L’Olympus OM-1

Ah, je m’en voulais presque d’avoir commencé l’histoire d’Olympus sur le site en présentant deux appareils qui n’ont pas laissé un souvenir impérissable dans l’histoire de la marque, l’OM-707 et l’OM-101 !

Alors, pour me rattraper, j’ai déniché un appareil symbolique de la marque, l’Olympus OM-1.

De fait, je l’ai échangé lors de la Bourse des Bons Villers contre un doubleur de focale blanc de chez Canon.

Un petit nettoyage, une nouvelle pile (une LR44) et hop, il est reparti.

Bon, au rayon des constats, il manque la manivelle de rembobinage (je vais en trouver une) et il est équipé d’un Auto Makinon 28mm ouvrant à f2,8 traité multi couches.

Vous êtes prêts ? On commence la visite …

C’est le Maître Yoshihisa Maitani qui est à l’origine du design extraordinaire de ce boitier. Déjà reconnu pour avoir créé le Pen F, sans doute le plus petit reflex argentique au monde, il relance la donne en imaginant un reflex avec pentaprisme qui sera le plus contenu à l’époque de son lancement, en 1972.

Pourtant, ça faillit commencer mal, le premier nom retenu, l’Olympus M-1 se voyait attaqué par Leica, qui a l’antériorité de la désignation « M » (ils avaient lancé un M1 en 1959).

S’en suit alors une saga avec un appareil surnommé NN pour No Name (pas de nom) jusqu’à ce que le terme OM apparaisse (Olympus Maitani).

Cette période de transition fait encore frémir les collectionneurs car selon la légende, seuls 5000 boitiers porteraient le M-1 mythique (un auteur sérieux estime cependant que le chiffre serait plutôt de 52.000, pour la plupart restés au Japon).

Présenté à la Photokina de Cologne en juillet 1972, l’appareil étonne la presse spécialisée de l’époque tant sa taille est contenue, son poids réduit et ses performances étonnantes.

Que nous proposait ce petit Olympus OM-1 ?

C’est donc un reflex en 24×36, tout mécanique, possédant un posemètre alimenté par une pile, un viseur immense et très clair (92% de grossissement soit plus ou moins le même qu’un certain … Leica M), qui offrait la fonction de verrouillage du miroir (ce qui était très intéressant pour l’astrophotographie et la macrophotographie).

Si vous voulez bien, nous allons nous remettre dans le contexte de l’époque : en 1959, le Nikon F avait brisé l’hégémonie du télémètre, et donc de Leica, et de plus en plus de professionnels le délassaient au profit des reflex.

Les amateurs fortunés leur ont emboité le pas, délaissant eux aussi les Leica et autres télémètres du moment.

Si les reflex offraient une diversité bienvenue dans le choix des objectifs, pour des applications toujours plus nombreuses, ils avaient cependant tendance à prendre du poids et à devenir encombrant.

Olympus ne fait pas partie des pionniers dans le domaine des reflex. Aussi, quand ils arrivent sur le marché, presque 10 ans après les autres, se doivent-ils de marquer le coup.

C’est à ce moment-là qu’apparait ce boitier compact et performant : il réduit la taille, le poids et le bruit des reflex de manière assez spectaculaire.

Si le prisme est fixe, les écrans du viseur sont interchangeables. Le posemètre est visible à travers le viseur, sur la gauche : une aiguille doit être positionnée entre un symbole + et l’autre -, qui indiquent, vous vous en doutez, les zones de sur ou sous exposition.

Au niveau des commandes, il n’offre que l’essentiel et l’indispensable : le réglage de la sensibilité du posemètre (de 25 à 1600Asa), un commutateur pour allumer/éteindre la cellule, un retardateur, une prise synchro flash (mais pas de griffe porte-flash d’origine, elle se monte en option sur le dessus du pentaprisme ), un autre commutateur pour relever/abaisser le miroir et …. c’est tout !

-« Ben, et la vitesse, on la règle où ? »

Sur le pourtour du fut d’objectif, qui permet de la régler du bout des doigts, en même temps que vous ajustez la distance, elle aussi sur l’objectif.

Les vitesses s’échelonnent de 1s au 1/1000s plus la pose B.

Si la position de ce réglage est inhabituelle, elle devient vite « instinctive » et permet des ajustements rapides.

A remarquer que les premiers modèles n’étaient pas motorisables. Ils le seront avec la version MD (Motor Drive) présentée en 1974.

A savoir, certains anciens modèles seront modifiés pour accepter la motorisation. Ceux-là portent un simple autocollant posé sur le capot, à côté du verrou de rembobinage. Les collectionneurs en frémissent …

Cet appareil sera produit de 1973 à 1987, avec quelques variations comme le OM-1 MD que nous évoquions, puis un OM-1n qui apportaient quelques améliorations dont quelques unes cosmétiques (la forme du levier d’armement par exemple).

