Le Yashica MG-1

Voilà un chouette petit appareil, surtout dans sa belle robe noire. J’en ai souvent eu un exemplaire dans un sac car il est idéal pour la photo de rue.

Mais commençons par le début …

A mon goût, Yashica, tout comme Minolta, sont un peu les parents pauvres de la photographie argentique, sans doute ont-ils eu le tort de disparaître trop tôt.

Un peu d’histoire pour nous rafraichir la mémoire :

Au début la firme s’appelait Yashima, un nom dérivé de Yoshihama qui est l’ensemble des huit îles que compte le Japon. C’était en 1949.

Ensuite, elle s’appellera Yashinon. Un nom que vous connaissez si vous avez déjà eu un Yashica en main, car c’est la dénomination de la majorité de ses optiques. Ce nom sera gardé d’ailleurs pour cette partie des activités de la firme, qui était en outre sa spécialité.

Ce n’est qu’en 1958 que le nom évoluera encore pour devenir Yashica.

Si l’optique était donc la spécialité de la marque (comme avant elle Nikon et Nicca pour rester au Japon), elle produira d’abord des 6×6 et des 4×4 inspirés des Rolleiflex.

Tant qu’à s’inspirer des productions allemandes, lorsque Yashica sort son premier télémétrique à objectif fixe, le 35 tout court, il est inspiré du Contax. Ce premier appareil est l’aïeul d’une longue lignée qui fera la réputation de la marque.

Source : Mike Eckman

Pourtant, ils voudraient bien aussi proposer des télémétriques à objectifs interchangeables, encore très à la mode. Yashica va alors racheter la firme Nicca parce qu’elle fabrique de très belles copies de Leica en monture LTM 39 à viser.

Le Nicca est souvent proposé avec des optiques Nikon, mais rappelons que Yashica est aussi spécialiste en optique. Ils vont donc confier la construction des boitiers dans l’usine Nicca et assurer celle des optiques.

C’est grâce à cette association que sera produit le tout premier Yashica télémétrique à objectif interchangeable, le Yashica YE. Basé sur le Nicca 3F type II, s’il est excellent, il sera très cher à produire et à vendre dès lors.

Pour corriger le tir et réduire les coûts de production afin de lutter contre les produits de Canon et Nikon, Yashica sort le YF, toujours en collaboration avec Nicca. Mais si l’appareil est performant, son télémètre est jugé trop petit et pas à la hauteur des autres possibilités du boitier.

Source : fghphoto, à gauche le YE et à droite le YF.

Le YF sera le dernier télémétrique à objectif interchangeable de la marque, qui a aussi compris que ce type d’appareil devient dépassé, le reflex prenant toute la place. Nous sommes en 1959 et Nikon vient de lancer une fameuse pierre dans la marre avec son fabuleux F.

Car au niveau des reflex, Yashica ne s’en tire pas si mal, notamment parce qu’il a privilégié la monture à vis M42, assez universelle pour ses appareils.

Pourtant, après son rachat par Kyocera en 1983, la situation empire. Les appareils photos perdent leur nom de Yashica pour devenir des Kyocera. Heu, à l’origine Kyocera était spécialisé dans les céramiques industrielles et donc inconnue du monde de la photo.

La production des appareils photos cessera en 2005, malgré quelques tentatives très maladroites de relancer la marque d’origine, malmenée, car si l’entreprise n’existe plus depuis un bon moment, seuls les droits relatifs à son nom demeurent et passent de mains en mains.

Via un passage par Kickstarter, un obscur groupe basé à Hong Kong tente de relancer le mythique Electro 35 en … numérique.

Je vous laisse lire l’article paru sur Les Numériques à son sujet que je résume par « une belle arnaque » mais qui met définitivement la marque Yashica hors jeu !

Triste fin.

Mais revenons à des périodes plus honorables et à notre Yashica MG-1.

Pourtant, quand on le regarde on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit là d’un amalgame. Comme si Yashica avait voulu terminer un stock de pièces. De fait, le boitier est grand, presque trop grand, dense (620gr) et on l’a muni d’un objectif moins performant, toujours un 45mm mais ouvrant à f2,8 (pour mémoire, les Electro 35 avaient tous un 45mm ouvrant à f1,7).

