L’Agfa Optima Ia et son flash Agfa Tully

Comme d’habitude, j’ai trouvé cet appareil sur une brocante.

Souvent j’évite ce type de boitier, car il y en a plein sur les brocante et les vides-greniers, et j’avais l’impression qu’ils n’étaient pas très excitant. Je mets dans la même bain les Dacora Dignette, les Balda, les Bilora Bella et compagnie.

Mais comme vous allez le découvrir avec moi, c’est parfois une erreur, car sous des dehors simplistes, cet appareil est une petite révolution en soi.

Plantons le décor, ce sera plus simple pour comprendre.

Agfa utilise le nom Optima, dans les années trente, pour désigner un film au format propriétaire avec un négatif mesurant 7,5 x 10,5cm. Ce film permettait 8 poses mais vous ne pouviez l’utiliser que dans des appareils prévus pour son usage, comme l’Agfa Billy Optima et ses déclinaisons.

Trop particulier, pas assez « universel », ce fut un fiasco. Pourtant, au tournant des années cinquante, Agfa ressort le nom pour des appareils qui utilisent dorénavant du film 135mm (24×36).

Notamment l’Optima 1, un appareil bien construit et innovant. De fait, la gamme Agfa Optima débute en 1959 et perdurera environ 20 ans. Il y aura plus ou moins quarante modèles différents, répartis en 4 séries.

Source : Collection-appareils

A la suite des Optima I, II et III et les variantes, en 1964 une nouvelle série apparaît, avec un design très inspiré du Silette Record de 1963. Ensuite, en 1966 c’est les Optima Rapid qui utilisent la pellicule Agfa Rapid (tiens, ils refont la même erreur avec une pellicule trop particulière).

En 1969, apparaissent les Agfa Optima Sensor, ceux avec le gros bouton orange au toucher si particulier. Ils seront suivi en 1976 par les Agfa Optima Electronic Sensor, sans oublier un passage par le format 110 avec les Optima Pocket 5000 et 6000 (1974).

La série des Optima est un succès commercial (sauf les Rapid mais on sait pourquoi). Par exemple, la série des Optima I, II, III et IIIs s’est vendue à plus d’un million d’exemplaires en trois ans. Et ce n’était que le début de l’aventure Optima !

Pourquoi ce succès ? Tout simplement parce que les Optima ont été parmi les tous premiers appareils au monde à proposer un contrôle automatique de l’exposition, ce qui simplifiait la vie des photographes amateurs.

L’appareil qui nous intéresse aujourd’hui, l’Optima Ia est le successeur de l’Optima I, qui offrait le réglage de la vitesse en fonction de la sensibilité du film choisi.

L’Optima Ia va plus loin : il est équipé du contrôle automatique de l’exposition.

Introduit sur le marché en 1962 (décidément une bonne année), l’Agfa Optima 1a, encore appelé Agfamatic de l’autre côté de l’Atlantique, a été l’un des premiers appareils photo argentiques 35 mm à mise au point entièrement automatique.

L’appareil utilise une cellule au sélénium qui génère un courant électrique, activé par la lumière, tant pour mesurer le niveau de celle-ci que pour fournir l’énergie nécessaire au réglage automatique de l’ouverture et de la vitesse.

La cellule en nid d’abeille

Voyons ça de plus près …

Ce qui frappe au premier regard, c’est la cellule en nid d’abeille. Elle n’est pas protégée par un clapet. Il est donc fortement conseillé de garder l’appareil dans son « sac tout prêt » pour éviter qu’elle ne s’épuise trop vite.

La partie électrique d’un tel posemètre est un instrument de mesure électromagnétique connecté à l’anode et à la cathode d’une cellule photoélectrique au sélénium qui produit plus ou moins d’énergie électrique lorsqu’elle est exposée à plus ou moins de lumière. Elle n’a pas besoin de pile pour fonctionner mais le système s’épuise avec le temps et le meilleur moyen de le protéger est de garder l’appareil dans le noir s’il n’est pas utilisé.

Ensuite, le déclencheur, en façade : un levier sur lequel il faut appuyer pour déclencher. On s’y habitue rapidement.

Puis le viseur, lumineux, avec des marques pour le cadre et pour la correction de la parallaxe, ainsi que des signaux rouges ou verts qui indiquent si l’exposition est correcte.

Reprenons depuis le début, pour ceux qui découvrent cet appareil.

Le design de l’Optima 1a a changé : le levier d’armement est maintenant sur le dessus, les matériaux utilisés sont plus « économiques » car on remplace le métal par du plastique quand c’est possible. Si l’ensemble reste agréable à l’œil et semble qualitatif, nous ne sommes plus dans les standard des premiers appareils.

L’objectif est un Agfa Color Agnar de 45mm ouvrant à f2,8, traité pour la correction des couleurs et pour lutter contre les reflets. Les auteurs que j’ai pu consulter sont assez unanimes sur la qualité de ce dernier.

