Le Voigtländer Vito CD

Les Voigtländer Vito sont un peu comme les Zeiss Ikon Contina, de fabuleuses machines à photographier mais qui ont tendance à toutes se ressembler.

Assez fidèles à une tradition d’évolution dans la continuité, les constructeurs allemands ont décliné ces appareils par (toutes) petites touches, donnant ainsi l’impression de mettre un nouvel appareil sur le marché, qui n’était en fait que le précédant avec le petit détail qu’ils avaient omis d’installer. Un peu comme la politique des voitures allemandes, qui peuvent tout proposer comme options, … en supplément.

Mais nonobstant cela, je le redis, ce sont de magnifiques appareils photos : bien construits, solides, avec des assemblages précis, des mécanismes faits pour durer. La preuve, près de septante ans plus tard, la grande majorité fonctionne toujours impeccablement.

Il y a peu, je vous présentais un Voitgländer CLR, qui venait après un CSR, un Vitoret et un Vitomatic IIa.

Celui-ci est issu de la série des C qui succédait à la série B, qui connut un grand succès.

Plus moderne dans ses lignes que son prédécesseur, il était aussi moins cher. En tout cas le Voitgländer C, qui était le modèle d’entrée de gamme, sans posemètre ni télémètre.

Et donc, fidèle à la tradition de l’offre dans la marque, vient le CD : un C auquel on a ajouté un posemètre, non couplé. Pour faire encore plus fort dans la « personnalisation » du modèle, il existait un CD « standard » et un « Luxus ». La différence se voyait au tour du cadre du viseur et du posemètre, noir, alors qu’il est chromé sur le Luxus, ainsi que le capot du second, chromé avec le lettrage en relief du plus bel effet. Preuve que ces différences fonctionnaient : le CD « standard » s’est vendu à 40.000 exemplaires alors que le « Luxus » s’est écoulé à 120.000 exemplaires. Ah, le  marketing !

Mais revenons à la série : le posemètre couplé, ce sera pour le CL d’abord (au sélénium) puis le CLR (au CdS). Voyez le petit récapitulatif ci-dessous :

C’est un posemètre Bertram, dont la fenêtre de lecture est placée sur le capot. Lorsque l’on vise un sujet, il faut ensuite quitter le viseur des yeux pour relever la position de l’aiguille du posemètre, ensuite la reporter sur la bague des ouvertures, en espérant qu’elle n’ait pas changé pendant la manipulation et /ou que vous revissiez au même endroit.

Normalement, dans le sac en cuir destiné au transport et à la préservation du boitier, il devrait y avoir un bout de plastique blanc, que l’on vient placer sur le devant de la cellule, pour la protéger et pour faire aussi une mesure incidente. Ici l’exemplaire n’en est plus pourvu.

Ceci étant, pensez à toujours remettre l’appareil dans son « sac tout prêt » après utilisation, ou tout autre sac d’ailleurs, pour préserver la cellule au sélénium, qui s’use avec le temps.

La cellule permet le contrôle de la sensibilité de 10 à 3200 asa.

Parlons un peu du viseur, qui est quand même, je trouve, la pièce maitresse de cette gamme. C’est un viseur 1:1 c’est -à-dire qui couvre tout le cadre et qui est sans doute le plus clair jamais construit (mieux même que le Leica). A l’intérieur, les lignes de cadres sont nettes et il y a des lignes pour la correction de la parallaxe. Si vous avez lu l’article sur le CSR, vous vous souviendrez qu’il est fabriqué à partir d’un bloc de cristal. L’essayer c’est l’adopter !

Je ne reviendrais pas sur les manipulations pour charger un film ou effectuer les réglages, ils ont été décris dans l’article sur le Voitgländer Vito CSR. Oui, je sais, mais je suis fatigué aujourd’hui …

Petite revue de l’engin :

Pour nous situer un peu dans le temps, sachez que la série B sera produite de 1954 à 1961, la série C le sera de 1960 à 1969 alors que le CD le sera en 1961.

L’objectif a bonne réputation. Vous verrez des exemples de photos prises avec un Vito CD ICI, LA et encore LA.

L’obturateur, un Pronto propose des vitesses de 1/30s jusqu’au 1/250s plus une pose B. Comme je l’écris assez souvent, à l’époque de ces appareils, les films étaient plus lents que les pellicules modernes. Et il y avait déjà du soleil sur les plages, les pistes enneigées, du brouillard et des nuages il y a soixante ans. Ça n’a pas empêché des tas de photographes de garnir leurs albums familiaux de belles images. Pensez juste à acheter des films plus lents et un trépied, ça peut servir.

Et donc, si vous en trouvez un bel exemplaire, dans sa belle sacoche en cuir, faites-vous plaisir, vous aurez là un compagnon au style un peu décalé mais terriblement efficace. Comptez un budget de maximum 40€ si vous craquez, vous ne le regretterez pas.

Vous devez juste faire attention, lors de l’achat à deux choses : le viseur doit être clair car comme il est d’une seule pièce, impossible de le nettoyer s’il est jauni ; ensuite, ouvrez-le pour vérifier que l’obturateur s’ouvre bien à toutes les vitesses. Un remisage de très longue durée peut gommer les lamelles et on ne démonte pas ce système sans un minimum de connaissances. Si un de ces points n’est pas bon, passez votre chemin.

Petites videos d’illustration :

Le modèle de la première video est un CD Standard, celui de la seconde, un Vito Luxus.

Quelques données techniques :

Voigtländer Vito CD Standard
Année de construction 1963 – 1969
Optique Voigtländer Lanthar 1:2,8/50 mm
Obturateur Pronto 250 S(1/30 – 1/250 et ‘B’)
Mesure d’exposition Bertram – posemètre au sélénium découplé
Mise au point manuelle d’1m à l’infini
Sabot de connexion flash sans contact central
Prise PC sur le boîtier

Des références : https://collection-appareils.fr/x/html/appareil-11761-Voigtlander_Vito%20CD%20.html, http://www.appaphot.be/fr/brands/voigtlander/voigtlander-vito-cd/ en français ; http://www.lippisches-kameramuseum.de/Voigtlaender/Voigtlaender_Vito_CD_Standard.htm, en allemand ;https://en.wikipedia.org/wiki/Voigtl%C3%A4nder_Vito, http://www.jollinger.com/photo/cam-coll/cameras/Voigtlander_Vitos.html, https://phogulum.com/cameras/voigtlander-vito-cd/

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