Le Minolta Dynax 505 si Super

Les moins de 40 ans ne connaissent généralement pas la marque Minolta, qui arrêta toute production photographique en … 2006.

Quelques mots à son sujet, car elle fut une marque « qui compte » dans l’histoire de la photographie.

Fondée au Japon par Kuazo Tashima en 1928, elle commence à produire des foldings avec une particularité : Tashima embauche deux ingénieurs Allemands pour le seconder, Billy Neumann et Willy Heilemann. L’usine, qui s’appelle Nichidoku Shashinki Shoten (ce qui signifie compagnie des appareils photographiques germano-japonais),s’implante à Mukogawa et produit dès l’année suivante le folding Nifcarette avec des obturateurs et des optiques importées d’Allemagne.

De profonds désaccords avec les deux ingénieurs allemands, qui quittent l’entreprise, font qu’elle change de nom une première fois ( Molta Goshi-gaisha. Molta est l’abbreviation de l’allemand « Mechanismus Optik und Linsen von Tashima ») en 1931, et apportent des changements de dénominations dans les produits vendus.

En 1933, le mot Minolta apparait pour la première fois mais comme dénomination d’un appareil qui est une copie du Plaubel Makina.

Fin 1937, nouveau changement de nom pour l’entreprise (devenue Chiyoda Kōgaku Seikō K.K) suite à ces mouvements. Elle produit ses premiers objectifs (avec des lentilles importées) et ses premiers obturateurs. Cette même année 1937 verra la sortie du Auto Semi Minolta, premier télémétrique Japonais, une évolution de la copie du Makina sous le nom de Minolta Press avec une synchro flash et du Minolta Flex, le second bi-objectif 6×6 Japonais. En 1940 sont produites les premières optiques sous le nom de Rokkor dans l’usine de Mukogawa, mais destinés à un usage exclusivement militaire car le Japon entre en guerre. Le gouvernement oblige la firme a concevoir elle-même ses propres verres optiques.

L’après guerre sera, paradoxalement, un âge d’or pour le Japon, pourtant vaincu, comme les Allemands. Pourquoi ? Les vainqueurs ont imposé la déchéance de tous les brevets détenus par les vaincus et les Japonais vont devenir, dans un premier temps, des copieurs de génie. Puis ils vont innover rapidement sur la base des optiques, des obturateurs et autres brevets allemands déchus et ils chasseront l’Allemagne de ses marchés.

1958 verra la sortie du premier reflex 35mm, le Minolta SR2, qui sera un condensé de ce qui se fait de mieux (le Pentaprisme, le miroir à retour immédiat, le levier d’armement rapide et le compteur de vue à remise à zéro automatique), même s’il n’innove en rien.

En 1959, la société sort ses premières machines de photocomposition, ses premiers photocopieurs et des projecteurs. C’est la branche que nous connaissons encore sous le nom de Konica-Minolta notamment pour les photocopieurs.

Finalement, en 1962, Chiyoda change de nom pour la troisième fois et devient Minolta Camera K.K. La même année, l’entreprise sort le premier reflex avec une cellule (externe) au Cds, le Minolta SR-7. Toujours en 1962, le développement progressif d’une nouvelle branche à succès, celle des instruments de mesure de la lumière, se développe.

En 1966 sort le Minolta SRT-101 qui sera le plus gros succès sur ce segment de l’histoire de la photographie.

Etrange retour de l’histoire, Minolta signe un accord avec Leitz pour développer des appareils photographiques et des optiques. Cette fois, ce sont les Allemands qui recherchent l’expertise des Japonais dans la production en grande série et à coûts réduits, et pour leur expérience dans l’électronique. C’est ainsi que le Leica CL voit le jour en 1974. Toujours cette même année, le Minolta XE servira de base au Leica R3 qui verra le jour lui en 1977. S’enchaine ensuite le XD-7, base du Leica R4.

En 1977, le reflex XD11-7 sera le premier appareil à combiner priorité vitesse et priorité ouverture. C’est aussi cette année là que sort la gamme des objectifs MD, développée pour accompagner l’appareil.

Retour de l’histoire toujours, en 1980 Minolta et Leitz rompent leurs accords et Minolta en profite pour sortir le CLE, version améliorée du Leica CL.

