Le Yashica Lynx 5000E

L’histoire de Yashica est riche d’appareils qui ont marqué l’histoire de la photographie argentique. La marque a eu le tort de disparaitre trop tôt …

Je vous encourage à relire l’article consacré au Yashica Electro 35 GSN dans lequel je reprenais, rapidement, l’historique de la gamme.

Pour mémoire, tout commence en 1958 lorsque le fabriquant sort le Yashica 35, suivi en 1959 d’un Yashica YL, en 1960 d’un Yashica M ou Minister. Toujours en 1960, une ligne supplémentaire s’ajoute avec le Lynx 1000, suivi d’un Lynx 5000 en 1962 et d’un fabuleux Lynx 14 en 1965.

Cette lignée, destinée aux photographes “experts” sera couronnée en 1969 par un Lynx 5000E et un toujours magnifique Lynx 14E.

Il n’y aura pas d’autre descendance. Les télémétriques luxueux, comme les Canon QL de troisième génération, les Minolta Hi-Matic et les Yashica Electro, les Yashica Lynx seront les derniers télémétriques à objectifs fixes “haut de gamme”. Début quatre-vingt, l’autofocus pointe le bout de son nez, les moteurs intégrés aussi et, surtout, les photographes de l’époque ont envie d’appareils simplifiés, voire simplissimes … mais qui fassent d’excellentes photos. Les compacts des années nonante sont en gestation, qui ne seront supplantés que par les ultra compacts de l’ère du numérique !

Mais revenons à notre Yashica Lynx 5000E.

Et pour cela, je vais vous parler du … Lynx 1000, premier du nom.

source : Monsieur Suaudeau

Plus compact que les Yashica Minister contemporains, il propose une cellule au sélénium, couplée, un obturateur à feuille qui atteint le 1/1000s, et un objectif ouvrant à f2,8 pour une version et f1,8 pour l’autre.

Il est très agréable à prendre en main, les commandes tombent naturellement sous les doigts (levier d’armement, déclencheur, ergot sur la couronne pour la mise au point rapide). Une petite fenêtre sur le capot laisse voir l’aiguille de la cellule et deux repères lumineux (over/under) aident à trouver la juste exposition.

Revenons un instant sur l’obturateur, un Copal SV, placé dans l’objectif Yashinon (6 élément en 4 groupes), un 45mm ouvrant à f1,8 et qui ouvre jusque f22, rare sur ce type d’appareil. Les vitesses s’étagent de la pause B puis d’1s à 1/1000s. A l’époque, seuls quelques reflex (SRL) offraient cette vitesse de compétition.

Tiens au fait, il fut baptisé “Lynx” par rapport à la vitesse de son obturateur !

La synchro flash est à toutes les vitesses sur la prise X. Un retardateur de 8s complète la présentation.

Pour régler la sensibilité Asa, il faut manipuler un petit levier sur le barillet de l’objectif. La cellule est sensible de 10 à 800 Asa, bien large aussi pour l’époque.

Son viseur, lumineux, possède les mêmes cadres de correction de la parallaxe automatique que ceux de la série Yashica Electro G.

Pour être complet, rappelons que le Lynx 1000 fut aussi proposé en 1962/63 avec un objectif f2,8 de 45 mm mais avec un obturateur allant jusqu’au 1/500s seulement.

Et pour en finir, le Lynx 1000 était considéré comme le haut de gamme des télémétriques Yashica de l’époque (1960) juste au dessus des Minister.

En fait les deux modèles, le Lynx 1000 et le Lynx 5000, partagent l’obturateur à feuilles Copal SV , l’objectif Yashinon 45 mm f1.8 à monture fixe (filetage de filtre de 46 mm) et le viseur à cadre lumineux avec télémètre couplé à correction de parallaxe. La mise au point minimale est de 80 cm.

Ici aussi la visée est très claire : dans le viseur, il y a un cadre brillant qui se déplace suivant le réglage de la distance de mise au point afin d’éviter les erreurs de parallaxe.

En fait, lorsque vous visez en réglant la distance, vous voyez varier l’image du télémètre et le cadre se déplacer. Facile et confortable.

Mais il y a une grosse différence entre les deux appareils : la cellule !

Si elle est au sélénium sur le Lynx 1000, elle est au sulfure de cadmium (CdS) sur le 5000. Qui aura donc dorénavant besoin de pile pour actionner la mesure de la lumière.

Vous devez appuyer sur un bouton en façade pour activer la cellule (un bonton marqué “Switch”). Sur le capot de l’appareil, sous un verre épais, une aiguille se déplace selon les réglages de l’objectif. A remarquer que cette fenêtre est séparée en deux par un trait épais. Il faut alors régler la vitesse et l’ouverture pour amener l’aiguille sur ce trait. Sous le trait, une zone “under” vous signale une possible sous exposition tandis qu’au dessus, une zone “over” signale une possible surexposition. Notons qu’une autre aiguille est visible dans le viseur.

