Le Fujica Pocket 400.

Tiens, ça fait un moment que je n’ai plus eu de 110 en mains, vous savez, ces drôles d’appareils qui utilisent un petit film en cassette et qui existe toujours, quoiqu’en pensent certains esprits chagrins.

Certes, ce n’est pas le meilleur film qui fut inventé, sa petite taille associée souvent à des appareils bas de gamme n’ont pas toujours laissé un souvenir impérissable, mais il y eut des exceptions.

Bien de ces appareils ont été offert souvent aux communions, lors d’anniversaire des plus jeunes, car ils étaient facile à utiliser et, surtout, à emporter.

Longtemps ils se sont disputés la place dans le sac à dos des scouts/guides avec les Kodak Instamatic ou les Agfamatic Sensor, leurs ainés.

Mais j’imagine que je ravive là des souvenirs communs …

Et pour ceux qui découvrent ce format, je vous renvoie à cet article, qui l’explique.

Ensuite, tous les appareils dédiés à ce format n’étaient pas « des entrées de gamme » minimalistes, il y eut quelques petites perles. Si vous êtes curieux, je vous propose de visiter la rubrique dédiées aux « pocket’s » sur le site pour en découvrir quelques unes.

Mais venons-en à notre vedette du jour, trouvé sur une brocante hennuyère, entre deux orages de juillet.

Il s’agit d’un Fujica Pocket 400, assorti de son flash, le tout dans des petites gaines en cuir du plus bel effet.

Si, hélas, le flash est HS (c’est souvent le cas, les condensateurs vieillissent mal), l’appareil fonctionne parfaitement.

C’est un petit bloc métallique qui, contrairement à la majorité de ces appareils, ne doit pas se plier/déplier pour actionner le chargement et l’armement du déclencheur, une molette discrète sous le viseur s’en charge et le déclencheur est électromagnétique.

Ce qui veut dire que sans pile(s), pas de photo ! Alors j’ai mis « pile » au pluriel entre parenthèse car vous avez deux solutions pour l’alimenter : soit une pile 4LR44 ou quatre fois une pile LR44 que vous empilez dans le compartiment. Je préfère la seconde solution, les 4LR44 ont tendance à « serrer » dans le logement et elles sont dès lors difficiles à extraire.

Mais commençons par le début …

Fuji, contrairement à Minolta p. ex., n’a jamais produit d’appareils au format miniature 16mm. Ce qui était une erreur pour une société fabriquant des films et des appareils photo.

Lorsque le format 110 est apparu, ils ont décidé cette fois de ne pas rater un marché prometteur et ils ont produit dès lors une grande quantité d’appareils dans ce format, en privilégiant le design et la qualité (même s’ils ont produit aussi des appareils basiques).

Par exemple, en 1976 ils ont été les premiers à proposer un zoom sur un boitier 110; ils ont encore placé des objectifs ouvrant à f2,8 et proposé des focales en 20mm (équivalent au 40mm en 24×36), qui permettaient une plus grand profondeur de champ, idéal pour les photos de groupe et les paysages.

Source : Subclub

Ils ont aussi proposé des flashs qui utilisaient un sabot intégré qui rendaient l’ensemble bien compact et fiable.

Ils ont même poussé le bouchon loin en proposant un vrai télémétrique, d’autre avec l’exposition automatique, l’avance automatique du film.

Source : Subclub

En gros, là ils ont mis la paquet et comblé leur retard en proposant des appareils qui ont fait le bonheur de pas mal de gens et qui le font encore quand vous tombez sur un bel exemplaire.

Etrange revanche aussi, la plupart des appareils Fuji n’utilise pas les perforations du film 110 pour armer l’obturateur. Ceci implique que ces appareils peuvent être rechargé avec du film 16mm dans une cassette 110, moyennant un peu de bricolage soit sur la cassette soit sur l’appareil lui-même. Fuji n’a pas tout perdu le marché du 16mm finalement !

Mais venons-en à notre Fujica Pocket 400, il est temps.

Il s’agit de l’édition de luxe du Pocket 300, qui était elle-même la version luxueuse du Pocket 200.

La chronologie des modèles ne reflètent pas ces évolutions car le Pocket 200 verra le jour en 1977 alors que le 300 date de 1975 et le 400 de 1974. En fait, Fujica a commencé avec du « haut de gamme » pour redescendre ensuite vers du simpliste.

Ce 200 est dans la section des « minimalistes », jugez plutôt : objectif à focale fixe de 29 mm ouvrant à f11, obturateur mécanique avec vitesse de 1/60s, pas de contrôle d’exposition mais il a un filetage pour trépied et le déclencheur accepte un câble souple; il a même un filtre UV intégré. Il a été conçu pour les films 100 ASA et il utilise des Magicubes pour le flash.

