Le Kodak Retina IIc

Ah, encore un bel objet, que l’on prend plaisir à prendre en mains.

Du même acabit que le Balda Baldessa 1 mais en plus perfectionné, vous verrez.

Je vous ai déjà présenté le Kodak Retina IIIc, (si vous êtes curieux, la genèse de ces appareils s’y trouve), voici le petit frère.

Et pour une fois, l’article sera court … quoique …

Car tout ce que j’ai écris sur le Kodak Retina IIIc est valable, la seule différence entre les deux, c’est que celui-ci ne possède pas de cellule au sélénium.

Sachant de toute manière que celle-là s’épuise avec le temps, malgré toutes les précautions, finalement, ce n’est pas le plus indispensable. Une bonne cellule à main dans le sac et le tour est joué.

Bon, je ne vais pas obliger tout le monde relire l’autre article – pourtant il est chouette ! – alors voici les principales caractéristiques de ce sympathique petit appareil qu’on a vite envie de sortir, pas seulement pour le plaisir mais aussi parce que c’est une excellente machine à raconter des histoires.

Il était une fois, donc …

Bien que cela ne se voie pas de l’extérieur, il s’agit d’un appareil à soufflet mais vous ne le découvrirez que si vous ouvrez le dos de celui-ci, objectif sorti.

Produit de 1954 à 1957, c’est encore un appareil construit, certes en quantité (on estime que 136.000 exemplaires ont été produit), mais pas – encore – en masse, ce qui adviendra au début des années soixante chez Kodak et quelques concurrents. Ici l’appareil respire la solidité, l’assemblage de précision, la recherche du détail (vous verrez plus loin).

Bref, c’est du solide, fait pour durer : la preuve, près de 65 ans plus tard, l’exemplaire que je vous présente fonctionne parfaitement.

Sans refaire toute l’histoire des Retina, leur épopée commence avant la seconde guerre mondiale (1931), lorsque Kodak rachète Nagel Camera Werk AG, du nom d’un génial inventeur qui imagine et réalise ce petit bijou d’ingéniosité, qui évoluera avec le temps mais sans perdre son essence : un appareil au format contenu, qui doit pouvoir répondre à un maximum de situations, fiable et qui utilise les premiers films en cartouches scellées crées par … Nagel pour Kodak (1934).

Et dans ces évolutions donc, en 1954, apparait ce Retina IIc, qui offre le vrai confort d’un télémètre précis, la possibilité de changer de focales, une synchro flash et surtout, un magnifique objectif Schneider-Kreuznach Retina-Xenon C de 50mm ouvrant à f2.8, net et au rendu des couleurs, délicates, presque pastel.

Je reviens deux secondes sur l’histoire du changement de focales : en fait, on ne change pas d’objectif mais seulement l’élément avant, que l’on remplace par une autre « demi » optique pour obtenir soit un 35mm, soit un 80mm, en sus du 50mm de base.

Source : Beyontheaperture, les compléments d’objectif.

Soyons honnêtes, ils ne sont pas faciles à trouver et comme le viseur n’est pas collimaté pour celles-là, il faut acheter à part un/des viseurs qui en tiennent compte. Peut-être pas vraiment utile, mais dans l’air du temps en 1954.

Ce qui est important de retenir c’est que tout ça se présente sous un format très compact pour l’époque, qui autorise à le glisser dans une (grande) poche.

Cette compacité se gagne grâce au principe du soufflet, justement caché derrière une petit porte qui va s’ouvrir vers la droite, en appuyant sur le petit bouton rond en métal sur le bord de cette dernière.

Pour refermer, deux manipulations à ne pas oublier : premièrement, remettre l’objectif sur l’infini, ensuite appuyer simultanément sur les deux boutons en saillie sur le bloc optique/obturateur et repousser le tout vers l’arrière, jusqu’au « clic » de la porte fermée. Sans ces deux manœuvres, impossible de fermer l’appareil, ne jamais forcer.

