Le Praktica Super TL 1000

Entre 1949 et 1990, 8.500.000 appareils sont sortis des ateliers de Praktica à Dresde. Vous n’auriez aucune excuse pour me dire que vous ne connaissiez par la marque, elle aussi à l’origine une entreprise spécialisée dans l’optique.

Mais, pour vous rafraichir la mémoire, je vous fais un petit récapitulatif de leur historique :

Depuis 1830, Dresde (Dresden) en Allemagne de l’Est (alors en Allemagne tout court, la guerre n’étant pas encore passée par là) est le berceau de la fabrication d’appareils photos et d’optiques de qualité.

Un ensemble de fabricants se sont regroupés en 1926 pour former l’entreprise Zeiss Ikon, la plus grande de son époque, qui sera absorbé en 1959 par le conglomérat Pentacon VEB, qui deviendra le Kombinat Pentacon Dresden en 1968..

Et pour enfoncer encore un peu le clou voici la liste des appareils appartenant au groupe ayant obtenus une médaille d’or à la Foire de Leipzig

source : Praktica-collector

C’est à Dresde que fut inventé, en 1936, le premier appareil photo reflex 35 mm à double objectif avec objectif interchangeable et posemètre intégré.

Le Praktiflex 35 mm SLR a été lancé en 1939. Le concept s’est avéré un succès et, grâce à un développement continu, le nom Praktica est devenu l’une des marques de reflex 35 mm les plus populaires pendant plusieurs décennies.

source : Wikipedia

Puis, en 1949, le premier appareil photo reflex à objectif unique Praktica est proposé avec une monture d’objectif M42.

source : Camera-wiki

Les nouveaux modèles seront les séries FX, IV, V, Nova et L . Ce sont elles qui ont donné l’impulsion du succès et la reconnaissance mondiale à la marque.

source : Retina rescue

La seconde guerre mondiale est terminée. Dresden est rasée et tout est à reconstruire. Cette partie de l’Allemagne est passée sous le régime communiste de l’URSS et finalement, tous les fabricants d’appareils photos et d’optiques sont « priés » de fusionner pour fonder la société Pentacon.

En 1978, les appareils Pentacon et Praktica ont été les premières caméras et reflex à rejoindre un programme spatial habité, menés par les Russes.

Finalement, en 1985, Pentacon fusionne avec Carl Zeiss Jena et présente une gamme d’appareils photos et de jumelles de sport modernes.

En 1989, à l’effondrement du communisme et la chute du mur de Berlin, le partenariat entre Pentaon et Carl Zeiss prend fin. C’est alors le groupe Schneider qui investit massivement dans Pentacon et les aide à continuer la fabrication des appareils Praktica.

De nos jours,, la marque existe toujours est s’est spécialisée dans des produits d’imagerie photographique (appareils numériques et caméras) et l’optique sportive (jumelles).

Depuis que j’ai commencé à analyser ces appareils, je suis toujours surpris à la fois par la richesse (méconnue, avouons le) de cette histoire et par le nombre d’innovations (elles aussi peu reconnues) sorties par Praktica.

Qui eut le tort de privilégier des prix abordables pour ses appareils – mais n’oublions pas non plus que l’entreprise était soumise aux règles de productivité des entreprises communistes du bloc de l’Est.

Cependant, cette politique, qui avait surtout pour but de faire entrer des devises, a eu un impact tout à fait positif pour de nombreux amateurs, qui voyaient là le meilleur moyen d’acquérir un appareil performant et abordable. Les Praktica – je l’ai déjà écris maintes fois – ont fait le bonheur de milliers de photographes.

Ceci étant posé, venons en à l’appareil du jour, le Praktica Super TL 1000, apparu pour la première fois en février 1980. De fait, il se situe entre le Praktica MTL 3 et le Praktica MTL 5. Les boitiers sont, comme toujours, très similaires et la plupart des spécifications des deux premiers se retrouvent dans le Praktica Super TL 1000.

Notamment la mesure TTL (à travers l’objectif) de la cellule, une CdS alimentée par une pile, un indicateur à aiguille pour le réglage de la luminosité, une griffe flash et la célèbre monture en M42 à viser.

