Oubliez les modes, choisissez un appareil qui vous aide à devenir meilleur photographe …

De fait, c’est un article de Fred, d’Histoires de Photos qui me fait rebondir sur ce qu’il écrivait, car il a mille fois raison.

Si vous vous êtes promené sur le site, vous aurez sans doute lu ici et là les mêmes conclusions que lui porte.

En effet, les appareils anciens de type Canon AE-1, Canon A-1, Canon F-1, Minolta SRT (tous numéros confondus), Minolta SR-1, Minolta XG-1, Pentax ME, Pentax ME Super, Fujica ST 6505, ST 701 Yashica FR-1, Contax 139, Miranda TM, Mamya DSX 1000B, Mamya NC 1000, Ricoh KR-5, Alpa SI 3000, les Parktica (les autres sont sur le site dans la rubrique argentique –> reflex) sont magnifiques.

Même des Exakta Varex II A ou Zeiss Ikon Contaflex sont splendides, esthétiquement et techniquement … pour l’époque !

Mais entendons-nous bien : même si vous avez de l’expérience en photo argentique, ce qui compte, c’est la qualité de l’image que vous voulez restituer ou le plaisir de sortir un magnifique vieux machin ?

Pour ma part, j’ai choisi de « cloisonner » les catégories d’appareils :

  • ceux d’avant les années septante sont destinés aux esthètes
  • ceux des années septante à début quatre-vingt sont destinés aux amateurs éclairés, qui ont déjà connu ce type d’appareil
  • ceux de la fin des années quatre-vingt au début nonante inspirent ceux qui hésitent entre deux décennies
  • ceux des années 2000 sont des machines à photographier performantes et sûres.

Notez qu’il n’y a là aucun jugement, aucune vérité absolue, juste un constat.

Et que je ne parle pas d’une catégorie que j’exclus, celles des collectionneurs qui vont rechercher la perle rare, l’objet unique, l’exclusif, mais très, très rarement, faire des photos.

Les plus anciens appareils demandent du temps pour les apprivoiser, non pas tellement à cause de leur complexité mais justement parce qu’ils en sont dépourvus et qu’il faut, dès lors, réapprendre des notions que l’on maitrise mal : le triangle d’exposition, la règle du Sunny 16, celle des zones de focale prédéfinies, p. ex..

Si ces notions ont le mérite d’aider à la prise de vue, elles sont (un peu) empiriques. Elles correspondaient parfaitement aux appareils, aux films, aux photographes de l’époque.

Et si vous perdez du temps à réfléchir à celles-là, c’est au détriment de la composition, de la spontanéité de vos images.

N’oublions pas encore les contorsions auxquelles il faut parfois se livrer pour les faire fonctionner car ceux qui sont munis de piles le sont parfois avec des modèles qui n’existent plus et de voltage folklorique (les piles au mercure de 1,35v p. ex.). Les adapter aux piles modernes ne se fait pas à la légère ni sans quelques connaissances utiles (voir l’article d’Olivier).

Enfin, fonction de modes illusoires, certains modèles atteignent des prix stratosphériques que rien ne justifie.

Bref, si votre but est de faire des photos, de bonnes photos, auxquelles vous allez consacrer le temps de la compo, du détail, de l’instant choisi, armez-vous d’appareils qui vous soulagent des tâches moins amusantes.

Les appareils de la fin des années nonante, du début des années deux-mille sont la quintessence de ce qui se faisait de mieux. Déjà ils possèdent les réglages que vous connaissez encore sur vos numériques, les techniques de mesure de la lumière, les autofocus, la gestion des flashs, tout cela était très abouti.

Les programmes dédiés étaient performants, les cellules plus que suffisantes pour calculer au mieux les lumières même difficiles, les capteurs autofocus sont ceux qui ont donné naissance aux modèles repris ensuite en numérique.

