Le Brownie Hawkeye Camera Flash Model

Ah, petit clin d’œil à Nicolas, j’en ai trouvé un, avec son flash !

Avouez que ça fait très « pro » des années cinquante !

Je vous ai déjà proposé un Kodak Brownie « moderne » (en opposition aux Brownie en forme de box en carton ou métallique), le Twin 20, assez étonnant.

Ici, c’est une remarque de Nicolas qui m’a fait tourner la tête vers cet appareil sur une brocante, d’autant qu’il était accompagné de son flash.

Pour le situer, c’est un appareil qui sera produit aux Etats-Unis, au Canada et en France entre 1949 et 1961, avec quelques variantes, bien évidemment. Il est fabriqué entièrement en bakélite. Ne le laissez pas tomber, ça casse.

Vu sa longévité, vous vous doutez bien que c’est un appareil « bien né » et en tout cas une réussite commerciale pour Kodak.

Au début cet appareil n’était pas prévu pour utiliser un flash. C’est en 1951 que les modifications ont été apportées. Dès lors ce Brownie est devenu Brownie Flash en France et Brownie Hawkeye Flash aux States.

Nos amis collectionneurs trouveront des subtiles différences dans les modèles, comme un bouton d’avance du film métallique pour les anciens exemplaires et en plastique par la suite.

Pour ceux qui ne le savent pas, comment retrouver la date de fabrication de son appareil photo Kodak ?

En ouvrant l’appareil, à l’endroit de la bobine réceptrice, vous trouverez 4 lettres. Celles-ci correspondent à des dates, en utilisant le code Kodak « CAMEROSITY ».

C A M E R O S I T Y
1 2 3 4 5 6 7 8 9 0

Cet appareil, qui porte les lettres YORA, aura ainsi été fabriqué en juillet 1951. En effet, Kodak a utilisé 13 périodes de 4 semaines pour diviser chaque année, de sorte que ces chiffres se traduisent par la 7e période de 4 semaines de 1951 (entre la seconde moitié de juin et le début de juillet).

Comme souvent avec ces Brownies, l’appareil est compact, avec une poignée pour le transport sur le dessus et le bouton d’armement à droite. Il est souvent présenté dans son « sac tout prêt » en vrai/faux cuir du plus bel effet mais absolument pas pratique.

Nous devons le design à Arthur H. Crapsey, qui est aussi l’auteur du Kodak Brownie Bull’s-Eye et des Kodak Brownie Star dans les années quarante et cinquante.

Visuellement, il est bien équilibré :

  • d’abord un grand viseur sur le dessus, avec un verre bombé qui élargit le cadre
  • ensuite, de part et d’autre, le déclencheur et un second bouton qui permet de faire des expositions longues (mais il n’y a pas, paradoxalement, de prise pour fixer un trépied)

Cet appareil est prévu pour utiliser des films aujourd’hui disparu, les 620 qui sont en fait des 120 avec une bobine plus fine et dont la tête est plus petite. Mais comme le faisait remarquer Nicolas, c’est sans doute le seul appareil qui acceptera la bobine de 120 sans rouspéter car il y a assez de place pour que celui-ci tourne sans devoir la transformer. Un bon point !

Attention toutefois, la bobine réceptrice devra être une bobine de 620 (à vérifier si vous achetez cet appareil qu’elle soit dedans) car si la bobine de 120 tourne bien en bas, il n’en est pas de même de l’autre côté, allez savoir pourquoi !

Source : emulsive.org. A gauche, une bobine de 620 et une de 120 à droite.

Le viseur, un simple verre bombé placé au dessus d’un miroir incliné, est une version (très) simplifiée de la visée des TLR (twin lens reflex). Il donne une image inversée, non corrigée.

Seul avantage de ce système : il n’y a que 2 vis à ôter pour nettoyer le tout et remettre au goût du jour ces appareils.

Ne nous trompons pas, la visée se fait plutôt « au pif » qu’avec la rigueur des autres types d’appareils, même si le carré du viseur correspond au cadre.

