Comment se passer des piles au mercure et garder le maximum de compatibilité par Olivier.

Alors là, Olivier a fait très fort !

Perso, je serais incapable d’effectuer ces réglages, en tout cas s’il n’y avait pas ses précieuses explications.

Mais comme il le dit lui-même, si vous ne vous sentez pas prêt, évitez la manipulation. Sinon, à vous la joie d’un OM-1 ou OM-1n qui vise juste même avec des piles modernes.

Ni Olivier ni moi ne pourrions être tenus pour responsables des dégâts éventuels à vos appareils si vous tentez la manipulation. Elle le sera à vos risques et périls.

Olivier l’a testée sur ses appareils, sans dommage, mais son niveau de compétences l’autorisait à le faire et il acceptait le risque que cela ne fonctionnât pas.

Comment se passer des piles au mercure et garder le maximum de compatibilité avec les OLYMPUS OM-1 et OM-1n

              Si vous êtes arrivé ici, c’est que vous connaissez déjà le problème. Les appareils de cette génération (*)  utilisent des piles au mercure de 1.35 V  et ces piles ne sont plus commercialisées depuis déjà plus de 10 ans. Vous avez trouvé sur le net plusieurs solutions qui permettent de redonner vie à vos appareils.  Les piles Zinc-Air pour les appareils auditifs donnent une tension de sortie de 1.4 Volt (donc pas très loin du 1.35 Volt de la pile au mercure). Pour ceux qui ont un fer à souder et qui bricolent un peu, ils pouvaient insérer une diode au germanium dans le fil d’alimentation et provoquer une chute de tension qui ramenait la tension d’alimentation à un niveau proche du 1.35 Volt.

              En fait, aucune de ces solutions n’est une solution définitive. La pile Zinc-Air n’est pas à 1.35 Volt et elle a une géométrie différente (Fig.-1),  il faut l’insérer dans un support pour qu’elle tienne dans le réceptacle de la pile. La diode au germanium provoque bien une chute de tension qui nous rapproche de 1.35 V mais cette chute de tension n’est pas constante en fonction du courant qui est absorbé par l’appareil (Fig.-2).

Fig.-1 : Pile au format 625 / pile Zinc-Air
Fig.-2 : Pile PX 625 A (1.5 V) + diode au germanium (1N34A) = 1.35 V

              Il existe une autre solution qui vous permettra aussi de vérifier si votre exposition n’a pas été altérée avec le temps.  Il faut démonter l’appareil et repositionner certaines pièces. Heureusement que nous trouvons sur internet les manuels de réparation qui nous permettent de mieux comprendre comment fonctionnent nos merveilleuses mécaniques. Voyons maintenant comment nous allons procéder. MAIS ne tentez pas cette manipulation si vous n’avez jamais démonté d’appareil photo ou si vous ne vous sentez pas capable de le faire. Ce travail, s’il devait être classé en difficulté, serait à 4 sur une échelle maximum de 5, d’une part, vous pouvez complètement fausser votre exposition si vous faites une mauvaise manipulation , et d’autre part vous allez manipuler des pièces d’une taille telle qu’elles peuvent se perdre très facilement.

a) La cellule réagit à la quantité de lumière qui traverse notre objectif et notre aiguille nous dira si nous avons bien choisi le couple diaphragme/vitesse.

              Vous savez comme moi que si le couple diaphragme 4 / vitesse 1/60  est bon, alors le couple diaphragme 5.6 / vitesse 1/30 est aussi bon ainsi que le couple diaphragme 2.8 / vitesse 1/125.

Pour chacun de  ces réglages, la quantité de lumière qui va arriver sur la couche sensible sera la même. L’astuce d’OLYMPUS est d’avoir utilisé un système mécanique qui reprend ce qui a été dit.

              Ce qui nous intéresse, c’est la position du fil (1) qui va au galvanomètre (aiguille dans le viseur).  Si position 4 /  1/60  est la position requise, alors la position 2.8 / 1/125 amènera le fil qui va au galvanomètre à la même position. Avec un système de poulie et d’engrenage OLYMPUS réalise dans l’OM-1 un montage qui ne renvoie au galvanomètre que la quantité de lumière qui est associée au couple diaphragme / vitesse.