Si au début, la taille du boitier étonne quelques spécialistes, il doivent bien reconnaître que celui-ci se place dans un système composé d’une trentaine d’objectifs de qualité, des Zuiko, allant du fisheye de 8mm f2,8 aux téléobjectif de 1200mm f14, en passant par des objectifs à décentrement, des macro, et des objectifs fixes.

L’appareil est petit, certes, mais il respire la qualité.

Revenons sur ses principales caractéristiques …

Je le citais plus haut, le viseur de l’appareil est très large et lumineux, malgré la compacité de l’ensemble.

De plus, on peut changer le verre de visée assez facilement et Olympus propose 14 modèles différents.

Ensuite, le miroir peut être placé en position relevée, simplement avec un bouton posé sur le côté droit du fut d’objectif. Cette fonction évite le flou causé par le mouvement du miroir lors des poses longues, notamment en astrophotographie avec des téléobjectifs.

Donc si vous regardez à travers le viseur et que vous ne voyez rien, à part si vous avez oublié de retirer le bouchon de l’objectif (si, si, ça arrive !), c’est que le miroir est en position haute.

Je reviens aussi un instant sur la cellule, une CdS (en fait deux, placées de part et d’autre de l’oculaire) et son alimentation. La mesure se fait à travers l’objectif (TTL).

Autrefois, c’était une pile de 1,35v, au mercure, heureusement interdite mais qu’il faut remplacer par une pile moderne.

Alors, soit vous choisissez une WeinCell qui propose une pile Zinc/air du même voltage, soit vous choisissez une PX625A mais cette dernière donne 1,5v.

Dans le premier cas, il n’y a rien à faire, l’appareil est calibré pour cette tension.

Par contre, avec la seconde solution, vous devrez compenser l’exposition de deux diaphragmes ou jouer sur la sensibilité du film. Ainsi, un 400Asa deviendra un 100 en réglant la molette de sensibilité.

Puis, il y a une troisième solution, celle qu’Olivier nous avait expliquée il y a peu et que vous retrouverez ICI : le réglage de la cellule de l’appareil pour utiliser les piles modernes sans erreur.

Ensuite, le boitier, comme je le signalais plus haut, se différencie des autres boitiers de l’époque en proposant une bague placée autour de la monture de l’objectif : c’est celle-là qui détermine la vitesse d’ouverture.

En y regardant de plus près, si ça déconcerte au début, in fine, c’est pratique car on peut rester l’œil au viseur et observer, via l’aiguille d’exposition, si le réglage choisi est bon ou pas. Plus besoin de vérifier le réglage sur le dessus de l’appareil.

Si mes souvenirs sont bons, ce système a aussi existé chez Mamya, sur le NC 1000 (1978).

L’Olympus OM-1 est un succès. En 1974, Olympus apportera des modifications à son best-seller (19 en fait), notamment, comme dit plus haut, le passage à la motorisation, qui autorise 5i/s avec le miroir qui suit la cadence (alors que les concurrents en sont encore à bloquer le leur pendant le déclenchement de l’obturateur). Ce sera l’OM-1 MD.

Puis l’électronique va se glisser dans le viseur, via une diode rouge qui permet de savoir si le flash est prêt pour le cliché suivant. Ils en profitent pour modifier un peu le levier d’armement. Ce sera l’OM-1n.

Le succès perdurera avec l’Olympus OM-2 (un OM-1 devenu automatique à priorité ouverture et obturateur électronique – 1975), l’OM-4 (un super OM-1 avec plusieurs types de mesure, fabriqué en alu, avec une vitesse de 1/2000s, des automatismes de folie, bref, une petite merveille – 1983), l’OM-3 (présenté en 1984, qui est la version mécanique du OM-4, et puis le Graal de tous les Olympistes, les OM – 4 Ti ou OM – 3 Ti, en titane ! Chers, très chers et rares …

Finalement, que penser de cet appareil ?

Le défaut lorsqu’on manipule différents appareils, c’est qu’on a l’impression d’un « déjà vu » alors que celui qu’on examine est le premier d’un genre. Ainsi, lorsque je l’ai pris en main pour la première fois, j’ai pensé à un Pentax ME, plus tardif mais du même style de gabarit.

Et puis les différences se font jour : la griffe flash qui n’est pas montée d’origine, le réglage de la vitesse sur le pourtour de l’objectif, le bouton de la baïonnette sur une bague de ce dernier et pas sur le boitier, son viseur si large, le gros bouton au dessus qui règle la sensibilité et qu’on n’attend pas là, le bouton pour le débrayage, en fin de film, sur le boitier et pas sous la semelle, …

Mais je comprends que ce soit un boitier attachant : on l’a bien en mains, il est facile et si simple d’utilisation !

Sa maniabilité en a fait une arme efficace et cette simplicité d’utilisation, un merveilleux appareil pour apprendre sainement les bases de la photographie. Mais une fois qu’on y a goûté, on ne le lâche plus !