Par contre, il n’a pas de retardateur ni de contact flash PC (c.-à-d. avec un cordon de raccordement).

Les premiers exemplaires, dont l’appareil que j’ai acheté fait partie, ont un recouvrement en similicuir synthétique réticulé, avec une molette des vitesses chromée, et ce jusqu’en 1984. Après cette date, le revêtement devient lisse et la molette des vitesses est noire, ceci pour faire « plus moderne ».

Sa fabrication à été arrêtée en décembre 1986, après qu’environ 400.000 exemplaires aient été produit.


Selon Michael Sorms, le Praktica super TL 1000 a été vendu au Royaume-Uni sous de nombreux noms différents tels Praktica TL 3, Nova II, PM 3, MTL 3 ou MTL 5, mais il ne faut pas les confondre avec le vrai MTL 3 ou MTL 5. Ces caméras re badgées peuvent être identifiées facilement car le nom était généralement placé sur un autocollant. Ce qui me fait penser que je vais vérifier mon MTL 5, … avec un autocollant … (qui s’est avéré être donc un Super TL 1000 anglais !)

Ce petit tableau reprend la genèse des modèles, le nombre d’appareils produits et leurs différences

appareildatesnombre produitdifférences
Praktica Super TL 10001980-1986400.000pas de contact PC flash, pas de retardateur
Praktica Super TL 50019818000idem ci dessus mais limité au 1/500s
Praktica MTL 51983-1985591.000retardateur, contact PC flash
Praktica MTL 5B1985-1989568.000plus de contact PC flash, retardateur, stigmomètre en diagonale
Praktica MTL 501985-1989200.000plus de contact PC flash, LED pour évaluer la luminosité
Jolie la pub de Pentacon …

Si l’appareil est lourd (mais pas plus que certains de ses concurrents japonais de l’époque finalement), il est stable, fiable, le déclencheur est vraiment confortable malgré sa position sur la façade et la molette de vitesse d’obturation est très facile à tourner même avec un seul doigt.

Et puis, c’est une tranche d’histoire que vous tiendrez en mains … plus vintage que ça …!

Pour le reste, c’est du connu : si vous avez lu les articles sur le MTL 3 et le MTL 5 vous savez comment il fonctionne :

source : Flikr
  • vous actionnez le posemètre en appuyant sur le bouton au dessus du déclencheur. Comme ce bouton arrête le diaphragme, vous effectuez la mesure à l’ouverture prévue et il vous donne une idée de la profondeur de champ
  • la sensibilité du film peut-être réglée de 12 à 1600 Asa
  • le viseur est clair et les données sont limpides à comprendre : un signe + et un signe – dans lequel vous faites évoluer l’aiguille en modifiant la vitesse ou l’ouverture de l’objectif; pour la mise au point, c’est un stigmomètre (rond brisé) entouré de microprismes sur verre dépoli circulaire. Ah oui, à gauche, toujours ce sympathique indicateur qui vous prévient si l’appareil est armé on non.
  • l’obturateur est toujours métallique, à plan focal vertical qui autorisent des vitesses de 1s à 1/1000s plus une pause B, avec la synchro du flash au 1/125s. Ce n’est pas l’obturateur le plus discret mais dans un concert de hard métal norvégien personne ne vous dira quoi que ce soit; si c’est de la musique de chambre, par contre …
  • le déclencheur est toujours placé sur la façade, en oblique. Il est relativement doux et sa position originale est censée éviter les flous de bougé
  • la cellule fonctionne avec une pile PX 625 ou une LR44 dans un adaptateur (ou bricolée avec un joint torique et 2 rondelles métalliques pour compenser l’espace libre). Elle ne sert qu’à alimenter la cellule, ce qui veut dire qu’en cas de pile HS vous pouvez toujours photographier (prévoir une cellule à main dans le sac est toujours un bon conseil)
  • la monture est toujours la M42 et le parc est large, pas seulement chez Praktica mais aussi chez Pentax, Hellios, Zeiss, etc.

source : Collection-appareils.fr

La pub de l’époque

source : Collection -appareils.fr

Au niveau de la prise en mains, pas de surprise, c’est du connu. Il manque la prise PC flash ? Ben oui, mais vous utilisez encore souvent de si vieux flashs alors que les électroniques sont plus confortables et mieux dosés. Il manque le retardateur ? c’est très bien, vous aurez le loisir d’essayer de capter votre reflet dans les vitres, les flaques d’eau, les surfaces brillantes, etc. et vous laisserez les « selfies  » aux amateurs de smartphone.

