Le Canon AV-1

Je ne pense pas acheter toute la gamme des Canon commençant par A mais comme on dit, “l’occasion fait le larron” et j’ai eu l’opportunité de trouver celui-ci à un prix intéressant, sans objectif toutefois. Mais comme il me restait quelques optiques en monture FD, ce n’était pas un obstacle.
Profitons en pour refaire la lignée : en 1976 sort le Canon AE-1, grand frère très doué du A-1 destiné aux pros. Le succès du AE-1 a été étonnant, sans doute parce que l’appareil répondait parfaitement aux attentes du public des amateurs éclairés de l’époque (et il continue à séduire les – nouveaux – amateurs en argentique). Logiquement, il a donné lieu à une lignée qui allait répondre aux besoins du plus grand nombre.
Se seront, successivement, le AT-1 (semi-automatique), le A-1 (double automatisme) et celui qui nous préoccupe aujourd’hui, le Canon AV-1, sorti lui en 1979.
Si vous vous en souvenez, le Canon AE-1 est un priorité vitesse. Alors le Canon AV-1 sera un priorité ouverture (non débrayable).


Pourquoi ce changement technique ? Pour au moins deux raisons : la première, tous les amateurs ne se sentaient pas à l’aise avec la priorité vitesse. Canon a voulu “ratisser large” et contenter tous les clients potentiels, notamment aux USA et quelques autres pays qui préféraient la priorité ouverture.
Ensuite, il semble que construire un appareil à priorité ouverture soit moins compliqué et nécessite moins de pièces, d’où de substantielles économies d’autant que si vous l’avez gardé en mémoire, la gamme des A bénéficiait d’une production largement automatisée qui garantissait une excellente qualité de fabrication à des coûts contenus.
Et tant qu’à faire des économies, les ingénieurs ont aussi sucré le testeur de profondeur de champ. Y a pas de petits profits, non ?
Mais ils ont laissé la nouvelle monture FD et la compatibilité avec tous les accessoires du AE-1 ou A-1. En dotation d’origine, l’appareil était livré avec un 50mm ouvrant à f2 de moindre coût (toujours les économies d’échelle !) mais rien ne vous empêchait ensuite de faire votre marché dans la vaste gamme des optiques FD et New FD, souvent excellentes (et pour nous – enfin – abordables, sauf quelques cailloux d’exception qui restent chers comme le 50mm f1,2).
Une remarque importante toutefois au niveau de la monture FD pour le Canon AV-1, que j’extrais du mode d’emploi pour être plus clair :

Plus léger que les autres appareils de la gamme A (520gr avec sa pile), il est aussi un peu plus compact (moins haut). Il ressemble un peu à un Olympus OM10.
Il est assez rapidement devenu le second boitier de ceux qui possédaient un AE-1.
En partie tout mécanique et en partie électronique, il gère le meilleur des deux mondes : solide et bien construit, son électronique règle correctement la vitesse d’obturation lorsque vous avez choisi l’ouverture qui vous convient.
Puisqu’il s’agit d’un priorité ouverture, vous n’avez (théoriquement) pas besoin d’une molette avec les vitesse d’obturation. Le sélecteur positionné sur Auto (généralement), la technologie travaille pour vous : vous composez le cadre, vous travaillez la profondeur de champ (diaphragme) et le boitier calcule la meilleure vitesse d’obturation pour vous.


Ne cherchez pas un bouton d’alimentation, il n’y en a pas ici mais le déclencheur est à “deux étages” : le premier alimente le viseur et le circuit électronique, le second libère l’obturateur. Il y a tout de même un verrou autour du déclencheur, qui empêche les déclenchements intempestifs.

Il possède un retardateur électronique (10 secondes) qu’une LED rouge en façade rappelle lorsqu’il est en fonction (elle clignote de plus en plus vite avant le déclenchement, vous stimulant à courir rapidement vous placer dans le cadre).
Vous l’aurez deviné, sans pile, une 6v de type 4LR44 ou 4SR44, rien ne fonctionne : l’obturateur sera verrouillé et le levier d’armement sera bloqué. Utile à savoir si vous en convoitez un, prenez une pile neuve avec vous.

