Transformer un argentique en numérique ? Rêve ou (bientôt) réalité …

Certains vont crier au scandale, d’autres trouveront l’idée surprenante et, in fine, pourquoi pas ?

Je vous ai déjà présenté en son temps des réalisations léchées de l’ami Georges, comme le Fed digitalisé ou le ZorSony, qui sont des hybridations au vrai sens du terme : le mélange d’un appareil argentique avec un appareil numérique.

D’autres se sont essayé à cet exercice avec plus ou moins de bonheur mais le principe reste le même : vider de ses entrailles mécaniques le donneur pour les remplacer par un appareil numérique.

Et puis il y a une autre voie, celle qu’à choisie la société “I’m Back Film” depuis 2016, à savoir garder intact l’appareil mais lui adjoindre un dos numérique en ôtant seulement le dos de l’appareil, remplacé par un montage qui contient l’alimentation et un capteur digital.

Si l’idée était intéressante, il faut reconnaître que l’ajout était imposant et pas très pratique, d’autant qu’il utilisait un petit capteur, comme ceux des petits compacts d’autrefois.

Bien sûr on ne touchait pas à l’intégrité de l’appareil mais la qualité n’était pas (plus) vraiment au rendez-vous, sans compter les problèmes de conversions dues au objectifs conçus pour le 24×36 et un micro-capteur.

En soi l’idée était de proposer un dos qui contienne le capteur, l’électronique nécessaire, l’alimentation. Mais c’était encombrant :

“Early bird”, le nom de cet engin, était vendu plus ou moins 539€. C’était le prix à payer pour garder son vieil appareil mais bénéficier d’une capture digitale digne de ce nom. Les capteurs proposés ayant évolués et les derniers proposaient même du 16Mpx.

Vous l’aurez compris, le frein principal était la taille et l’embonpoint créé par cet appendice, finalement peu pratique.

Mais chez “I’m Back Film” ils ont de la suite dans les idées et ils nous proposent une nouvelle version de leur gentil délire. Une campagne de financement participatif (Kickstarter) vient d’être lancée pour financer ce nouveau projet et remporte un franc succès.

Cette fois il ne faut plus démonter le dos de son appareil mais bien glisser une “cartouche de pellicule” attachée à une mappe de connexion qui porte un capteur Micro 4/3 de 20Mpx qui lui vient se positionner dans la chambre, comme le film d’antan.

Voici une image du module :

Que l’on glisse dans l’appareil argentique :

Comment ça fonctionne ?

Un câble souple vient se brancher sur la “cartouche” et devra sortir du dos. Il se connecte à un bloc, qui sert de grip et que l’on fixe à la base de l’appareil avec un adaptateur. Ce boitier contient la batterie au lithium et une carte SD (SD Class 1 jusqu’à 256Go). C’est lui qui reçoit les images du capteur. Il porte aussi un petit écran couleur de 1,5″ et une commande à coller au dos de l’appareil, un gros bouton rouge, le déclencheur en fait du système (c’est lui qui met en marche le capteur). La poignée abrite aussi le logement d’un micro et d’un haut-parleur, liés à un Voice Commander, sans doute pour des commandes vocales ultérieures.

L’ensemble dispose encore d’une sortie HDMI, d’une prise USB-C (pour la recharge et le transfert filaire sur PC sous Windows 2000/XP/VISTA/7 ou plus, ou sur Mac OSX depuis 10.3.6) et d’une connexion WiFi pour un transfert vers Smartphone ou tablette piloté par l’application I’m Back Film (pas encore disponible).

Bon, ça s’est pour la “mécanique”. De fait, le capteur Micro 4/3 placé dans un appareil conçu pour le 24×36 donne droit à un … recadrage : un 35mm devient un 70mm par exemple.

Evidemment cela va poser problème pour viser correctement aussi le kit contient-il un cache translucide à coller sur le verre interne du viseur pour délimiter précisément la zone de cadrage, celle du capteur.

La question du “recadrage” pose aussi problème vis-à-vis des objectifs : comme écrit plus haut, un 35mm devient de facto un 70mm. Pour ne pas changer son parc de cailloux, “I’M Back” suggère d’utiliser un convertisseur optique grand-angle pour retrouver la focale standard (livré dans le kit d’installation), solution peu onéreuse, mais moins qualitative qu’un réducteur de focale monté derrière l’objectif.

Franchement, il y a intérêt à posséder des objectifs lumineux pour compenser la perte de luminosité due à cet ajout optique.