Décidément en forme, le Japonais sort aussi un autre best seller, le Minolta X700 MPS.

Et voilà pourquoi j’écrivais que les moins de quarante ans ne connaissent pas la marque car de 1985 à 1990, Minolta va dominer le marché des réflex en 35mm, le plus juteux alors, tout d’abord avec le Minolta 7000 AF, premier reflex à mise au point automatique incorporée au boitier. Ils ont inventé un nouveau reflex, qui se vendra en millions d’exemplaires.

Mais la course aux innovations, qui se succèdent à un rythme effréné, la recherche des coûts toujours plus bas, qui amène l’utilisation massive des plastiques et un long procès avec Honeywell pour l’utilisation de brevets sans autorisation va lentement conduire Minolta à son déclin.

Sa plus grande faiblesse est de ne pas avoir développé complètement un segment dans les reflex Pro alors que Canon et Nikon – qui sont pourtant en retard au niveau innovations – vendent plus et sont plus rentables, le côté Pro entrainant la clientèle vers les autres appareils de leurs gammes.

Le spécialiste des appareils bas et moyenne gamme est le plus touché par le ralentissement économique des années nonante.

Pourtant, ultime sursaut, Minolta se lance dans la production d’appareils numériques, dès 1995, soit bien plus tôt que ses concurrents mais le succès tarde et, finalement, en 2003, Minolta fusionne avec Konica, puis abandonne toute activité photographique.

Enfin, Minolta vendra en 2006 toute sa technologie dans l’optique et dans les reflex à Sony qui reprendra la succession des Dynax sous le nom d’Alpha … fin de l’histoire.

Je vous invite à aller voir en images l’évolution des appareils Minolta sur le site de Monsieur Suaudeau, une mine d’informations.

Mais revenons à notre Minolta Dynax 505 si Super.

C’est la dénomination pour l’Europe, car aux USA il s’appelle Minolta Maxxum XTsi et Minolta Alpha Sweet pour le marché japonais.

« 505 si » pour « simple et intelligent » car il a été le premier boitier à combiner un capteur central de mise au point automatique croisé avec deux capteurs verticaux.

Sorti en 1998, il succède (six mois après) au Minolta 505 si (élu appareil européen de l’année), un autre boitier fiable et facile à vivre, et tous deux empruntaient les derniers perfectionnements de la gamme Pro d’alors.

Quelles étaient les différences entre ces deux appareils ? Le 505 si Super possède une baïonnette en métal, on y a ajouté une prise pour déclencheur à distance, avec possibilité de pose longue. Un dos-dateur est proposé sur le Super et l’entraînement par courroie le rend plus silencieux.

Ses caractéristiques distinctives sont les fonctions «  cust  » (pour custom = personnalisé), 9 programmes pour différentes préférences d’exposition et la fonction de démarrage oculaire (le fait d’approcher l’œil au viseur déclenche l’autofocus).

Charger cet appareil est un jeu d’enfant : vous placez la bobine dans le logement ad hoc, tirez sur l’amorce jusqu’au repère rouge et vous refermez. Le boitier lit le codage DX (sensibilité) – que vous pourrez modifier si besoin manuellement – charge le film et arme pour la première vue.

A la fin du film, le boitier rembobine celui-ci et si vous deviez interrompre un film en cours de route, il y a toujours un petit bouton de rembobinage sous la semelle.

source : collection-appareils.fr

Les données techniques :

Plage ASA / ISO: 25 à 5000 ASA codés DX (6 à 6400 manuellement)
Modes programmés pour les sports, paysage, portrait, macro et nuit, mode entièrement automatique, mode d’obturation préféré, mode d’ouverture préféré
Mesure de l’exposition TTL à 14 champs, commutable spontanément en mesure spot via le champ central
Mise au point par 2 capteurs AF verticaux et un capteur croisé central contrôlé par un système de « logique floue », commutable en mise au point manuelle ou utilisation d’un seul capteur. Un mode de priorité de mise au point permet le déclenchement de l’obturateur uniquement après une mise au point correcte
Plage de vitesse d’obturation contrôlée électroniquement de 30 s à 1/4000 s
Viseur avec pentaprisme affichant 90% de l’image
Monture d’objectif baïonnette Minolta A-(comme les Sony Alpha, pour mémoire)
Flash sélectionnable comme lumière de prise en charge de la mise au point automatique
Poids: 350 g sans objectif + film + piles Cr2
Dimensions: 135 x 90 x 58,5 mm – Il existe en bis-tons ou tout noir.

