Le RevueFlex SD1

Vous allez rire, mais celui-ci, il m’a fait de l’œil sur une brocante en Flandres à cause … de sa lanière jaune !

Sérieusement, je me suis douté que sous cette dénomination, devait se cacher un Chinon.

C’est une marque dont je vous ai déjà présenté quelques exemplaires, comme le CM-4s, le CE-4 ou le RevueFlex AC-2 et – soyons un brin iconoclaste – l’Alpa Si 3000.

Peut-être un mot sur la marque RevueFlex, très connue surtout en Allemagne, mais pas que !

C’est la maison de vente par correspondance allemande Quelle (Nuremberg) qui a fondé, en 1957, la filiale Foto-Quelle.

Foto-Quelle est devenu le plus grand détaillant d’appareils photo, de matériel pour la photographie et optique (jumelles) d’Europe en 1966 et le plus grand au niveau mondial en 1970.

Il distribuait, deux fois par an, un catalogue fort attendu car richement illustré en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, en Belgique, en Italie, en Suisse et aux Etats-Unis.

Après avoir fusionné en 1999 avec Karstadt Warenhaus AG (une chaîne de grands magasins) pour devenir KarstadtQuelle AG, en 2009, la holding du groupe, appelée Arcandor, a fait faillite. Foto-Quelle et la marque Revue ont été acquises par ORWO Net GmbH.

De nos jours Foto Quelle est juste un fournisseur de services pour les tirages photo, des livres photo, des calendriers, etc. Triste fin !

Bref, c’est Foto-Quelle qui a créé cette marque de « distributeur » que l’on retrouve sous les dénominations de Revue ou RevueFlex.

De fait, Foto-Quelle vendait les appareils photo d’autres fabricants comme dans les années soixante Petri et Konica, les produits de l’usine russe KMZ (plusieurs appareils Zenit) et les japonais de Chinon, Cosina, Mamya, p. ex.

Pour votre édification, je vous invite à aller voir ici la quantité astronomique de produits re badgés Revue ou RevueFlex.

En soi, c’est une aubaine pour qui cherche à prix raisonnable des appareils qui, sous leur marque, pourraient être bien plus chers. En effet, de nos jours – sauf vous qui me lisez et/ou qui vous intéressez un peu à l’historie de la photo – qui se souvient de ça et pourrait remettre en perspective un Revue 35CC avec un Chinon Bellami ou un Revue AM avec un Mamya ZE-2, un Revue ML avec un Praktica MTL 5B, un Revue LTL avec un Wirgin Edixa Prismaflex LTL, … ?

Car ils ont sévi tant dans le compact que le réflex, le 6X6, le 127, le 110, l’instantané (si, si, ils ont re badgé le Polaroid Autofocus 660 en Revue Autofocus 660 !), les formats mini comme le Minolta 16MG (Revue 16) et même les disc.

Au fait, pourquoi avoir utilisé cette tactique ? Rappelez-vous , Quelle était le plus grand vendeur par correspondance d’Europe, tous produits confondus. La force de ce type d’entreprise est l’achat en grande quantité, ce qui permet de négocier les prix et ensuite de proposer à la clientèle un prix relativement bas. On joue alors sur les volumes.

Avec les appareils photos, c’était différent : les marques imposaient un prix que les détaillants devaient respecter.

D’où l’idée de faire « fabriquer » sous leur nom les mêmes appareils, avec parfois un petit détail différend, car il n’y avait plus alors de prix fixé et Foto-Quelle a pu négocier des réductions importantes, qu’ils ont répercuté à leur clientèle.

Cette façon de faire a permis à de nombreux clients d’acheter des appareils autrement plus chers, en gardant la même qualité de fabrication. Mais, revers de la médaille, les chagrins ont souvent contesté la dite qualité, arguant qu’il s’agissait d’appareil de « seconde zone », des produits blancs.

Dites, et si vous achetiez un Alpa SI 3000 au prix Alpa, saviez-vous qu’il s’agissait d’un Chinon CE-4 ?

Bon, mais revenons à notre RevueFlex SD 1, en fait un Chinon CS-4.

Petite particularité de ce CS-4, qui date de 1980 : c’est la version semi-automatique du CE-4 que je vous ai déjà présenté. Si le CE-4 utilise la monture Pentax K, le CS-4 reste fidèle à la M42 à viser. C’est un des derniers appareils « modernes » pour objectif à vis en monture M42.

L’obturateur est un Seiko mécanique à lames métalliques et à déplacement vertical qui nous donne les vitesses « classiques » de 1s à 1/1000s, avec une synchro flash au 1/60s,et une pause B. Au déclenchement, le son est assez discret, un bon point. Le déclencheur est encore muni d’un pas de vis pour un déclencheur à fil.