Malheureusement, outre la dégradation optique inhérente à l’ajout d’une pièce extérieure, il faut aussi compter sur la déformation du champ de vision que ce complément induit. La couverture angulaire absolue pourrait être de la partie (35 x 0,5 x 2 = 35 mm), mais entre les problèmes d’alignement du plan focal image (le capteur) – si vous regardez bien les images, le capteur n’est “fixé” au cadre de la chambre que par le presse-film – et la distorsion apportée par le complément et la réduction de la qualité d’image, il est clair que votre objectif préféré ne donnera pas les résultats optimaux !

Ceci étant, l’enregistrement photo se fait en RAW et JPEG, avec une sensibilité allant de 100 à 6400 ISO. Il est accompagné de Presets Noir et Blanc, Kodachrome et Fujifilm. Il peut même filmer avec un format vidéo montant à 4K et 60fps.

Ils auraient pu utiliser un capteur “full frame” pour simplifier la vie de tout le monde, mais c’est une question de coût. En effet, la production en petite quantité de capteur APS-C et de capteur plein format atteint des prix rédhibitoires. Restait donc l’option du capteur Micro 4/3, un peu plus accessible.

“Mais comment ça fonctionne ?”

De fait, entre le module et le boitier, il n’y a pas de connexion directe. Il vous faudra d’abord presser le déclencheur (le gros bouton rouge au dos du boitier) pendant 2 secondes pour activer le capteur. Puis vous pourrez activer le déclencheur de l’appareil ce qui va libérer l’obturateur et laisser entrer la lumière sur le capteur. Réarmer et recommencer.

Sauf que vous pourriez aussi utiliser la pose B, qui laisse l’obturateur ouvert, et actionner le déclencheur du système. Là, non seulement vous gagnez un appareil digital mais aussi un “vrai” hybride puisque vous verrez sur le minuscule écran l’image se former devant vos yeux ébahis !

Dans ce cas de figure, les fonctions telles que la vitesse d’obturation et la sensibilité ISO sont automatiquement prises en charge par le module, permettant au photographe de se concentrer uniquement sur la mise au point et l’ouverture de l’objectif.

En résume vraie bonne idée à peaufiner ou énième tentative de bidouiller du digital dans des appareils qui n’ont jamais été conçu pour ça ?

Honnêtement, si ce n’était le prix (673€ en principe), je me laisserais bien tenter (mon côté curieux) mais en même temps je me dis que pour moins que cette somme je peux de nos jours acheter un vrai hybride un peu passé comme un excellent Olympus OM-D EM-1 de première génération, voire même de la seconde ou encore un Canon Eos M50. Le premier cité a en outre la bonne idée de ressembler assez fort aux anciens boitiers argentiques et c’est aussi un Micro 4/3

Bah, dans quelques années, les capteurs full frame seront abordables, la miniaturisation encore meilleure et I’m Back Film nous proposera encore une solution plus élégante et enfin pleinement utilisable, qui sait …

Voici à quoi ressemble la boite du kit, proposé à 673€ dès juillet 2024.

Des références : https://www.lesnumeriques.com/appareil-photo-numerique/i-m-back-film-le-retour-de-la-pellicule-numerique-chimere-ou-realite-n213908.html, https://imback.eu/home/, https://phototrend.fr/2023/10/kit-im-back-film-capteur-numerique-boitier-argentique/, https://www.frandroid.com/produits-android/photo/appareil-photo/1834119_im-back-film-on-en-sait-un-peu-plus-sur-la-pellicule-numerique-pour-appareils-argentiques, https://www.reponsesphoto.fr/actualites/materiel/im-back-film-le-capteur-micro-4-3-reflex-argentiques-51464.html#item=1

2 commentaires sur “Transformer un argentique en numérique ? Rêve ou (bientôt) réalité …

  1. Ça aurait pu me tenter il y a quelques années, mais aujourd’hui je n’y vois pas beaucoup d’intérêt. Surtout à ce prix.

    • Bonjour Phil, oui, tu as raison, et j’aurais réagi comme toi il y a quelque temps. Finalement, je trouve la démarche d’hybridation de Georges plus conforme à l’esprit, d’autant que ce faisant, il sauve souvent des boitiers irrémédiablement en panne dont la destination finale aurait été la déchèterie. Ah, le monde parfait n’existe pas … quoique des marques comme Fuji, Nikon, Olympus aient essayé de faire entrer des boitiers aux formes connues avec de la sophistication moderne dans nos habitudes, et ils y sont assez bien parvenus. Toutes mes amitiés Phil.

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