Le Balda Baldessa 1

Second appareil trouvé chez le vide-grenier, après un Minolta Riva Zoom 70.

De prime abord, je ne l’avais pas regardé, dans son « sac tout prêt » en cuir, il ressemblait à tant d’autres appareils de son époque (1955 – 1960), comme les Agfa, les Voigtländer Vitoret, etc.

Et puis, … il n’y avait pas grand chose à me mettre sous les yeux et donc je suis revenu vers l’appareil.

J’ai ouvert le sac et découvert, ma foi, un appareil quasi neuf, un Balda Baldessa 1, que je ne connaissais pas.

D’autant que ce petit boitier n’est pas avare en surprises, vous verrez.

Mais peut-être d’abord quelques mots de cette marque, disparue.

C’est en 1908 qu’un certain Max Baldeweg crée sa société, qui deviendra en 1913 la Balda-Werk, à Dresde. Au début, cette société produit des accessoires pour la photographie. Puis, vers 1920, elle commence la production de box, de folding à plaques ou à film en rouleaux (rollfilms).

Elle en fabrique sous son propre nom et aussi comme « produit blanc » pour d’autres marques. Sa spécificité étant de produire des appareils bon marché quoique de bonne qualité.

Mais voilà, la seconde guerre mondiale est passée par là et si l’usine est remise en route en 1946, elle est passée à l’Est.

Tandis que Max Baldeweg, lui, passe à l’Ouest, à Bünde (Westphalie) et y re fonde en 1948 une société, la Balda Kamera-Werk. Dès 1951, elle produira les Baldini, Baldinette, Baldafix et consorts.

Pendant ce temps, l’usine initiale devient en 1951 la Balda-Werk et elle sera absorbée en 1956 par la VEB Pentacon, l’orgre Est-Allemand qui dévorait/rassemblait toutes les anciennes gloires photographiques malheureusement passées entre-temps derrière ce qui deviendra le rideau de fer.

Pour mémoire, VEB veut dire, littéralement « possédé par le peuple » … toute une autre histoire en somme …

Des modèles seront alors construit soit sous leur premier nom, Balda, soit sous les nom de Belca (Pentacon)

Mais revenons à notre Balda Baldessa 1, fabriqué en « West Germany », à l’Ouest donc.

Il y eut, en 1957, un premier modèle, bien vite amélioré en 1958, celui qui devient le Baldessa 1.

Le premier du nom avait un objectif Westanar de 45mm ouvrant à f2,8 avec un obturateur Pronto-SVS.

Le second aura le choix entre trois objectifs : un Color-Baldanar, un Color-Isconar ou un Westanar, toujours en 45mm ouvrant à f2,8. Celui que j’ai acquis possède le premier cité.

Ce n’est pas le plus luxueux mais c’est une formule Tessar à quatre éléments. Vous pourrez voir ICI les résultats en photos. On a déjà vu pire (et mieux, je vous l’accorde).

Ensuite, il a aussi le choix entre quatre obturateurs, un Vario, un Pronto, un Pronto 125 ou un Pronto SVS, échelonné pour ce dernier de 60s (!) à 1/500s plus une pose B. C’est celui qui équipe l’exemplaire présenté.

Autre grand changement par rapport à l’appareil initial, le viseur reçoit l’aide d’une fenêtre adjacente, qui « illumine » ce dernier, ce qui rend la visée bien plus confortable. Viseur avec un cadre lumineux et des corrections de parallaxe, un vrai charme.

Ce n’est pas un télémétrique – ça se sera pour les Baldessa 1a et Baldessa 1b (qui gagne encore une cellule) – et l’objectif se règle de 1m à l’infini avec la bague avant de l’objectif. Il est évidemment possible de travailler en zone-focus, une échelle est présente sur le fut.

Il n’y a pas de cellule et pourtant vous pouvez régler la sensibilité du film via une couronne autour du filetage du trépied, de 10 à 200Asa. Disons que c’est plutôt un aide mémoire, qui vous permet aussi de savoir si vous avez mis un film couleur ou N/B.