Que penser de cet appareil ?

Je viens de le recevoir, venant d’Angleterre et il est joli dans sa robe bis-tons (argenté et noir). Après un nettoyage sommaire (il est très correct), j’installe deux piles CR2 et mets le curseur sur ON. Le voilà qui s’anime.

Très léger, même avec le zoom motorisé 28 – 80 en monture Minolta A, sa préhension est très bonne, notamment grâce à une poignée bien dessinée (sauf peut-être pour les très gros doigts).

Tout se contrôle avec la molette de gauche (programmes et customs) ou un petit bouton placé à côté de l’écran LCD, à droite, et les données sont visibles sur ce large écran, sur la droite, au dessus du déclencheur, très doux et silencieux

Le viseur reprend toutes les informations dont vous avez besoin pour contrôler votre prise de vue

Du fait de son ergonomie finalement très moderne, vous ne serez pas dépaysé si vous utilisez déjà un appareil numérique, juste que vous n’aurez pas besoin de vous « farcir » des menus sans fin !

Son utilisation est des plus simples : vous le mettez en « tout auto » en appuyant sur la touche P au dessus du déclencheur, vous appuyez à mi-course sur ledit déclencheur pour que l’appareil fasse la mise au point et « clic », c’est dans la boîte. Le viseur vous donne toutes les indications pendant la mise au point et si elle n’est pas correcte, le déclencheur se bloque jusqu’à ce que les données soient bonnes. Ça, c’est pour commencer …

Vous pouvez bien évidemment mémoriser la mise au point (appuis à mi-course sur le déclencheur) et recadrer votre sujet, si besoin.

Dans ce mode tout auto, le flash intégré se déploie si le boitier estime que la lumière est trop faible. C’est une fonction que vous pouvez personnaliser et débrayer. Il y a aussi une fonction « anti-yeux rouges », que vous sélectionnez en tournant la molette de gauche sur le sigle d’un œil

.Si vous voulez aller un cran plus loin, essayez donc les modes résultats, que vous allez sélectionner avec le petit bouton ad hoc, à côté de l’écran

Vous aurez ainsi accès aux modes portrait, paysage, gros plan, action, portrait de nuit, photo de nuit.

Ces modes sont utiles quand on tâtonne encore un peu dans les réglages. Ils sont programmés pour donner le meilleur résultat possible en fonction de la scène et comme les réglages apparaissent sur l’écran, vous pouvez vous en inspirer pour quand vous prendrez la main sur le boitier.

Ce que vous ferrez en mettant la molette sur le sigle P-ASM, par exemple pour sélectionner la priorité à l’ouverture ou la priorité à la vitesse et finalement le mode manuel.

Cet appareil propose – déjà – une mesure de l’exposition sur un « nid d’abeille » à 14 segments mais vous pourrez choisir une mesure « spot ». Enfin, il est possible de corriger l’exposition sur 3 valeurs en plus ou en moins, voire encore utiliser le bracketing d’exposition.

Les plus créatifs ne sont pas oublié puisque la fonction surimpression existe aussi sur le boitier

Le flash intégré peut travailler en synchro lente (réduction de l’éclair pour assurer une bonne exposition de toute la scène), tout comme les flashs additionnels que vous pourriez monter sur le Minolta.

Enfin, il est possible de commander un flash externe avec le flash intégré, pour autant que se soit un flash de la marque ou un autre qui remplisse cette fonction.

Pour terminer, parlons un instant des fonctions « cust », c.-à-d. la possibilité de personnaliser certaines fonctions de l’appareil. Elles sont au nombre de neuf, allant du type de rembobinage du film, la mémorisation de la mise au point, etc.

Très moderne n’est ce pas ? Et tout cela est résumé dans un mode d’emploi de nonante pages dont une seule (si, si, ça existait à l’époque) de mise en garde !

Vous allez même faire des économies d’aspirine avec le Minolta Dynax 505 si Super, c’est pas beau ça ?

