L’Olympus XA

Après vous avoir présenté l’Olympus XA-2 il y a un moment, j’ai enfin pu mettre la main sur le premier du nom, le XA, celui qui a écris la légende.

1978, le génial Yoshihisa Maitani, inventeur déjà du non moins célèbre Olympus Pen, récidive en inventant ce « petit machin » qui est sensé tenir dans une poche de chemise. C’est à la Fotokina qu’il se découvre et il sera commercialisé en mai 1979.

Rappelez-vous (après avoir relu l’autre article), à la suite du XA il y eut un XA2, un XA3 et un XA4. Comme souvent dans les séries, le premier est le plus connu et, paradoxalement peut-être, le plus abouti et le mieux fourni.

Petit récapitulatif pour mieux saisir les nuances :

D’accord, mais qu’est-ce qui le rend si populaire et fait gripper sa cote vers des sommets himalayens ?

Peut-être d’abord son excellent objectif Zuiko de 35mm, qui ouvre à f2,8, le même que celui d’un autre best-seller de la marque, le Pen (1967). Cet objectif de qualité possède 6 éléments en verre.

Ajoutons à celui-ci un télémètre précis quoique pas facile à régler si on a de gros doigts.

Puis encore un obturateur qui va de 10s au 1/500s dans un appareil à priorité ouverture. Vous réglez le diaphragme à votre guise, et la vitesse se fait en fonction, affichée à gauche dans le viseur. Celui-ci est assez clair, collimaté avec correction de la parallaxe, avec le patch du télémètre au milieu (carré jaune).

Source : diaxa.com

Revers de la taille de l’ensemble, il est difficile comme dit plus haut de faire la mise au point et la vision dans le viseur mériterait d’être plus confortable. La solution, utilisée par beaucoup de « street photographer’s » est de régler le diaphragme sur f5,6 et de faire la mise au point juste en dessous des 3m. Ainsi tout est net de 0,9m à l’infini et l’objectif donne le meilleur de lui-même.

Le réglage de l’ouverture se fait grâce au levier situé à droite de l’objectif, en façade. Vous trouverez (moi grâce à mes lunettes de vue) une position flash puis des ouvertures de f2,8 à f22

Bon, ici je me dois de faire une parenthèse.

Le premier appareil en 24×36 dit « de poche » serait le Rollei 35 apparu en 1967. Un petit rectangle tout en métal qui possède un objectif rétractable. Puis vint le Minox 35, encore plus petit avec lui aussi un objectif rétractable. Car il fallait bien caser quelque part le 35mm dont étaient équipés ces deux petites merveilles de taille réduite.

Or dans le XA l’objectif de 35mm est … fixe.

C’est là que l’on comprend encore mieux le génie de Yoshihisa Maitani : cet objectif à six éléments en cinq groupes est un grand angle à rétrofocus inversé (c’est-à-dire que la mise au point se fait en interne) qui a été modifié pour raccourcir sa longueur totale (environ 31 mm de l’élément avant au plan du film) par rapport à sa distance focale d’une manière ressemblant à celle d’un vrai téléobjectif. Afin de pouvoir couvrir le format 24 x 36 mm, de grands éléments arrières sont nécessaires et, pour plus de rigidité ainsi que de faible profondeur, une mise au point interne (en déplaçant le troisième groupe optique d’avant en arrière) a été choisie. Les problèmes optiques qui ont dû être résolus suite à cette approche peu orthodoxe étaient redoutables : des verres à indice de réfraction élevé ont dû être utilisés pour contrôler les aberrations dans le champ de l’image et les éléments optiques ont dû être fabriqués et alignés selon des tolérances très étroites.

Bien sûr ces innovations vont en entrainer d’autres, notamment au niveau du télémètre. Sa base, d’environ 1,6cm, est la plus courte jamais intégrée dans un télémètre plein format. Il fait la mise au point sur toute sa plage d’avant en arrière sur 1,27cm. Les distances de mise au point (en pouces pour les USA et en centimètres ailleurs) sont indiquées dans une petite découpe au-dessus de l’objectif, que l’on voit en regardant l’appareil par le haut.

