Le Voigtländer Perkeo I

Celui-ci, je l’ai acheté via 2ememain.be à un Monsieur qui ne le connaissait pas du tout, il l’avait trouvé dans le grenier de son grand père et son seul repère était qu’il fut un « oude fototoestel », un vieil appareil en français.

J’ai tenté le coup (vive Deepl.com, un excellent traducteur en ligne) et je l’ai emporté pour un prix décent.

Il est en parfait état, le soufflet est comme neuf, la lentille irréprochable, le mécanisme bien vivant. Bref, à part faire les poussières, nettoyer le viseur et l’optique, nettoyer les mécanismes d’ouverture/fermeture puis y verser une mili-goutte d’huile ultra fine (machine à coudre) et constater qu’il y avait un film entamé à l’intérieur, rien à redire sur le boitier que je vais vous présenter.

Ma première impression est : quelle compacité ! Son nom, Perkeo, signifie d’ailleurs pygmée (une variété de chauve-souris) en allemand, tout est dit !

Ce boitier est « minuscule » comparé à un reflex, en tout cas lorsqu’il est replié. Il est « dense », tout en métal, comme on fabriquait encore des appareils dans les années cinquante. Il fut produit de 1950 à 1955. Un appareil qui fête ses 72 ans, respect !

Mais commençons par le début. Même s’il a existé un Perkeo pliant en 3X4cm avant la seconde guerre mondiale, la série de ceux qui nous intéresse est apparue en 1950 et ils exploitent les films 120 ou 620 pour des tirages en 6X6cm.

Source : Waybachmachine, Perkeo 1931-1935 en 3X4 cm

Première particularité, leur porte s’ouvre sur la côté et non vers le bas. Un discret mécanisme permet de poser l’appareil sur une surface plane sans qu’il bascule vers l’avant. Cette petite barrette évite aussi que la porte ne se referme pas inadvertance. Heu … ne pas oublier de la rentrer lorsque vous voulez refermer la porte, pour ne rien abimer !

Ah oui, pour ouvrir la porte, il faut appuyer sur un petit bouton, en dessous, sur la semelle (qui ressemble au bouton pour pouvoir rembobiner sur les reflex). Celle-ci n’est pas « pop-up », il faut l’aider pour l’ouverture.

14 – tirette pour ouvrir le dos – 18- filetage pour fixer un trépied – 19 bouton pour débloquer la porte

Pour la famille nous avons donc en 1950, le Perkeo I, sans protection contre la double exposition, suivit en 1951 du même Perkeo (variante) mais qui ne peut plus surexposer par erreur, puis en 1952 d’un Perkeo II qui gagne un compteur de vue et la protection contre les doubles expositions, puis le Perkeo E (ou Perkeo III) en 1955 qui reçoit un télémètre non couplé mais perd le compteur de vue.

Fermé, l’appareil ne semble pas abriter un film 120 (ou 620) et quand vous ouvrez la porte, vous découvrez un soufflet qui tient un objectif Vaskar 75 ou 80 mm f/4.5 ou encore un Color-Skopar 80 mm f/3.5. L’appareil ouvert et déployé ne dépasse pas les 9,5cm de long (125x85x40mm fermé).

L’obturateur peut aussi être changeant : soit un Prontor-S, mais aussi un Vario, un Pronto, Prontor SV ou Prontor SVS, un Synchro-Compur, ou encore un Compur-Rapid couplé avec un objectif Color-Skopar .

Le mien est un Vaskar 75 ouvrant de f4,5 à f16 avec un Pronto qui offre le 1/25s – 1/50s – 1/100s – 1/200s et une pause B.

Tiens, petite réflexion au sujet des focales : en 6X6 la focale dite « normale » (égale à la diagonale du format) qui est d’environ 50 mm sur un 24 × 36 devient environ 80 mm sur un appareil 6 × 6. Cette focale dépend de la taille du film et donc varie un peu selon le format utilisé (6 × 6, 6 × 9…). Un 80 mm ou un 75mm est donc un objectif standard sur un moyen format, un 40 mm est un grand-angle et 300 mm un téléobjectif.

