Le Konica Jump

Ah, parfois je craque pour de petits appareils improbables parce que du fonds de la caisse dans laquelle ils croupissent, ils me font des signes désespérés …

Celui-ci, je devinais à peine ses beaux boutons fluo sous la poussière, alors j’ai décidé de l’emporter.

Après un bon nettoyage en profondeur, il est déjà plus présentable.

S’il a existé en noir, il a été décliné dans des couleurs pétillantes. Konica répétait sans doute la recette qui avait si bien fonctionné avec le Konica Pop, lui aussi mis à toutes les couleurs pour autant qu’elles soient vives.

Malgré les apparences, et c’est souvent le cas, ce petit appareil qui ressemble à un gros galet, n’est pas si anodin qu’il n’y parait.

Tout d’abord, c’était lui la vedette sur le stand Konica au Salon de Paris, en 1992 (une autre très bonne année).

Avec ses visuels multicolores, on ne pouvait de toute manière pas le rater.

Le département marketing de la marque a bien fait son travail et bien définit sa cible : les plus jeunes qui cherchent un appareil gai, les amateurs qui cherchent un appareil facile à utiliser.

Bref, pour l’époque, une histoire bien rodée. Mais ce n’est pas tout car la cerise sur le déclencheur, c’est le traitement « weather + proof » du boitier. Non seulement, il est marrant, mais résistant et on peut le sortir où on veut, quand on veut.

Sa forme arrondie, sa compacité, son poids plume (230gr avec la pile) le rendent agréable à prendre en mains. L’ergonomie est bien étudiée parce qu’il se cale bien dans la paume de votre main et naturellement, le majeur et l’annulaire se positionnent dans le petit creux, en bas alors que le pouce trouve sa place sur les stries à l’arrière. L’index trouve le chemin du déclencheur avec facilité tandis que le pouce, encore lui, n’aura aucun mal à faire tourner la grosse molette de réarmement. A l’autre extrémité, un léger rebord sous la lampe flash vous incite à ne pas mettre un doigt devant, ça gâche ses effets.

C’est un appareil pensé pour être simple d’utilisation : réglage des ISO manuellement (100 – 200 – 400), flash électronique avec rappel dans le viseur.

Un mot pour ce viseur : il est clair et large avec des lignes de cadre bien définies et même des repères pour la correction de la parallaxe. De part et d’autre de celui-ci, une diode pour indiquer si on est en sous-exposition et une autre pour indiquer que le flash est prêt à servir.

Comme c’est un « fix-focus », pas de réglage distance mais la quasi certitude d’être bon d’environ 1m à l’infini avec son 35mm Konica ouvrant à f4 en 4 éléments.

Il n’y a pas de réglage de la vitesse, qui est fixée au 1/125s une fois pour toute.

Ici comme sur le Haking Compact SC que je vous présentais récemment, il y a un embryon de système de mesure, composé d’un « posemètre » au CdS et d’un circuit élémentaire qui mesure simplement un seuil de luminance minimale en dessous duquel la plage de latitude du film couleur négatif ne peut plus vous sauver.

N’oublions pas que l’ouverture est réglée lors de la sélection de la sensibilité du film. Le « sensor » ensuite ne fait que vous signaler qu’il y a risque de sous exposition via la diode rouge.

Il y a bien une pile pour alimenter l’appareil, une simple AA d’1,5v, mais elle fournit l’énergie utile pour les diodes et le flash. Ce qui veut dire aussi que vous pouvez toujours utiliser le Jump sans pile ou avec une pile vide.

En résumé, après avoir réglé la sensibilité du film et armé le boîtier (indispensable pour réaliser la mesure), composez et appuyez légèrement sur le déclencheur. Si la luminosité de la scène et la plage de latitude d’exposition du film sont suffisantes pour réaliser une exposition correcte, rien ne se passe. Appuyez ensuite complètement sur le bouton de déverrouillage pour exposer l’image. Le laboratoire fera le reste …

Sinon la LED rouge placée à droite de l’oculaire s’allume. N’insistez pas, il faut relâcher la pression et mettre en route le flash électronique.

Il faut alors faire pivoter le levier du flash pour le mettre en branle. Environ 7secondes plus tard, la diode de pleine charge vous confirme qu’il est prêt. Il suffit d’appuyer à fonds sur le déclencheur et la photo est prise.

La puissance de l’éclair étant ce qu’elle est, assurez-vous que votre sujet soit entre 1m et 3,5m environ sinon l’effet du flash sera très limitée, vous vous en doutez.