Tout dans cet appareil a été conçu en fonction de sa destination : être un appareil de poche. C’est la raison de ce couvre objectif coulissant, arrondi et peu saillant, qui lui permet de se glisser partout. Tous les éléments fragiles sont couverts par ce capot lors de sa fermeture, même la fenêtre du télémètre car le mouvement de fermeture actionne un petit volet qui vient la couvrir et la protéger aussi des poussières.

Vu donc sous l’angle des innovations, on comprend mieux l’engouement qu’il suscite et la qualité reconnue de l’objectif enfonce le clou !

Tout a été pensé dans cet appareil pour réduire sa taille mais la rendre confortable et utilisable. C’est un véritable cours de design auquel nous assistons en parcourant ses formes et fonctions : le réglage de l’ouverture par curseur, le bouton de l’objectif pour aider à la mise au point (télémètre), le minuscule levier en dessous avec 3 fonctions distinctes, la fonction rembobinage et ouverture du dos en un seul ensemble, le déclencheur électro-magnétique très doux pour éviter les vibrations et les mouvements inopportuns, les stries discrètes qui facilitent l’ouverture et la fermeture du capot protecteur.

Vous n’êtes pas encore convaincu ? Lorsque vous déployez le petit levier qui actionne le retardateur, il forme un petit support qui stabilise le boitier si vous le placez sur une table, le temps que vous couriez vous mettre devant pour être sur la photo.

Tant qu’a encore parler de miniaturisation, le XA possède un minuscule haut-parleur, caché sous le capot. Celui-ci émet un bip discret lorsque justement le retardateur fonctionne, ou lorsque vous vérifiez si la pile est toujours ok.

Au fait, le compartiment pile est en dessous, juste à côté du filetage pour le trépied, excentré pour une meilleure répartition du poids. Le XA utilise soit 4 piles LR44 soit 2 pile CR-1 (il faut 6v).

En pratique, vous avez ouvert le compartiment arrière, placé un film dans la chambre et, volet protecteur fermé, vous pouvez armer et déclencher deux fois pour amorcer correctement le film. Vous refermez et armer encore une ou deux fois : vous voilà prêt pour vos premières photos. N’oubliez pas de régler la sensibilité du film.

En portant l’appareil à l’œil, vous verrez dans le viseur, selon l’ouverture choisie, la vitesse déterminée par le boitier (échelle avec aiguille à gauche). Si l’aiguille grimpe au delà du 1/500s, vous risquez la surexposition. Il faut alors actionner le curseur d’ouverture, en façade, pour essayer de revenir à des valeurs exploitables. Normalement, vous pouvez effectuer la manœuvre sans quitter le viseur des yeux, avec un peu d’habitude.

Pour le réglage de la distance, avec un doigt de la main gauche vous ferez tourner la bague des distances afin d’amener les deux images qui apparaissent à coïncider. Bon, d’accord, avec un si petit télémétrique, vous pourrez avoir des doutes sur la précision, et ce n’est pas toujours aisé d’y arriver (un peu d’habitude aide) mais dites-vous qu’un tel objectif, presque un grand angle, avec ces spécifications, ne nécessite pas au départ une mise au point ultra-précise puisque sa profondeur de champ relativement grande fournira généralement des images suffisamment nettes malgré des écarts de mise au point mineurs.

Si tout est bon, un appui léger sur le gros rectangle orange, un petit clic très discret, c’est dans la boîte !

L’utilisation d’un flash augmente un peu sa taille mais rien de rédhibitoire, vous pourrez encore le mettre en poche. Le flash est un A-11, que l’on fixe sur le côte (comme pour le XA-2). Il utilise une seule pile AA classique (1,5v).

