Le Porst Compact Reflex OC

-« Heu oui, mais c’est quoi ? »

Mais un Cosina CS-3 voyons !

Bon, d’accord, ça ne saute pas aux yeux de prime abord mais permettez moi de vous expliquer et commençons par un mot sur Photo Porst qui, en 1996, était le plus grand détaillant de produits photographiques d’Allemagne.

Fondée en 1919 par Hans Porst à Nuremberg, la société achetait de nombreux appareils d’autres fabricants, tels Adox, Agfa, Balda, Braun, Dacora et Franka et elle les rebaptisait dans les premières années sous le nom de HAPO (acronyme de Hans Porst), en fait de 1930 à la fin des années 1950. Ensuite, les appareils de la marque maison sont apparus sous le nom de Porst et plus tard sous le nom de Carena pour des appareils spécifiques (plus bas de gamme).

Le génie de Hans Porst fut d’imaginer avant tout le monde le principe de la vente par correspondance et la pratique du paiement échelonné (sans passer par une banque), ce qui permettait de toucher de nombreux clients partout en Allemagne, même avec des moyens plus faibles mais férus de photographie.

Avant tout le monde, il a inventé les « témoignages » de ses clients en reproduisant dans ses magasines de vente les fac-similés de lettres de clients satisfaits.

Las, en 1964, sous la pression de Foto Quelle, le grand concurrent qui utilisait les mêmes recettes et celle des entreprises japonaises, qui avaient balayé l’industrie photographique allemande, Porst traverse une grave crise mais que l’entreprise résout en établissant des magasins dans toutes les grandes villes dynamiques, en gardant la recette qui avait fait son succès : l’accueil client et la convivialité

D’autres grandes marques ont été distribuées comme produits « maison ». Citons Cosina, Fuji, Mamiya, Taron et Yashica.

Après bien des péripéties, la marque fut déclarée une première fois en faillite en 1982. Puis reprise par Interdiscount (Suisse) qui a revendu ses parts à Spector NV (Belgique), enfin elle fut cédée en 2001 à la société Pixelnet et en 2002, devenue insolvable, les droits sur le nom Porst ont été revendu au groupe allemand Ringfoto.

Tout comme il l’avait fait avec Fuji (rappelez-vous l’histoire des Fuji AX notamment), la puissante société Porst revendait sous son nom et appellation des appareils fabriqués par Cosina.

C’est en 1978 que ce dernier dévoile ce modèle à la Photokina. Ils sont alors au top de leur forme en tant que marque à part entière et le CS-3 présenté est le haut de gamme de la marque.

Cosina a abandonné la monture à vis M42 pour adopter un autre standard, la monture Pentax K, ce qui permet d’améliorer les performances de l’appareil comme la mesure d’exposition TTL à pleine ouverture et un nouveau posemètre au silicium.

Le Cosina CS-3 peut se frotter sans complexes aux autres ténors de l’époque. Mieux, les journalistes de l’époque s’extasient devant les 16 diodes rouges de son viseur. Un record pour l’époque.

Bon, au delà de l’anecdote, l’appareil est un automatique avec priorité à l’ouverture, ou un semi-automatique, avec la possibilité de mémoriser l’exposition. Avec la possibilité d’utiliser l’appareil sans pile au 1/60s, au cas où.

Pour le reste, c’est du tout bon : obturateur à plan focal avec un rideau en tissus qui autorise des vitesses de 8s à 1/1000s plus le traditionnel mode B. Le flash est synchronisé au 1/60s et il y a encore une prise PC pour des flashs plus anciens. Il possède un retardateur électrique qui vous permet de courir pendant 10 s pour être sur la photo.

Son viseur est un vrai pentaprisme qui offre un champ de vision de 93% de la surface du film. Au centre du viseur, il y a un stigmomètre (rond brisé horizontal ici) entouré d’un champ de microprismes. En haut, vous voyez l’ouverture choisie et à gauche les vitesses d’obturation.

L’appareil a besoin de deux piles de 1,5v, des LR44 font l’affaire. On peut lui adjoindre un moteur qui permet juste de réarmer « automatiquement » (ne comptez pas faire des rafales avec).

