Le Canon AL-1, bis

Si vous vous en souvenez, Olivier nous a déjà présenté cet appareil ICI.

Il se fait que, finalement, j’ai pu en acquérir un à prix très raisonnable car il était inutilisable.

Cet article va donc reprendre quelques points du précédant (pour ceux qui ne veulent pas aller relire l’autre article, au demeurant fort bien fait) mais va aussi entrouvrir des options différentes.

Mais reprenons un peu le fil du temps : le Canon AL-1 est apparu en mars 1982, dernier de la série A de Canon, qui débutait en 1976 avec l’AE-1. Il fut aussi l’un des derniers à utiliser la monture FD, bientôt remplacée par celle que nous connaissons encore, la EF (1985), celle des Eos (qui, soit dit en passant, disparait au profit de la RF, celle des hybrides, Canon – tout comme Nikon – ayant décidé, avec retard, de se lancer exclusivement dans l’hybride. De nos jours, seul Pentax offre encore une gamme intéressante de « vrais » réflex avec sa monture historique, la K).

Je le qualifierais d’appareil de transition car s’il possède un système performant de confirmation de la mise au point par détection de phase, il n’est pas autofocus. Ça se sera pour le T80 qui le remplacera.

Le AL-1 permet de faire une mise au point assistée tout en gardant les objectifs classiques de la gamme FD (et ils sont nombreux !).

Si vous combinez cette particularité à l’exposition automatique, à priorité ouverture, vous avez là un appareil finalement assez avancé qui non seulement simplifie l’exposition mais aussi la mise au point (composition). Bref, l’appareil idéal pour le photographe amateur.

Cette orientation se remarque aussi, par exemple, dans la gamme des vitesses : l’obturateur est réduit et ne propose que les vitesses de 1/15, 1/30, 1/60 ( synchro flash), 1/125, 1/250, 1/500, et le 1/1000ème plus la pose B. Exit donc les vitesses vraiment lentes.

Pour le reste, il fonctionne en mode automatique ou manuel.

Je reviens un instant sur les lettres « qF » qui sont en façade : elles signifient « quick focus ». Répétons-le, ce n’est pas un autofocus mais une assistance à la mise au point.

Source : Mike Eckman

Deux diodes rouges, sous forme de flèche, indique dans quel sens tourner l’objectif pour être net, et dans ce cas, une troisième diode, ronde et verte, s’allume, confirmant que c’est ok.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Le miroir possède un réseau complexe de motif semi-transparent, qui laisse la lumière atteindre un « sous-miroir », qui pointe vers une ligne de 3 capteurs CCD nichés au fond de la chambre à miroir.

Comme pour les appareils modernes, ce système utilise une détection de contraste pour aider à la mise au point. C’est un vrai précurseur dans le domaine.

Cela fonctionne-t-il bien ?

Oui dans la grande majorité des cas. Cependant, les forts contrastes, la faible luminosité, les contre-jours, les tons sur tons vont poser problème. Mais ça n’empêchera pas le photographe de faire sa mise au point avec le dépoli et de faire la photo.

Finalement, c’est un appareil qui pourrait être tout à fait sympathique, sauf que …

Sans piles, point de salut ! Et les piles, deux AAA toutes simples, c’est le cauchemar de cet AL-1.

Enfin, pas les piles en elles-mêmes mais le compartiment dans lequel elles se trouvent. Notez que l’idée était bonne, au départ : un léger grip – le compartiment des piles – posé sur l’avant assurait une très bonne tenue de main, mieux même que sur ces frères (AE-1 et consorts) mais, saperlipopette, pourquoi Canon a-t-il mis là la pire porte de trappe à piles qu’il ait jamais conçu ?

Elle est d’une fragilité légendaire car non seulement le « verrou » en plastique se brise, mais la partie métallique, qui assure les contacts électriques, se fait généralement la malle, rendant l’appareil inutilisable …

… sauf si vous savez un peu bricoler !

Celui que j’ai acheté souffre de cette tare : le verrou est cassé mais j’ai la chance d’avoir encore la plaquette métallique.

Armé d’une petite perceuse, j’ai entamé la poignée pour pratiquer une fente, dans laquelle j’ai glissé un bout de ferraille (récupéré sur une structure métallique de film Polaroid !), et l’extrémité de cette languette vient bloquer la porte, assurant un bon contact électrique (j’avais essayé avec un bout de gaffer, mais la pression n’était pas suffisante pour assurer un bon contact). Le bout est replié vers la poignée et entouré d’un morceau de gaffer à tout faire.

