Les (més)aventures d’un Canon Eos 250D

Ah, celui-là faillit ne jamais revenir à la vie, et pourtant …
Rappelez-vous la morale du Contax 137 MD Quartz !
Celui-ci était sur la table d’un vide-grenier, à Namur, lors d’une brocante, avec quelques compagnons d’infortunes dont un Canon Eos 1300D.
Je l’avais pris en main parce que j’aime beaucoup la compacité de ce boitier, qui me rappelle l’Eos 100D, un petit compact expert que j’appréciais.
Et je l’avais reposé tout aussi vite, des traces blanchâtres étaient autour des molettes du dessus et de la poignée, de l’interrupteur, de la baïonnette et il était franchement sale. Avait-t-il séjourné dans un endroit humide ?
-“25€”, m’avait lancé le vendeur. Après l’avoir remercié, j’avais continué mon chemin …
Finalement, en revenant sur mes pas après avoir fait le tour de la dite brocante, je me retrouve à nouveau devant l’étal du vide-grenier. L’Eos est toujours là, et je le reprends en main, circonspect mais, sait-on jamais …
-“Pour 20€ je vous le prend, il a l’air d’avoir pris l’eau, non ?”
-“Ah, mais à ce prix-là je ne gagne pas ma vie, avec ce que j’ai dû débourser pour vider cette maison … allez, 20€ mais vous courrez vite avant que je ne change d’avis !”
Affaire conclue et j’emporte cet appareil qui est comme un pari un peu fou.
De retour à la maison, je le mets un peu à part des autres, tous argentiques, que vous découvrez sur le site, au fur et à mesure, promettant d’y revenir lorsque j’aurai un peu de temps.
Et ce jour est arrivé : tout d’abord, grand nettoyage du boitier à l’alcool, ensuite, avec une vieille brosse à dent ferme, grattage des traces blanches, en insistant bien dans les fentes et recoins. Idem autour de la couronne porte-objectif mais en faisant très attention qu’aucune poussière ne rentre dans la chambre et ne vienne salir le capteur.
Ça va, tout part sans trop de soucis, juste qu’il faut faire plusieurs passages sous la molette des modes, là où cette saleté semble s’être accumulée.
Enfin, après un nettoyage énergique d’une bonne heure, pendant laquelle j’avais mis la batterie en charge, je sèche bien le tout et glisse une carte SD puis la pile dans l’appareil.
Petite appréhension, j’actionne le sélecteur On/Off et … il s’allume ! Yes, pari gagné, l’Eos est reparti.

