Le vrai FED 1G

Produite de 1953 à 1955, cette série particulière, c-à-d. avec le numéro de série gravé sur le dos de l’appareil et non plus sur le dessus, fut produite à 205.000 exemplaires.

Mais commençons par le début … « La marque FED a été fondée en 1927 par Felix Edmundovitch Djerzinski. C’est ce Monsieur qui fonda à la même époque la Tcheka, ancêtre du GPU, lui même ancêtre du NKVD, lui même ancêtre du KGB ! (attention : beaucoup de Fed 1 sont gravés « NKVD », mais cela ne signifie pas qu’ils aient appartenu à cette même institution ! Nous ne sommes pas dans un James Bond, ce ne sont pas des appareils d’espions !) La production d’appareils photo a débuté en 1934. Ceux-ci étaient montés par des jeunes délinquants en voie de « réinsertion » sous la direction d’Anton Makarenko. C’est également ce Monsieur qui décida de prendre pour modèle le Leica » – source Sylvain Halgand

D’autres, aux mêmes époques, avaient décidé de « copier » Contax. En fait, ils avaient carrément pris l’usine, ses ingénieurs et les produits finis ou presque pour les transporter en Ukraine : ce sont les Kiev.

Ce qui est frappant avec ces appareils, c’est leur ressemblance parfois troublante avec le modèle d’inspiration. Ainsi, le FED qui nous préoccupe est une copie assez conforme d’un Leica II de …1932 alors que lui fut fabriqué de 1934 jusqu’en 1955 !

Et comme je vous parlais des Kiev, il faut savoir qu’un Kiev 4 reste une copie assez conforme du Contax d’origine (1932 aussi) et qu’il fut fabriqué jusqu’au seuil des années quatre-vingt sans grands changements.

Ces appareils ont fait perdurer le télémétrique plus que toutes autres marques, à l’exception de Leica (1913 – 2018) et du Zeiss Ikon ZM (2006 – 2012) et ils sont les télémétriques les plus vendus au monde (le Zorki 4 seul fut fabriqué à plus de 1.700.000 exemplaires pendant 16 ans).

En conclusion, vous en trouverez de très nombreux, souvent en très bon état, et à des prix très bas (en tout cas comparés à ceux des Leica), même si les pays autrefois de l’Est commencent à monnayer un peu mieux le prix de ces appareils.

Enfin, si d’aventures vous en trouvez un bel exemplaire, dont vous voulez vous servir, sachez que le meilleur artisan pour des réparations ou réglages se trouve ICI.

Mais revenons à notre Fed 1 G.

Le Fed 1 G est une des dernières variantes du Fed 1 original, sorti en 1934. Qui était une copie fidèle, comme je l’ai écris, du Leica II.

Honnêtement, vous aurez les mêmes sensations avec les deux appareils, qui demandent un peu d’attention pour pouvoir s’en servir correctement : à l’arrière, il y a deux « viseurs », celui de droite (vu de dos) étant le vrai, celui de gauche, le réglage du télémètre.

Ne vous y trompez pas, comme sur les Leica de la même époque, la visée est médiocre. En fait, il fallut attendre l’arrivée du Leica M (1953) pour avoir un vrai viseur, clair et précis, avec le télémètre dans une seule et même fenêtre, mais c’est une autre histoire (que vous trouverez ICI).

Avec ce type d’appareil, vous travaillerez le plus souvent en zone focus, c-à-d. en préparant à l’avance une zone de netteté dans laquelle vous ferez entrer votre sujet. Et de ce fait, c’est facile à utiliser : un coup d’œil à la cellule à main (à moins de savoir « lire » la lumière par expérience), armer l’appareil, régler la vitesse – et toujours dans cette ordre, je vais y revenir, régler le zone focus et vous voilà parti dans les rues, le cœur léger ! Juste un coup d’œil dans le viseur pour le cadrage du sujet.

C’est comme ça que travaillaient les grands noms de la photographie de rue, de HCB à Doisneau et confrères.

J’ai écris quelques lignes ci-dessus que je revenais sur un point important, celui du réglage des vitesses. Sur ce type d’appareil il est impératif d’armer avant de changer la vitesse !

Vous remarquerez d’ailleurs, lorsque vous faites la manœuvre d’avancer le film (d’armer en somme) que la roue des vitesses tourne en même temps. Donc, si vous voulez éviter une salade de pignons et abîmer irrémédiablement votre bel appareil, toujours armer avant de changer la vitesse (là ça va, j’ai assez insisté ?)