Mais laissons le ouvert encore un moment, le temps de découvrir ce qu’il nous offre.

Son objectif, que j’ai présenté plus haut, dont on règle la distance grâce à l’espèce d’oreille située sur le côté, et un obturateur Synchro Compur offrant des vitesses de 1s au 1/500s, plus une pose B et la synchronisation (X – M) du flash, à toutes les vitesses.

Rappelez-vous, nous sommes en 1954, date à laquelle est présentée à la Photokina un « nouveau » système appelé EV/LV (comme sur le Balda Baldessa 1. Le principe est expliqué dans l’article), EV pour Exposure Value, valeur d’exposition.

C’est-à-dire plutôt que de régler la vitesse d’obturation et l’ouverture séparément, vous définissez plutôt une valeur d’exposition. Après cela, lorsque vous modifiez la vitesse d’obturation, l’ouverture change automatiquement avec elle. On peut sortir de ce système, avec la languette sous l’objectif mais ça simplifie quand même la rapidité de prise de vue.

Une fois la valeur déterminée, l’ouverture et la vitesse d’obturation sont verrouillées, et vous pouvez faire tourner la bague de vitesse d’obturation du Retina IIc pour voir et choisir exactement la combinaison d’ouverture et de vitesse d’obturation que vous voulez, afin d’obtenir les résultats que vous recherchez.

Prenons un exemple : vous voulez privilégier la profondeur de champ, vous déterminez la valeur de lumination (EV) puis vous faites tourner la bague des vitesses jusqu’à ce que le levier pointe sur la valeur f-stop désirée, c’est tout.

Maintenant, si vous voulez jouer sur le flou de mouvement ou au contraire le figer, vous indiquez la vitesse que vous estimez nécessaire et lorsque vous tournerez la bague, l’ouverture s’adaptera automatiquement.

De plus, si vous voulez utiliser la compensation d’exposition, c’est aussi facile, vous n’avez qu’à ajuster un élément : EV inférieur = plus de lumière sur le film, EV supérieur = moins de lumière sur le film et 1 EV = 1 stop. Il suffit de soulever et déplacer le levier EV dans la direction où vous souhaitez obtenir la compensation souhaitée.

Voilà, voilà …

Reste à mettre un film dans l’appareil. Comme pour le Rétina IIIc, il faut faire tourner un verrou, en dessous, sous lequel se cache le bouton de déverrouillage du dos. Monté sur charnière, il s’ouvre et découvre la chambre

Petite bizarrerie, le compteur de vue ne se remet pas à zéro tout seul, il faut le faire à sa place. De fait, lorsque vous avez chargé un nouveau film, il faut maintenir enfoncé le bouton derrière le déclencheur tout en faisant glisser le bouton à l’arrière de l’appareil photo, de gauche à droite, plusieurs fois, pour réinitialiser manuellement le compteur. Vous verrez alors la fenêtre avec les chiffres défiler. Si vous avez un film de 36 vues, une petite marque va apparaître, vous stoppez là. Maintenant, à chaque photo prise, le compteur va « décompter » les vues mais lorsque vous arriverez au chiffre un, vous ne pourrez plus déclencher, il sera temps de rembobiner le film

Pour y arriver, sous la semelle, dans le creux de ré-armeur, il y a un bouton sur lequel il faut appuyer, puis tourner la molette afin de rembobiner la pellicule.

Dites-vous qu’à l’époque, la norme pour les films était 20 ou 36 poses. De nos jours, c’est plutôt 24 et 36. Pensez-y lorsque vous chargez le film car immanquablement, au chiffre 1, il va se bloquer.

Allez, un petit truc utile : sur le petit bouton, il y a un minuscule point dessus. Lorsque vous rembobinez le film, le point vous permet de voir ce bouton tourner. Tout d’abord, vous saurez que vous rembobinez le film correctement, mais deuxièmement, lorsque le bouton arrête de tourner, vous savez que le film est hors de la bobine réceptrice à l’intérieur de l’appareil photo, et vous pouvez arrêter le rembobinage à ce stade. Il laissera l’amorce du film à l’extérieur de la cartouche

Et si nous parlions un peu du viseur car, je le rappelle, ce Retina IIc est un télémétrique, ce qui aide à la mise au point, même si on peut toujours travailler par zone focus (échelle sur le fut de l’objectif).

