FED 3b

J’ai reçu un gros carton, qui avait manifestement souffert de son long voyage au delà de la … Manche !

Déballage un peu inquiet, mais l’intérieur est gavé de papier serré et l’appareil entouré de plastique bulle. Ouf, tout va bien et l’appareil est intact.

Je le tourne et retourne dans mes mains : il est propre, l’objectif aussi, le viseur clair et, surtout, l’armement est d’une onctuosité rare – j’ai l’impression que les rouages baignent dans une graisse fluide, je sens à peine l’armement; enfin le déclenchement est finalement discret : un « flop » presque inaudible.

J’ouvre les deux clés sous la semelle et je fais glisser le dos entier vers le bas. Un peu d’oxydation sur les rails mais rien de grave, les rideaux ont l’air en très bon état et il ne manque pas la bobine réceptrice. Jusque là, tout va bien.

Attardons nous un peu sur l’histoire de cet appareil.

Je ne reviens pas sur l’histoire de FED, que vous trouverez ICI mais je vais m’attarder sur ce modèle en particulier.

Soyons honnête, il n’est pas « sexy ». Il est relativement carré même si les bords sont arrondis, pour alléger un peu la forme. Tout est là mais sans recherche particulière en ergonomie, même si tout tombe bien sous les doigts.

Au dessus, le gros boutons à droite est le compteur de vue, avec une espèce de « mémo » pour le type de film utilisé, et le bras d’armement est en prise directe. Le déclencheur est à côté et ensuite la molette pour les vitesses. De l’autre côté, la bobine réceptrice, qui tourne au fur et à mesure de l’avancement du film et que l’on tourne dans l’autre sens lorsque le film est terminé, pour rembobiner..

En dessous, deux clés permettent de déverrouiller le dos, pour le chargement du film. Plus facile que sur le Fed 1 G qui , à l’instar des Leica, demande de glisser le film, accroché à la bobine réceptrice, dans le corps de l’appareil.

Techniquement, l’obturateur est un plan focal horizontal avec un rideau caoutchouté, ce qui limitera la vitesse d’obturation (ici 1/500 s). Les vitesses vont de 30 secondes + pause B jusqu’au 1/500 s donc.

Ici aussi, toujours armer avant de changer les vitesses sous peine de tout abîmer.

Il y a encore une griffe pour monter un flash et une prise de synchronisation sur la façade avant mais pas de contact tel que nous les connaissons aujourd’hui.

Au dessus de l’objectif, deux fenêtres : la carrée est celle du viseur, la ronde, celle du télémètre. Justement, le patch du télémètre est visualisé par un cercle jaune, assez visible. Le cadre naturel du Fed 3b est le 50mm. Ici aussi, si vous voulez monter une autre focale, il vous faudra investir dans une tourelle ou un viseur dédié, que vous fixerez dans le griffe du flash.

La monture est en Ltm 39, celle des Leica dit visant, assez universelle même si délaissée de nos jours. Mais cette monture offre une gamme assez incroyable d’optiques, toutes marques confondues, de Leica à Canon, Nikon, Minolta, les objectifs russes comme les Fed, les Jupiter, les Industar, etc. Il y en a pour toutes les bourses, tous les styles de photographie, de l’ultra précis à celle d’un contour assez, heu…. indéfini

Ne cherchez pas la cellule, il n’y en a pas. Prenez en une avec vous.

Même si le viseur est plus grand et pratique que celui du Fed 1G, il n’a pas la clarté d’un Canon P ou d’un Leica M, par exemple. Ici aussi, le principe du zone focus sera d’une grande aide. Je l’avais qualifié « d’autofocus le plus rapide du monde » et c’est le plus pratique à utiliser en photo de rue notamment. Petite particularité intéressante à signaler : le viseur (la grosse roue crantée à l’arrière) permet une correction dioptrique en « vissant » ou « dévissant » la couronne. Pratique.