En résumé, avec cet appareil, vous aurez en main un argentique des dernières générations, avec tout le confort qui va avec pour les prises de vue. Finalement, il ne lui manque qu’un écran arrière …

Blague à part, c’est un chouette boitier, léger, facile à utiliser et qui offre des fonctions très semblables à celles qui équipent nos boitiers numériques, mais en plus simple, ce qui n’est pas rien.

L’autre gros avantage de ce Minolta est son prix : 50€ avec un objectif (idéalement le zoom de dotation, un 28 – 80). Pourquoi si peu ? Tout simplement parce que la marque n’existe plus. Et pourtant, vous pourrez y monter des objectifs Sony en monture A, c’est les mêmes.

Minolta a été une marque très active dans le domaine des réflex, qui a proposé des solutions utiles et fiables pour la pratique photographique. Elle a eu le tort de disparaître trop tôt.

Personnellement, j’ai usé un Minolta Dynax 7Xi jusqu’à ce qu’un stupide accident de la route ne l’envoie valdinguer à travers l’habitacle et s’écraser sur le plancher. Ce fut mon dernier boitier argentique et je vous assure que j’en garde une certaine nostalgie car à l’époque cette marque proposait des appareils très performants pour des prix plus abordables que ses concurrents, Nikon et Canon.

Petit video d’illustration

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Une autre video vous présente les best sellers de la marque, et il y en eut

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Si vous voulez voir de quoi est capable l’appareil (et les photographes) , c’est ICI et LA

Pour le mode d’emploi, c’est par LA.

Quelques références : https://camerapedia.fandom.com/wiki/Minolta_Dynax_505si_Super, http://camera-wiki.org/wiki/Minolta_Dynax_505si_Super, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Minolta_Dynax_505si, https://simonhawketts.co.uk/2015/09/19/minolta-dynax-505si-super-sample-pictures/ en anglais, http://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=10281 en français

4 commentaires sur “Le Minolta Dynax 505 si Super

  1. bonjour, possesseur d’un dynax 505si avec 2 objectifs j’aimerai savoir si je peux réutiliser ces objectifs sur un boitier numérique avec bague d’adapatation et si oui sur quel type de boitier merci d’avance

    • Bonjour Ancelin,

      Normalement les objectifs Minolta, et la monture, est celle reprise par … Sony, qui a racheté la marque. Donc, en théorie, sans adaptateur, vous devriez pouvoir les monter sur les Sony en monture A (voir ICI les appareils compatibles).

      Pour les hybrides, il faudra des bagues d’adaptation car le « tirage » de l’appareil n’est plus le même (la distance du foyer de l’objectif au capteur).

      Pensez seulement que les capteurs à haute définition sont très exigeants en terme de « piqué » des objectifs pour donner de très bons résultats. Or les objectifs des années nonante n’ont pas tous ses hautes résolutions. Mais ça permet souvent de donner un caractère particulier à ses photos.

      J’espère avoir pu répondre à votre question et je vous souhaite plein de plaisir avec vos appareils. Car vous pourriez rester en argentique, le 505si était un très bon appareil en son temps.

      Bien cordialement.

  2. Bonjour, j’aimerais bien savoir quelle manip’ faire pour pouvoir déclencher lorsqu’on monte un objectif (avec bague d’adaptation) en M42 sur ce boitier. Pour l’instant, je ne trouve pas l’info.

    • Bonjour Nicolas, bonne question, que je ne me suis jamais posée … j’imagine que si vous avez trouvé une bague d’adaptation du boitier vers le M42, elle va établir le contact utile entre les deux. Cependant, et je pense que ce sera comme avec les numériques actuels auxquels ont ajoute un objectif ancien, vous ne pourrez travailler qu’en manuel car les automatismes ne seront pas repris par l’appareil, ce qui vous empêche sans doute de pouvoir déclencher. Il vous faudra entrer manuellement la vitesse et l’ouverture, faire la mise au point manuellement avant de pouvoir déclencher car l’appareil ne doit pas reconnaître l’objectif. Je ne puis malheureusement pas plus vous aider à ce sujet. Peut-être regarder sur un forum Sony ou Fuji car c’est souvent avec ces marques là que les photographes aventureux font des hybridations. Bien à vous.

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