Lorsque vous approchez votre œil du viseur, vous verrez une petite zone en forme de losange au centre. C’est dans ce losange que vous verrez deux images qui se superposent. En déplaçant le levier de mise au point, vous allez voir les images se déplacer, le but étant de les faire coïncider jusqu’ à ce qu’elles n’en forment qu’une.

Ça y est, vous y êtes ? Vous pouvez déclencher, l’image sera au point.

Comme je le faisais remarquer, le télémètre c’est utile mais pas toujours utilisable, par exemple en cas de lieu sombre ou trop contrasté, là, on n’y voit pas grand chose.

Mais les concepteurs de ce chouette petit appareil y ont pensé.

Donc, comme je l’écrivais, vous pouvez toujours faire la mise au point par zone, et c’est là que les ingénieurs ont pensé à vous : ils ont ajouté 2 petits cercles, un pour la mise au point de zone à courte distance et le second pour les distances plus grandes.

Si vous les positionnez, par exemple, avec une ouverture de f8 à la vitesse appropriée, vous obtiendrez une profondeur de champ utilisable immédiatement. Ainsi le cercle à « courte portée » vous donnera une mise au point d’environ 1,8m à 3m, tandis que l’autre cercle donnera une mise au point de 3m à l’infini.

Avouons que Kodak a fait du bon boulot avec ce petit appareil sympathique.

Quelques photos pour résumer :

Question habituelle : cet appareil est-il encore utilisable ?

Oh que oui !

Sa forme trapue, sa prise en main (il est vrai un peu déroutante au début avec la porte qui s’ouvre sur la droite), sa construction solide, ses petits perfectionnements bien pensés le rendent tout à fait apte à prodiguer d’excellentes photo, même de nos jours.

Quelques accessoires utiles sont difficiles à trouver, notamment les filtres de couleur (filtre de 29,5 mm intérieur, 32mm extérieur, à viser), les éventuels compléments optiques (mais que je ne trouve pas primordiaux) et n’empêche en rien l’utilisation ludique de ce Retina IIc.

Accompagnez-le d’une bonne cellule à main, il n’a besoin de rien d’autre pour vous donner satisfaction.

Par contre, il vous faudra un peu de temps pour bien appréhender des techniques qui nous semblent bien lointaines mais qui, une fois acquises, vous simplifieront vraiment la prise de vue.

Vous n’en trouverez pas souvent, ce n’est pas un appareil de masse mais si vous en trouvez un beau, prenez-le, il vous le rendra bien.

Concrètement, comptez environ 100€ pour un bel exemplaire avec son sac tout prêt, un peu moins s’il n’est équipé que d’un Rodenstock ou d’un Heligon à la place du Schneider-Kreuznack Retina Xenon C.

Petites pubs d’époque (merci Collection-appareils).

Odéon-Photo, 1956

Petites videos d’illustration

Des références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kodak_Retina, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-332-Kodak_Retina%20IIc.html, en français; https://www.35mmc.com/05/04/2018/5-frames-kodak-retina-iic-howard-dale/, https://beyondtheaperture.com/2020/09/review-kodak-retina-iic-type-020-135-35mm-film-camera/

2 commentaires sur “Le Kodak Retina IIc

  1. C’est vrai qu’il l’est sympa ce petit Kodak. Son objectif n’est certainement pas mauvais. L’appareil est bien pensé surtout au niveau du réglage de l’exposition couplée. Un appareil à tester au moins une fois. Amicalement; Fred

    • hihihi … et j’ai découvert un testeur pro pour le faire ! C’est vrai, il est chouette, tu verras. Bien amicalement Fred.

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