Ce n’est sans doute pas le moyen le plus élégant pour corriger le problème mais il ne coûte rien et ça fonctionne !

Ce bel AL-1 qui risquait de terminer sa vie en presse livre, sur une étagère, marche de nouveau parfaitement bien, et comme c’est un priorité ouverture, j’avoue qu’il a ma préférence dans la gamme des Canon A.

D’autant que ce boitier – réalisé en polycarbonate de très belle qualité, on croirait qu’il est tout en métal – est confortable sans être très léger (490gr nu). Son ergonomie est soignée avec la petite poignée du porte-pile, son levier d’armement qui se prolonge vers le déclencheur, assurant une excellente prise, voire même une certaine rapidité pour ré-armer.

Source : Peter Vis

A son époque, seuls quelques appareils presque confidentiels comme le très rare Minolta X-600, le Pentax ME F et Olympus OM-30, proposaient une assistance à la mise au point utilisant des objectifs à mise au point manuelle. Le Canon AL-1 fut le plus produit et le plus vendu.

Il sera aussi un formidable banc d’essai pour Canon car il inspirera sans aucun doute les recherches qui donneront lieu à la création de l’Eos 650 (1987), salué comme étant l’appareil avec la meilleure mise au point de l’époque, au grand détriment des concurrents tels que Minolta et Nikon.

Petite particularité toutefois : l’aide à la mise au point ne se fait qu’au milieu de l’image. Si vous voulez décentrer celle-ci il faut maintenir le déclencheur enfoncé à mi-course et recomposer votre image avant d’appuyer à fond pour prendre la photo.

Autre petit point auquel faire attention, les objectifs FD que vous allez utiliser. Les plus anciens ont une position A (automatique), qui était destinée à l’automatisme des AE-1 (priorité vitesse). Ici, lorsque vous modifiez l’ouverture de votre objectif, le boitier calcule la vitesse la plus appropriée. Sur les AE-1 et consort, c’est l’inverse. Ne laissez donc pas ces objectifs sur le A sinon vos images seront exposées à l’ouverture minimale de ces derniers (f16 ou f22 souvent).

Cette remarque est également valable pour les AV-1, eux aussi à priorité ouverture (mais non débrayables eux).

En résumé, un très bon appareil dans la veine de la série des Canon A, automatique ou manuel (vous choisissez alors vous-même la vitesse), compatible avec toutes les optiques en monture FD et New FD – à privilégier (et même FL avec un adaptateur), qui utilise des piles ultra basique (deux AAA), qui vous assiste dans la mise au point et qui le fait très bien.

S’il n’était affublé de cette satanée porte du compartiment à pile qui ne demande qu’à se caser, il serait parfait.

La pièce n’existe plus mais avec un peu d’astuce, on peut y remédier et remettre en service de beau joujou. Il se dit qu’avec un Winder A1 ou A2 (moteur de réarmement), bien serré au boitier, ça tient aussi la trappe en place, ça alourdit juste un peu la silhouette et le poids de l’ensemble … A voir aussi avec un plateau Arka Swiss, qui pourrait bloquer la trappe, les solutions existent.

Alors, si vous en trouvez un en parfait état, prenez-le, vous ne le regretterez pas. Et si celui que l’on vous propose n’a plus de quoi fermer le compartiment piles prenez-le aussi, vous pourrez toujours en faire quelque chose et le remettre en route à peu de frais.

Et pour économiser les piles, n’oubliez pas de remettre le sélecteur sur L (en rouge, lock) quant vous en avez terminé.

Une petite video promotionnelle d’époque

Caractéristiques principales :

Reflex mono-objectif 24×36 mm à exposition automatique réglée électroniquement
Objectifs utilisables : FD et la plupart de la série FL
Objectif standard : FD 50 mm f/1.2, 50 mm f/1.4 ou 50 mm f/1.8
Monture baïonnette Canon
Viseur prismatique, fixe
Champ 92% verticalement, 93% horizontalement de l’image réelle
Grossissement 0,87x avec objectif standard réglé sur l’infini
Réglage dioptrique de l’oculaire : -1 dioptrie
Verre de visée : dépoli laser avec collimateur de mise au point
Mesure de la lumière à travers l’objectif
Exposition automatique : priorité à l’ouverture
Système de mise au point rapide : à travers l’objectif et faisant appel à trois capteurs CCD; infos relatives à la mise au point calculées et affichées par micro-ordinateur
Témoins de mise au point : 3 LED, rouge flou (mise au point trop courte), vert net, rouge flou (mise au point trop longue)
Déclencheur électromagnétique bi-étagé.
Vitesses d’obturation : réglage auto en continu de 2s à 1/1000 s. Réglage manuel 1/1000, 1/500, 1/250, 1/30, 1/15 et « B »
Retardateur électronique délai de 10s commandé par le déclencheur
Exposition auto au flash


Système Quick Focus :
Le système recherche le pic de contraste de l’image obtenu par trois rangées de capteurs CCD linéaires
L’exposition est commandée par une cellule photo-électrique TTL au silicium. Le Canon AL-1 QF dispose d’une mesure intégrale à prédominance centrale.