Si vous voulez vous lancer dans la photo argentique pour faire de la photo, et vous donner l’occasion de progresser, optez peut-être pour des appareils qui vous donneront satisfaction rapidement (ça évite de se décourager trop vite) et qui sont toujours dans le coup car, par exemple, ils acceptent la plupart des objectifs même modernes.

Attention, je parle bien des objectifs, voire de quelques accessoires utiles (filtres, porte-filtres, etc.) mais jamais des flashs, qui ne sont pas du tout compatibles au risque de détruire votre numérique si vous étiez tenté d’utiliser un seul flash pour vos deux types d’appareils. Et les flashs modernes ne fonctionnent pas sur les argentiques (question de puissance).

-« Mais que choisir alors ? »

Le choix reste vaste et – bonne nouvelle – les prix restent très bas encore.

Les grandes marques historiques sont pléthores et vous offrent de superbes appareils (de ceux qui me faisaient rêver à ces époques).

Vous en trouverez quelques uns dans la rubrique « petites analyses subjectives du matériel photographique –>argentique–>les reflex ».

Citons pèles-mèles les Canon Eos 500 et 300, 300v, Canon Eos 3, Eos 30/33, Eos 50e/50 qui acceptent tous les optiques EF, y compris les EF en série L.

Chez Nikon, la série des Nikon F 50, 60, 65, 70 et compagnie, ainsi que le F801, F100, F5, F90X, par exemple. Eux aussi peuvent utiliser les optiques modernes, à l’exception, comme d’habitude des cailloux prévus exclusivement pour les derniers nés de la gamme numérique et hybride,

Chez Minolta, vous aurez l’embarras du choix aussi, parmi les Minolta 3000i, Minolta 7000i,Minolta 8000i, Minolta 500 SI, Minolta 500 SI super, Minolta 3Xi, Minolta 7 Xi, Minolta 404Si, Minolta 800 Si, Minolta Dynax 5. Même si la marque n’existe plus, elle reste une référence (voir le site de Monsieur Suaudeau pour achever de vous convaincre). J’ai un faible pour le Dynax 5, qui est une petite merveille de compacité et de performances.

Et j’entends déjà Pascal qui me souffle « éh, t’as pas oublié les Pentax ? »

Ben non, voici la liste de ceux qui participent : Pentax MZ-3, Pentax MZ-5/ZX-5, Pentax MZ-5n/ZX-5n, Pentax MZ-6/ZX-L, Pentax MZ-7/ZX-7, Pentax MZ-M/ZX-M, Pentax MZ-S, Pentax MZ-10/ZX-10, Pentax MZ-30/ZX-30, Pentax MZ-50/ZX-50, Pentax MZ-60/ZX-60. Notez que l’extension ZX reprend les appareils destinés aux marchés US.

Vous aurez remarqué que Fuji, Yashica, Chinon, Cosina, par ex. ne font plus partie des sélectionnés. La plupart de ces marques n’ont pas survécu et n’ont rien développé dans les reflex autofocus au seuil des années deux mille.

En résumé, tous ces boitiers vous offriront encore de très bons voire excellents services. Ils sont souvent vendus complets, c.-à-d. avec des objectifs, leur flash dédié, des télécommandes, etc. car il n’y a pas encore si longtemps (bon, ok, ça fait quand même une bonne vingtaine d’année pour les plus récents), ils étaient remisés dans leur boîte, au cas où …

Ils ont fait le bonheur de nombreux passionnés, des pros de l’époque et il reste, je le redis, des valeurs sûres pour progresser et propose de superbes images, avec le confort des appareils modernes.

Soyez raisonnables, laissez-vous tenter !

Osons une dernière comparaison : oui, vous irez d’Arlon à Knokke en Citroën 2CV, la radio sera inaudible, le chauffage inexistant, comme la clim, la sécurité bien aléatoire face aux mastodontes d’aujourd’hui et vous ne dépasserez pas le 90.

Mais vous allez vous marrer, connaître quelques pépins qu’il faut pouvoir résoudre sur le bord de la route et – finalement – arriver heureux mais fourbus.

