Le Polaroïd Land 360 Automatic et des films Fuji FP-100C

Bon, là je suis conscient que je vais m’attaquer à un domaine tout à fait particulier, qui a ses fans absolus, auprès desquels je ferai sans doute figure de béotien, mais la découverte de système “étrange” m’entraine parfois dans de lieux inconnus … et j’aime ça !
Toutes les personnes de ma générations connaissent ces appareils, les plus jeunes les découvrent avec admiration et envie car il est vrai que Polaroïd a réalisé un vieux rêve fou : voir (quasi) immédiatement le résultat de la photo prise.
Mais pour s’y retrouver dans les nombreux modèles, ce n’est pas simple. A ceci s’ajoute le fait que l’entreprise historique n’existe plus, balayée par le numérique et de mauvais choix stratégiques.
Pire, la plupart des films qui alimentaient ces appareils n’existent plus. Un projet aussi fou que l’histoire de la marque a pourtant vu le jour pour essayer de ressusciter quelques formats et rendre vie à l’un ou l’autre modèle. Ainsi est né “Impossible Project” qui a depuis changé plusieurs fois de nom pour redevenir … Polaroïd. Je ne vais pas m’étendre sur cette saga, que vous pourrez découvrir sur la Grande Toile.
Je vous recommande aussi de parcourir un site plein de ressources au sujet de la marque et des appareils, en français qui plus est : Polaroïd Passion porte réellement bien son nom.
Voilà pour planter un peu le décor de l’appareil que j’ai sous les yeux : un Polaroïd Land 360 Automatic, sorti des usines de 1969 à 1971.
Il fait partie d’une gamme appelée “pack 100”, qui est le format du film. Cette gamme a pour caractéristique d’être équipée d’un soufflet (pack 100 à 400) même si certains appareils qui acceptent ce type de film sont tout en plastique (sans soufflet donc)
Pub de l’époque pour présenter les Polaroïd Pack 100 (source : Polaroîd Collection)
Ce format fut très apprécié des photographes professionnels et il fut utilisable jusqu’en 2016, date d’arrêt de la production des films Fuji FP-100 (Polaroïd avait arrêté la sienne en 2008). Cette série d’appareils compte le plus de modèles différents.
Pour la petite histoire, le premier appareil photo utilisé par Robert Mapplethorpe fut un Polaroid 360 emprunté à son amie Sandy Daley pour photographier Patti Smith, son premier modèle.


Pourquoi un tel intérêt ?
Au rayon des spécificités de ces appareils, certains sont équipés d’un télémètre et d’un viseur séparés. Le premier vous permet de faire la mise au point et le second de faire la composition. Avec le 360, vous bénéficiez d’un viseur Zeiss Ikon avec télémètre intégré dans une fenêtre unique.
Autre particularité, le boitier possède une minuterie pour compter le temps de développement des films, très important à respecter pour le films de la marque mais devenue moins utile avec les films Fujifilm. FP-100C qui sont à développement “auto-terminant”, c.-à-d. qu’ils s’arrêtent de se développer tout seuls.
Mais sa principale caractéristique est le flash électronique dédié, qui se fixe à l’aide d’une griffe propriétaire. Ce flash est couplé au télémètre et de petites ailettes à l’intérieur de la tête du flash réduisent le flux lumineux à mesure que l’appareil photo se rapproche au plus près, donnant automatiquement une exposition correcte.
Le flash contient des piles rechargeables Ni-Cad. Une unité de recharge dédiée était fournie pour le flash. Cependant, 40 ans plus tard, les piles du flash sont malheureusement souvent mortes. Les piles à l’intérieur peuvent être remplacées, mais c’est à réserver à ceux qui sont doués avec la réparation électronique.
Contrairement aux modèles précédents de la série 100-400, le compartiment de la batterie est déplacé vers la partie avant de l’appareil photo derrière la poignée gauche. Cela était nécessaire car le rabat arrière est riveté et contient une plaquette à circuits intégrés liée à la gestion du flash.
L’appareil photo utilisait deux piles 3v 352 / PX24, une pour l’obturateur et l’autre pour la minuterie de développement. Ces piles au mercure ont heureusement disparu mais il faut dès lors procéder à une modification pour installer des piles modernes. Cette opération a été faite sur l’exemplaire que je possède (ce qui m’arrange bien, mes compétences en électronique étant porche du zéro absolu !).
Par contre, mon exemplaire n’est pas pourvu de ce fameux flash. On ne trouve pas toujours tout en brocante.
Si je résume à présent les atouts de cet appareil : un soufflet pour un réglage précis, un télémètre intégré au viseur, le calcul de l’exposition automatique grâce à un posemètre externe “Electric Eye” à coté de l’objectif et l’utilisation de film 8,22 x 10,80 cm, le fameux pack 100
Vous pouvez régler la distance, l’ouverture, corriger l’exposition, régler la sensibilité du film, régler la puissance du flash : un vrai appareil, complet et à développement instantané. Vous comprenez pourquoi il a eu du succès ?
Pour une fois, j’énumère les caractéristiques techniques :
- Objectif : 114 mm f/8,8 en verre à 3 éléments
- Ouverture : f/8,8, f/12,5, f/17,5, f/25, f/35, f/42
- Obturateur : électronique ; 10 secondes – 1/1200
- Viseur/télémètre rabattable fabriqué par ZEISS Ikon.
- Exposition automatique à priorité ouverture.
- Réglages pour les vitesses de film de 75, 150, 300 et 3000 ASA.
- Cadran de compensation d’exposition avec une plage de -1/+2 arrêts (commande « Éclaircir/Assombrir »).
- Corps en métal et obturateur/boîtier d’objectif en métal
- Prise trépied.
- Pas de port PC pour flash externe car griffe intégrée pour le flash dédié&
- Minuterie électronique (désactivée).
- Conversion pratique avec des piles modernes
- Bracelet en cuir pour le portage
Cet appareil est décidément ouvert aux créatifs. En effet, vous pouvez prendre une photo et ne pas sortir le film tout de suite, ce qui vous permet de faire des multi expositions jusqu’à ce que vous décidiez de tirer le film entre les rouleaux qui écraseront la chimie nécessaire au développement..
Le Polaroïd Land 360 Automatic se présente comme un box en plastique et métal. Dense et finalement compact (comme souvent les folding), il faut ouvrir le couvercle, que l’on déclipse facilement, pour voir apparaître l’appareil. Vous dépliez le viseur, qui “s’attache” au cadre grâce à un aimant puisant, puis tirez sur le soufflet pour le déployer complètement.