Attention, la profondeur de champ sera plus faible qu’en lumière naturelle lorsque vous faites appel au flash :

La valeur d’ouverture est réglée manuellement lors de l’affichage de la sensibilité,
— f8 pour 100 ISO ;
— f11 pour 200 ISO ;
— f16 pour 400 ISO.
Ces valeurs sont converties automatiquement lors de l’utilisation du flash électronique en :
— f4 pour 100 ISO (f/8 courte distance) ;
— f6 pour 200 ISO (f/11 courte distance) ;
— f8 pour 400 ISO (f/16 courte distance).

Venons-en maintenant au traitement particulier de ce petit boitier sympathique : Weather + proof.

Puisqu’il a été prévu pour les plus jeunes et les autres, il a été conçu pour résister aux aléas des plaines de jeux, les camps scouts, aux vacances à la plage, aux sports d’hiver, aux aventures dans les désert, … bref un peu partout où l’on est susceptible d’embarquer un appareil photo solide.

Pour cela, le Jump est équipé de joints partout où c’est utile et nécessaire :

  • joints plats pour le compartiment de la batterie et le couvercle arrière
  • joints en caoutchouc scellés autour des commandes, c’est-à-dire la molette d’armement, la manivelle de rembobinage, le sélecteur de sensibilité, le levier du flash, le déclencheur.

Il réponds à la norme JIS classe 4 de la norme C0920 (protection contre les éclaboussures). La norme précise : « aucun préjudice en raison de la pulvérisation d’un taux de 10 L par minute par mètre carré pendant une période de 5 minutes au moins, dans une surface de pulvérisation placée entre 300 et 500 mm de l’objet. »

Concrètement, cela veut dire que :

  • si vous le laissez tomber dans un mètre d’eau et que vous l’extrayez immédiatement de ce fichu trou, que vous le séchez rapidement, il ne subira pas de dommages
  • si vous vous plantez dans la neige fraîche et que grâce à ses couleurs vives vous le retrouvez rapidement, en le séchant vite, il ne subira pas de dommages
  • si malgré tous vos efforts, il est plein de boue, vous pouvez soit le tremper dans une dizaine de centimètres d’eau propre en le secouant un peu ou le passer sous un robinet sans trop de pression. Il suffit ensuite de le sécher rapidement.

Tout ceci suppose évidemment qu’il n’y ait pas de saleté sur les joints sinon ça fonctionne moins bien ! Vérifiez donc toujours qu’ils soient propres et en bon état.

Si jamais vous éprouviez des difficultés pour l’ouvrir (gros changements de pression ou de température par exemple), ouvrez d’abord le compartiment de la batterie avant le dos de l’appareil, ça aide.

Au fait, pour ouvrir la chambre, il faut juste soulever la bobine de rembobinage, qui libère le verrou.

Puisque cet appareil à une bonne trentaine d’année, pensez à vérifier la mousse autour de la fenêtre qui permet de voir si un film est dans la chambre.

Lorsque le dos s’ouvre, le compteur de vue se réinitialise à zéro. Puisque vous venez de placer un nouveau film dans la chambre, en glissant l’amorce dans les fentes de la bobine réceptrice, armez et déclenchez une fois pour vérifier que la pellicule est bien accrochée. Refermez le dos et procédez encore à deux déclenchements : le compteur de vue passe de S au chiffre un. Vous voilà prêt pour de nouvelles prises de vue et d’autres aventures.

C’est typiquement un de ces petits appareils bien pensés et bien fabriqués des années nonante : il ne va pas vous bluffer par des performances hors norme mais il ne vous décevra pas non plus et saura vous sauver la mise dans des situations où vous n’oseriez pas sortir votre beau réflex.

Question prix, soyons réaliste : je l’ai vu pendant mes recherches pour cet article à 90 et même 169€.

Ok, il est marrant, résistant, sympathique mais limité dans ses performances : ne dépensez pas plus de 25€ pour un bel exemplaire propre et en bon état (joints à vérifier).

Et pour vos prochaines vacances un peu sportives, vous pourrez compter sur lui.

Petite video d’illustration

Un peu de technique :

Konica Jump (1992)
Objectif : 35mm ouvrant à f4
Mise au point : Fixe
Film : 35mm
Vitesse d’obturation : 1/125 sec
Sensibilité : à régler manuellement 100 – 200 – 400 Asa
Modes de prises de vues : Automatique
Avancement du film : Manuel
Flash : flash intégré
Alimentation : 1x AA
Poids : Environ 400g avec une pile et un film de 36 vues
Dimensions : 140 x 88 x 66 mm

Des références : https://pellochemoi.com/produit/konica-jump/, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-10037-Konica_Jump%20Auto.html, en français ; http://camera-wiki.org/wiki/Konica_Jump, https://analogspace.nl/products/konica-jump-weatherproof, https://www.collection-appareils.fr/x/html/camera-10329-Konica_Jump%20Weather.proof.html en anglais

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