L’appareil vous permet de corriger l’exposition sur -2 à +2 valeurs. Et, comme je l’écrivais un peu plus avant, vous pouvez mémoriser l’exposition (pour recadrer votre sujet p. ex.) en appuyant sur un bouton, sur le pourtour du fut d’objectif, au moment de la visée. Cette pression garde la mémorisation pendant 7 secondes

En mode automatique, si vous êtes hors du champ de la cellule, une diode Over ou Under clignote et vos signale qu’il faut soit utiliser un filtre ND ou le flash. Notez que si vous devez travailler en vitesses très lentes et monter l’appareil sur un trépied, vous pouvez monter un câble pour le déclenchement à distance et sans vibration (sur le fut porte objectif).

Lorsque vous êtes en mode manuel, lorsque vous faites vos réglages, des diodes s’allument pour vous suggérer la meilleure combinaison. Le boitier ne vous laisse pas tomber !

Ah oui, la sensibilité Asa est réglable de 25 à 3200. Et le déclencheur est basé sur un solénoïde et donc très sensible, de plus il est relativement discret.

Résumé des spécificités de l’appareil :

  • Monture d’objectif Monture d’objectif Pentax K
  • Mise au point manuelle
  • Viseur avec stigmomètre et champ de microprismes sur lentille de Fresnel très fine
  • Vitesse de 8s à 1/1000s plus pause B
  • Connexion flash sur la griffe ou cable PC-Flash
  • Vitesse de synchronisation du flash 1/60 s
  • Automatique à la priorité ouverture, semi-automatique, manuel
  • Alimentation 2 batteries LR44
  • Taille13,65 x 8,35 x 5,1 cm
  • Poids530 g

L’appareil que j’ai reçu, avec son « winder » (moteur), a l’air neuf !

Si l’aspect général est assez carré, en livrée noire, ça lui va bien. Paradoxalement, il est compact (de la même taille qu’un Contax 139 p. ex.) mais il donne la sensation d’être « plus grand ». Sans doute ses traits anguleux y sont-ils pour quelque chose …

Monté avec le winder, il parait alors vraiment imposant. Personnellement, je ne le mettrai pas sur l’appareil, qui est de ce fait déséquilibré : il vaut mieux le poser sur le dos pour éviter qu’il ne pique du nez, mais c’est commun aux autres appareils équipés de cet appendice pas forcément utile.

L’autre point intéressant de cet appareil, c’est sa monture, la Pentax K, qui vous autorise à monter un vaste choix d’optiques de qualité.

Honnêtement, lorsque je l’ai déballé, comme je l’indiquais ci-dessus, je me suis dis que cet appareil n’avait pas dû prendre beaucoup de photos, il semble sortir d’une boîte.

Méconnu de nos jours parce que dissimulé derrière une marque « peu courante » – en tout cas pas en tant que fabriquant historique – ce Cosina CS-3 mérite pourtant le détour car Cosina est une marque historique, certes plus connues pour être « un produit blanc » pour d’autres constructeurs (comme son concurrent Chinon) mais qui a sorti quelques petites perles, comme celle-ci.

L’avantage de cette « dissimulation » est que vous pouvez essayer de négocier (encore) le prix arguant que ce n’est pas une marque « connue » ce Porst Compact Reflex OC !

Et vous devriez pouvoir vous porter acquéreur sous la barre des 50€ pour un exemplaire en très bon état, avec au moins un objectif. Et ça, c’est une très bonne affaire !

Porst Compact-Reflex OC-N
Source : Collection-appareils, Image du catalogue Porst 1978

Des exemples de photos prises avec cet appareil ICI et LA BAS

Le mode d’emploi est par LA

Quelques références : https://filmphotography.eu/en/porst-compact-reflex-oc/, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Porst, http://camera-wiki.org/wiki/Porst, http://camera-wiki.org/wiki/Cosina_CS-3, https://filmphotography.eu/en/cosina-cs-3/, https://trafalgarscope.wordpress.com/cosina-cs-3-35-mm-slr-camera-review/, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Porst en anglais, http://35mm-compact.com/forum/viewtopic.php?t=14605, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-5481-Cosina_CS-3.html en français, https://de.wikipedia.org/wiki/Photo_Porst en allemand

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