On règle la distance avec une bague sur le fut, qui porte des symboles pour simplifier le choix des distances (portrait, groupe, paysage) tandis que la seconde bague règle l’ouverture. Une échelle de réglages des vitesses propose le mode A pour automatique, B pour la pose B (pose longue) et la vitesse synchronisée au 1/30s du flash On peut bien sur débrayer l’automatisme et utiliser les vitesses classiques.

La mise au point minimale est de 1 mètre.

L’obturateur donne les vitesses de 1/30s jusqu’au 1/200s et il fonctionne donc automatiquement lorsque vous appuyez sur le déclencheur. En effet, lorsque l’on est à mi-course sur le déclencheur, un système mécanique règle la valeur d’ouverture et la vitesse correcte à partir de la partie électromécanique du posemètre. Dès lors, un signal rouge apparait dans le viseur si la lumière est insuffisante, ou vert si la combinaison ouverture/vitesse est bonne.

La sensibilité de la cellule est réglable de 10Asa jusque 200Asa. Comme c’est un appareil allemand, vous avez aussi la correspondance en DIN. Il faut une pièce de monnaie pour faire tourner le bouton de réglage.

Pour ouvrir l’appareil, il faut retourner le boitier pour actionner le gros verrou qui libère tout le dos, ce qui facilite la mise en place du film dans la chambre. Les rainures du boitier sont profondes et bien usinées, ce qui devrait assurer une très bonne étanchéité à la lumière. Ne pas oublier de refermer le verrou une fois le film en place.

Petite particularité, le compteur de vue est sur le côté de l’appareil (compacité oblige). Comme il ne se remet pas à zéro automatiquement, vous devrez faire tourner les chiffres du nombre de vue de votre film. C’est un compteur qui « décompte » les photos prises ensuite (vous verrez cela en détail sur la video plus bas).

Sur le capot, une griffe flash qui accepte les flashs électroniques ou ceux à lampe, comme le Tully qui accompagnait cet exemplaire.

C’est un flash assez sophistiqué pour l’époque mais malheureusement inutilisable de nos jours car il fallait y placer une pile au mercure de 15v. Il n’y a pas de correspondance en pile actuelle.

Pour passer en mode flash, il faut tourner la bague sur le fut de l’objectif sur le symbole classique d’un éclair. Dès lors, le boitier passe automatiquement sur le 1/30s, quel que soit le réglage choisi pour l’ouverture.

Si vous tournez la même bague dans l’autre sens, vous vous mettrez sur le mode Bulb, celui des expositions de longue durée. Pour autant que l’appareil soit alors solidement fixé pour éviter les flous de bougé.

Notons que si le déclencheur est en façade, sur le capot il y a une prise filetée pour y fixer un câble de déclenchement, utile surtout pour les poses B.

Vous conviendrez que cet appareil, si simple en apparence, peut apporter beaucoup aux photographes amateurs de l’époque et … de nos jours.

C’est étonnant de trouver dans cet appareil un système qui était vraiment novateur pour l’époque et répondait aux mêmes impératifs que le grand concurrent de l’époque, Kodak : proposer au plus grand nombre un appareil simple, efficace, abordable et de qualité.

Pari tenu pour cet Optima Ia et les suivants ensuite.

Dès lors, je regarde de manière différente ces appareils que, comme je l’écrivais en préambule, autrefois je délaissais.

Au niveau prix, ils restent abordables car ils ont été produit en grande quantité. Comptez environ 40€ maximum pour un très bel exemplaire avec son « sac tout prêt » et fonctionnel. Et paradoxe de notre époque, il est au même prix que les Voigtländer ou Zeiss Ikon autrefois bien plus onéreux.

De quoi photographier différemment avec un appareil qui sort du lot. Il faut oser sortir des sentiers battus.

Petites videos d’illustration :

Des exemples de photographies prises avec cet appareil, LA.

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Pour la liste exhaustive des appareils Agfa Optima, c’est encore LA-BAS.

Des références : https://www.philcameras.be/agfa-optima/, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-667-Agfa_Optima%20Ia.html, en français ; https://en.wikipedia.org/wiki/Agfa_Optima_1a, https://blia-gear.blogspot.com/2012/12/agfa-optima-1a.html, http://camera-wiki.org/wiki/Optima, https://collectiblend.com/Cameras/AGFA/Optima-IA.html, https://collection.guyjbrown.com/blog/agfa-optima-ia-camera/ en anglais ; https://web.archive.org/web/20191206224430/http://www.ukcamera.com/classic_cameras/agfa3.htm, https://www.kamera-museum-scholz.de/agfa-kamera/optima/optima-ia/ en allemand

Un commentaire sur “L’Agfa Optima Ia et son flash Agfa Tully

  1. Ping : L’Agfa Optima Ia et son flash Agfa Tully – Petite Lune

Vos commentaires sont les bienvenus, ils aident à faire avancer nos réflexions.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur L'Atelier de JP

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller au contenu principal