Le Minolta Hi-Matic 11 super 3 circuit

Oui, oui, … oui, Oskar Barnak a révolutionné la photographie en imaginant, vers 1913, l’utilisation d’un film au format réduit, le 24×36.

Et oui, en inventant dans la foulée un appareil éminemment portable, compact, le Ur-Leica, il allait bouleverser la pratique photographique.

Encore oui, dès 1932, le Leica devenait télémétrique (Leica II) et ouvrait des perspectives encore plus intéressantes.

Toujours oui, de 1934 (Leica III) à 1954 (Leica M), le Leica fut copié ou – à tout le moins – il fut « l’inspirateur » de nombreux appareils très proches, surtout en URSS (Fed, Zorki, Mir) et au Japon (tous les grands noms), même s’il faut aussi reconnaître que d’initiales copies ont parfois dépassé le maître en introduisant des améliorations significatives que celui-là n’a intégrées que bien plus tard (une cellule TTL couplée, p. ex.) ou jamais, tel le dos sur charnière d’un Canon P, contemporain du Leica M3.

Oui… mais les constructeurs japonais ont aussi révolutionné l’utilisation du télémétrique en introduisant, vers 1960 le concept du télémétrique à objectif fixe, avec une focale proche de la vison humaine et du rapport idéal du format 24×36 (41.3mm de diagonale), le 40 ou 45 mm offrant des ouvertures rapides de f1,7 ou 1,8, voire 1,9.

Les Yashica Electro, Canonet et Minolta en ont été les maîtres incontesté, aussi en rendant la pratique beaucoup plus abordable au niveau prix et facilité d’utilisation (premiers appareils avec électronique embarquée).

D’accord, j’utilise des raccourcis de l’histoire et j’oublie certainement quelques modèles emblématiques au passage (les Voigtländer p. ex.), mais ce que je veux illustrer par mes propos c’est que l’industrie japonaise a permis un essor fantastique de la pratique photographique, en proposant des appareils robustes et d’excellente qualité mécanique et optique.

Il ne faut pas oublier non plus l’apport inestimable de l’industrie de l’URSS, qui a quand même produit le plus grand nombre de boitiers télémétriques au monde avec ses Zorki, Fed, Contax/Kiev, rendant la pratique encore plus accessible, avec des appareils qui ne déméritaient pas quoiqu’ils soient parfois plus frustres que leurs inspirateurs.

Je vous ai déjà présenté, dans cet esprit le Canonet QL17 GIII, le Yashica Electro 35 G, le Yashica Electro 35 GTN,, le Zorki 4K, les Fed. En cherchant bien, vous en trouverez encore plein d’autres sur le site, pour dénicher celui qui vous fera franchir le pas (n’ayez pas peur de parcourir la rubrique « télémétriques »).

Alors, venons en à notre beau Minolta Hi-Matic 11 super 3 circuit … quoique je vais encore faire quelques détours …

Vous le savez, Minolta fut prolifique en matière de boitiers, de tout style et de qualité, pas avare en innovations non plus. De fait, le nom « Hi-Matic » regroupe une longue série d’appareils dont le premier fut présenté en 1962.

Il a été le premier boitier Minolta à proposer l’exposition automatique et fut vendu sous son autre nom, Ansco Autoset, l’appareil qui accompagna John Glenn en 1962 autour de la Terre.

N’en déplaise aux esprit chagrins, il n’y eut pas que Hasselblad et Nikon à s’envoyer en l’air !

Ce premier Hi-Matic offrait un objectif 45mm f2 ou f2,8 avec un télémètre et un posemètre au sélénium intégré. La vitesse et l’ouverture étaient réglées automatiquement.

Puis, en 1963, Minolta proposait un Hi-Matic 7. Son objectif était plus lumineux (f1,8) et il avait une cellule CdS, plus précise que celle au sélénium, même si dès lors il fallait envisager une pile:.

Contrairement au premier Hi-Matic, le photographe avait la possibilité de régler l’exposition manuellement ou de rester en automatique.

Ensuite, en 1966, Minolta propose un Hi-Matic 7s et un Hi-Matic 9. Tous deux des versions encore améliorées du 7 devenu très populaire.