Puisque nous sommes sous l’appareil, remarquons deux traits caractéristiques et assez uniques de ce Baldessa 1 : la clé de rembobinage et celle pour l’armement.

Lorsque vous placez un film dans la chambre, vous devez réinitialiser le compteur manuellement. Et donc, lorsque vous arrivez en fin de pellicule, pour rembobiner celle-ci, vous devez faire basculer une tirette notée T – R vers le R. Cela libère la clé de rembobinage pour vous permettre de recharger le film dans sa cartouche.

L’opération terminée, vous repositionnez la manivelle à sa place et refermez la tirette sur le T, qui la bloque et libère de ce fait le déclencheur, autrement calé tant que vous êtes sur la lettre R.

Toujours par dessous, une seconde clé, à gauche : c’est pour armer le boitier. Vous soulevez la « clé » et tournez un demi-tour pour armer le déclencheur et faire avancer le film d’une vue. Ingénieux mais peu courant comme système. Il faut s’y habituer, un peu comme avec l’espèce de gâchette du Kodak Retina IIIC ou IIC ou du Ricoh 35, contemporains ou presque.

Tant qu’à faire le tour des spécificités du Baldessa 1, ne cherchez pas un quelconque verrou sur une tranche, n’essayez pas de tirer sur la clé de remontage, non, il faut simplement appuyer, en même temps, sur les deux boutons placés sur la tranche gauche, et tout le dos se déclipse.

Pour le remettre en place, vous l’accrochez d’abord vers la droite puis une pression sur la gauche, pour re clipser les deux boutons dans leurs encoches et fermer le tout.

Pas courant, vous en conviendrez.

J’ai écris plus haut que la marque fabriquait des appareils abordables, d’aucun dirait bas de gamme. Eh bien, du bas de gamme comme ça, j’en veux bien tous les jours !

Presque tout est métallique sur ce Baldessa 1, ce qui confère un poids stable et une bonne prise en main. De plus, le déclencheur en façade permet d’éviter, avec un peu d’habitude, les bougés dus aux appuis sur le bouton.

Remarquez, par dessous le déclencheur, un filetage pour un déclencheur souple.

Encore une particularité, le système EV/LV pour les vitesses et les ouvertures, couplées. Notez que l’on peut débrayer la chose grâce à bouton noir sur la couronne des ouvertures.

-« Heu … c’est quoi le système EV/LV ? »

Ah, une belle invention (!?) introduite en 1954 à la Photokina et embarqué par des marques aussi prestigieuses que Rollei ou Hasselblad.

C’est le fait de coupler la vitesse et le diaphragme en liaison avec l’indice de lumination (la quantité de lumière reçue pour une sensibilité donnée sur une surface x).

Un exemple concret : si vous avez réglé EV 10, 1/30 s à f4, le passage à 1/60 s changera automatiquement l’ouverture à f2.8 et le passage à 1/15 s s’arrêtera automatiquement à f5.6.

Pour expliquer le principe, LV, valeur de lumière et EV, valeur d’exposition, sont des termes utilisés pour permettre un rapport facile entre l’exposition et la lumière sans la confusion des nombreuses combinaisons équivalentes vitesses d’obturation et ouvertures.

LV fait référence à la luminosité du sujet. EV est le réglage de l’exposition sur l’appareil photo.

EV et LV suivent une échelle ouverte. Chacun d’entre eux est éloigné d’un cran du suivant. En photographie, des valeurs d’environ 0 à 18 sont couramment utilisées. Les valeurs négatives sont parfaitement valables, juste très sombres et ne se produisent que dans la photographie de nuit. LV 15 correspond à la pleine lumière du jour, par exemple.