Ce qui importe c’est d’avoir une bonne cellule, précise, des réglages faciles pour les vitesses (je le rappelle, vous pouvez les changer du bout des doigts, sans quitter le viseur des yeux), un vaste choix d’objectifs pour vos envies photographiques, abordables, et – cerise sur le déclencheur – un appareil fiable qui fonctionne par tous les temps (de -10°C à +40°C sans faillir).

Ne vous y trompez pas, si autant d’exemplaires ont été vendu, et pas seulement à l’Est, c’est que cet appareil répondait aux besoins des personnes désireuses de s’initier à la photographie sans se ruiner.

Car de nos jours, un bel exemplaire se négocie, avec un objectif (au moins un 50mm), autour des 50€ maximum.

Faites-vous plaisir, laissez-vous tenter.

Cet appareil est le dernier que je vous présente de cette troisième génération des Praktica issus de la série commencée par le L et j’en profite pour vous présenter le résumé des appareils que j’ai eu le plaisir de vous montrer

Pour en terminer, je vous dirais que quelque soit celui que vous choisirez, vous ne serez pas déçu car, in fine, les différences entre un MTL3 et un Super TL 1000 sont plus cosmétiques (et encore !) que fonctionnelles. Les modifications, vous ne les voyez pas, elles sont à l’intérieur avec une cellule qui passe du 4,5v (LLC) au 1,5v (Super TL 1000) en passant par le 6v du MTL 50, ou des miroirs qui évoluent, mais pour le reste, c’est kif-kif.

Si vous ne sentez pas l’âme bricoleuse, évitez le LLC car la pile initiale n’existe plus et pour atteindre les 4,5v demandés, il faut un minimum de débrouille : personnellement, j’ai installé une CR2 (3v), un ressort en spirale réalisé avec du fil de fer de 0,5mm à la largeur de la pile, une pile LR44 (1,5v) et une rondelle métallique pour assurer d’occuper tout l’espace du logement de la PX21 d’origine. Ça fonctionne parfaitement, le tout étant bien bloqué avec le ressort.

Video d’illustration

pour bénéficier de sous-titres dans votre langue, aller sur paramètres, cliquez sur « anglais généré automatiquement », puis traduire automatiquement et choisissez parmi celles offertes

Attention, ne tenez pas compte de sa façon de mettre une LR 44 dans le compartiment pile, ça ne marche pas si vous n’ajoutez pas 2 petites rondelles métalliques pour compenser l’espace libre. Le mieux est d’utiliser une PX 625 A ou un adaptateur avec une LR 44 à l’intérieur.

L’adaptateur pour remplacer la PX 625A dans lequel vous glissez une LR44 (prix : +/- 4€ pour 2 sur Ebay)

Quelques exemples de photos prises avec le Praktica Super TL 1000 par LA

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI

Enfin, si vous voulez avoir une vue d’ensemble de la production des Praktica, le site incontournable est par LA

Des références pour les curieux : https://sites.google.com/site/fromthefocalplanetoinfinity/prakticasupertl1000, http://www.praktica-collector.de/207_Praktica_Super_TL1000.htm, https://filmphotography.eu/en/praktica-super-tl-1000/ https://www.praktica.com/pages/heritage, https://www.dresdner-kameras.de/praktica/praktica.html en anglais, https://www.philcameras.be/collection/collectionm/opqr/prakticam.html, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-11118-Pentacon_Praktica%20Super%20TL1000%20.html en français, https://www.dresdner-kameras.de/, http://www.praktica-collector.de/, https://www.dresdner-kameras.de/praktica/praktica-export/praktica-export_english/praktica-export_english.html, en allemand

Vos commentaires sont les bienvenus, ils aident à faire avancer nos réflexions.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur L'Atelier de JP

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller au contenu principal