L’appareil que j’ai reçu est monté d’un Industar 61, un 52mm ouvrant à f2,8. Les bagues sont fluides et les crantages autour du fut sont pratiques pour le réglage de la distance, rapidement. Mais si j’en crois ceux qui l’on déjà utilisé, ce n’est pas le plus performant. Je vais le tester. Ne pas oublier qu’il s’agit d’un objectif à viser, donc ne pas le serrer trop fort contre la monture sous peine d’éprouver quelques difficultés pour le changer ensuite. Assurez-vous qu’il est bien contre, puis un petit coup de poignet et ça tiendra vraiment bien. Les distances sont exprimées en pieds (ft), ça nécessite un peu d’entrainement.

Et là – mais je vais me faire incendier – je vais le mettre en comparaison avec une autre « brique », mon Leica M5

En terme de taille, c’est sensiblement la même chose, mais le second a déjà une cellule. Remarquez néanmoins la taille du viseur et du télémètre du Leica, fort proche du M3 par rapport à celui du Fed 3b.

L’engin fait son poids : 620gr et de surcroit, les ingénieurs russes n’ont pas cru bon d’ajouter des œillets pour pouvoir le porter. Il faut se munir d’une gaine, en cuir épais, qui offre la particularité d’être en une seule pièce. Bref, la majorité des utilisateurs opèrent une coupe chirurgicale de la moitié inutile de la gaine, et pour ceux qui n’en ont pas, un petit sac fera l’affaire.

Honnêtement, ce n’est pas le plus beau des appareils, mais la douceur de ses commandes sont assez exceptionnelles. Il est beaucoup plus agréable à utiliser qu’un Zorki 4K par exemple. Et je trouve qu’il fait aussi moins daté que le dit Zorki 4K. Il fait très « années soixante » et cela contribue à son charme désuet.

Autant les Fed 1G, Zorki 1c, Leica IIIf font « vieils appareils », autant le Fed 3b semble « moderne » … pour l’époque. Surtout si vous le comparez au Fed 3 produit de 1961 à 1969, soit en même temps que le Fed 3b. Ce Fed3 là ressemble à s’y méprendre au Zorki 4, dont les silhouettes semblent hésiter entre l’ancien et le moderne.

De fait, le Fed 3 ressemble beaucoup aux Zorki 5 et 6, dont les commandes sont aussi étonnamment douces (l’armement ne fait aucun bruit si l’appareil est bien réglé). J’y reviendrai sans doute.

En résume, voici un appareil parfaitement fonctionnel, agréable à utiliser même s’il n’est pas toujours pratique de l’emporter. Qui aura sans nul doute son petit effet (allez, avouons-le, ça compte aussi !) lorsque vous le sortirez. Nous pourrions lui reprocher sa vitesse maximale de 1/500s mais la plupart des appareils de l’époque ne faisait guère mieux, si pas pire (un Olympus Trip 35 ne dépasse pas le 1/200s, un Canonet Ql 19 atteint le 1/500s). A son crédit, même si ça parait un détail, le correcteur dioptrique, puis le chargement du film assez simplifié, sa robustesse, son onctuosité, la possibilité de changer sa focale (grand parc d’optiques possibles).

Si vous en trouvez un en bon état – et il y en a beaucoup – faites vous plaisir, c’est un appareil attachant.

Ne perdons pas nos bonnes habitudes, quelques liens bien utiles : https://www.danstacuve.org/test-fed-3b-voyage-argentique-en-ex-urss/, https://www.mes-appareils-photos.fr/FED_3b.htm, http://www.collection-appareils.fr/avoscrayons/html/Boitiers_russes.php en français, http://mattsclassiccameras.com/rangefinders-compacts/fed-3b/, http://www.photoethnography.com/ClassicCameras/index-frameset.html?Fed3.html~mainFrame en anglais

Pour le mode d’emploi, c’est ICI

Et je vous ai trouvé une petite video pour son utilisation.

Vos commentaires sont les bienvenus, ils aident à faire avancer nos réflexions.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur L'Atelier de JP

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading

Aller au contenu principal