Le Mamya NC 1000

Voilà encore une entreprise qui mérite un petit détour car plus connue pour ses moyens formats que pour ses reflex en 135.

Mais commençons par le commencement …

Il était une fois (ben oui, les histoires commencent souvent comme ça) Messieurs Seichi Mamiya et Tsuneiiro Sugawara qui décident, en 1940, de fonder une société, Mamiya, qui se spécialise dans la production d’appareils moyen format, après avoir commencé (comme d’autres) dans l’optique (le nom complet de la société est Mamiya Kōki Seisakusho, c’est-à-dire Fabrications optiques Mamiya.)

Leur premier appareil fut le Mamiya Six (1940), un pliant en 6×6 (ben oui), déjà muni d’un télémètre avec une petite particularité : la mise au point se fait par le déplacement du film. Cet appareil fut produit huit ans, avec quelques variantes, avant que la société ne diversifie un peu son offre.

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source : camera-wiki; image by Dirk HR Spennemann (Image rights)

Notamment, Mamiya commença la production de ses propres obturateurs et optiques à partir de 1947. Puis, en 1948, elle diversifie son offre d’appareils photos en présentant les Mamiyaflex, des réflex 6×6 à deux objectifs. La mode alors étant à ce genre d’appareil dont le plus connu était le Rolleiflex, quoiqu’ici l’inspiration vint d’un Kodak, sans doute très visible lors de l’occupation américaine au sortir de la seconde guerre mondiale.

source : Mike Eckman

Décidément en veine d’inspiration, en 1949 la société présente des Mamiya 35, télémétrique, et des Mamiya 16, qui utilisent les films cinématographiques 16mm.

Nous retiendrons surtout qu’en 1957, outre un appareil à doc interchangeable en 35mm (Magazine 35), l’entreprise lance le Mamiyaflex C, un 6×6 dont les objectifs sont permutables. Il sera le précurseur d’une longue série à succès, mais c’est une autre histoire.

Revenons au 35mm. En 1960, Mamiya lance le Prismat, son véritable premier reflex.

source : http://herron.50megs.com/prismat.htm

Quoique la même année, ils lanceront aussi – incorrigibles – le Mamiya Press, un moyen format inspiré des chambres Linhof. Les années soixante seront celles d’une certaine rationalisation des produits : les télémétriques sont abandonnés et il ne restera que le Mamiya Press, le Mamiyaflex C et les reflex en 35mm.

Accélérons un peu pour noter que les appareils reflex mono-objectifs pro en 6×7 avec le RB67 (1970), 4,5×6 avec le M645 (1975), 6×6 avec le Mamiya C et 6×7 avec le RZ67 (1982) ont clairement orienté la production vers les marchés professionnels alors que la production des reflex en 35mm, destinés aux « amateurs » cessera en 1984, après des soucis financiers. Le tournant numérique fut négocié en 2004 avec le Mamiya ZD, alors muni d’un capteur de 22Mpx.

Finalement, le département photo de Mamiya fut racheté en 2006 par Cosmo Scientific System Inc.. La production est désormais au sein du département Cosmo Digital Imaging.

Venons-en à notre Mamiya NC 1000, présenté au monde en 1978.

En fait il succède au NC1000 S sorti en 1977, avec quelques « simplifications » comme p. ex. le verre de visée qui n’est plus interchangeable ou, plus bêtement, la perte du cadre aide-mémoire au dos de l’appareil.

Mais surtout cet appareil représente un changement assez radical par rapport aux anciennes gammes.

Tout d’abord, il est fabriqué en aluminium, ce qui le rend plus léger et bien plus facile à manipuler que les générations précédentes, tout métal. Il est de plus très compact.

Ensuite, son obturateur est à plan focal électronique, à déplacement vertical, donnant des vitesses de 1s à 1/1000s, plus pause B et synchro flash au 1/60s. L’apport de l’électronique permet un meilleur contrôle des temps et une plus grande régularité de ceux-ci.

La cellule est une CdS pondérée centrale, précise, dont le rappel est fait dans le viseur.

Appareil du changement, il introduit une nouvelle série d’objectifs à baïonnette reconnus comme très nets (la série Mamya CS), qui offre des focales de 14 à 300mm. Mais cette baïonnette n’est pas compatible avec la précédente (XTL) ni avec celle qui suivra (la Z). C’est dommage car la qualité de ces nouveaux objectifs est vraiment excellente.

C’est donc un appareil à mesure automatique (AE) avec priorité à la vitesse. Vous sélectionnez la vitesse en fonction du type de photo envisagé et l’appareil sélectionne automatiquement l’ouverture idéale. C’est un système de mesure à pleine ouverture avec donc cette prépondérance centrale qui n’exclut pas de recadrer son sujet en gardant la mémoire de la mesure, il suffit de garder le doigt appuyé à mi-course sur le déclencheur

Autre particularité de l’appareil : la bague des vitesses est positionnée contre le boitier, pas sur l’objectif. L’argument était que cela permettait de régler plus rapidement l’appareil. Heu … d’accord, mais il faut s’y habituer …

Le réglage de la sensibilité (Asa et Din) se fait aussi sur une couronne attachée au support de l’objectif, avec un petit bouton pour bloquer la position choisie. La sensibilité est de 25 à 3200 Asa (15-36 Din)

De ce fait, l’objectif est particulièrement compact, on dirait un pancake moderne.

