L’Olympus OM 707

C’est vrai que jusqu’à présent je n’avais pas vraiment abordé les reflex de chez Olympus.

D’abord parce que je n’en trouve pas souvent d’abordables et ensuite parce que Fred, d’Histoires de Photo en parle mieux que moi, les ayant utilisés.

Mais voilà, ce samedi matin, petit tour chez Emmaüs à Ghlin, et que vois-je dans une caisse de vieux machins, … cet Olympus OM 707.

La première impression ne fut pas bonne : sale, sans objectif (mais un bouchon de boitier, ouf), avec un peu d’oxydation dans la trappe à piles, je vous avoue que je l’avais pris en mains, puis replacé dans la caisse … le temps de quelques pas, car je n’avais rien d’autre à me mettre sous la dent (et midi approchait à grands pas).

Je ne le connais pas (encore) mais à vue de nez, c’est un appareil de la moitié des années quatre-vingt. Certains vont m’en vouloir, mais il a des airs de Pentax SFX, aussi quelque chose du Minolta 7000 AF.

Allez, rentré à la maison, séance de nettoyage, du compartiment piles aussi (maintenant, vous savez comment faire ICI).

Bon, il me reste à partir à la pêche aux infos …

Il était une fois … la Photokina de 1986, où ce boitier fut présenté pour la première fois au grand public. Comme souvent, sous deux dénominations : OM 707 et OM 77 selon les marchés.

Et c’est dans l’antre de cette grand messe dédiée aux innovations de l’époque en termes de photographie qu’Olympus voulait frapper un grand coup.

Si, honnêtement, la marque s’était fait souffler la première place quant à la présentation d’un appareil autofocus piloté par le boitier – là c’est Minolta et son 7000 AF qui avait surpris tout le monde (1985) – puis encore de peu par Nikon et son F-501 (février 1986), il voulait quand même montrer qu’ils savaient innover aussi et, outre l’autofocus, ils présentaient une première mondiale, un flash intégré.

Olympus développe, comme ses concurrents, une gamme d’objectifs dédiés à ce nouvel appareil, avec une particularité : ils n’ont plus de bague de mise au point puisque le boitier la fait, via un curseur coulissant, ni bague d’ouverture.

Mais, en principe, on peut encore utiliser les anciens cailloux : si on utilise les objectifs OM, il faut le faire dans le mode automatique avec priorité ouverture et si on utilise les objectifs AF, seul le mode Programme est utilisable.

Comme je ne possède pas d’objectif avec ce boitier, voici à quoi ça ressemble (merci Mes appareils photos)

L’Olympus OM 707 avec un zoom 35 – 70 mm ouvrant de f3,5 à 4,5.

Si vous vous en souvenez, Olympus a souvent été le chantre de la photographie ouverte au plus grand nombre. C’est donc un appareil destiné au grand public et aux professionnels mais qui offre, à l’époque, le mieux de ce qui existe chez eux.

Mais, en résumé, l’Olympus OM 707 était le premier et sera (presque) le dernier appareil photo Olympus SLR à mise au point automatique (AF) en 24×36 de la marque !

-« Aïe, mais que s’est-il passé ? »

De fait, l’OM 707 venait avec des fonctionnalités innovantes, dont le fameux premier flash intégré, et un flash électronique, le F280, synchronisé à toutes les vitesses qui venait épauler celui du boitier, peu puissant. Ce F280 était synchronisé jusqu’au 1/2000s, la plus élevée à l’époque et il disposait également d’une lampe d’illuminateur AF haute puissance pour faciliter la mise au point en basse lumière.

Ensuite, l’introduction du premier objectif dont la mise au point est entièrement contrôlée par un curseur sur le boitier (mise au point électrique).

La mise au point pouvait être verrouillée via un petit bouton noté AE.

Encore, vous aviez le choix entre deux poignées (interchangeables) : le Power Flash Grip 300 qui avait un petit flash pop-up et un déclencheur, ou le Power Grip 100 qui offrait juste le déclencheur.

La gamme proposait aussi 8 objectifs, tous AF, soit plus que ses concurrents.

De plus, comme signalé plus haut, la baïonnette autorisait le montage des objectifs des autres appareils OM, plus anciens, ce qui donnait une quantité énorme d’objectifs à utiliser.

Mais comme l’appareil était un autofocus, certaines fonctions ne marchaient pas. Seule la modification de l’ouverture restait « universelle ».

De plus, l’appareil avait un système d’armement automatique (« rafale » jusqu’à 1,5i/seconde). A la mise en place de la cartouche dans la chambre, l’appareil lisait le codage DX et réglait la sensibilité de la cellule (de 25 à 3200 Iso). Il proposait la mesure pondérée centrale. Par défaut, si le film n’est pas codé, l’appareil reprend la valeur de 100Iso.

L’appareil bénéficiait aussi de la mesure TTL – OTF, un système qui permettait une analyse de la lumière à travers l’objectif et à travers le miroir, qui comprenait une section semi-translucide au centre pour faciliter la mesure lorsqu’il est en position base. Ce système contournait le problème des changements soudain de luminosité lorsque le miroir est relevé puisqu’il permettait à la mesure de se poursuivre jusqu’à la fin de l’exposition. Il s’agissait également d’une percée majeure en termes d’obtention d’expositions au flash plus précises via la mesure à travers l’objectif.

Sur le dessus, un écran LCD affichait la vitesse du film, l’état de la batterie, le mode que vous aviez sélectionné (AF ou PF) et le retardateur (12 secondes).

Alors, pourquoi cet appareil fut-il un flop ?