L’objectif est un ménisque de 80mm ouvrant à f16 (ouverture fixe). La mise au point minimale est de 3,5m jusque l’infini. Il n’est pas traité et sera donc très sensible aux reflets, ce qui fait en sorte son charme. Tout comme le vignetage et la distorsion en barillet qui, même si elle est faible, est comme une signature. Les plus pointus trouveront aussi quelques aberrations chromatiques. De fait, la surface plane de l’avant de l’objectif plus le verre de protection placé devant l’obturateur font que tous ces petits défauts s’accumulent. Et pourtant, les images tirées par cet appareil ne sont pas si nulles, voyez ICI.

D’autant qu’il ne faut pas oublier que vous allez travailler avec un grand négatif de 6X6cm, ce qui vous autorise, si besoin, à recadrer.

Enfin, les agrandissements sont bons mais vous pourriez faire comme à l’époque, un tirage direct à partir du négatif (tirage par contact).

Si vous tombez sur de vieux albums familiaux, il est très probable que certaines photos sont issues de ce type d’appareil, vendu à plusieurs millions d’exemplaires et les photographes de l’époque s’en sortaient assez bien.

Restons au niveau « technique » en écrivant sur la vitesse de l’obturateur. Théoriquement, elle doit être entre 1/30s et 1/50s mais cela va dépendre de la propreté de l’ensemble, de la fatigue éventuelle du ressort, de la chaleur, du froid, … et de l’âge du capitaine !

C’est un obturateur rotatif (il tourne pour exposer le film).

Bref, à cette vitesse là, tenez bien l’appareil en mains pour éviter les flous de bougé, à moins d’utiliser un film un peu plus rapide que ceux de l’époque (c’est d’ailleurs le seul paramètre sur lequel vous pouvez influer).

C’est sans doute ici que le flash intervient. Attention, pas n’importe quel flash, ce doit être un Kodak, le Midget (celui aussi des Brownie Starlet, Starflex ou Bull’s Eye).

Ce flash se monte sur le côté et si vous devez le monter, faites-le sans piles et sans ampoules, un faux contact et hop, ça flash !

Par contre, ce qui est intéressant, c’est qu’il est alimenté par deux piles C, très courantes. L’ampoule est de taille M, peut-être un peu plus difficile à trouver.

Le flash est synchronisé avec l’appareil dès que celui-ci est monté dans les broches et visé au corps.

Plus tard Kodak proposera un flash plus petit, le Kodalite Midget, qui utilisera deux piles AA et acceptera les plus petites ampoules flash M2 et M2b (bleues, pour les films couleur) ainsi que les plus grandes #5 et #25, plus économiques et peut-être plus facile à trouver.

Nous n’avons plus l’habitude de ce type d’appareil et de flash à ampoule mais rappelez-vous qu’ici vous ne pouvez pas modifier la vitesse de l’obturateur. La seule manière d’atténuer la puissance de l’éclair c’est de s’éloigner de son sujet.

Pour mettre un film dans la chambre, vous allez devoir faire pivoter le verrou, placé au dessus, sous la sangle.

Tout le dos s’escamote, vous laissant découvrir toute la chambre dans sa splendide … simplicité.

Profitez-en pour revoir vos notions d’anglais car tout est bien expliqué pour y placer un nouveau film.

Ne cherchez pas un quelconque compteur de vue, c’est une petite fenêtre rouge, à l’arrière, qui vous permettra de voir le film avancer, vue par vue. Ne pas faire tourner le bouton trop vite est gage de bon positionnement du film.

Même si l’appareil est simple, Kodak lui a fournit toute une série d’accessoires peu courant dans cette gamme.

Comme un filtre jaune de série V de 25,5mm, qui se monte par friction.

Source : emulsive.org. La plupart des autres filtres de cette série peuvent se monter sur le Kodak Brownie Hawkeye Flash.

Il y aura aussi notamment un objectif « gros plan », des options de flash (le Midget, plus petit), un « étui de terrain » en cuir (voir au début de l’article) et un « filtre nuage ».

