancement du film, comme le Minox, est appelé « push-pull » soit pousser – ouvrir. Comme le Minox, vous pouvez armer l’appareil même sans prendre de photo, pour éviter de gâcher de la pellicule.

Petite particularité de ce petit appareil, il pouvait recevoir quelques accessoires, notamment des filtres carrés de 14x14mm (UV, 80A, Y48, 81B), qui ne sont pas interchangeables avec ceux des appareils suivants; des lentilles auxiliaires (gros plan #1 et #2). On pouvait encore lui adjoindre un flash électronique, moyennant le montage d’un support spécifique, qui portait aussi un emplacement pour le fixer à un trépied. Il était livré avec un étui en cuir, où logeait deux filtres au choix, et une dragonne.

Enfin, il a existé dans toute une collection de couleurs : chrome, noir, or/jaune, bleu, rouge, violet/magenta et vert. Histoire de voir la vie moins tristement …

Des nombreux auteurs que j’ai parcouru pour préparer cet article, il ressort qu’il serait facile de recharger des cassettes de film en 16mm, je veux bien les croire. Mais peut-être est-il encore possible de trouver certains des derniers films dans ce format (arrêté par Minolta en 1995 pour mémoire). Sinon, il y a ci-dessous une petite video sur le « comment faire ».

Ah, au rayon des bizarreries, cet appareil a été vendu en 1962 sous le nom de Sonocon 16 MB-ZA, et il était muni d’une … radio intégrée ! L’attente de l’instant décisif peut être longue, parfois.

En résumé, un petit appareil, que l’on ne qualifie pas d’appareil espion (ce qu’il n’a jamais revendiqué mais que d’aucuns essayent de faire croire), mais plutôt un petit compagnon discret. Entièrement mécanique, il est facile d’emploi, malgré sa petite taille. Son seul défaut, finalement, c’est d’avoir une bobine de film devenue rare.

Ils ne sont pas forcément rare mais plutôt « peu courant ». Nombreux sont ceux qui ont fini leur carrière au fonds d’un tiroir ou, pire, dans une déchetterie, le film ayant été stoppé au tournant de l’ère numérique.

Si vous avez la chance d’en trouver un complet, avec sa gaine et sa dragonne (et, cerise sur l’objectif, avec au moins 2 filtres dans la gaine), comptez environ 40€ pour repartir avec lui.

Des videos d’illustration :

Des références : http://www.subclub.org/shop/minolta.htm, https://en.wikipedia.org/wiki/Minolta_16 en anglais; https://www.minolta.suaudeau.eu/histoire/Minolta_16/Minolta_16.html (une mine d’information sur la marque Minolta), https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-12537.html, http://ericconstantineau.com/photo/review_minolta16_fr.html, en français.

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