Faites le même trajet ne fut-ce qu’en Citroën C3 …

Convaincus ?

6 commentaires sur “Oubliez les modes, choisissez un appareil qui vous aide à devenir meilleur photographe …

  1. JP, pour mieux faire comprendre mon point de vue quand j’écris que je crois n’avoir rien manqué à ne pas avoir d’appareil récent: Regarde le mode d’emploi des appareils actuels et dis-moi ce que tu en penses? Va-t-on vers la simplicité d’usage???

    • Nic, tu as encore une fois raison : entre les 597 pages de l’Eos 5 D Mark III et les 59 du Canon A-1, comme on dit, y a pas photo ! Or le second a fait – et fait encore – merveille, y compris sur les champs de bataille aux quatre coins de la planète ! Peut-être sont-ce les photographes qui ont changé/évolué, abreuvés de marketing pour des « trucs » dont on se demande qui va les utiliser un jour !
      Je reprends ma comparaison avec les voitures anciennes et modernes : est-ce nécessaire d’avoir de « l’infotraitment » dans ta voiture pour aller d’un point A à un point B ? Par contre, des freins, une direction, des suspensions, des pneus efficaces, depuis les premières voitures, ça reste l’essentiel. Le reste, c’est du confort – certes, qui améliore à bien des égards la sécurité – mais j’en vois combien qui « bidouille » leur écran truc-machin au lieu de regarder la route.
      Toutes les sophistications des nouveaux appareils permettent d’aller très loin mais qui va aussi loin dans tous les domaines ?
      Un bon œil, quelques notions éprouvées, le temps de (bien) faire les choses, il n’en faut pas plus à un photographe pour raconter ses histoires.
      Ne soyons pas passéistes, restons juste réalistes.
      Mes amitiés.

  2. J’en suis resté aux « dinosaures » (appareils des années 40 aux années 80) et je n’ai pas l’impression de manquer grand chose… Estimer l’exposition et la mise au point, quoi d’autre qui relève de l’appareil a de l’importance?

    • Bonjour Nic, tu as raison mais n’oublions pas que beaucoup de personnes n’ont jamais maitrisé un boitier ancien : certains parce qu’ils n’avaient pas forcément le fibre photographique et qui étaient très heureux de leur compact tout automatique qui leur rendait les services attendus; d’autres parce que trop jeunes pour avoir connus ces vénérables ancêtres (même si ce sont parfois les plus assidus pour comprendre, tester, essayer); d’autres encore on trouvé dans le numérique la facilité quoi leur manquait pour s’exprimer pleinement.
      Mais on oublie souvent que les algorithmes modernes ne sont jamais que les extrapolations des programmes des premiers boitiers « électroniques », eux même les résumés des pratiques liées au triangle d’exposition et autres aptitudes des photographes à « ressentir » la lumière.
      Finalement, il reste le plaisir de photographier au mieux ce qui nous émeut, amuse, révolte, avec modestie, en peaufinant sans cesse nos connaissances. Bien à toi Nic.

  3. Entièrement d’accord avec toi !
    Pour résumer, mieux vaut photographier avec un appareil simple que l’on maîtrise bien, plutôt qu’un mastodonte technologique dont on ne sait pas utiliser la moitié des fonctions.
    La qualité des photos ne dépend pas du prix de l’appareil, mais du photographe. 😉
    Bonne soirée, JP !

    • Hello Phil, ça, nous ne le dirons jamais assez : sans photographe, pas de photographie ! Et c’est ses aptitudes qui feront ou pas une bonne photo. Le boitier n’est jamais qu’une chambre noire plus ou moins sophistiquée. Et plus elle l’est, moins c’est facile à utiliser, sans être forcément plus performant. D’excellents photographes ont fait des merveilles avec des « machins » que nous ne regarderions même plus de nos jours. Belle fin de semaine sous le soleil.

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