Par exemple, le 7s était équipé du système de mesure CLC (pour Contrast Light Compensator), c.-à-d. un système composé de deux cellules CdS connectées en série, pour offrir de meilleurs résultats dans les cas de conditions d’éclairage contrastés. Il optait aussi pour une griffe flash synchronisée (contact central).

Le Hi-Matic 9 était identique au 7s hormis son optique, un chouia plus lumineuse puisque ouvrant à f1,7, gagnait des vitesses de 1/2s et 1s en plus et optait pour le système de flash Easy-Flash destiné à simplifier la prise de vue avec cet accessoire.

Enfin venait le Hi-Matic 11 en 1969. Basé sur le 9, il gagnait l’automatisme avec une priorité à l’ouverture et l’affichage de la vitesse dans le viseur.

Pour en terminer avec la série, sachez que toujours en 1969, Minolta sortait un Hi-Matic C pour compact, équipé d’un objectif repliable de 40mm ouvrant à f2,7,qui perdait quelques vitesses mais surtout le télémètre. Il bénéficiait de l’exposition automatique avec priorité à l’ouverture et sa cellule était au CdS.

Cette année 1969 verra encore la sortie d’un Hi-Matic 5, en fait un C mais sans son optique escamotable.

En 1971, on reprend le C mais Minolta l’améliore en lui confiant une optique de 40mm ouvrant à f1,7, en remettant le télémètre en place et – surtout – il le dote du système électronique Electro Control identique à celui des Yashica Electro. Ce sera le Hi-Matic E.

S’ensuit une série d’appareils moins sophistiqués et bon marché, tels le Hi-Matic F (1972), le Hi-Matic G (1974 et le Hi-Matic G2 (1982). Ces appareils perdent le bénéfice du Electro Control (dès le modèle F) pour un système plus simple mais un peu moins performant.

Arrêtons-nous quand même sur le Hi-Matic 7s II, apparu en 1977 et qui sera considéré comme l’un des meilleurs de la série notamment par son objectif 40mm ouvrant à f1,7, son exposition automatique à priorité vitesse, sa commande manuelle, le tout dans un boitier toujours compact.

Le dernier Hi-Matic sera le GF, sorti en 1984, cette fois tout en plastique (fichues années quatre-vingt ! ), avec un objectif de 38mm ouvrant à f4, avec 3 ouvertures prédéfinies désignées par des pictogrammes pour soleil – nuageux – très nuageux. La mise au point était aussi simplifiée à l’extrême avec 4 positions allant de 1m à l’infini… Horreur et décadence !

En résumé, le Minolta Hi-Matic 11 super 3 circuit est donc un Hi-Matic 9 amélioré, qui était lui-même un Hi-Matic 7s amélioré … ça va, vous suivez toujours ?

Techniquement, il propose :

  • un objectif Rokkor de 45mm ouvrant à f1,7
  • 3 automatismes : tout auto (programmé) – priorité à la vitesse – automatisme au flash
  • disparition du contrôle manuel … sauf pour le flash
  • cadre collimaté avec correction automatique de la parallaxe
  • télémètre à coïncidence d’images
  • renvoi dans le viseur (jeu de miroir) du type d’automatisme choisi
  • mais pas d’indications en « mode programme » dans le viseur ( vitesse, ouverture ?)
  • obturateur Seiko avec des vitesses de 1s au 1/500s
  • obturateur mécanique
  • la pile ne sert qu’à alimenter la cellule et son calculateur
  • Le système CLC, deux cellules au CdS pour plus de précision

Si je devais le classer dans mon petit palmarès des beaux télémétriques à objectif fixe, il serait accompagné du Canonet QL 17 G III, du Yashica Electro 35 GTN, du Minolta Hi-Matic 7s II, du Yashica Electro 35 GX (un peu plus compact)

C’est vraiment un bel appareil. Vous ne pourrez pas le glisser dans une poche, à moins qu’elle fut grande et solide (il fait quand même 720 gr tout nu) mais il vous accompagnera partout avec une bonne sangle confortable.

Le manipuler procure un plaisir rare, celui de toucher un objet construit pour durer autre chose qu’un bref été. 52 ans après sa sortie, il fonctionne toujours impeccablement.