Le viseur est très clair, avec un grossissement de 0,94 (avec un 50mm), ce qui rend l’image très proche de sa taille normale vue à l’œil nu. Il comporte une zone à microprismes autour du stigmomètre, incliné à 45°. Et vous savez maintenant que je trouve cette position très pratique notamment pour certains sujets placés à l’horizontale ou la verticale et qu’il est parfois difficile de mettre au point.

Autre particularité : le bouton du déclencheur peut être bloqué pour économiser les piles (2LR44 font l’affaire) et empêcher tout déclenchement intempestif. Il suffit d’appuyer dessus pour le caler et il faut alors que le levier d’armement soit collé contre le boitier. Pour le débloquer, on ré-appuie dessus en tirant doucement sur le levier d’armement et un cercle orange est dès lors visible, signifiant qu’il est prêt à l’emploi (photos 4 et 5 ci-dessous).

Je reviens un instant sur l’énergie nécessaire : 2 piles LR44 font l’affaire mais sachez que l’appareil ne fonctionnera pas sans. N’oubliez pas, c’est un obturateur électronique et il n’y a pas ici de position mécanique de « sauvetage » comme c’est parfois le cas en se mettant sur la position synchro flash (1/60s ou 1/90s). Même si l’appareil n’est pas « gourmand », prévoyez toujours d’en avoir une paire avec vous. Et idéalement, je prendrais des piles Zinc-air (comme on en met dans les appareils auditifs) pour être au plus proche de la tension initiale de 1,3v x 2 mais sachez que ces piles, si elles ne sont pas coûteuses, ont une durée de vie de max. trois mois (on les achète en général par dix sous blister).

La cellule ne s’active que lorsque vous écartez le levier d’armement d’un demi centimètre environ du boitier et elle ne s’éteindra que lorsque vous aurez verrouillé le dit levier.

vous pouvez vérifier l’état des piles en appuyant sur le petit bouton sous le numéro 27

Pour utiliser l’appareil en tout auto, il vous faut aligner le bouton orange visible sur la bague d’ouverture de l’objectif avec le repère central orange. Une fois en position AE, la bague d’ouverture se verrouille.

Une petite précaution à prendre : ne jamais appuyer sur le bouton de profondeur de champ quand la bague est sur la position AE, au risque d’endommager le mécanisme.

Si vous pouvez utiliser l’appareil en mode automatique, il est aussi possible de l’utiliser en mode tout manuel. Il vous suffit d’appuyer sur le bouton AE pour désengager la bague. Vous bénéficiez toujours de l’indication d’exposition donnée par la cellule pour vous guider dans vos réglages.

Que vous dire de plus ? Ah oui, il y a un retardateur de 9 secondes (faudra courir un peu plus vite que d’habitude pour être sur la photo !) Et sous l’appareil, un pas de vis pour y fixer un trépied. Il est possible de fixer un câble pour déclencher à distance sur le bouton du déclencheur (vous aurez remarqué qu’il est indépendant du levier d’armement). La possibilité de faire des expositions multiples est simple : vous appuyez sur le bouton destiné à préparer le rembobinage ( en dessous) et réarmez l’appareil, ainsi le film n’avance pas d’une vue.

Et je ne vous ai pas non plus parlé du flash. De fait, vous pouvez utiliser un flash électronique via la griffe (contact et sans fil), ou un flash plus ancien, avec un câble que vous raccordez à la prise FP ou X présentes sur le bord du support d’objectif.

Le mode d’emploi, dont vous trouverez le lien ci-dessous, indique une grille peu courante mais fort bien faite pour l’utilisation des objectifs : en fonction de leur ouverture, cette grille vous indique la meilleure ouverture à utiliser.

Alors, concrètement, que penser de l’appareil ? Eh bien, c’est une chouette machine, un peu déconcertante au début, notamment avec la particularité des réglages avec cette bague collée au boitier et non pas sur l’objectif mais on l’a bien en mains et il est bien compact (bon, ce n’est pas encore un Pentax ME ou un Fuji AX-1 mais il est déjà bien plus contenu qu’un Mamiya MSX 500 p. ex.)

Les commandes sont douces et tout tombe bien sous les doigts. Le bruit du déclenchement est assez bien amorti et reste discret. Avec sa position dite « rapide », le levier d’armement permet d’aller vite dans l’enchainement des prises de vue.

Tout semble bien ajusté et solide mais la mécanique de précision demande toujours un minimum d’attention, il faut y penser.

C’est un bel appareil et si Mamiya a fait sa réputation dans le moyen format, il n’en a pas pour autant bradé la qualité de ses reflex.

Ils ne sont pas courants et il vaut mieux en acheter un avec au moins un 35 ou un 50mm mais vous pouvez le trouver à 50€ et à ce prix là, vous aurez la satisfaction d’un appareil de qualité qui sort un peu des sentiers battus. Et pourquoi pas ?

Une petite pub d’époque (1977)

source : Collections-appareil, distributeur Sears

Tant qu’à parler de ce distributeur, notons qu’ils vendaient le Mamiya NC 1000 sous le nom de Auto CS 1000 MXB (pour black) ou Auto CS 1000 MX (pour la version argentée).

Enfin, l’appareil est au cœur d’un véritable système composé d’objectifs et autres accessoires spécifiques

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI et par LA

Des références : https://camerapedia.fandom.com/wiki/Mamiya, https://fr.wikibooks.org/wiki/Photographie/Fabricants/Mamiya, https://www.caswane.photo/, http://herron.50megs.com/NC1000.htm en anglais, http://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=11452, https://fr.wikibooks.org/wiki/Photographie/Fabricants/Mamiya en français

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