Le Ricoh Super Shot 2.4

Voici le premier article de 2023. Une nouvelle année commence avec, je l’espère, son lot de découvertes à partager, à expliquer, à tester.

Bonne lecture…

Ah, celui-là, ça fait un moment que je dois vous le présenter.

Je l’ai acheté, comme d’habitude, sur une brocante et son vendeur prétendait qu’il fonctionnait mais qu’il était nécessaire de mettre un film dedans, ce qui arrive effectivement parfois.

Las, de retour à la maison, je me suis aperçu qu’il ne fonctionnait pas, enfin, pas comme prévu.

Mais commençons par le début, qui est ce Ricoh Super Shot 2.4 ?

C’est la version économique d’un Ricoh Super Shot apparu en 1965 qui était doté, lui, d’un objectif Rikenon de 43mm ouvrant à f1,7. Il fait partie d’une série d’appareils lancés dans les années soixante par la marque et munis d’un moteur … à ressort.

C’était un télémétrique qui possédait déjà le principe de l’automatisme à priorité ouverture.

Il était aussi doté du système « auto-flash » qui adaptait l’ouverture en fonction de la sensibilité du film et de la distance de prise de vue lors d’une photo au flash.

Le Super Shot 2,4 est paru, lui, en 1966. Et comme vous pouvez vous en douter, le « 2,4 » indique l’ouverture de son objectif, toujours un Rikenon mais de 40mm cette fois.

Qu’a-t-il gardé de son prédécesseur ?

Sa taille d’abord, qui le rend un peu grand pour un compact (mais bon, les Yashica Electro 35 ou les Minolta Hi-Matic ne se glissaient pas non plus dans une poche).

Le principe du moteur à ressort ensuite, qui tient de la pièce de haute horlogerie, j’y reviendrai.

L’emplacement inhabituel de la pile, sur le dessus du capot. Ce qui s’explique par la présence du moteur et de son ressort. La pile de 1,3v, initialement au mercure, alimente donc le posemètre et l’obturateur électronique.

Le fait de pouvoir régler l’exposition avec une priorité à la vitesse en mode automatique ou en manuel. Dans ce cas, l’aiguille du posemètre indique juste l’ouverture idéale selon la vitesse que vous avez déterminée.

Puisque j’évoque les vitesses, elles s’échelonnent de 1/30s à 1/300s, plus une pose B.

Petite remarque sur l’obturateur, un Seiko ES développé spécialement pour les objectifs fixes (comme les Copal) ayant un « œil électronique » (une cellule) au CdS. La cellule convertit la luminosité du sujet en durée par son circuit électronique et en fonction de la durée ainsi obtenue, l’obturateur règle à la fois l’ouverture et le temps d’exposition, et obtient une valeur d’exposition correcte.

Cet obturateur électronique était la « révolution » de cet appareil.

Lorsque vous appuyez à mi-course sur le déclencheur, l’alimentation de l’obturateur est sur ON. La tension entre la sensibilité d’une résistance standard et celle de la cellule au CdS est comparée. Si le sujet est trop sombre et donc par conséquent hors de la zone d’activité de la cellule, le circuit envoie un signal d’erreur et une micro lampe s’allume, signifiant que le sujet est sous exposé.

Si aucune lampe de ne s’allume, cela veut dire que le sujet est dans la zone de travail de la cellule. Dès lors le circuit est « ouvert » et un aimant maintient les lames de l’obturateur ouvertes. Mais dans le même temps un condensateur charge et lorsqu’il atteint sa capacité de travail, il referme les lames de l’obturateur. C’est le calcul de la luminosité du sujet en durée qui détermine le temps d’exposition.

Tant que vous gardez le doigt enfoncé à mi-course sur le déclencheur, le « système » calcule la meilleure ouverture et le meilleur temps d’exposition.

La sensibilité de la cellule se règle de 25 à 400 Iso. Une fine tirette sur le fut de l’objectif permet le réglage.

Toujours sur le fut de l’objectif, une seconde tirette sert de retardateur : vous la repoussez vers le bas et lorsque vous appuyez sur le déclencheur, elle vous laisse plus ou moins 10 secondes pour être avec les autres dans le cadre.

Par contre, si c’est toujours un télémétrique, il est un peu particulier.

Les ingénieurs maison ont considéré que la tête d’un sujet doit pouvoir s’inscrire dans le losange prévu pour la mise au point. Donc, une fois que vous avez capté votre sujet – enfin sa tête – dans ce losange, lorsque vous faites la mise au point, sa taille varie en fonction de la distance.

C’est donc bien une mise au point télémétrique … peu précise, car si vous photographiez vos enfants, forcément plus petits, ce sera difficile d’inscrire leurs jolis minois dans ce fichu losange !

Bon, pour suppléer à ce souci, il y a un affichage de la mise au point par zones (trois) qui apparait dans le viseur et l’objectif dispose d’une échelle de distance bien plus pratique à utiliser.

Ceci étant, le viseur affiche, via une aiguille sur échelle, l’ouverture la plus adéquate en fonction de la vitesse choisie lorsque vous êtes en mode manuel.

