Le Petri 7s

Ah, celui-là, ça faisait un moment que j’en cherchais un !

J’en avais déjà trouvé, mais souvent dans des états plus que lamentables (le dernier vu était manifestement tombé de haut et outre son verre de visée brisé, le télémètre était tout de travers).

Bref, ici, en fouillant dans la caisse d’un vide grenier, je découvre un étui en cuir marqué Petri. Je l’ouvre et, surprise, c’est un Petri 7s, sale, mais en bon état à première vue …

Je négocie car en tentant d’armer le boitier, je sens une résistance et un bruit bizarre qui me fait penser qu’un film est coincé à l’intérieur, dans le meilleur des cas (je ne veux pas l’ouvrir dans le hangar).

Me voilà donc avec ce fameux Petri 7s qui m’a toujours intrigué avec son viseur vert et sa ressemblance avec d’autres ténors de l’époque (Electro 35, Canonet et consorts).

Je ne reviendrai pas sur l’histoire de la marque, que je vous avais présentée lors de l’analyse du Petri 35 E., sauf à préciser que le Petri 7 fait partie des télémétriques de la marque, les premiers qui ont commencé avec l’ancêtre, le Petri 35MX, qui datait de 1955.

Alors décortiquons cet appareil.

Le Kuribayashi Petri 7s (de son vrai nom) est un appareil télémètrique à obturateur à feuilles (dans l’objectif comme les Yashica Electro p. ex..), introduit en 1963.

Il est une variante du Petri 7 qui a été introduit lui en 1961. La principale différence est le levier d’avance de film et un compteur de vues améliorés. Et il garde le télémètre couplé et une mesure au sélénium autour de l’objectif (dite ATL). avec une aiguille de type allumette visible à la fois dans le viseur et sur le dessus de l’appareil photo.

Il sera suivi par le Petri Color 35, plus compact, en 1968. Sa production prendra fin en 1973.

Comme je vous l’écrivais, ce qui me tentait, c’était cette couleur verte du viseur. En fait Petri a appelé son système de mise au point par télémètre le « Green-O-Matic ». Le viseur global est teinté de vert tandis que la zone de mise au point coïncidente est jaune. Cela rend la mise au point beaucoup plus facile, grâce au contraste.

Pour le reste, dans le viseur, vous avez des lignes de cadre, trois points pour utiliser une correction de parallaxe et l’excellente idée d’avoir ajouté un simple compteur à aiguille. Bon, il n’y a pas de marques précises : tout ce que vous avez à faire c’est d’ajuster la vitesse d’obturation ou l’ouverture jusqu’à ce que vous aligniez l’aiguille dans le point central. Facile et intuitif finalement.

Ah, un autre point intéressant : la cellule n’a pas besoin de piles pour fonctionner, puisqu’elle est au sélénium (qui produit sa propre électricité). Comme elle est située autour de l’objectif et à l’avant, vous pouvez viser en ayant mis un filtre, la cellule en tiendra compte.

L’obturateur a des vitesses allant jusqu’à 1/500. Comme je l’écrivais plus haut, placé dans l’objectif, il émet quasi aucunes vibrations ce qui , allié à l’ouverture honorable du f2,8 (et encore mieux avec le f1;8), permet des prises de vue même dans des conditions délicates.

Pour mémoire, les concurrents de l’époque s’appelaient Minolta Hi-Matic 7 et Yashica Electro 35. Du lourd, du sérieux, du bien construit … ce que l’on pourrait reprocher au Petri, plus léger, avec des commandes moins bien ajustées. Mais un prix plus abordable, qui en fit, malgré tout, un best seller pendant plus d’une décennie.

En ce qui concerne les commandes, la plupart sont situées sur le barillet de l’objectif : ouverture, vitesse d’obturation (1s – 1/500 + B), sensibilité du film (10 – 400 ASA) et mise au point. le levier pour la synchro flash X -M, le levier du retardateur. Celles-ci se gèrent avec la main gauche tandis que la droite arme et déclenche… ergonomiquement il est bien conçu mais demande un minimum de pratique ! Mais ça vient vite …

Le reste est un grand classique : le bouton de rembobinage est par dessous, près de la douille pour fixer un trépied et la griffe flash au dessus. C’est une griffe « froide »; il faut donc un câble pour connecter le flash. La prise se trouve sur le fut de l’objectif.

A gauche, sur la tranche, une languette qu’il faut tirer vers le haut pour libérer le dos. Pour insérer la bobine de film, rien de compliqué non plus même si le Petri ne bénéficie pas d’un système d’accroche rapide.

Généralement plus abordable que ses concurrents de l’époque (qui atteignent des sommets !), il reste un excellent choix si vous voulez vous initier à coût raisonnable au monde merveilleux du télémétrique.

Juste bien regarder qu’il ne soit pas trop abimé et que la cellule fonctionne toujours. A ce sujet, si vous en trouvez un avec son « sac tout prêt » vous augmentez vos chances car le noir préserve la réactivité de la cellule.

Vous devriez en trouver dans les vides greniers ou les brocantes, en cherchant un peu …

Un peu de technique :

  • Vitesses d’obturation de 1 seconde à 1/500e de seconde plus pause B
  • Ouverture de f/1,8 ou f/2,8 à f/16, objectif de 45mm
  • Cellule Circle Eye System, entièrement couplée, cellule au sélénium
  • Obturateur Petri MYE
  • Sensibilité de 100 à 400 Asa
  • Flash avec prise PC sur le fut de l’objectif avec languette de synchronisation X ou M
  • Retardateur d’environ 10 sec

Une petite video d’illustration

Des références : http://www.photoethnography.com/ClassicCameras/Petri7s.html, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Petri_7s, https://neverwasmag.com/2018/04/vintage-camera-review-petri-7s/, https://www.aperturepreview.com/petri-7s, https://www.35mmc.com/24/11/2018/5-frames-with-the-petri-7s-by-barry-carr/, https://internoinbakelite.wordpress.com/2012/06/11/lasola-ovvero-la-petri-7s/ en anglais, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-11407-Petri_7S.html, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-1604-Petri_7.html, https://fr.wikipedia.org/wiki/Kuribayashi

4 commentaires sur “Le Petri 7s

  1. Trouvé à tout petit prix dans une brocante du Hainaut (10€…), et en état exceptionnel car protégé par son étui d’origine. La cellule fonctionne et il fait beaucoup de bruit en déclenchant mais son look est vraiment attachant ! A recommander en effet sans modération

    • Salut Marc, et tu as pu voir celui que j’avais sur le stand de Villers-Bretonneux. C’est vrai que c’est un chouette appareil, un peu considéré comme le « Praktica » des télémétriques : moins cher que les stars de l’époque (Electro 35 en tête) mais pas mal du tout, avec ce viseur à la couleur verte particulière. Et je réitère ce que j’avais écris : à redécouvrir absolument. Toutes mes amitiés.

    • T’avouerais-je que j’en ai peu de souvenir aussi (j’avais un an) ! Mais c’est aussi ça la magie de ces vieux machins qui nous étonnent ou intriguent encore 60 ans après être sorti. Et qui, pour le plupart, fonctionnent encore. Triste époque que celle de nos APN ultra sophistiqués … pourra-t’on seulement les refaire fonctionner dans dix ou vingt ans ? Belle semaine à toi Phil. ..

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