Bon, admettons que vous en ayez trouvé un bel exemplaire, avec un 50mm f1,8 (la combinaison classique) et vous avez très envie de l’essayer – je vous comprends, je suis comme vous !
Tirez sur la molette de rembobinage pour ouvrir le dos de l’appareil. Vous y glissez une bobine et tirez sur l’amorce, que vous glisserez dans la fente de la bobine réceptrice – pas de chargement QL comme sur le FTb ici ! – vous armez une fois pour bien enrouler le film, refermez le dos et réarmez et déclenchez encore deux fois pour être prêt.
N’oubliez pas de régler la sensibilité avec la couronne autour de la molette de rembobinage (il faut appuyer sur le petit bouton noir pour la faire tourner dans un sens ou dans l’autre). Pour info, la cellule est sensible de 25 à 1600 Asa.

Ensuite, vous mettez le commutateur principal sur A, vous visez et réglez l’ouverture qui vous convient (profondeur de champ), appuyez à mi-course sur le déclencheur pour vérifier que vous êtes dans les limites du champ d’action de la cellule et vous verrez une aiguille se placer devant la vitesse choisie par l’appareil.
Cette aiguille bouge en fonction des changements de luminosité, c’est la raison pour laquelle l’appareil ne tient compte que de la lumière au moment où vous appuyez à fond sur le déclencheur.
Si l’aiguille se place dans la zone de sur exposition ou de sous exposition, il vous reste à corriger l’ouverture ou prévoir le flash.

Je reviens un instant sur le commutateur central car il n’y a pas que la position Automatique.

Alors, tout d’abord, pour quitter la position A, vous devrez appuyer sur le bouton au milieu du commutateur pour le dégager. Notez qu’ensuite, pour les autres positions, il n’est pas nécessaire de le faire.
- Le 60 suivi du symbole flash est réservé à la photographie avec des flashs qui ne sont pas les Speedlite Canon
- Le B indique la pause longue, au delà des 2 secondes
- Le Self avec le symbole flash est a réserver aux prises de vue avec retardement en utilisant des flashs autres que les Speedlite Canon
- Le A Self est à choisir pour les prises de vues normales à retardement avec un flash Speedlite Canon
Voilà, je crois avoir fait le tour …
Imaginons que vous ayez terminé votre film, il vous faut appuyer sur le petit bouton sous la semelle et sortir la petite manivelle de rembobinage pour remettre la pellicule dans la cartouche.


Si le Canon AV-1 n’a pas l’aura de son grand frère AE-1, il n’est pas moins performant.
Pour vous faire une idée (et vous décider peut-être ?) aller voir sur ces liens des exemples étonnants : Lomography Canon AV-1 ou encore ICI