Le premier problème, semble-t-il, fut l’absence de bague pour la mise au point qui pénalisait la prise d’image, le système n’étant pas des plus rapides ni des plus précis, malgré un système d’assistance, mais peu convaincant. Ensuite, impossible de régler les ISO puisque l’appareil le faisait via le codage DX des films, mais il n’offrait pas la possibilité de le modifier manuellement. Encore, le boitier offrait la mesure pondérée centrale mais pas de mesure spot.

Or ces points existaient chez les concurrents.

Plus anecdotiques mais tout aussi fâcheux, les fameuses poignées Power tombaient rapidement en panne, rendant l’appareil inutilisable (surtout à l’arrêt de la production, impossible de trouver des pièces) : la petite pièce, en dessous, qui ferme le réceptacle des 4 piles AAA a la fâcheuse tendance de prendre ses aises et de disparaître (bon, c’est mois esthétique, mais on sait se dépanner avec une fine feuille de nickel, un bout de plastique ou de bois coupé à la dimension et un morceau de gaffer à tout faire).

Leur protubérance alourdit la silhouette du boitier et augmente son encombrement.

En fait, cet appareil était en avance sur son temps et, surtout, sur ses utilisateurs, encore friands de réglages manuels (ils n’avaient connus que ça depuis des lustres). Pour eux, un appareil sans contrôle est un appareil destiné aux débutants. Or, au prix où était proposé l’OM 707, on était clairement dans du bon milieu, voire du haut de gamme.

Olympus a raté sa cible … et perdu beaucoup car ils ont peu à peu abandonné le secteur du reflex 24×36, pour se replier vers des compacts performants comme l’iS -100 ou les Camedia… qui utilisaient un dérivé du système de mise au point de l’OM 707.

Enfin, je nuance un peu le propos : Olympus a continué à proposer des reflex aux professionnels, des appareils manuels (essayez de trouver un OM-3 Ti !), et quelques boitiers aux « débutants » avec autofocus. Pour eux, ce dernier n’était pas destiné aux pro !

Le boitier qui suivra sera l’OM-101, qui reprendra le système « Power Focus », qui devient une « mise au point manuelle motorisée », une autre histoire …

Que penser de cet appareil ?

S’il n’est plus guère utilisable de nos jours (sauf à être complet et en bon état), il fait partie de l’histoire de la photographie pour être un des premiers réflex autofocus du monde, inscrit dans le cercle fermé du Minolta 7000 AF, du Nikon F-501 et, un peu à la traine, du Canon Eos 650 puis le Pentax SFX.

Il aura, malheureusement peut-être, plus sa place sur une étagère que dans un sac photo (certains vont me contredire, car ils l’utilisent encore, et c’est tant mieux !).

J’ai un peu le sentiment, après avoir préparé cet article, que c’est un appareil pensé par des ingénieurs, pas des photographes, et qu’ils ont zappé le service marketing. Ça leur a coûté cher !

Maintenant, si vous en trouvez un, idéalement avec un objectif de la gamme, faites-vous plaisir mais ne cassez pas votre tirelire. Au delà de 30€, c’est du gaspillage.

Pour celui que j’ai acquis, le nettoyage des contacts m’a permis de glisser 4 piles AAA très communes dedans et … suspens : il s’est allumé ! Les commandes semblent répondre. Reste à lui trouver un objectif maintenant.

La suite au prochain numéro, mon ami Pierre me dit qu’il doit encore avoir un objectif pour moi. Je vais pouvoir le tester complètement et redonner un avis comme d’habitude très subjectif.

Quelques pubs d’époque (merci Collection-appareils)

Porst 1986-87.
Camara, janvier 1987.
Source : Singe-Urbain

Video d’illsutration

Des exemples de photos prises avec cet appareil LA.

Un peu de technique pour ceux qui aiment :

Obturateur à plan focal à déplacement vertical contrôlé électroniquement. Vitesse d’obturation de 2s à 1/2000 s
Monture d’objectif : Olympus OM pour objectifs AF (accepte les objectifs manuels OM et OM-AF)
Contrôle de l’exposition : TTL ‘OTF’ pondéré au centre.
Mode d’exposition : Programme ; Changement de programme (avec bouton de changement); Priorité à l’ouverture avec les objectifs manuels OM.
Verrouillage AE
Contrôle du flash : synchronisation complète avec F280 ; Synchronisation « flashmatic » TTL jusqu’à 1/100 avec PowerGrip 300 ; TTL direct ‘OTF’ avec flashes de la série T. Lampe d’éclairage AF intégrée
Viseur : écran fixe à 93 % de champ avec zone de mise au point automatique marquée
Chargement automatique du film ; avance automatique du film (1,5 i/s); rembobinage automatique du film
Retardateur 12 secondes
Poids : 555 g sans lentille/poignée/piles

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Des références : https://www.vintagecamerareviews.com/year/1980s/olympus-om-707/, https://cjo.info/classic-cameras/olympus-om707/, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Olympus_OM-707_/_OM-77, https://filmphotography.eu/en/olympus-om-707/ en anglais; https://www.mes-appareils-photos.fr/Olympus-OM707.htm, https://www.singe-urbain.com/olympus-om-707/, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-5196-Olympus_OM707.html, en français; http://www.optiksammlung.de/OM/OM707.html en allemand

Un commentaire sur “L’Olympus OM 707

  1. Tout comme ce boîtier, ma tentative d’abonnement a donc été un flop !
    Aucune notification reçue pour tes nouveaux articles…
    Je refais une tentative.

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