L’appareil évoluera pour proposer le Pocket 300, la version luxe donc du précédant avec un objectif de 26,5 mm ouvrant de f5.6 à f11 beaucoup plus rapide. La mise au point reste fixe, tout comme la vitesse mais qui atteint le 1/125s. Des symboles « météorologiques » (nuage, soleil, etc.) apparaissent pour le contrôle de l’exposition et il garde le filtre UV intégré ainsi que le filetage pour trépied et le déclenchement. Il utilise un flash attaché en cas de besoin. Son esthétique est proche du futur 400. Il connaitra aussi des évolutions.

Le Fujica Pocket 400 possède un objectif Fujinon légèrement plus long, il passe à 30 mm ouvrant à f5.6 et il gagne une mise au point par zones : 3 zones de 1-2 mètres, 2-5 mètres et 5 mètres à l’infini . Mais, grande innovation, il possède une cellule CdS qui permet de contrôler l’exposition de l’obturateur électronique avec des vitesses de 10s secondes au 1/400s. Pour l’utilisation du flash, il y a maintenant un sabot intégré et la synchronisation est à 1/40s. Il garde les filetages pour trépied, pour le déclenchement par câble et le filtre UV intégré.

Il y aura encore un Pocket 500 et 600, plus sophistiqués encore, mais c’est une autre histoire.

Au niveau agrément d’utilisation, ça peut nous sembler étrange aujourd’hui de coller un œil à ce drôle de rectangle pour prendre une photo. Pourtant la visée est agréable, le viseur est grand et clair, muni de cadre collimaté avec correction de la parallaxe.

Pas de rappel de la distance choisie dans le viseur comme c’était le cas avec l’Agfamatic 6008, ni compteur de vue (on voit le film avancer dans la fenêtre arrière) mais comme on travaille en zone focus, on fixe la distance pour rapport à son type de sujet et on est tranquille un moment (en photo de rue, p. ex., vous serrez entre 2 et 5 m).

C’est un appareil bien fini, agréable à prendre en mains même s’il est, par définition, petit. Le flash, qui se glisse dans une rainure assurant la synchronisation, augmente sa longueur d’un tiers mais ce n’est pas gênant si on le compare encore à l’Agfamatic 6008 qui utilisait lui des flash flip (en hauteur).

Reste la question des films. Comme je le précisait en préambule, ils existent toujours sur le marché et Lomography en propose en couleur et même en N/B. D’autres vendeurs ne sont pas en reste, seuls les magasins physiques restent frileux dans ce domaine (il doit bien y avoir des exceptions heureuses).

Hormis à vérifier que le compartiment pile est propre (pas de traces de piles anciennes oxydées) et le crochet de fermeture (en plastique) qui doit être intact, c’est un boitier qui ne pose pas de problème.

Ses concepteurs l’ont voulu aisé, pour respecter la philosophie du format : vous faites coulisser le verrou vers la droite pour ouvrir la chambre, la porte s’ouvre. Si c’est un premier usage, vous devrez ôter la plaque de protection du contact flash pour pouvoir faire glisser la trappe du compartiment des piles. Une fois celles-ci déposées, opération inverse pour tout refermer. Il n’y a plus qu’à déposer une cassette dans la chambre, refermer le dos et actionner la molette pour avancer à la première vue, c’est prêt.

Ah, une petite précision, j’y ai fait allusion plus haut, en passant : le film 110 implique de fait un coefficient de correction pour l’équivalent 24×36. On le calcule en faisant fois deux pour plus de facilité. Donc un objectif de 30mm comme sur le 400 devient de facto un 60mm. La taille du film est de 13x17mm soit quasi la moitié du standard 24×36

J’ai découvert ce tableau, fort bien fait, pour vous donner une idée de la production des films, de 1899 à nos jours.

Source : Thedarkroom

Enfin, question prix, sauf les quelques appareils d’exception (les modèles phares de Minolta, Canon, Pentax, Fujica, Agfamatic, Kodak Pocket, Rollei, notamment), vous ne devriez pas débourser plus de 20€ pour un exemplaire complet et en état de fonctionnement, souvent moins d’ailleurs. Mais prenez le pas de choisir dans les « hauts de gamme » pour bénéficier de meilleurs performances.

Video d’illustration :

Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Pocket_Fujica_400, https://foticoscollection.com/en/item/fujica-pocket-camera-400/9199, http://subclub.org/shop/fuji110.htm, https://www.digitalcameraworld.com/features/110-cameras-the-rise-and-fall-of-little-film-format-that-made-photography-easy, https://thedarkroom.com/film-formats/110-film/, https://thedarkroom.com/film-formats/ en anglais.

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