              Le montage fait dans l’OM-1 est un peu plus complexe, mais cela reste identique au principe ci dessus. (Fig.-3)

Fig.-3, montage réalisé dans l’OM-1 ( service manual OLYMPUS )

b) Le galvanomètre mesure le courant que laisse passer les deux cellules au  CdS et il fera dévier l’aiguille visible dans le viseur (Fig.-4). Ce galvanomètre est relié au système précédent et la déviation de l’aiguille pourra être annulée car le déplacement du fil (1) compense la déviation de l’aiguille.

              La lumière reçue par les cellules engendre un courant. Ce courant est mesuré par le galvanomètre et l’aiguille dévie de sa position d’origine. En modifiant la vitesse ou le diaphragme, vous allez modifier la position du fil qui va au galvanomètre. Vous allez ainsi faire tourner le cadre du galvanomètre et remettre l’aiguille à sa position d’origine.

Fig.-4 : montage du galvanomètre et du fil issu du montage précédent ( Service Manual OM-1 )

              Comme la pile de 1.5 Volt engendrera plus de courant que la pile de 1.35 Volt, il suffirait de modifier la position d’origine du galvanomètre pour corriger l’exposition.  Comme nous ne pouvons pas modifier la position du galvanomètre, nous allons modifier la position d’origine de la commande en vitesse. Par exemple, avec une pile de 1.35 V, vous avez un couple diaphragme :vitesse de 4 : 1/30 , et pour une pile de 1.5 Volt, il passe à 4 : 1/60 .  Il suffit de décaler la commande de la poulie associée aux vitesses de manière à ce que la position 1/30 donne un déplacement suffisant pour avoir l’aiguille du galvanomètre en exposition correcte.  Cette possibilité est réelle compte tenu de la mécanique de l’OM-1 .

              Dans le dessin suivant, nous allons identifier les pièces à démonter et les précautions à prendre.

Les pièces importantes :             La commande des vitesses (rouge)

                                                    La bague intermédiaire (vert)

                                                    L’arbre de transmission (bleu)

Quand vous tournez la commande des vitesses, vous entrainez la bague intermédiaire qui porte une denture. Cette denture est en lien avec l’arbre de transmission qui pilote le fil de la vitesse (Fig-3)

              Comment connaitre mon décalage ?  Pour avoir cette réponse, il faut faire une mesure d’exposition  en montant une pile de 1.35 V et une mesure identique avec une pile de 1.5 V. En mettant le même diaphragme pour ces deux mesures, vous allez obtenir deux vitesses différentes et  vous saurez quel est le décalage à réaliser.   Par exemple, si la pile de 1.35 V vous donne une vitesse de 1/30 et la pile de 1.5 V une vitesse de 1/125, cela veut dire que vous devrez faire un décalage de deux crans au niveau de votre bague intermédiaire.

              Une autre solution consiste à utiliser un deuxième appareil photo qui servira de référence. C’est lui qui vous dira quelle est la vitesse que vous auriez eu si vous aviez fait la mesure avec l’OM-1 équipé d’une pile de 1.35 V.

Voyons maintenant un cas pratique.

              La première chose à faire est de déterminer  la correction. Pour cela, il vous faut un deuxième appareil qui servira de référence.  Chez vous , vous allez utiliser un éclairage artificiel et un deuxième appareil photo ayant un objectif identique ( 50 mm, 1.7 ou 1.8  en général ). Le deuxième appareil doit être particulièrement précis. Par exemple un CANON A1 vous donne la vitesse et le diaphragme choisi avec une très bonne précision ( il peut vous donner 1/90 en vitesse et 6.3 en diaphragme ), un appareil avec un posemètre à aiguille est tout aussi précis et un RICOH KR-5 est amplement suffisant. Vous allez  faire une mesure sur un mur éclairé avec votre appareil de référence et  moduler l’éclairage  ou l’angle de prise de vue ) de manière à arriver à des valeurs  normalisées en vitesse ( 1/15 , 1/30 , 1/60 , 1/125 … ) et en diaphragme ( 2.8 , 4  , 5.6 , 8 … ).  Vous faites exactement la même mesure avec votre OM-1 équipé de la pile PX625A de 1.5 Volt. Il est évident que vous n’allez pas trouver la même chose. Vous mettez exactement le même diaphragme que celui utilisé sur l’appareil de référence et vous cherchez la vitesse qui donne une exposition correcte pour la cellule de l’OM-1 . On pourra augmenter la précision en ajoutant une deuxième opération )

Ainsi, vous pouvez arriver au cas suivant :

-> Exposition de référence     Diaphragme  5.6     Vitesse 1/1000

-> Exposition donnée par l’OM-1  :   diaphragme 8.0 , vitesse   1/1000

Il faut donc décaler la commande des vitesses de 1  crantage ou modifier le réglage du diaphragme de 1 cran aussi.