L’exemplaire que j’ai acquis était en outre accompagné de son « sac tout près » en cuir. Seule la pression pour le fermer à l’arrière est abîmée.

Son esthétique est équilibrée, son maniement facile : le déclencheur, un peu long, est très doux et silencieux; les autres commandes sont sur l’objectif, comme le retardateur, l’ouverture, la distance.

A ce sujet, si j’ai bien un regret, c’est que cet objectif, excellent au demeurant, ne porte pas une bague « rapide » pour le réglage des distances, comme sur le Yashica ou le Canonet. Notez qu’on peut y remédier facilement mais les ingénieurs auraient pu y porter plus d’attention.

Si vous regardez bien, le sigle CLC est sur le devant de l’objectif, à côté de la cellule, ce qui autorise la mise en place d’un filtre, dont il sera tenu compte lors de l’exposition.

Pour activer la cellule, une pile LR44, avec éventuellement un adaptateur, ou une WeinCell pour être au plus près de la tension d’origine (1,35v), mais comme le Yashica Electro 35, le calibrage de la cellule n’est pas affecté par une légère sur tension (heureusement, les piles au mercure n’existent plus). Pour vérifier la tension de la pile, il faut amener le repère, un petit carré sur la bague de vitesse, en face du mot « check » et regarder dans le viseur, l’aiguille de la cellule se mettra en face de la position flash. Le « négatif » de la pile se met sur le dessus, c.-à-d. face au bouchon à viser.

Le viseur est clair et les marques du cadre sont bien visibles. Le patch pour effectuer la coïncidence d’image un peu moins mais on y trouve rapidement ses marques. Et, en photo de rue, où il excelle, vous pouvez toujours utiliser le zone focus pour prédéterminer la zone de prise de vue.

Des photos en soirée ou par temps plus gris ne lui font pas peur, grâce à la belle ouverture proposée par le Rokkor.

Pas de soucis pour le charger non plus, il suffit de glisser l’amorce dans la large fente du tambour de la bobine réceptrice, en n’oubliant pas ensuite de noter la bonne sensibilité du film. Un témoin apparait pour indiquer si le film est bien accroché et chargé.

A noter que pour ouvrir le dos de l’appareil, ce qui traduit un peu son âge, comme les premiers Electro 35, c’est un loquet qu’il faut dégager et pas en tirant sur la bobine de rembobinage

La sensibilité du film se règle sur le fut de l’objectif, avec une sensibilité de 25 à 500 Asa, tout à fait dans la norme de ces époques où les films n’étaient pas encore très sensibles (il faudra attendre 1976 pour bénéficier d’un film couleur rapide – FUJICOLOR F-II 400 ISO – et 1984 pour atteindre le 1600Iso en couleur – toujours chez Fujifilm)

C’est un appareil qui fonctionne soit en tout automatique, si vous faites coïncider la marque AA sur l’objectif avec le repère, soit en semi-automatique si vous réglez la vitesse, auquel cas, il règle lui-même le diaphragme.

Pour le flash, vous devez mettre le repère sur le sigle flash et vous pouvez régler la puissance du flash en indiquant sur l’objectif la distance du sujet.

Bon, vous l’aurez compris, ce boitier m’a charmé et j’espère vous avoir donné l’envie de le découvrir aussi.

Ce n’est pas un appareil rare même s’il est peu courant. Vous devriez pouvoir le trouver aux alentours des 50€ en très bon état. Il est moins couru que le Canonet QL17 G III ou le Yashica Electro 35 GTN (qui atteignent des prix complètement dingues) et pourtant il offre peu ou prou les mêmes agréments.

https://i0.wp.com/collection-appareils.fr/gestion_catalogue/images/1276289054.jpg?w=640
source : Collection-appareils, Flash 1971,

Petite video d’illustration

Le mode d’emploi est par LA

Des références : https://camerapedia.fandom.com/wiki/Minolta_Hi-Matic_11,, https://thiscreativemidlife.com/minolta-hi-matic-11/,, http://camera-wiki.org/wiki/Minolta_Hi-Matic_11 en anglais, http://collection-appareils.fr/x/html/appareil-1629-Minolta_Hi-Matic%2011.html, http://www.minolta.suaudeau.eu/appareils/135/telemetriques/minolta_Hi-matic_11.html en français

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