Le Brownie Six-20 Camera Model F

Celui-ci, je l’ai acheté en lot avec un Bilora Bella 66 et quelques accessoires d’époque.

Il a un certain charme dans sa livrée beige et son fronton marron/doré.

En le regardant bien, impossible de nier une descendance du modèle que je vous présentais il y a peu, le Six-20 « Brownie » C. Fait amusant, ils seront produit quelques années ensemble (jusqu’en 1957) !

Ici les deux « viseurs » sont clairs alors qu’ils étaient dépolis sur le model C. Le bouton d’armement et le déclencheur sont en plastique, blanc cassé pour rester dans les tons. Et quelques détails sur lesquels je vais revenir.

Mais, ironie de la chose, ce qui est le plus fou, c’est de se dire que ce modèle est contemporain du Bilora Bella 66 !

Quand on les regarde côte à côte, on a l’impression de ne pas être sur la même planète photographique.

D’un côté un appareil fait de tôle, presque « à la va vite », au mécanisme biblique : une vitesse de1/50s et une pause B. Un objectif à minima : un ménisque de 100mm ouvrant à f11. Et quelques fonctionnalités intéressantes à venir.

De l’autre, un boitier en fonte et tôle d’aluminium, un obturateur central aussi simpliste que son concurrent mais qui offre trois vitesses (1/50s – 1/100s – pause B) et un objectif aussi simple, un ménisque là aussi de 100mm ouvrant à f8 (je vous laisse relire l’article à son sujet pour le reste).

Le choc des anciens et des modernes, version photographique en somme …

Tous les deux ont eu du succès, le premier grâce à la machine de guerre Kodak, le second pour son design moderne et agréable, très sixties, alors que son concurrent faisait « vieux ».

Méditons, méditons …

Et revenons-en à notre Brownie Six-20 Model F.

C’est la version « Deluxe » du populaire Six-20 Brownie Model E, un cheval de trait produit pendant plus de vingt ans (1937 – 1957) sans quasi aucun changement.

Nous savions les Anglais conservateurs, mais là !

Bon, d’accord, c’est du solide, de l’éprouvé : on trouve souvent de ces vieux Box dans les brocantes, les vide-grenier et bien souvent, malgré leur aspect miteux, ils fonctionnent toujours … les joies de la simplicité en fait.

Bref, notre appareil « luxueux » donc, introduit quand même quelques perfectionnements : tout d’abord, une prise flash sur le coté, avec deux broches en saillies, réservées aux seuls flashs Kodak.

Ensuite, toujours sur le même coté, deux excroissances en demi-cercle. Il s’agit en fait, pour la première, d’une lame qui porte une lentille accessoire pour pratiquer le portrait. Elle permet de descendre à 1,5 m – 3 m la mise au point minimale (d’habitude, le point minimum est à 2,5 – 3m). Une astuce souvent utilisée chez Kodak et Agfa (voir l’Agfa Billy-Clack 74) et sans doute aussi quelques concurrents de l’époque.

La seconde lame est munie d’un filtre jaune, souvent utilisé avec les films en N/B pour accentuer le contraste.

Une plaquette en laiton encadre le « réglage » de la vitesse (I pour instantané et B pour pose). En dessous, un petit bouton à descendre ou relever si on veut bloquer/débloquer le déclencheur, qui est en dessous. Pratique pour éviter la double exposition involontaire. Rappelez-vous, le fait d’avancer le film n’arme pas le déclencheur qui peut donc s’ouvrir à tout moment sur une vue déjà exposée.

Deux filetages vont permettre de le fixer à un trépied si besoin et surtout autoriser à greffer un support sur laquelle viendra se fixer le flash car il n’y a pas de griffe.

Pour le reste, c’est la même gymnastique que pour le model C quant au chargement du film, son avancement, la lecture des chiffres que l’on voit mal dans la petite fenêtre à l’orange inactinique fatigué.

Voilà, voilà …

Solide et pourtant quand j’ai reçu mon exemplaire, il faisait un inquiétant « bling – bling » qui laissait augurer quelques dégâts.

D’abord chercher sur la Grande Toile une façon de l’ouvrir qui ne l’abîme pas.

En fait, c’est très facile car sur les côtés, il y a comme deux « poinçons » dans le couvercle en tôle ; il suffit d’exercer une pression avec la lame d’un tournevis pour déboiter un côté puis l’autre. Toute la face avant vient en bloc si on lui demande gentiment (ne pas forcer sur les bords, la tôle est fini et plie vite).