Clairement ils ont voulu produire un appareil moins cher, qui ne ferait pas de l’ombre à leur nouveau Electro GSN/GTN, qui possède un boitier un peu plus petit ou à l’Electro 35 GX qui a un boitier encore plus compact et regagne un objectif digne des anciens de 40mm ouvrant à f1,7.

Si vous êtes attentif, vous remarquerez que ce boitier ne porte pas le mot « Electro » dans son nom.

Pourtant, lorsque Yahsica l’a présenté en 1975, il le déclinait comme le successeur de sa série Electro 35. Ah, le marketing, quel menteur !

Que nous propose, in fine, ce boitier assez sympathique au final ?

Tout d’abord c’est donc un télémétrique couplé automatique à objectif fixe qui propose une priorité à l’ouverture. C’est déjà un bon point.

Ensuite, son objectif, un Yashinon de 45mm qui ouvre à f2,8 en 4 éléments et 3 groupes. La mise au point minimale est d’environ 1mètre et puis jusque l’infini. Pourquoi un f2,8 et pas les habituels f1,7 ? Pour réduire les coûts de fabrication, tout simplement. Ceci étant, cet objectif ne démérite pas.

La cellule, au CdS, est placée au dessus de l’objectif. Yashica l’appelait le Top Eye. Ce qui implique que si vous placez un filtre devant ce dernier, la cellule en tient compte. Au fait, le diamètre est de 55mm.

On règle la sensibilité de la cellule avec le petit levier sur le fut, de 25 à 800Iso.

Les distances se règlent avec le télémètre, couplé. Vous, vous réglez l’ouverture en fonction du sujet et de l’ambiance, soit en utilisant les valeur d’ouvertures (de f2,8 à f16) ou via les symboles sur le fut (soleil, nuage, intérieur/sombre).

L’obturateur, un Copal, est à commande électronique qui offre des vitesses de 2s à 1/500s. Sur le capot, vous voyez deux diodes : la jaune (slow) averti d’une vitesse inférieure au 1/30s et la rouge (over) une surexposition. S’il n’y a rien, vous pouvez prendre la photo sans corrections. Ses lumières sont présentes dans le viseur, sous forme de flèches et c’est la seule indication que vous y trouverez.

Le flash dispose de deux modes : le X qui règle la vitesse au 1/30s ou une position automatique où la synchro est à toutes les vitesses (merci l’obturateur central).

Notons aussi la position L (lock) pour pouvoir verrouiller le déclencheur. Parfois bien utile dans le sac quand l’appareil est armé.

Que pourrait-on lui reprocher ?

Sa taille encore conséquente. Son poids (620gr) qui distant les poches légères.

Sa pile, une pile au mercure heureusement interdite mais d’une taille qui n’existe plus de nos jours va demander quelques bricolages, faciles.

Il existe des adaptateurs sur Ebay, par exemples. Mais si vous fixez 4 LR44 avec du gaffer et que vous ajoutez un petit ressort large et souple par dessous le montage, vous avez le même résultat pour pas grand chose. Personnellement, j’entourais les 4LR44 (ou SR44) dans un carton léger, puis un tour de gaffer pour que ça tienne bien, un bout de ressort trouvé dans ma boîte à bricoles et le tour était joué. Jamais eu de problèmes !

Il n’a pas beaucoup d’infos dans le viseur mais il est au rapport 1:1 et très lumineux.

Il est « tout » automatique pour les vitesses que vous ne pouvez pas directement contrôler.

Mais il est fabriqué tout en métal alors que le plastique va bientôt tout envahir. Sa stabilité, grâce à son poids et sa taille, justement, qui le rendent aisé à prendre en mains et que « l’on sent bien ».

Sa cellule, bien positionnée et plus moderne, donne un meilleur système d’exposition.

A l’époque où il est sorti, le public plébiscitait ces appareils pour lesquels les réglages étaient simplifiés au maximum. Et de nos jours, soyons honnête, ces réglages simplifiés nous aident parfois bien. Si l’on veut pouvoir tout maitriser, on achète un Lynx 5000 ou un Lynx 14.