Je fais mes petits réglages et me mets en quête d’un objectif autre que celui fourni avec, un 35 – 80mm basique mais en monture EF, c.-à-d. qu’il faut convertir à x1,6, ce qui le rend peu intéressant car il devient dès lors un 56 – 128 en conversion full frame et il est griffé.
Et moi j’aime bien les grands angles et le mini télé, style 24 – 70 que je traine toujours partout.
Hmm … il me reste un Tamron 18 – 200 qui dort dans sa boite, c’est le moment de l’aérer un peu.
Exit le petit 35 – 80, bonjour le 18 -200. Il ne dépareille pas trop le boitier car il est assez contenu, fermé.
Je le mets dans le sac et comme je dois sortir, ce sera peut-être le moment de le tester.
Premier arrêt près d’un “spot” qui fera l’objet d’une série de photos que j’ai en tête depuis un moment et , justement, le temps et l’objet de mes photos est en bonne position.
Hop, je sors le Canon et je me prépare à faire la première image. Rien ! Enfin si, l’appareil fait la mise au point, l’objectif suit mais impossible de déclencher, il refuse obstinément toute prise de vue.
Et Zut ! Aurais-je finalement perdu mon pari ?
Rentré à la maison, ni une ni deux, la boite à tournevis d’une main, mes lunettes sur le nez, je déniche sur le Net les manuels pour démonter le boitier. Enfin, celui d’un Eos 1300 dont le design est très proche. Tant pis, j’y vais, perdu pour perdu …
Premier constat, les Canon Eos, même pas pro, sont parfaitement assemblés, tous les plastiques sont ajusté au millimètre et tout tient bien ensemble. Il faut suivre la séquence de démontage, pas moyen de faire autrement.
Je place les petites vis dans des cases au fur et à mesure, surtout ne pas en perdre une !
Un brin de stress au moment d’ouvrir la “coquille” car je me doute qu’il doit y avoir des fils fins comme des cheveux et des contacts un peu partout.
Et bien oui, mais chez Canon, tout est parfaitement ordonné et vous avez un peu d’aisance pour travailler.
J’ôte les contacts avec précautions, débranche quelques minuscules prises et je progresse : exit le dos avec l’écran, puis la face avant et enfin le capot, que je laisse encore attaché un moment, je ne vois pas comment débrancher une tresse de fil.
Et là, je commets une erreur : j’essaie de démonter la molette des modes, dont je vois la vis par en dessous et j’oublie complètement que le “cran” est assuré par une minuscule bille montée au dessus d’un aussi minuscule ressort, vous voyez de quoi je parle ?
Bref, plus le choix, après avoir récupéré l’un et l’autre après une dizaine de minutes à quatre pattes, je dois démonter le capot.
Nécessité faisant loi, je trouve enfin comme y parvenir et je le dépose.
-“Mais pourquoi il se lance la-dedans ?”
Et bien figurez-vous que j’avais l’impression que si le déclenchement ne se faisait pas, c’était à cause d’une oxydation du point de contact.
Donc, avant de m’attaquer au remontage de la molette de sélection, petit passage au papier de verre ultra fin entre le point de contact et le contacteur, c’est déjà ça de fait.
Alors, il y a quelque chose de très bien chez Canon, outre la qualité de leurs assemblages, c’est qu’ils pensent à leurs techniciens et, éventuellement, aux maladroits comme moi car il y a des “détrompeurs” sur les pièces et donc impossible de les remonter à l’envers même si vous n’avez pas pris de bonne marque au démontage (si, si, j’ai honte !).
Puis j’ai compris comment remettre cette f… bille et son comparse, le ressort, pour pouvoir réassembler ensuite le tout.
Comme je n’ai pas été interrompu, la séquence de remontage se fait sans problème, dans l’ordre inverse du démontage, enfin, presque … car je me suis aperçu, tout ayant été refermé, que j’ai oublié de replacer une tresse de fils à sa place. Là je me dis que si j’ai su tout refermer sans forcer nulle part, c’est que les fils ont trouvés leur place sans soucis et je laisse le tout comme ça, na !
Je remets la carte dans l’appareil, puis la batterie, refixe l’objectif Tamron et … essai : la mise au point s’effectue mais … impossible de déclencher !
Là, j’ai une (bonne ?) idée : je place mon 24-70mm série L sur l’appareil et je recommence : là, ça fonctionne. Puis j’essaie avec le 35 – 80, ça marche aussi !
Sacré-non. Je monte le Tamron sur mon Eos 70D pour re vérifier et là je dois bien me rendre compte que c’est l’objectif qui a un problème car j’ai les mêmes symptômes.
Grrrr…. tout ça pour rien.
En fait, pas vraiment car ce démontage m’a rassuré, pas de traces d’humidité ou d’oxydation dans l’appareil; les traces blanches apparues sont de l’humidité et de la saleté superficielles.
Ensuite, qu’est ce que c’est bien fini ces petits boitiers, vraiment, je suis impressionné par la précision des montages, le sens du détail, l’organisation interne, étonnant.
Voilà, il me reste à trouver un autre objectif, idéalement un 18 – 135mm Canon mais je suis rassuré, le boitier fonctionne parfaitement bien, lui.
Ah, si vous voulez trouver les manuels pour d’autres Canon Eos, c’est par ICI, pour démonter avec le sourire (et un jeu de tournevis fins, une pince à épiler antistatique, un marquer fin, un aimant – pour retrouver plus vite les minuscules vis qui ont tendance à sauter partout, un tasse de thé/café, un biscuit, … mais pas de raton laveur – merci Jacques Prévert).
Dernière chose, ce petit appareil sympa est toujours vendu. Chez Mediamarkt, au premier juillet, il était à 709€ avec un objectif 18-55mm.

bonjour JP, bravo pour le démontage… et bienvenu dans le club des billes de verrouillage sauteuses.! Par contre, je ne suis pas fan du papier de verre ou de tout abrasif sur les contacts. En effet tu peux avoir des couches de verni isolant invisible à l’œil nu. Et bien sûr, si tu passes ton papier de verre, plus de couche isolante. Par contre, j’utilise le bon vieux MIROR CUIVRE. Un produit qui décape le cuivre ( même bien oxydé ) et qui laisse le verni isolant intact.. Quand je récupère un appareil photo, il y a toujours une séquence de nettoyage avec ce produit. Par contre, pour les appareils photos numériques, le plus gros des pannes se situe au niveau des soudures car les process ont du évoluer ( plus de plomb ! ) et les soudures lâchent ! ( micro fissures )
Merci Olivier, je ne connaissais pas ce produit ni ses avantages, merci. Je sens que je vais investir là-dedans pour ne rien abîmer. Le truc, c’est que je ne suis pas du tout technique mais que j’ose la “mécanique” (merci Papa) en tâtonnant et en trouvant des solutions au fur et à mesure. Ceci étant, quand c’est trop complexe, pouce ! Toutes mes amitiés.