Couleur ou Noir et Blanc ?

Vaste question … qui dépend, somme toute, de la sensibilité de chacun.

J’ai commencé la photo en NB, parce qu’elle était accessible à notre petit labo, où nous apprenions à développer nous-mêmes les films tirés lors de la semaine qui s’étalait entre nos réunions du samedi.

C’est ainsi que j’ai découvert cette magie de l’image qui se forme, qui émerge du bain dans cette lueur rouge un peu fantasmagorique. C’est impressionnant et terriblement excitant mais je vous avoue que je ne supporte plus cette lumière et que j’ai perdu la patience des temps de pose, des mélanges, des températures, des … et je n’ai pas la place d’un labo chez moi, ce qui, in fine, simplifie les choses.

Le NB donc a bercé mes découvertes photographiques et j’apprécie toujours autant son charme.

Pourtant, contrairement à quelques photographes qui le déclarent, je suis incapable de voir en Noir et Blanc. Je m’accommode de voir la vie telle qu’elle est et de la transcrire en gammes de gris clairs ou très foncés (comme le chante si bien Francis Cabrel) mais j’ai besoin des couleurs.

Quelque part la couleur reste tellement réelle et le NB si détaché. J’oserais dire que ce dernier est poétique tandis que la couleur est expression de la vérité du monde, tel qu’il est ici et maintenant.

Et cependant, un de mes peintres préférés est Pierre Soulage dont les œuvres, quasi exclusivement en noir monumental, sont superbes de … nuances. Pour avoir, modestement, peint dans cette couleur quelques unes de mes propres toiles, j’ai éprouvé un plaisir difficile à exprimer, fait de sensations très particulières qui tiennent à la manipulation d’une matière complexe, celle de la lumière.

Paradoxalement, en photo, j’ai besoin de la couleur, très souvent. Même si parfois, lors de l’édition de mes photos, certaines ne « marchent » pas en couleur et sont comme révélées en NB.

Pour l’instant, lorsque j’utilise de vieux appareils, j’aime y mettre un film NB et garder la couleur pour le numérique. Un peu comme un « accord » avec le temps de ces anciennes machines.

Et pourtant, même si je n’ai pas encore trop trouvé le temps de le sortir assez, dans mon Canon Eos 30, j’ai envie de mettre de la couleur, car il se rapproche le plus de ce que je nommerais la modernité (il date des environs de 1995), en tout cas il est très semblable aux Eos modernes. Mais je n’arrive pas bien à insérer un film couleur dans le Canon F-1, fut-il New F-1… qui a dit que les photographes étaient compliqués ?

En résumé, le NB garde pour moi une « aura » de poésie ailleurs dans le temps, pour ne pas écrire intemporelle, alors que la couleur me parle du temps présent, avec douceur ou cruauté (parfois), sans omettre les détails « dérangeants » qui font la réalité de telle scène, de tel portrait, de tel paysage.

Il me semble que vouloir placer une technique au dessus de l’autre serait vain. Laissons à chacun exprimer sa sensibilité avec les gammes qui sont les siennes et apprécions les à leur juste valeur.

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