Chaque valeur d’exposition, ou EV, représente l’une des nombreuses combinaisons différentes mais équivalentes de f/stop et de vitesse d’obturation. Par exemple, 1/250 à f/8 correspond à EV14, de même que 1/125 à f/11. 1/125 à f/8, un diaphragme de plus, correspond à EV13, et 1/250 à f/11, un diaphragme de moins, correspond à EV15. Vous n’avez pas besoin de vous en souvenir, elles sont sur le cadran de votre posemètre.

La compréhension de ces valeurs vous permettra de reconnaître les valeurs d’éclairage courantes et de deviner correctement les expositions, même sans posemètre.(source : https://lilinguas.com/fr/que-sont-lv-et-ev/)

En gros, pour faire simple, quand vous avez déterminé, par exemple avec votre posemètre, une « lumière », vous la reportez sur la bague des ouvertures et lorsque vous voudrez faire varier soit celle-ci, soit la vitesse, elles avanceront de concert, vous donnant toujours la bonne combinaison.

De mémoire, les Yashica Minister D fonctionnaient aussi avec cette échelle. Il faut s’y habituer mais ensuite, c’est facile.

Source : Philcameras, l’évolution du modèle : le Baldessa 1 en bas; le 1a au dessus, avec télémètre; le 1b tout en haut avec télémètre et cellule au sélénium.

Revenons à notre Balda Baldessa 1 car, finalement, ce petit appareil nous a réservé son lot de surprises.

J’allais oublier la griffe flash, synchronisée X pour les flash électroniques et M, avec câble pour les flash plus anciens.

Petit, agréable à tenir en mains, avec un beau viseur, un système ingénieux pour les réglages, il tient la comparaison avec un Voigtländer Vito CLR, par exemple et il surpasse, à mon avis, un Dacora au niveau qualité de fabrication (ok, ces deux-là ont une cellule … au sélénium, qui ne fonctionne plus, souvent).

Son esthétique est délicieusement rétro, entre années cinquante et soixante, ce qui fait son charme.

Il est encore parfaitement utilisable. Et je pense qu’il attirera aussi la sympathie de ceux que vous prendrez dans le cadre.

Sans être vraiment rare, il n’est pas très courant. Son prix devrait se fixer à 40 voire 50€ pour un très bel exemplaire, complet avec sa gaine.

Je l’écris souvent, et je le ré affirme, pourquoi acheter des appareils chez Lomography, bien chers (là, il vont m’en vouloir), en plastiques, alors qu’il existe encore tant d’appareils, de qualité, parfaitement utilisables, par exemple avec les films de chez … Lomography (allez, je me rattrape).

Si vous en trouvez un, ne le laissez pas passer, il vous le rendra bien.

Petite publicité d’époque (merci Collection-appareils).

Photo-Plait 1960

Video d’illustration

Un peu de technique :

Production1958   – Balda
BoîtierBoîtier 24×36 en métal gainé
ObjectifObjectif Color – Baldanar 45mm ouvrant à f2,8
Mise au point par rotation de la frontale à partir de 1 m.
ViseurViseur optique à cadre lumineux et indication pour la parallaxe
ObturateurObturateur central PRONTOR SVS 60s – 1/500s + B
Déclencheur sur la face avant avec filetage pour déclencheur souple
FlashSynchro-flash X et M par câble. Sabot standard sur le capot
Poids, dimensions 465gr
DiversLevier de rebobinage également rabattable et déverrouillable par le sélecteur de rebobinage se trouvant sous l’objectif.
Compteur de vues également sur la semelle, à remise à zéro manuelle.
Ecrou de pied avec disque de rappel de la sensibilité du film.
Dos entièrement amovible

Des références : http://camera-wiki.org/wiki/Baldessa, https://www.shutterbug.com/content/baldessa-1brfun-despite-its-performance, https://camerapedia.fandom.com/wiki/Baldessa en anglais; https://www.collection-appareils.fr/x/html/appareil-517-Balda_Baldessa%20I.html, https://www.philcameras.be/balda/, https://www.lesappareilsphotographiques.com/balda-p-19.html, https://www.collectiongeven.com/piwigo/index.php?/category/164 en français

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