Techniquement, vous avez un appareil qui accepte toutes les optiques au standard Ltm 39 (Leica visant). Pas de réglage de la sensibilité du film, le compteur est manuel et vous devez penser à le remettre à zéro à chaque nouvelle bobine, il n’y a pas de retardateur mais le déclencheur est fileté ce qui vous permet d’y adjoindre une de ces merveilles d’ingéniosité mécanique que sont les retardateurs proposés en option (mécaniques, à l’eau, par pression , etc), la visée est calculée pour un objectif 50mm; si vous voulez en changer (35 ou 90mm p.ex.) il vous faut trouver une espèce de tourelle à monter sur la griffe porte flash avec les viseurs correspondant; les vitesses sont 1/25s, 1/50s, 1/100s, 1/250s, 1/500s + B, le flash n’est pas synchronisé. Difficile de faire plus simple, non ?

« Mais alors, me direz-vous, quel intérêt de photographier avec ce type d’appareil ? »

Mais le plaisir, tout simplement ! Celui d’avoir dans votre poche ou dans votre sac un peu de l’histoire de la photo.

Ne vous y trompez pas, j’ai bien écris « dans votre poche » car cet appareil est très petit, relativement léger (même si tout en métal), surtout s’il est accompagné, comme le mien, d’un objectif dit rentrant, qui le rend encore plus compact.

Et la qualité d’image, qui dépend, je le rappelle, de l’objectif (le reste étant une chambre noire plus ou moins sophistiquée) est très bonne, même avec les objectifs russes, qui sont aussi des copies de leurs homologues allemands. Admettons qu’il faille y regarder de plus près pour trouver le bon modèle, mais au prix où ils sont, faites vous plaisir.

Je vais même aller plus loin -là, je sens que je ne vais pas me faire que des amis – vu le prix que vous aurez mis pour votre appareil, généralement de 5 à 10 fois moins cher que le Leica, investissez dans une belle optique Zeiss et vous obtiendrez le même résultat !

« Bon, mais qu’est ce qui différencie ces appareils ? Pourquoi le Leica est-il si cher ? »

Nous parlons ici d’appareil fabriqué en 1953, basé sur un original datant de 1932. En 1953, Leica sortait le M qui allait révolutionner le télémétrique (en fait, surtout la visée). Les appareils russes, et les Fed en particulier, n’ont pas la réputation de rigueur de leur inspirateur allemand. Des soucis de constance dans les fabrications font qu’ils ne sont pas toujours bien réglés. Des détails de conception font qu’un Leica sera mieux construit et pensé, c’est un fait évident. Mais je persiste à dire que l’appareil n’est jamais que le réceptacle des faisceaux lumineux, qui viendront frapper une pellicule et c’est la qualité de l’objectif qui respectera au mieux la lumière.

Ensuite, c’est une question d’agrément à l’utilisation de l’appareil qui fera que vous accrocherez ou pas à ce modèle.

Mais de nos jours, un réparateur spécialisé comme celui que je vous ai cité plus haut est capable de corriger ces petits défaut et de rendre votre appareil fiable et parfaitement opérationnel.

Donc faire croire que seul un Leica peut être réparé et réglé est une contre vérité. Seul le tarif sera différent !

Honnêtement, pour avoir eu en mains un Fed 1g, un Zorki 1c et un Leica IIIf, je reconnais une certaine onctuosité dans l’utilisation des commandes du Leica mais elle ne s’inscrit pas dans une sensation « tout noir – tout blanc » ! A mes yeux, elle ne justifie pas les différences de prix demandés (notez que ceci s’entend pour des appareils identiquement réglés et performants).

Méfiez vous plutôt des vrais-faux Leica qui ne sont en fait que des Zorki ou Fed re badgé d’un nom plus prestigieux qui n’a d’autre but que de gruger le gogo.

Si vous voulez photographier à « l’ancienne », pour le plaisir de la découverte, un vrai – vrai Fed ou Zorki fera très bien l’affaire.

Si vous voulez investir (quel vilain mot !) dans une collection d’appareils authentiques, apprenez à en connaître toutes les infimes subtilités. A ce sujet – et je remercie Patrice pour ce lien – voici un article (en anglais) assez édifiant sur les vrais-faux.

Enfin, pour le plaisir, je ne résiste pas à vous présenter côte à côte le Fed 1G authentique et le Fed 1G digitalisé … c’est ce qui m’a incité à mettre le titre de cet article « le vrai Fed 1 G ».

Comme d’habitude, les sites de référence : https://camerapedia.fandom.com/wiki/FED_(Original)_(_FED_NKVD,_FED-S,_FED-1), http://www.sovietcams.com/index.php?2143765385 en anglais, http://www.collection-appareils.fr/avoscrayons/html/Boitiers_russes.php, http://t.hacquard.free.fr/site1/fed_1.html, https://sovietcameras-fed.monsite-orange.fr/autresappareilsfed/index.html en français

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