Seconde particularité de cet appareil : s’il y bien un déclencheur sur le dessus du capot, il faut au préalable armer celui-ci sur le mécanisme de l’obturateur, qui est sur l’objectif. Pour réarmer l’appareil, il faut tourner la grosse molette à gauche jusqu’à ce que le numéro de la photo suivante apparaisse dans la fenêtre rouge au dos. Et si vous cherchez à mettre un déclencheur souple (pour les pauses longues p. ex.), c’est entre le mécanisme de fermeture et la porte que vous trouverez le déclencheur fileté.

1 – 2 déclencheur – 3 déclencheur fileté – 4 bras d’ouverture – 5 anneau pour l’exposition – 6 boutons poussoir pour refermer la porte – 7 barrette pour stabiliser le boitier en empêcher de referme la porte – 8 levier pour armer l’obturateur – 9 prise PC pour la synchro flash – 10 réglage de l’ouverture -11 griffe accessoires – 12 viseur non collimaté -13 molette pour l’avancement du film – 14 tirette pour ouvrir la porte arrière

Petite remarque pour les adeptes de la double exposition volontaire : si vous ré armez d’un quart de tour, vous pourrez prendre une seconde photo sur celle qui vient d’être faite, mais avec un décalage.

L’objectif permet une mise au point minimale de 1,7m, enfin 3,5 pieds. Là, il faut s’habituer car toutes les distances sont indiquées en pieds.

Pour la conversion, la règle est la suivante : m=ft/3,2808 (le pied est exactement égal à 0,3048 mètres).

Le viseur, non collimaté, est assez petit. Il ne sert qu’à peaufiner le cadrage car pour les distances, on travaille par zones (ce qui permet de les prérégler).

Petit truc utile : si vous ne voyez pas le levier d’armement quand vous visez, c’est que vous avez oublié de l’armer.

On peut y ajouter un télémètre en accessoire – un Watameter p. ex. mais très cher de nos jours – pour gagner en précision.

-« Heu, c’est quoi un Watameter ? »

Le Watameter est un accessoire de télémètrie qui se fixe sur la griffe porte-accessoire d’un appareil photo. Il existe deux variantes, une en métrique et l’autre en impérial (à oublier, c’est encore plus compliqué que les pieds en mètres !)

Il fonctionne en superposant deux images, une dans un rectangle jaune, dans le viseur. Vous ajustez la molette sur le côté droit du compteur jusqu’à ce que les deux images s’alignent. La distance est alors prise à partir de la roue. Bien sûr, vous devez ensuite changer manuellement l’objectif pour qu’il corresponde à la même distance afin d’assurer le bon point de mise au point. Il couvre 55cm à l’infini.

Source : Photothinking

Il en existe des électroniques, comme le télémètre DJI LiDAR à fixer sur la griffe porte-accessoire ou celui que vous utilisez pour vos bricolages fait aussi parfaitement l’affaire.

Notons toutefois quelques aides pour la mise au point qui se présentent sous la forme de symboles sur l’échelle de distance sur l’objectif. Le manuel recommande de prendre des vues à f/8 et, à ce titre, les paramètres suivants s’appliquent : en le plaçant sur le symbole du triangle à 11 pieds (3,35 m), vous aurez tout net entre 8,25 pieds (2,31 m) et 16,5 pieds (5,05 m). Réglez-le sur le symbole du cercle à 33 pieds (10,06 m) et tout sera net de 16,5 pieds (5,05 m) à l’infini.

Comme il n’y a pas non plus de mesure d’exposition, soit vous prenez une cellule à mains, soit vous utilisez la règle du Sunny 16.

Je pense avoir fait le tour de la partie « mécanique ». Parlons un peu du « feeling » de cet appareil, celui qui vous donnera envie de le prendre en mains pour le sortir et faire des photos, ce pour quoi il a été conçu.

Honnêtement, j’avais toujours évité ces appareils, comme les Franka Solida, les Agfa Isolette, Balda Baldix p. ex. que l’on voit assez souvent en brocante. Et puis j’ai acheté le Zeiss Ikon Super Ikonta 531/2 qui m’a convaincu de la qualité de ces engins (enfin, surtout Carlos).

Alors quand j’ai vu celui-ci, je ne suis dit « pourquoi pas ? ».

