Le Mamiya ZE

Si vous avez lu les autres articles consacrés aux Mamiya qui me sont passés entre les mains, vous savez que cette marque est surtout connue pour ses moyens formats réputés tels les M645 ou RB 67, ou l’étonnante gamme C avec les C330, appareil bi-objectifs aux optiques interchangeables ou encore le Mamiya Press.

Finalement, le secteur du format 24×36 était peu occupé même s’ils avaient sorti les excellents NC1000 et NC1000S, des automatiques à priorité vitesse (comme le Canon AE-1)

Mamiya n’a pas peur d’innover et de proposer des solutions originales, comme les doubles cellules qui permettent et la mesure spot et la mesure intégrale (comme sur le DSX 1000 et DSX 1000B).

Avec la série des ZE, ils vont essayer de se positionner dans le club assez fermé des reflex 24×36 et proposer ce qui devrait être une « vraie » série avec des technologies originales et évolutives : ils vont ainsi proposer à la fois l’automatisme à priorité à l’ouverture et le double automatisme (apanage d’un nombre restreint de constructeurs dont Minolta et Canon),

Trois boitiers ont ainsi été prévus dans la série des ZE :

  • le ZE : un automatique non débrayable à priorité ouverture, mise en mémoire de l’exposition (AE), la correction d’exposition et la possibilité d’y ajouter un moteur
  • ZE-1 : qui reprend les mêmes caractéristiques mais est un automatique débrayable
  • ZE-2 : qui reprend encore une fois les particularités de ses prédécesseurs mais propose en plus de double automatisme

Dès le 1er mars 1980, le Mamiya ZE est disponible, comme entrée de gamme (sans doute pour tester le positionnement de la marque). Ses concurrents de l’époque sont le Pentax MV et le Nikon EM, deux autres « tout automatique ».

La série inaugurait aussi une nouvelle gamme d’objectifs, les Mamiya Sekor E qui sont munis de 10 contacts de couplage électrique, répartis en 2 groupes (un de 6 contacts et un second de 4 contacts). Ce qui laisse présager des évolutions imaginées par la marque.

Petite remarque en passant : pour une fois, les optiques de la gamme des NC seront réutilisables avec les appareils de la série ZE (auparavant la compatibilité entre gammes n’était pas le fort de Mamiya)

Si nous regardons bien l’appareil, nous verrons que le barillet des vitesses est en fait réduit à sa plus simple expression, automatisme oblige

position auto verrouillable, position AE et deux autres pour la synchro flash et la pause B

Autre grande nouveauté mais qui ne se voit pas, c’est le pilotage du système par quartz, qui était jusqu’à présent l’apanage du Contax 139, et puis celles qui se voient, les contacts électriques entre le boitier et les objectifs.

Revenons un instant sur les transmissions objectif – boitier, assurées par les 10 contacts. Ils sont destinés à transmettre les paramètres optiques vers le boitier :

  • l’ouverture minimale
  • et l’ouverture maximale
  • celle affichée
  • la position automatique en priorité vitesse
  • la distance focale de l’objectif (utile pour les zooms)

Le moteur (en option) comporte aussi 10 contacts de couplage.

Si nous tenons compte que le ZE n’en utilise que trois (ouverture minima et maxima), cela nous laisse à penser que Mamiya avait prévu d’autres développements pour le reste de la gamme.

Que dire d’autre ? Lorsque j’ai reçu l’appareil, je venais de terminer un article sur le MSX500 et le DSX 1000B, deux boitiers des années septante, tout métalliques, lourds (sans être pesant) et bien construits.

Le ZE m’a paru beaucoup plus léger, quoique aussi bien fini mais clairement, il quittait le design des années antérieures pour se lancer dans celles des années quatre-vingt.

Cette réduction de poids est la conséquence de la réduction des pièces mécaniques, remplacées par l’électronique embarquée.

L’appareil est « électronique » ce qui signifie que sans piles rien ne marche, enfin si, il y a une vitesse mécanique « de secours » le 1/90s (celle de la synchro flash) pour se tirer d’affaire en cas de panne.

Et je reviens un instant sur ces piles, qui doivent impérativement être des LR44 (A76). J’avais mis, dans un premier temps des LR43 dans le « chargeur » mais rien ne fonctionnait. Comme je m’en étais ouvert au vendeur, il m’a précisé que l’appareil était fonctionnel en sortant de chez lui. Pris d’un doute, j’ai changé les piles et … les diodes ont pris vie !

Donc, toujours prévoir au moins 4 LR44 avec soi pour éviter toute déconvenue en balade.

Que retenir de cet appareil ?