Une publicité d’époque (merci Collection-appareils)

Cette pub Phokina 1982-83 est intéressante car elle présente la gamme Canon de l’époque.

Des références : https://en.wikipedia.org/wiki/Canon_AL-1, https://mikeeckman.com/2018/03/canon-al-1-1982/, https://www.canonclassics.com/canon-al-1/20-13/, https://www.petervis.com/Cameras/canon-al-1/canon-al-1-review.html, https://global.canon/en/c-museum/product/film106.html en anglais; https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-10263-Canon_AL-1%20QF.html, https://www.fou-du-canon-f-1.net/appareils-canon-apres-le-f-1/canon-serie-a/(vous y trouverez aussi une autre technique de réparation), en français.

7 commentaires sur “Le Canon AL-1, bis

  1. Bonjour JP, effectivement, la trappe à pile est la maladie chronique des AL-1 !…Avec les imprimantes 3D ou avec un petit morceau d’aluminium que l’on usine à la lime, on arrive à refaire cette petite pièce que l’on casse si facilement. C’est dommage que l’appareil que tu as trouvé ait été maltraité… La réparation que tu as faite te permet au moins d’avoir un appareil utilisable. Si tu veux avoir la version « sortie de boite », il te faut trouver l’objectif CANON 50 mm f : 2.0 … Il est assez rare ( en gros 1 seul 50 mm sur 10 proposé à la vente en occasion est un f 2.0 ). Donc inutile de préciser qu’il est vendu plus cher alors qu’il est quand même moins bon qu’un bon vieux 50 mm ,f 1.8. Un petit désagrément sur cet appareil est qu’il demande des objectifs à grande ouverture pour pouvoir réaliser l’assistance sans difficulté . On se demande bien pourquoi CANON a fabriqué des 50 mm F 2.0 et qu’en plus , il les associait à l’AL-1 . Pour finir, un bien bel appareil qui mérite d’être dans la sac car son bossage pour le compartiment à pile permet une prise en mains que même le CANON A-1 n’a pas.

    • Bonsoir Olivier, c’est vrai que Canon ne nous a pas gâté avec ses portes de piles : AE-1 et consorts, même désagrément, et difficilement réparable car il faut beaucoup démonter pour remplacer. Le AL-1 avait innové mais pas en qualité pour ça ! Sur le A-1 que j’ai vendu, il y avait une petite poignée accessoire, qui donnait ce petit bossage intéressant et protégeait en même temps le compartiment piles. Et tu as raison, l’objectif de dotation semble être un f2, pourtant certains auteurs citent aussi le traditionnel 1,8. Sans doute cela a-t-il évolué avec les séries, même si le AL-1 ne fut pas produit très longtemps in fine. Et comme je le disais, mon bricolage n’est sans doute pas le plus élégant, mais il me permet d’utiliser l’appareil, le plus important en fin de compte. Mes amitiés.

  2. Misère! Jean-Pascal, tu aurais dû m’envoyer un message avant d’attaquer cette pauvre bête à la perceuse! Je t’aurais fait une pièce de rechange en impression 3D.

    • Bonjour Gaël,
      Ah ça c’est gentil ! Mais vois-tu, le proprio précédant a sans doute essayé de démonter la poignée et il a ruiné une vis. Dès lors, j’avais peu de choix.
      Mais je retiens l’idée car ce sont des « pannes » récurrentes sur les vieux appareils.
      Toutes mes amitiés.

    • Bonjour Gaël, là, je vais avoir besoin de tes talents avec une imprimante 3D car je viens de racheter un AL-1 noir dont la porte est HS, comme d’habitude. Comme tu m’avais proposé une pièce en impression 3D, dis moi ce que je dois faire (plan, photo à t’envoyer ?). Merci de ton aide. Mes amitiés.

      • J’ai deux modèles de porte pour les A. Je regarde celui qui semble le mieux et te l’envoie. Il faudra certainement l’ajuster à la main pour que ça s’emboîte bien. Par contre, il faut que tu aies encore les éléments métalliques de l’original pour les remettre sur l’impression 3D.

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