La suite en image.

Vous faites une mesure d’exposition avec votre OM-1n ou OM-1 équipé de la nouvelle pile de 1.5 V. Vous mettez l’aiguille bien au centre des repères et vous avez l’exposition suivante ( 1/60 , f:4.0 )

Exposition jugée correcte par votre cellule

MAIS, votre appareil de référence ( ou votre cellule ) vous dit que pour lui, il faut 1/60 , f 5.6.

Exposition requise par l’appareil de référence.

Ainsi imaginons que vous décaliez d’un cran vers la gauche la commande du diaphragme par rapport à la bague qui porte les indications d’ouverture….

L’exposition donnée par la cellule est OK, le plot rouge est donc dans la bonne position. Mais la bague qui porte l’indication du diaphragme n’est pas au bon endroit.

Bien évidement, si je place ma bague sur la position 5.6, la plot rouge n’est plus au bon endroit et l’aiguille me dira que l’exposition n’est pas correcte.

Si je désolidarise la bague portant les ouvertures de la commande du diaphragme et que je l’avance d’un cran, alors quand je mettrais une ouverture de 5.6, le plot rouge se trouvera dans la position ou l’aiguille me dit que l’exposition est bonne.

ET JE VERRAIS COMME COUPLE RETENU:

Vitesse = 1/60

Diaphragme f : 5.6

C’EST A DIRE L’EXPOSITION DONNEE PAR L’APPAREIL DE REFERENCE

ATTENTION,   Olympus précise dans son « service manual », que la commande des vitesses doit être au 1/1000, c’est à dire en butée. Mettez la commande des vitesses au 1/1000 avant de retirer les trois vis de fixation.

Vitesse sur 1/1000

( – on retire l’objectif – )

( – on démonte les trois vis de fixation – )

( – Pas de risque de voir la bague partir même si les trois vis sont retirées – )

Vous pouvez maintenant retirer la bague de fixation

( – voici enfin la partie qui nous intéresse – )

( Pour éviter que l’arbre de commande bouge pendant la photo, il y a un petit bloc de pâte à modeler qui l’immobilise )

(a) Vous rehaussez légèrement la couronne de transfert  de manière à ce qu’elle ne touche plus la commande de vitesse.

(b), vous mettez une petite marque sur la couronne de transfert de manière a visualiser le déplacement.

Photo faite après la rotation d’un cran de diaphragme.

Il faut maintenant immobiliser l’arbre de commande et repositionner la couronne comme elle l’était avant le démontage. Et oui la couronne doit revenir dans le cran d’entrainement (c)

Pour repérer l’écart angulaire qui doit être réalisé, il suffit d’utiliser la couronne indiquant les vitesse. Quand vous tourner dans le sens horaire et que vous désirez faire un décalage de 1 cran, il suffit de regarder la vitesse qui est en face du repère que vous avez posé  ( ici c’est mon petit repère rouge ) et de faire tourner la couronne pour amener la repère rouge à la vitesse immédiatement inférieure. Quand vous faites tourner la couronne, vous entrainez en même temps l’arbre de transmission.

Voilà, c’est fait, vous avez avancé d’un cran la position transmise par la bague des diaphragmes… Vous pouvez remonter la bague qui supporte l’objectif et vérifier l’exposition.

Il est fort possible que vous n’ayez pas encore une exposition parfaite (cela se règle à une dent près ! )

Maintenant, si vous avez bien compris ce qui se passe, vous pourrez même refaire complètement la manipulation si jamais vous faites une erreur, comme par exemple, laisser tourner par inadvertance l’arbre de transmission… Vous pouvez répéter l’opération jusqu’à obtenir une bonne exposition.

ENCORE UNE FOIS, CETTE MANIPULATION DEMANDE QUAND MEME DE LA PATIENCE ET UN PEU DE DEXTERITE. ALORS SI VOUS NE VOUS EN SENTEZ PAS CAPABLE, NE FAITES RIEN…

PS Si vous pensez que ce souci de calibrage est marginal, je vous invite à parcourir ce forum, généralement bien documenté, qui en parler en plusieurs endroits : 35mm-compact

2 commentaires sur “Comment se passer des piles au mercure et garder le maximum de compatibilité par Olivier.

  1. Je ne tenterai pas cette opération, pour la simple raison que je n’ai pas d’OLYMPUS OM-1 ou OM-1n. 😛

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