Puis vint le Lynx 5000E, qui progresse encore, tout en gardant les bonnes choses de son prédécesseur (obturateur au 1/1000s, objectif lumineux, cadre lumineux et télémètre facile).

Exit toutefois la fenêtre extérieure de la cellule, cette fois elle est dans le viseur avec un affichage par diode des Over/Under qui apparaît quand nécessaire.

Mais surtout, il introduit un obturateur à circuit intégré, comme sur les Electro 35 G, GS, GSN/GTN. Vous verrez le sigle connu sur la face du boitier

A la différence cependant des Electro cités, il n’y a aucun automatisme sur le Lynx 5000E (ni sur le Lynx 14E) car, rappelons-le, ils étaient destinés aux photographes “experts” qui voulaient garder la main sur tous les réglages.

Bref, du beau matériel qui devrait inspirer les photographes de rue qui ont envie d’essayer autre chose que les Electro 35, les Canonet QL 17 ou QL 19 GIII, les Minolta Hi-Matic 11 ou 7sII (tous excellents, entendons-nous bien !)

Si je le compare à un Electro 35G, il est plus compact, même s’il est pratiquement exclu de le glisser dans une poche.

Pour le charger, il faut appuyer sur un petit bouton situé sur la semelle, ce qui libère la porte arrière. Inutile donc de tirer sur la tige de rembobinage, elle ne sert qu’à dégager la bobine lors du changement.

Notez le large oculaire du viseur, confortable.

Il n’y a pas de contact électronique pour le flash, juste une griffe, et un contacteur X synchronisé à toutes les vitesses, grâce à l’obturateur Copal devenu électronique. .

L’autre petit bouton sous l’appareil sert à débloquer le film pour rembobiner en fin de course. C’est aussi en appuyant dessus une fois que l’on peut envisager de faire des surimpressions puisqu’il débraye l’entrainement du film jusqu’au prochain armement.

Ah oui, un mot sur les piles. Autrefois au mercure, elles sont introuvables. Vous pouvez les remplacer par 2LR 44 que vous glissez dans un adaptateur ou 2 PX625A. Il faudra ajouter un ressort pour assurer la bonne hauteur. Et prenez la précaution d’entourer votre montage d’un bout de Gaffer pour éviter les cours-circuits. Ça fonctionne parfaitement.

PILE PX625 A MR9 625 V625U PX13 H-D KX625 RPX625 LR09 D625 EPX625G EPX625 LEICA
MR-9 PX625 Battery Converter Adapter for Film Camera 124g, Olympus OM1, Canon F1

Finalement, que retenir de ce boitier ?

Il présentait à son époque ce qui se faisait de mieux en terme de rapidité de son obturateur (peu d’appareil proposait le 1/1000s, même chez le reflex), la plage de la cellule est intéressante (de 10 à 800 Asa), la synchro flash à toutes les vitesses, il est totalement réglable, son télémètre est rapide et précis.

Cinquante plus tard, il reste une valeur sûre.

Les Lynx sont moins connus que les Electros 35, vendus pendant près de vingt ans et qui correspondaient à une certaine clientèle, attirée par leur automatisme.

C’est une gamme qui demande un peu de connaissances, qui se résument in fine dans ce que l’on appelle le triangle d’exposition, c.-à-d. la base que tout photographe argentique maitrisait (ou essayait de maitriser) et qui a permis quelques chefs d’œuvres.

Si vous avez la chance de croiser la route d’un bel exemplaire, il devrait être à vous pour moins de 50€.

Ne le laissez pas passer, vous le regretteriez.

source : Collection-appareils.fr, Photokina 1969

Une video de présentation

Petite video utile au cas où …

Pour le mode d’emploi, c’est ICI et LA

Quelques références : https://www.lomography.com/magazine/77611-yashica-lynx-5000e-yashica-haunts-my-dream-1, http://mattsclassiccameras.com/rangefinders-compacts/yashica-lynx-5000/, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Yashica_Lynx, https://www.mikeeckman.com/photovintage/vintagecameras/lynx/index.html, http://www.yashica-guy.com/document/chrono2.html, https://www.flickr.com/photos/28796087@N02/4267166922/in/pool-camerawiki, http://www.yashica-guy.com/document/chrono2.html en anglais, https://www.suaudeau.eu/memo/pratique/tel_yas.html, https://www.suaudeau.eu/memo/collection/Tlmfx/yl5e.html, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-11865-Yashica_Lynx%205000E.html, https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-1373-Yashica_Lynx%205000.html en français

Pour les réparations éventuelles : http://www.yashica-guy.com/document/lynxfix.html en français

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