Comme vous pouvez le voir, les principes utilisés sont d’une simplicité désarmante : les deux « viseur » sont de simples morceaux de tôle chromée serties à froid. Deux tunnels qui portent un miroir en verre, qui renvoient l’image vers le viseur, légèrement bombé (effet loupe) sur le dessus ou le côté droit de l’appareil.

Ensuite, dans le ventre de la boîte ouverte, le mécanisme élémentaire mais efficace de l’obturateur, du déclencheur, du réglage de la vitesse. C’est un obturateur à une seule lame, qui balaie la surface grâce à un ressort calibré.

Puis vient la raison du bruit entendu lors de la manipulation : un bout de languette cuivrée s’est détaché et un second morceau pointe le bout de son nez par dessous.

Aïe, va falloir enlever le bloc pour aller voir derrière ce qui se passe !

Mais pas de panique, là encore tout tient par un sertissage à froid. La lame du tournevis en vient vite à bout et en faisant basculer l’ensemble vers la droite, je dégage tout le bloc « mécanique ».

C’est là que je découvre le problème : les deux lamelles en cuivre devaient être les contacts du flash. Petite vérification sur le document que j’ai trouvé (et que vous pourrez télécharger ci-dessous), là je vois comment ils devaient se positionner et surtout ce qui manque : les deux broches en saillies du flash et les minuscules écrous qui tenaient les pièces ensembles.

Ça ne va pas être facile à trouver, sauf si je déniche une épave quelque part. Petit bout de gaffer pour ne pas perdre les pièces et je remonte.

Je ne suis pas certain de la taille de l’ampoule, mais je n’avais que celle-là sous la main.

Nous pouvons rester dubitatif sur de tel assemblage mais force est de constater qu’il a traversé les âges avec plus ou moins de bonheur et que beaucoup de ces appareils, comme je le faisais remarquer en préambule, fonctionnent encore près de 70 ans après avoir été construit.

Les résultats en images sont LA et ce n’est pas si mal.

Alors, honnêtement, ces appareils ont-ils encore un intérêt ?

Oui, pourquoi pas, si vous avez l’âme aventureuse et l’envie de (re)découvrir d’autre manière de photographier. D’autant qu’ici il ne faut pas se frotter à des techniques compliquées, juste adapter la bobine de 120 au diamètre de celle du film 620 (je l’ai décrit dans l’article du Six-20 Brownie C – video).

Le reste est affaire de labo lorsque vous déposerez votre film.

D’autant qu’utiliser ce type de boitier est d’une simplicité enfantine : vous visez, vous appuyez, c’est dans la boite !

Et si vous êtes perfectionniste, vous utilisez une cellule à main, un chrono pour votre pose B, et le résultat est (sensiblement) le même.

C’est une expérience, qui peut être amusante et en tout cas qui suscitera l’intérêt et la curiosité.

Au prix où vous trouverez ces petites boites, souvent une dizaine d’euros, faites-vous plaisir, essayez.

Petites videos d’illustration

Un peu de technique

Box pour film 620 (ou 120 modifié)
Introduit en 1955 et arrêté en 1957
Taille du film : 620 pour une image en 6×9 cm (8 vues par film)
Fabriqué au Royaume-Uni
Objectif à Menisque de 100 mm ouvrant à f11, avec un objectif portrait coulissant et filtre jaune intégré
Obturateur à une lame avec deux vitesses de 1/50s et pause B

Si un jour vous deviez le démonter, comme moi, voici le document utile :

Des références : https://www.brownie-camera.com/74.shtml, https://www.brownie-camera.com/index.shtml, http://camera-wiki.org/wiki/Kodak_Six-20_Brownie,_Models_C,_D,_E,_and_F, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Kodak_Six-20_Brownie,_Models_C,_D,_E,_and_F, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Kodak_Six-20_Brownie,_Models_C,_D,_E,_and_F, https://www.browniecam.com/service-manuals-for-brownie-cameras/, en anglais; https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-11942-Kodak_Six-20%20Brownie%20Model%20F.html, https://35mm-compact.com/forum/viewtopic.php?t=39005, https://www.collection-appareils.fr/general/html/listeKo_imagettes.php, https://35mm-compact.com/forum/viewtopic.php?t=39005, https://manondamoon.com/2017/04/17/restaurer-la-peinture-dun-kodak-six-20-brownie-target/ en français

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