Ci-dessous la modification apportée pour l’utilisation de piles modernes et, dans le frigo, les boites de Fujifilm FP-100C
Pour les manipulations, pour une fois je vous renvoie au mode d’emploi qui vous trouverez ICI. Même s’il est en anglais, les images parlent d’elles-même.
Et là, je suis face à un dilemme : l’appareil en lui-même n’a de valeur qu’avec les films pack 100. Et ces films atteignent des sommets car il n’en existe plus beaucoup et personne ne semble vouloir les refabriquer (Fujifilm a arrêté en 2016 de les produire, il ne s’en vendait pas assez).
Bref, je vais faire un “paquet” comprenant l’appareil et les films mais je ne vais pas l’essayer, bien qu’il fonctionne parfaitement.
C’est un peu frustrant mais nécessaire si je veux vendre le tout (car mes armoires débordent toujours).
Ceci étant, de ce que j’ai pu lire et voir comme images tirées de cet appareil, la qualité est au rendez-vous et croyez-moi, les créatifs vont s’en donner à cœur joie.
Comme le sujet est vaste et méconnu, je vous mets plusieurs videos sur le Polaroïd
Des références : https://www.polaroid-passion.com/appareils-format-pack-100.php?id=110, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=714, https://polaroidcollection.jimdofree.com/cotations-appareils-photos/polaroid/polaroids-format-pack-100/ en français, https://edvatzainstantphotography.wordpress.com/tag/polaroid-360/, https://lamlux.wordpress.com/category/polaroid-360/ https://lamlux.wordpress.com/category/polaroid-360/ http://www.landlist.ch/landlist/landhome.htm en anglais
Quel étrange appareil. Je ne savais même pas que Polaroïd faisait des modèles à soufflet.
Merci pour la découverte, Jean-Pascal !
Et belle journée à toi.
Je fus aussi surpris, tant par le modèle que, finalement, la qualité de l’appareil. On ne retient généralement de la marque que les “classiques” en plastique, voire le X-70. Et pourtant, les gammes sont vastes. Seul soucis, mais de taille : la plupart des films n’existent plus et les appareils sont inutilisables, c’est dommage. La rançon d’avoir créé un système hors du commun mais que la marque a tellement cadenassée qu’il n’y a pas eu grande émulation (ils ont intenté un procès retentissant contre Kodak qui dut payer 870 millions de dollars d’amende, puis une série de procès contre Fujifilm, pourtant encore le seul à fabriquer les films que la marque avait arrêté en 2008). Et, in fine, c’est Fuji qui remporte le combat car on n’a jamais vendu autant de film à développement instantané. Et ce sont les plus jeunes qui – comme la petite fille de Monsieur Land – désirent voir très vite leur photo, sans devoir mettre en œuvre tout une “machinerie” : juste laisser un mini film et sa chimie faire leur travail. Bonne soirée Phil et merci de tes avis, ça fait toujours plaisir de te lire.