Lorsque je l’ai reçu, ne connaissant absolument pas cet appareil, j’ai été surpris, comme je l’ai écris, par sa compacité, sa densité (je préfère ne pas parler de poids) qui le rend agréable à prendre en mains et à manipuler.

Puis les réglages, qui rappellent ceux des vieux télémétriques : le bon vieux triangle d’exposition, qui demande un peu de temps pour les réglages, celui nécessaire à penser sa photo.

Et, surtout, la taille du négatif : 6x6cm !

Comme je l’ai signalé, il y a un film dedans, que je vais terminer. Si j’utilise ce Perkeo, se sera avec de la pellicule N/B car je trouve que cela fait sens avec ce type de boitier.

Si vous voulez y adapter des filtres de couleurs, ce sont des 32mm à clipser (filtre à emboitement), tout comme le pare-soleil (utile car les lentilles ne sont pas traitées).

Je reviendrai donc avec quelques photos, un peu plus tard si on peut me développer le film, ancien.

Pour le reste, je ne peux que vous encourager à faire ce pas, c’est une expérience différente.

Il y a encore moyen de faire de bons achats, beaucoup n’ont pas conscience de ce qu’ils vendent.

A quoi faire attention en cas d’achat ? Le soufflet doit retenir toutes vos attentions : vérifier s’il n’y a pas de trous au niveau, surtout, des plis.

L’objectif doit être propre et exempt de champignons. Les mécanismes doivent être fluides.

Si les cuirs se décollent un peu (comme sur le mien) pas de panique, on peut les recoller facilement et, le cas échéant, en passant par Aki-Asahi, vous pourrez personnaliser le vôtre avec des cuirs de qualité et préencollés. ce n’est pas ça qui empêche un appareil de fonctionner. J’en ai même vu qui laisse le métal à nu. Chacun son truc.

A vous de voir si vous avez envie de sortir des sentiers battus et de tester ce type d’appareil.. Moi, j’ai choisi.

La pub d’époque.

Video d’illustration

Un brin de technique :

Fabricant : Voigtländer, Allemagne
Années de production : 1950 – 1955
Pliant avec soufflet (folding)
Type de film : 120 ou 620
Objectif Vaskar 75 ou 80 mm f/4.5 ou Color-Skopar 80 mm f/3.5
Obturateur : Vario, Pronto, Prontor S, Prontor SV, Prontor SVS ou Synchro-Compur
Griffe porte-accessoire pour flash
Poids 525 grammes

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Des références : https://www.photothinking.com/voigtlander-perkeo-i/, http://camera-wiki.org/wiki/Voigtl%C3%A4nder_Perkeo_(6×6), https://web.archive.org/web/20180602230314/http://www.ukcamera.com/classic_cameras/voigt16.htm, https://certo6.com/camera-archive/voigtlander-perkeo-i-ii-iiie/ https://blog.bkspicture.com/review_Voigtlander_Perkeo_1_Vaskar_75mm_f4_5.html, https://www.photothinking.com/20170822watameter-what-the/ en anglais, https://mgroleau.com/photo/allemagne/voigtlander/voigt_perkeo1.html, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=2386 en français

2 commentaires sur “Le Voigtländer Perkeo I

  1. Je me méfie de l’ « over-engineering » allemand. Quand l’appareil est neuf ou en bon état, c’est parfait, tout baigne. Mais quand ça commence à vieillir ou à partir en vrille, c’est une vrai galère, experience vécue avec un Voigt Vitessa et son télémetre…

    • Bonjour Nic, tu n’as pas tort. Ces vieilles mécaniques de précisions demandent un doigté et des outils que nous ne possédons plus lorsqu’il s’agit de les réparer, et je ne parle pas des pièces, qu’il faut phagocyter sur un autre mais qui ne correspondent pas toujours car les normes d’époque n’étaient pas celles de nos robots actuels. Mais cela ne fait-il pas partie de leur charme ? C’est aussi pour ça que je « rouspète » sur les prix délirants que l’on pratique de nos jours, nous ne pouvons jamais être certain que dans un an ou dans 5 jours, ce beau bijou ne va pas nous lâcher lâchement, ne laissant plus alors qu’un bel objet de décoration ! Belle journée et bien à toi.

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