Le chargement du film est un peu particulier aussi : il faut « dévisser » le bouton de rembobinage (en dessous) jusqu’à ce qu’il ressorte de l’appareil. Vous pouvez alors glisser une cartouche de pellicule dans la chambre et vous repoussez le bouton vers le haut pour bloquer le film.

Ensuite, il faut glisser le bout de l’amorce dans une fente de la bobine de « traction » (celle qui fait avancer le film et est asservie au moteur). Puis vous tournez le bouton du ressort pour être certain que l’amorce est bien prise dans la rainure et que le film suit bien les roues dentées. Si c’est ok, il faut fermer le dos fermement puis tourner le bouton d’enroulement jusqu’à ce que le ressort soit complètement « chargé ». Enfin, vous devrez appuyer trois fois sur le déclencheur de manière à ce que le chiffre 1 du compteur d’exposition soit en face de la marque triangulaire. Vous êtes alors prêt pour la première photo.

Parlons-en de ce fichu ressort !

Si l’idée est bonne et fonctionnelle, elle semble fragile car j’ai lu quelques remarques à ce sujet.

Mais reprenons le fonctionnement : lorsque vous remontez le ressort, il vous donne une autonomie de douze vues. De fait, il assure l’avance du film, vue par vue (d’où la nécessité de laisser un film dedans pour vérifier s’il fonctionne), arme l’obturateur pour la vue suivante, et garde en réserve les mêmes opérations pour les onze vues suivantes.

Quand le ressort est détendu, il n’est plus capable d’avancer le film et il suffit alors de le « recharger » pour finir ses photos. Et lorsque que le film est terminé, il n’est plus possible de remonter le ressort, il faut impérativement rembobiner et sortir le film.

Pour ce faire, vous devez appuyer sur le centre du bouton du ressort. Vous entendrez alors qu’il se détend complètement (bruit de ferraille). Ensuite seulement vous pourrez utiliser la manivelle de rembobinage pour ré-enrouler le film dans la cartouche avant d’ouvrir le verrou qui libèrera le dos.

Bon, j’avoue que mon exemplaire semble ne pas bien fonctionner : lorsque je remonte le ressort, pas moyen de déclencher (l’obturateur ne s’ouvre pas) mais le film avance de plusieurs vues d’un coup puis s’immobilise.

Il a sans doute été forcé. Je vais tenter de voir ça de plus près … un jour !

Finalement, que retenir de ce Ricoh Super Shot 2,4 ?

C’est un appareil qui sort de l’ordinaire et propose des solutions originales, même si ce modèle n’atteint pas le niveau de perfectionnement de son aîné.

Pas vraiment compact, il n’est pas plus gros qu’un Electro 35, qu’un Hi-Matic, qu’un Canonnet MAIS il propose un moteur intégré, sans pile. Ce qui n’est pas courant à l’époque !

Si vous avez la chance d’en trouver un, négociez son prix autour des 40€ (idéalement avec sa gaine) mais essayez-le avec un film test afin de ne pas être déçu ensuite.

Des pub d’époque

Source : Collection-appareils, Phokina 1969

Un peu de technique :

  • Objectif : f2.4, 4 cm Rikenon, diaphragme à iris à f22.
  • Obturateur électronique : 1/30 – 1/300, B. Action retardée. Synchronisation flash via le sabot.
  • Format de film : 36 ou 24 poses pour film en cartouche 24×36.
  • Mise au point : à partir de 90cm
  • Cellule : Posemètre couplé à réglage automatique (priorité vitesse). Paramètres de sensibilité du film : 25 – 400 ASA.
  • Alimentation : pile de 1,3v (WeinCell recommandée).

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Ricoh_Super_Shot_2.4, http://www.earlyphotography.co.uk/site/entry_C686.html, https://mattsclassiccameras.com/rangefinders-compacts/ricoh-super-shot/, https://collectiblend.com/Cameras/Ricoh/Ricoh-Super-Shot-24.html en anglais; https://www.ricoh-imaging.co.jp/japan/products/ricoh-filmcamera/cameralist/supershot2.html, en japonais (c’est juste pour le plaisir), https://fr.wikibooks.org/wiki/Photographie/Fabricants/Ricoh, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-12966-Ricoh_Super%20Shot.html, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-6292-Ricoh_Super%20Shot%2024.html, en français.

2 commentaires sur “Le Ricoh Super Shot 2.4

  1. Bonjour je viens de trouver un modèle 1.7 je n’arrive pas à ouvrir le compartiment de la pile ( trappe bloquée ) savez vous s’il faut dévisser la rondelle striée ? j’imagine que la pile a coulé dedans ..
    Merci de votre réponse .
    Nicolas

    • Bonjour Nicolas, ah ça c’est jamais bon : si c’est collé à ce point, les fils sont sans doute grillés et va falloir essayer un peu de soudure, mais sans aucune garantie que cela fonctionne. Mais avant tout, pour ouvrir la trappe, avez-vous deux petits trous de part et d’autre de la rainure centrale ? Si oui, c’est pour y glisser les pointes d’un outil et essayer de tourner (vous risquez de casser les pointes si bien collé). Sinon, vous n’y couperez pas, il faut démonter la plaque supérieure pour voir ce qui se passe en dessous et espérer retirer la pile et, de toute manière, voir l’étendue des dégâts. Bon courage et bien amicalement.

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