Une conclusion ? C’est un appareil moins couru que son grand frère, le AE-1 qui frise parfois l’hystérie au niveau des prix. Sa réputation de robustesse et de précision n’est plus à faire : il délivre d’excellentes photos en vous laissant composer votre image à votre goût et surtout en vous laissant gérer l’ouverture, lui se charge de la vitesse, et il le fait bien.
Pour être complet, il a aussi existé en noir (plus rare et plus cher), ce qui ne changera rien à ses qualités mais allègera plus vite votre portefeuille !
Associez-le à un bon FD 50mm f1,8 ou encore f1,4 et vous serez (agréablement) surpris de sa polyvalence et de ses capacités. Bref, c’est un bel appareil pour se lancer dans l’aventure argentique, sans remords.
Petite video de présentation
Les données techniques
- Appareil photo reflex à obturateur à plan focal 35 mm
- Objectif normal Canon New FD 50mm f/1.8, New FD 50mm f/2 (Type à montage/démontage rapide)
- Monture d’objectif Monture FD
- Obturateur Obturateur plan focal quatre axes à déplacement horizontal avec rideaux en tissu. X, B, 2, 1, 1/2, 1/4, 1/8, 1/15, 1/30, 1/60, 1/125, 1/250, 1/500, 1/1000 s. Toutes les vitesses en continu et contrôlées électroniquement. Retardateur intégré (avec délai réglable et LED clignotante).
- Griffe Flash Sync X-sync.
- Viseur Pentaprisme fixe au niveau des yeux. Grossissement 0,87x, couverture verticale 92 %, couverture horizontale 93 %. Télémètre à image divisée entouré d’un télémètre à microprisme au centre de l’écran mat de Fresnel. Aiguille du compteur d’exposition, échelle de vitesse d’obturation, avertissements de surexposition et de sous-exposition, index de vérification de la batterie et avertissement de bougé de l’appareil photo, et indicateur de disponibilité du flash fourni.
- Comptage & Contrôle d’exposition SPC pour la mesure TTL à pleine ouverture avec priorité à l’ouverture AE (moyenne pondérée centrale). Plage de sensibilité du film de ISO 25 à 1600.
- Source d’alimentation Une pile alcaline 4LR44
- Chargement de film et bobine de réception à fente avancée. Avance avec la course 120 du levier supérieur de la caméra (courses partielles activées). Position prête à 30.
- Le compteur d’images incrémente positivement. Se réinitialise automatiquement lorsque le dos de l’appareil photo est ouvert.
- Rembobinage du film Manivelle supérieure de la caméra
- Dimensions & poids 139 x 85 x 48 mm, 490 g (nu)
Des références : https://global.canon/en/c-museum/product/film101.html, https://www.kenrockwell.com/canon/av1.htm, https://www.lomography.com/magazine/48472-canon-av-1-photography-made-easy, https://www.petervis.com/Cameras/canon-av-1/canon-av-1-review.html en anglais, https://www.mes-appareils-photos.fr/Canon-AV1.htm, https://fr.wikipedia.org/wiki/Canon_AV-1, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-576-Canon_AV-1.html en français
J’ai toujours préféré (et conseillé) le mode priorité ouverture. On maîtrise la profondeur de champ, contrairement au mode priorité vitesse. On n’outrepasse pas les limites de l’objectif et on peut malgré tout contrôler la vitesse (indirectement).
Sur ce dernier point, certains diront que l’inverse est aussi vrai. Oui… et non. Une vitesse trop basse ou trop élevée explose les limites haute et basse de l’ouverture de l’objectif, d’où une sur-ex ou une sous-ex. Ce problème n’arrive quasiment jamais en priorité ouverture. 😉
Il est bon de revenir aux fondamentaux de la photographie avec ce genre d’appareil.
Bonne soirée, Jean-Pascal.
Tout à fait, et c’est ça le truc incroyable de ces appareils : démystifier la complexité de l’acte photographique pour revenir aux fondamentaux : sensibilité de la pellicule/ouverture/vitesse et l’attention du photographe à ce qu’il fait. Pas besoin de se cacher derrière des tas de “trucs” pseudo techniques, on y va au feeling et on apprend à lire la lumière. Mes amitiés Phil.
Bonjour JP, très intéressant, comme d’habitude, et c’est bien un appareil qui vaut le détour. Celui que j’ai vient d’Allemagne et il n’a jamais eu le moindre problème, Comme tous les CANON série A, il faut faire attention à la fine bande de mousse qui sert d’amortisseur au miroir. Si elle est endommagée ou absente, c’est le métal du corps du boitier qui va servir d’amortisseur. Pour tous mes CANON série A, j’ai remplacé cette mousse par mesure de précaution. A quand un AL-1 dans tes futurs essais ? lui aussi il mérite le détour…
Tu sais j’aurais dû ajouter que le AV-1 avait un petit avantage sur le AE-1 : le fait qu’il ne faille pas changer la mousse de la porte arrière, qui n’en a pas besoin. Il ne reste plus que celle du miroir, tu as raison. Je dois d’ailleurs faire celle de mon exemplaire. Quant au AL-1, je te propose de faire l’article, que je publierai avec plaisir (c’est aussi ça le partage) car je n’en vois pas de dispo pour le moment 😉
Bonjour JP, je vais me mettre à la rédaction de l’article pour l’AL-1 dès que j’aurais fini l’article sur l’OM-1…
Bonsoir Olivier, mais tu ne t’arrêtes donc jamais ? Ceci dit, excellente nouvelle, je te réserve une place de choix. Amitiés.