Première sortie avec le Leica M5

Une sortie en ville qui s’apparente à déambuler dans un monde post apocalypse … vraiment étrange … tout ça à cause d’un petit virus au nom bizarre …

Bref, le ciel était laiteux, il ne faisait pas franchement froid, juste un peu humide sur la ville de Mons, avec son marché dominical. Qui ressemblait à un triste désert, avec des scènes irréalistes de (très) rares chalands faisant la file en respectant les distances, en ligne ou en quinconce … jamais je n’ai pu photographier la Ville avec autant de latitude ! Rendez-vous compte, la Grand’ Place vide, le Marché aux Herbes désert !

Que dire sur le Leica M5 ? Il fait son poids le bougre (937 gr exactement avec son objectif, sa pile et un film en 36 pauses) il n’est pas très facile à porter car c’est un modèle de 1973 avec 2 lugs (je traduis : 2 attaches) sur un seul côté, le gauche, qui devrait le faire porter à la verticale. A l’époque, les ingénieurs de Leica trouvaient ça ergonomique … peut-être mais comme je ne possède pas la lanière ad hoc, je le porte à la main, ou dans mon sling (entendez, mon sac bandoulière). Notez qu’à partir de 1975, ces mêmes ingénieurs ont replacé un troisième lug (attache) sur le côté droit (vous donnant ainsi le choix du portage)

Ceci étant, il est plus volumineux qu’un M3, que le Canon P, ou le Leica IIIf et le Zorki 1c, mais pas désagréable en main : je le sens bien et les « commandes » tombent naturellement sous les doigts.

à titre de comparaison : derrière, de gauche à droite Kiev 4AM, Leica M5; au milieu, le Leica M3; devant, de gauche à droite Canon P, Zorki I et Leica IIIf

En fait de commandes, pas besoin ici de lire 590 pages d’explications indigestes : vous avez réglé la sensibilité ISO (ou ASA), vous réglez l’ouverture, vérifiez dans le viseur ce que dit la cellule et adaptez la vitesse en fonction (ou l’inverse). Simple, rapide, efficace !

Heu … le mode d’emploi fait 36 pages et vous avez compris comment tout fonctionne.

J’ai équipé mon M5 d’un Voigtländer Ultron 35mm f1:1,7, très clair et facile à régler. Avec le grand « patch » du télémètre, c’est un régal, même si j’ai commandé des « black focus wrench » (je traduis : des bouts de caoutchouc à coller pour mieux sentir la bague de distances).

J’avais envisagé de l’équiper de mon Jupiter 12 mais de par la conception de la cellule – en fait un bras articulé qui porte la cellule et se place devant le rideau juste avant le déclenchement – ce n’est pas possible car c’est un objectif qui « rentre » profondément dans le corps de l’appareil et donc qui empêcherait le bras de se déployer, risquant de l’endommager. Quelques autres objectifs aux mêmes particularités ne peuvent être de ce fait montés sur le M5.

le Voigtländer est peut-être moins prestigieux qu’un objectif Leitz mais il est abordable

De fait, comme le M5 est le premier Leica équipé d’une mesure de l’exposition à travers l’objectif (TTL), il n’y a pas d’appendice disgracieux sur le capot (comme les M3), qui sont des télémètres non couplés. Vous devez armer l’appareil pour que la cellule soit opérationnelle (ça économise la pile), puis, lorsque vous visez, une aiguille sur la barre inférieure du verre de visée vous indique où vous devez faire coïncider une autre aiguille, qui bouge avec le sélecteur de vitesse. Vous voyez ainsi apparaître, lors de votre composition, la vitesse sélectionnée, que vous pouvez modifier soit avec le diaphragme, soit la vitesse. Facile, rapide et précis, le sélecteur de vitesse étant un poil plus large que le capot, ce qui vous permet de le faire tourner du bout de l’index sans avoir à quitter de l’œil votre composition.

Ensuite, au niveau discrétion, lorsque vous déclenchez, c’est juste un petit « clic » à peine audible, tout comme lorsque vous réarmez. Vous ne dérangerez personne avec cet appareil même lors d’un discours ou d’un concert. Honnêtement, j’avais toujours été septique quand au silence de fonctionnement des Leica, mais avec celui-ci, c’est un fait avéré.

Bon, il y a quand même un truc agaçant avec cet appareil : le chargement du film ! Il faut ôter la semelle, ouvrir la petite porte au dos, engager la cartouche de film avec une longueur d’amorce d’environ 10cm tirée, amorce que vous devez faire glisser entre les lamelles de la bobine réceptrice, fixe. Je manque sans doute de pratique, mais j’avoue que j’ai un peu galéré avant d’y arriver correctement.

L’avantage de cet assemblage étrange (semelle, porte) est d’assurer une très bonne étanchéité à la lumière une fois le tout refermé.

Résultat ? Ben disons dans … – on ne sait pas vu le confinement prévu jusqu’au 19/04/20 – mais le temps de déposer le film au labo et de le recevoir, développé et scanné en haute résolution sur un CD.

Sinon, première impression : très bonne, vraiment. L’appareil fait son poids mais il est tout à fait portable, même si je cherche une lanière pour avoir plus facile. Il est agréable à prendre en main (juste une petite remarque : j’accroche sans cesse le bouton du retardateur) et facile à régler. Silencieux comme dit plus haut. Restera à voir la qualité des photos délivrées.

Franchement, si je n’ai aucun scrupules à revendre le Leica M3, je sais que je garderai ce M5 : il a été mon premier Leica et surtout, il est très agréable à utiliser.

Mal aimé par les puristes de la marque, il mérite pourtant le détour, ne fut-ce parce qu’il a déjà une cellule, précise, intégrée et que, hormis les 2 attaches bizarrement placées sur le côté, il est très agréable à manipuler. Son poids le rend très stable.

Franchement, un bon achat à prévoir, d’autant que les prix ne s’envolent pas encore sur le grand site de vente, sur lequel vous en trouverez pas mal en excellent état. Attention toutefois, il n’en fut pas produit des centaines de millier (96.999 exactement).

Pour des infos techniques plus complètes, je vous suggère http://www.summilux.net/materiel/Leica-M5 en français, ou http://www.app-phot-col.com/photcol/pdfr/T37/2129.pdf et https://www.japancamerahunter.com/2012/04/the-leica-m5-the-lost-leica/ en anglais

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