Source : emulsive.org. Le complément optique « grand angle »

Avec cet accessoire, la plage de mise au point descend entre 1,5m et 2,5m. Attention si vous l’utilisez, n’oubliez pas qu’il n’y a pas de correction de parallaxe sur l’appareil. Alors si vous ne voulez pas guillotiner vos sujets, pensez à incliner l’appareil vers le haut pour compenser.

Voilà, voilà … nous avons fait le tour de l’engin. Alors que retenir de lui ?

Son look d’abord, avec ce gros flash sur le côté, qui lui donne un air professionnel pour les novices en face.

Mais sil a le ramage, il n’a pas le coffre pour rivaliser avec d’autres appareils de années cinquante à soixante. Rappelez-vous, il n’y a qu’une ouverture, fixe, et une vitesse, limitée si tout va bien au 1/50s.

Le seul réglage que vous pourriez faire, c’est choisir la sensibilité du film selon les conditions de lumière du moment, le sujet et l’environnement dans lequel il va évoluer.

Si j’en crois les différents auteurs consultés, ce qui nous sauve, c’est la latitude des films, qui compense les limites de l’appareil. La plupart a utilisé du 100Asa avec succès lorsqu’il y avait du soleil ou un temps légèrement couvert.

La vitesse d’ouverture limité vous autorisera rarement à fixer des sujets aux mouvements rapides : le flou de bougé sera bien souvent invité, soit parce que le sujet a bougé, soir parce que vous avez tremblé.

Mais bon, toutes ces limitations peuvent devenir des invitations à la créativité, ce que certains photographes exploitent avec brio (voir les exemples de photos cités plus haut).

D’autant que la facilité à démonter cet appareil en incite certain à des manipulations comme le retournement de l’objectif (le centre sera net et les bords flou).

Comme il n’y a pas de protection contre les doubles expositions, vous pourrez vous en donner à cœur – joie.

Internet regorge de bidouillages en tout genre pour cet appareil. Soyez curieux, allez y faire un tour.

Enfin, puisque vous travaillez avec un grand négatif, là aussi beaucoup de choses sont permises, comme le tirage par contact évoqué plus avant ou a contrario, de grands agrandissements pour aller chercher des détails qui se perdent dans des formats plus petits.

En résumé, vous devriez pouvoir trouver cet appareil, avec son flash, pour une vingtaine d’euros, en parfait état et fonctionnel. Moins si vous devez le démonter pour le nettoyer. Vérifiez bien que vous possédez une bobine de 620 dans la chambre. Sinon, il faut en trouver une.

Petite video d’illustration :

ils se comportent comme de vieilles caméras. La plupart n’ont jamais été
révisés et beaucoup présentent une usure considérable. Certains peuvent
avoir des obturateurs collants (très lents) ou inopérants, une
synchronisation du flash non fonctionnelle ou d’autres composants
internes cassés.Kodak n’a jamais conçu ces appareils photo comme
des outils professionnels haut de gamme ; ils étaient destinés à rendre
la photographie plus accessible à l’amateur plus intéressé à prendre
une photo des vacances en famille ou de la fête d’anniversaire d’un
enfant. Parce qu’un grand nombre d’entre eux ont été fabriqués, ils sont
acquis à un prix relativement bas. Le mien coûte moins de 20 $ et peut
souvent être obtenu à un prix beaucoup moins cher lorsqu’il est acquis
dans un marché aux puces ou trouvé caché, peut-être dans le sous-sol ou
le grenier de la maison d’un parent.
Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Kodak_Brownie_Hawkeye, https://dodgeburnphoto.com/2008/12/photographer-interview-eric-j-henderson/, https://web.archive.org/web/20090201144836/http://www.davidrichert.com/brownie_hawkeye.htm, https://emulsive.org/reviews/camera-reviews/camera-review-kodak-brownie-hawkeye-flash-model-by-kikie-wilkins en anglais; https://www.collection-appareils.fr/x/html/page_standard.php?id_appareil=392, en français

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