Bien évidemment, ses atouts en font un appareil recherché et les prix, hélas, ont tendance à grimper, souvent plus que raisonnablement.

Si vous arrivez à en trouver un sous les 100€, en bon état et avec un objectif Zuiko (un 50mm f1.8 idéalement), ne le laissez pas passer, vous n’aurez pas deux fois la même chance.

Et dites-vous bien que l’essayer, c’est l’adopter !

Des exemples de photos prises avec cet appareil ICI et LA.

Allez aussi faire un tour sur le site de Fred, d’Histoire de Photos, vous verrez ce que l’on peut faire avec ces appareils.

D’ailleurs, si vous avez envie de bien débuter avec cet appareil (ou un autre), n’oubliez pas que Fred organise des sorties sur Lille où il vous explique et apprend à prendre des photos en argentique, dans les meilleures conditions.

Une super idée pour ne pas se décourager et apprendre avec un professionnel qui aime partager son amour de la photo aux sels d’argent.

Enfin, vous savez que l’ouverture d’esprit fait partie de ce site et donc Olivier m’a gentiment proposé sa vision de cet appareil (deux en fait, le sien et celui de sa fille) dans un autre article qui paraitra sous peu. Un bel exercice de complémentarité et de partage.

Quelques pubs d’époque (merci Collection-appareils)

Odéon-Photo 1973
Ring-Photo 1973
Manufrance 1977, pour voir les concurrents en lice.

Petites videos d’illustration

Des références : https://fr.wikipedia.org/wiki/Olympus_OM-1, https://35mm-compact.com/reflex/olympusom1n.htm, https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=12510, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-12511.html, https://laboutiqueargentique.com/index.php/produit/olympus-om-1/, en français; https://camerapedia.fandom.com/wiki/Olympus_OM-1/2/3/4, https://cjo.info/classic-cameras/olympus-om-1-md/, https://www.vintagecamerareviews.com/brands/olympus/olympus-om-1/, https://en.wikipedia.org/wiki/Olympus_OM-1, https://en.wikipedia.org/wiki/Olympus_OM_system, https://www.lomography.com/magazine/25041-olympus-om-1 en anglais

4 commentaires sur “L’Olympus OM-1

  1. Beaucoup de fonctionnalités dans un volume réduit. De plus, c’est un boitier discret car peu bruyant et assez bien amorti. Au passif, je note un fiabilité moyenne. J’en suis à mon second OM1 et l’un comme l’autre m’ont causé des soucis. Le boitier présenté est un OM1 qui fut remplacé par l’OM1n qui diffère par des détails de construction principalement. Mais à l’usage, c’est du kif-kif. Attention aux prix qui ont une nette tendance à augmenter… Cordialement.

    • Bonjour Nic, eh oui, les prix grimpent, grimpent … plus que le raisonnable ne l’admettrait. L’appareil est vraiment une belle découverte, qui a son âge maintenant et qui ne sera pas exempt de quelques soucis un jour ou l’autre, comme les autres « vétérans ». Il faut être attentif et faire le choix le plus raisonnable possible pour bien en profiter. Toutes mes amitiés.

  2. Bonjour JP, j’attendais cette présentation qui devenait presque obligatoire depuis que tu avais présenté les OM-101 et OM-707. Quel dommage de ne pas l’avoir trouvé complet. Par contre, c’est un des premiers modèle, ( L’OM-1 sans le n ! ). Ce qui fait que tu dois normalement avoir le verre de visée avec uniquement la couronne de micro-prisme, il est référencé 1-1 alors que le verre de visée qui a le stigmomètre et la couronne de micro-prisme est référencé 1-13 . Le 1-13 était monté d’origine sur les OM-1n et OM-2n. Je dois avoir 1 ou 2 verres de visée 1-1 en stock. La griffe porte accessoire est absente, et hélas, elle n’est pas facile à trouver. J’en ai peut-être une dans mes affaires. ( Mais j’ai quand même des doutes sur son origine,on dirait une re-fabrication perso ). C’est le type de boitier qui se comporte très bien avec un objectif Zoom Olympus 35-70 ouverture f:3.6 que l’on trouve facilement à moins de 50 euro et qui est bien plus compact que le même zoom en ouverture f:4. Je n’irai pas jusqu’à recommander le zoom 85-250 d’Olympus qui hélas est d’un poids conséquent. Lui adjoindre un sac de transport en cuir ( on en trouve de temps en temps ) permet d’avoir un ensemble que l’on n’hésite pas à sortir régulièrement. Un bon appareil qui ne se démode pas.

    • Bonjour Olivier, tu as raison, j’aime bien aussi le « total look » avec ces vieux machins. Et oui, c’était in des premiers modèles. J’utilise l’imparfait car une jeune demoiselle en études artistiques vient d’en faire l’acquisition et comme elle avait hérité de quelques cailloux familiaux, il va reprendre du service. Un chouette petit boitier que je suis content d’avoir découvert et, surtout, fait revivre. Toutes mes amitiés.

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