Pour le faire fonctionner, il suffit de glisser deux LR44 (ou SR44) – la trappe à viser est dans la semelle – elles alimenteront le circuit de mesure de la lumière et les LED qui indiquent si l’exposition est correcte, sur ou sous exposée, nous y reviendrons. A noter donc que les piles n’alimentent que la cellule, ce qui veut dire que l’appareil fonctionne même sans elles mais vous n’aurez plus l’indication pour la prise de vue.

Tiens, tant qu’à parler de LED, il y en a une qui intrigue, celle qui est sur la face avant de l’appareil, là où on s’attendrait à trouver un retardateur.

C’est ce que Chinon appelait une « lampe action » car elle clignote tant que l’obturateur est ouvert. Est-ce bien utile ?

Comme je l’écrivais un peu plus haut, je reviens sur les autres LED, celles du posemètre, qui est couplé. La mesure de la lumière se fait à travers l’objectif (TTL) et elle est mesurée à l’ouverture réelle. Pour l’actionner, il faut pousser le levier sur le côté gauche du fut d’objectif vers le haut. Dès lors, l’appareil passe en mode exposition et selon l’ouverture et la vitesse choisie, indiquera si la combinaison est bonne : LED rouge en haut du viseur en cas de surexposition, LED verte au centre si c’est bon, LED rouge en bas si sous exposition.

Tout le sel de la technologie « intelligente » des années quatre-vingt !

Petite remarque en passant : lorsque vous rangez l’appareil dans un sac, vérifiez que le levier de la cellule n’est pas actionné car ça vide les piles rapidement.

Pour le reste, du grand classique, fonctionnel et rassurant : vous réglez la sensibilité de la cellule en soulevant le barillet des vitesses (de 25 à 1600 Asa), vous sélectionnez la vitesse désirée et vous réglez l’ouverture jusqu’à ce qu’une LED s’allume (la verte, c’est mieux), vous réglez la distance et la netteté puis vous déclenchez.

En fin de film, il suffit d’appuyer sur le bouton sous la semelle pour pouvoir rembobiner et vous ouvrez le dos de l’appareil en tirant sur la bobine de gauche.

Le Levier d’armement a une position dite rapide, c.-à-d. qu’il peut être un peu en retrait du corps pour armer plus vite

Au dos de l’appareil, le classique cadre « mémo » pour y glisser le dessus de la boite de film.

Si nous devions résumer : c’est un appareil facile à prendre en main, léger (corps en plastique et métal), pas très grand (un chouia plus qu’un Olympus OM-1), semi-automatique avec une cellule précise, un viseur clair à défaut d’être très grand (92% de couverture), une ergonomie classique des années quatre-vingt, une synchro flash et – surtout – l’accès à une large gamme d’objectifs dont certains de qualité grâce à la monture en M42 (à essayer avec un Takumar p. ex.).

Donc, si vous en trouvez un – avec ou sans lanière « flashy » – prenez-le, c’est un bon appareil « école ». Vous pourrez le négocier, avec un 50mm, à moins de 50€ car, finalement, ce n’est qu’un RevueFlex.

Pour des exemples de photos prise avec cet appareil, c’est par LA et LA.

Videos d’illustration

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Un peu de technique :

Fabricant d’origine : Chinon K.K. – Fabriqué au Japon
correspond au Chinon CS-4
L=139mm ; H=87mm ; T=55 mm (sans objectif), 450gr nu
Filetage de lentille M42
Posemètre couplé
Alimentation 2 x SR44 1.5V
25 à 1600 ASA
Obturateur mécanique à plan focal à lamelles métalliques Seiko
Vitesses d’obturation : 1 / 2 / 4 / 8 / 15 / 30 / 60 / 125 / 250 / 500 / 1000 / B / (1/sec.)
Viseur à prisme avec stignomètre à coïncidence avec verre dépoli
Flash avec sabot de contact central (X-sync)
Pas de vis pour trépied

Des références : http://www.optiksammlung.de/Revue/RevueflexSD1.html, https://www.juergen-adler.de/2014/07/24/revue-sd-i-damals-als-die-80er-jahre-welt-noch-in-ordnung-war-und-man-bei-foto-quelle-bestellte/ en allemand; https://www.bkspicture.com/blog/review_RevueFlex_SD1.html, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Revueflex, http://camera-wiki.org/wiki/Foto-Quelle, http://camera-wiki.org/wiki/Chinon_CS-4, en anglais; https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-3393-Chinon.html, https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-3396-Chinon_CS-4.html, en français

2 commentaires sur “Le RevueFlex SD1

  1. Un bon point est qu’il n’utilise pas ces satanées piles au mercure! Par contre, les LED dans le viseur, je suis moins fan…

    • Bonjour Nic, eh oui, c’était le progrès en …1980 ! Moins précis que les systèmes à aiguille (ON/OFF) mais tellement dans le vent alors. Ceci dit, l’appareil n’est pas mauvais et comme tu le fais remarquer, les piles sont déjà des LR ou SR44 donc il ne faut pas recalibrer la cellule. Mes amitiés.

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