Vous devrez faire remonter le curseur des ouvertures sur la position flash. Dès lors, l’ouverture sera de f4 et la vitesse de 1/30s. Attention, sa puissance est réduite mais sera suffisante pour un portrait.

Tout est-il parfait dans ce petit appareil sympathique ?

Ah, la perfection n’existe pas. Relevons quelques désagréments : le premier est le risque de mettre les doigts sur l’objectif et d’y laisser une vilaine trace. Il faut vraiment ouvrir l’appareil comme indiqué pour l’éviter. Ensuite, le déclencheur, certes très doux, affleure le haut du capot et il arrive qu’on appuie dessus par inadvertance, gâchant ainsi une vue.

Alors que penser de ce (tout) petit Olympus XA ?

Il a été le plus petit appareil 24×36 pendant un moment. Il ne sera détrôné que par le Minox GL 35, que nous verrons bientôt (si, si j’en ai aussi trouvé un).

C’est réellement un condensé de bonnes idées et de qualités, qui ont maintenant une bonne trentaine d’année et qui restent encore d’actualité.

Quelques images prises avec cet appareil, LA, vous convaincront peut-être de l’acheter.

Mais reste la question épineuse du prix justement. Aujourd’hui, un bel exemplaire en parfait état se négocie autour des 180€, mais comme le dit l’adage, « quand on aime on ne compte pas ».

Toutefois soyez attentif, il peut y avoir de bonnes affaires à faire, en fouinant un peu. Et là vous aurez tout le plaisir de photographier avec ce petit boitier attachant, sans remords …

Videos d’illustration :

Le mode d’emploi est à télécharger ci-dessous :

Des références : https://en.wikipedia.org/wiki/Olympus_XA, https://www.kenrockwell.com/olympus/xa.htm, https://casualphotophile.com/2018/06/20/olympus-xa-review-35mm-film-camera-rangefinder/, https://www.analog.cafe/r/olympus-xa-f6rw, http://camera-wiki.org/wiki/Olympus_XA, https://fstoppers.com/reviews/review-olympus-xa-561421, https://www.diaxa.com/xastart.htm (une mine de renseignements) en anglais; https://www.lomography.fr/magazine/172650-29-39-olympus-xa-the-perfect-camera-to-capture-people-on-the-street, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-908-Olympus_XA.html, en français.

4 commentaires sur “L’Olympus XA

  1. Bonsoir JP, un détail qui m’a fait abandonner ma recherche d’un olympus XA ( mais aussi des boitiers compacts ), c’est le risque d’avoir des champignons sur les lentilles. En effet , je n’ai jamais démonté de boitier de ce type et le seul que j’avais commencé à démonter était un FUJICA HD-S. Après quelques heures, j’ai fini par arrêter car c’est vraiment trop compact ! Bref, le XA est un superbe petit appareil qui a bien sa place dans une poche de poitrine.

    • Ah ça je n’essaierais pas non plus, trop petit à démonter et trop ajusté. Ici je n’ai pas ce soucis, il avait été bien remisé au sec. Je prépare un comparatif avec le Minox L35 pour voir lequel à le plus sa place dans une poche de chemise. Bien amicalement Olivier.

  2. Bonjour J-P, Ah, l’olympus XA, le modèle qui laisse encore le soin à l’utilisateur de régler l’ouverture ( l’XA-2 a perdu cette possibilité). Très difficile à trouver en occasion ( ou alors à des prix stratosphériques )… Quoique, parfois dans les braderies, avec de la chance… Pendant quelques temps je regardais régulièrement sur les sites pour en trouver un ( pas trop cher ! ) et finalement, je suis resté aux Reflex 24×36 avec un petit passage par un CANON AS-1. d’ailleurs, tu l’as trouvé ou ton XA ?

    • En brocante, à un prix dérisoire, la personne ne savait pas ce qu’elle vendait. Si j’aime bien ces « miniatures », j’avoue que je suis aussi plus à l’aise avec un 24×36, l’âge sans doute … Bien à toi Olivier.

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