La seule indication dans le viseur sont les flèches jaune ou rouge qui signalent une sous ou une sur exposition. Elles s’allument quand vous appuyez à mi-course sur le déclencheur. C’est pratique car il suffit de tourner la bague d’ouvertures pour modifier celle-ci et en voir le résultat dans le viseur : quant les flèches s’éteignent, c’est que vous êtes bon.

Le levier d’armement est un régal de douceur et de souplesse. Avec un peu d’entrainement, tenant le boitier à la main avec une dragonne, vous savez l’armer d’une main. Utile en Street photography.

Il y fait encore merveille grâce à la discrétion de son déclenchement : à peine un petit clic très discret.

Cet appareil sera construit de 1975 à 1980. Et si l’on tient compte de tous les Electro 35 depuis 1966 jusqu’à cette date, plus de huit millions d’appareils seront fabriqués.

Que penser de cet appareil ?

Il a existé en noir et argent et tout noir. Vous me connaissez, je trouve toujours les noirs plus beaux mais c’est subjectif.

C’est un chouette compagnon de balade, qui donne entière satisfaction dans quasi toutes les conditions de prises de vue.

Agréable à manipuler, vous en viendrez vite à oublier son poids, surtout si vous utilisez une dragonne ou une lanière tour de cou confortable.

Au niveau prix, si vous en trouvez un en très bon état avec son « sac tout prêt », comptez environ 40€. Il ne va pas vous ruiner.

Petites videos d’illustration :

Des exemples de photographies prises avec cet appareil ICI, LA.

  • Yashica MG-1 produit de 1975 à 1980.
    Objectif Yashinon f/2.8 Objectif 45 mm, quatre éléments en trois groupes.
  • Obturateur à commande électronique avec vitesses variables en continu de 1/500 sec. à environ 2 secondes, avec retardateur intégré (+/- 10s)
  • Griffe flash avec contact X. La vitesse d’obturation se règle automatiquement à 1/30 sec. lorsque le levier automatique est sur le réglage du flash.
  • Viseur avec cadre lumineux avec marques de correction de parallaxe, indication d’exposition avec des flèches jaunes et rouges.
  • Posemètre au CdS « Top-Eye » entièrement automatique : la vitesse d’obturation est réglée automatiquement grâce à la présélection du symbole d’exposition (ouverture de l’objectif)
  • Sensibilité de 25 à 800 Asa
  • Avancement du film avec le levier d’avance du film à action unique qui arme l’obturateur.
  • Batterie Une batterie au mercure de 5,6 V (Eveready E164, UCAR E 164, Mallory PX32 ou équivalent.) que l’on remplace avec un petit bricolage par 4LR44.
  • Taille et poids ; 140,6 x 72 x 82 mm ; ~620g

Pour le mode d’emploi, c’est par LA.

Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Yashica_MG-1, http://www.yashica-guy.com/document/chrono.html, https://mrleica.com/yashica-mg-1-35mm-rangefinder/, https://www.thecamerasite.lauro.fi/02_Rangefinders/Pages/yashicamg.htm, https://www.analog.cafe/r/yashica-mg-1-exau, https://www.lomography.com/magazine/268546-lomopedia-yashica-mg-1, https://www.lomography.com/magazine/92337-yashica-mg-1-la-yessi en anglais ; https://35mm-compact.com/compact/yashicamg1.htm, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=1372, https://fghphoto.be/blog/2017/yashica-35/, https://www.suaudeau.eu/memo/pratique/tel_yas.html en français

4 commentaires sur “Le Yashica MG-1

  1. Ping : Le Yashica MG-1 – Petite Lune

    • Bonjour Fred, marrant, j’étais en train de faire un commentaire sur ton site au même moment !
      Oui, un boitier attachant qui rend de bons services en street car il est vraiment très discret. Toutes mes amitiés.

      • Heureusement que tu en parles. Je n’ai pas vu passer ton commentaire. Je l’ai retrouvé dans les spams encore une fois. Très bonne semaine.

Vos commentaires sont les bienvenus, ils aident à faire avancer nos réflexions.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur L'Atelier de JP

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller au contenu principal