  • obturateur Seiko à lamelles métalliques, piloté par quartz, autorisant des vitesses de 1s à 1/1000s en automatique et deux vitesses mécaniques, à savoir le 1/90s, qui est la synchro au flash et la pause B
  • la cellule travaille à travers l’objectif (TTL) via deux diodes au silicium, assurant l’exposition automatique à pleine ouverture avec prépondérance centrale
  • mémorisation de l’exposition sur la position AE lock ou par pression à mi-course du déclencheur
  • sensibilité de la cellule de 12 à 3200 Asa
  • possibilité de compensation de l’exposition de -2 à +2 via le barillet de gauche
  • visée avec miroir à retour automatique sur lentille de Fresnel avec centre à microprismes et dépoli fin plus stigmomètre incliné à 45° au centre
  • affichage par diodes rouges sur la droite du viseur des vitesses de 1/30s à 1/1000s, plus une diode LT pour les vitesses sous 1/30s jusqu’à 1s, si elle clignote, risque de sous ex, si la diode du millième clignote, c’est qu’il y a risque de surex; si toutes les diodes clignotent, il faut changer les piles
  • retardateur de 10s
  • possibilité de faire des multi expositions
  • fenêtre mémo au dos de l’appareil
  • remise à zéro automatique du compteur de vues

Une remarque utile : je vous indiquais qu’il s’agissait d’un appareil tout automatique, et pourtant il y a moyen de l’utiliser comme un semi-automatique grâce à la possibilité de pouvoir bloquer la mesure qui vient d’être faite par appuis à mi-course du déclencheur. En effet, grâce à l’indication dans le viseur, vous pouvez orienter l’appareil vers une autre source de lumière et faire recalculer la vitesse.

Maintenant, si vous êtes comme moi, parfois incapable de sentir la pression exercée sur le déclencheur, pour éviter de gâcher de la pellicule, il reste toujours la possibilité d’utiliser la correction d’exposition (verrouillage/déverrouillage par le petit bouton noir devant la couronne).

Un mot encore d’un accessoire que je n’ai pas cité, le flash. La marque avait développé le Mamiyalite qui fonctionne en parfaite adéquation avec les automatismes du boitier. Et il est toujours possible d’utiliser d’autres flashs de marques tiers, voire même encore des flashs qui doivent être raccordés par un cordon (prise sur le fut porte objectif)

Ah oui, à l’époque les « experts » des magazines photo lui reprochaient de ne pas avoir de testeur de profondeur de champ … et c’est tout.

Mamiya ZE
source : Collection -appareils, Photo Argus 1980

En résumé : un appareil très intéressant, qui fait le travail – et qui le fait bien – en (grande) partie à votre place. Si vous cherchez un appareil en argentique qui ne vous complique pas la vie, vous l’avez trouvé avec de Mamiya ZE.

C’est de l’excellent matériel, relativement peu connu en 24×36, ce qui autorise des prix intéressants.

Quand je pense qu’un Contax, qui utilise le même système de contrôle au quartz, ne se négocie pas en dessous de 200€, je me dis que là il y a moyen de faire une excellente affaire car, équipé d’un objectif, vous devriez le trouver dans les habituels 50€.

Voilà, si vous avez envie de sortir de la routine des autres marques, de posséder un appareil tout automatique performant, il est fait pour vous.

une video d’illustration

Quelques exemples de photos prises par cet appareil ICI

Pour le mode d’emploi, c’est par LA

Quelques références : https://camerapedia.fandom.com/wiki/Mamiya_ZE,http://classiccameraguy.com/2017/05/12/mamiya-ze-1980/, en anglais, http://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-4081-Mamiya_ZE.html, https://fr.wikibooks.org/wiki/Photographie/Fabricants/Mamiya/Mamiya_ZE, http://www.app-phot-col.com/photcol/pdfr/T37/2151.pdf en français, https://mamiya-ze.joerg-mueck.de/index1de.html en allemand

2 commentaires sur “Le Mamiya ZE

  1. Bonjour,
    Merci pour cet article !
    J’ai cet appareil chez moi depuis plusieurs années et j’ai eu envie de le tester. A première vue il a l’air en état de marche, j’ai donc changé les piles hier et je constate qu’il n’y a que la diode qui s’allume sur 60.
    J’imaginais qu’en changeant l’ouverture ça se modifierait mais ça reste sur 60 tout le temps… Peut-être que je n’ai pas bien saisi le fonctionnement de cet appareil ?
    Si jamais vous pouviez m’éclairer, vous qui l’avez déjà testé ?
    Merci,
    Morgane

    • Bonjour Morgane,
      Je viens de reprendre le mien en mains car j’avais oublié comment il fonctionnait. De fait, lorsque vous êtes en automatique, une diode s’allume mais devrait bouger en fonction de la lumière à laquelle vous allez soumettre l’appareil (foncé/clair). Peut-être en essayant aussi de modifier la sensibilité du film ? En principe, vous devez laisser l’appareil sur le mode auto et placer l’objectif aussi en mode auto, c’est l’appareil qui va régler l’ouverture fonction de la lumière analysée par la cellule, les diodes ne vous renseignant que sur une éventuelle sous ou sur exposition, et la vitesse choisie par le boitier. Enfin peut-être un dernier point à vérifier, car le boitier y est fort sensible, les piles sont elles des LR44 neuves ?
      Le soucis avec ces anciens appareils c’est qu’ils sont parfois capricieux.
      J’espère que le vôtre est revenu à de meilleurs sentiments.
      Cordialement.

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