Le Tamron 80 – 210 f3,8 – 4, une belle découverte, par Olivier.

Vous connaissez maintenant Olivier, qui a toujours de bonnes idées dans des domaines où je suis moins féru. Et il a eu celle de vous proposer une découverte intéressante, ce Tamron 80 – 210 qui a l’air d’une réelle bonne affaire, pour autant qu’on le débarrasse de quelques imperfections dues au temps et de mauvaises conditions de conservation.

Mais je lui laisse le clavier …

              C’est l’un des objectifs le plus vendu de TAMRON, il sera facile à trouver en occasion et face à une offre qui risque d’être conséquente, les prix seront attractifs. En plus il est associé à la technologie ADPATALL et peut donc être utilisé pour tous les boitiers avec une bague dédiée. Les bagues dédiées se retrouvent régulièrement sur des sites de vente de matériel d’occasion.

Photo officielle du du zoom 80-210 de TAMRON

              Même si cela reste une bonne occasion, ce n’est pourtant pas un objectif qui peut rivaliser avec les objectifs proposés par les grandes marques comme NIKON, OLYMPUS ou CANON. Il est toutefois d’une qualité optique supérieure à la moyenne de l’époque et il existe plusieurs générations de ce zoom.  Et c’est là que cela devient intéressant !

              En effet, il a été successivement amélioré puis dégradé ! Vous vous doutez bien qu’il faut prendre ni la première version ni la dernière, mais « entre les deux ».  Heureusement pour nous, TAMRON nous aide en écrivant sur chaque objectif sa version. Il est évident que vous reconnaitrez un objectif devenu Low-Cost par son corps en plastique, mais cela sera beaucoup moins évident si l’évolution concerne le groupe optique.

Les versions du  80-210

              Déjà, pour que l’on parle bien du même objectif, il faut qu’il y ait l’inscription 103A  sur le fut  (plus précisément sur la bague qui commande le diaphragme). De plus, c’est un objectif de la série ADAPTALL-2, donc si vous ne voulez pas perdre des fonctionnalités, prenez une bague ADAPTALL de la même génération. Le modèle précédent était le 03A. Il était un peu plus long et avait des performances optiques moindres (son seul avantage était le pare-soleil intégré). Le modèle suivant, le 46A perdait la structure métallique et voyait des éléments importants comme le canon Zoom/mise au point réalisé en plastique. Finalement la version 103A combine l’évolution de la structure optique et ne perd pas la fabrication entièrement métallique. De manière générale, les zooms de cette époque ne doivent pas être utilisés à pleine ouverture. Ainsi pour ce zoom, il est déconseillé d’utiliser une ouverture de plus de f : 5.6 . A pleine ouverture, il va avoir du mal à assurer une homogénéité de l’image (c’est ce que disent les tests en laboratoire).  Mais si vous êtes à pleine ouverture, c’est parce que vous manquez de lumière !   Alors y voyez-vous vraiment comme en plein jour ? … Bref, les conditions de prises de vue s’accommoderont certainement de cette perte d’homogénéité. Finalement, les tests en laboratoires…

              J’ai acheté sur le web, un 80-210 de la série 103A et hélas, il y avait des champignons présents sur les lentilles. Le vendeur m’avait prévenu, il était dans un état dit « moyen » …Mais pour 20 Euro, j’avais l’objectif et la bague ADPATALL-2 qui elle était en très bon état.

              Puisque l’on sait que l’on peut « investir » sur cet objectif voyons un peu sa constitution…En particulier, le groupe optique.

              Sur cette coupe du groupe optique, nous pouvons observer qu’il y a de forte chance que des éléments optiques soient constitués de lentilles collées. Les deux groupes optiques entourés en rouge risquent de nous poser des problèmes si des champignons ont commencé à attaquer la colle ! Ainsi, quand vous avez l’objectif en main, il faut regarder attentivement le bord de ces groupes pour apercevoir des effets de décoloration (comme un effet de bulle de savon). Si aucun effet n’apparait, alors l’objectif pourra être nettoyé sans trop de dommage. Même si les autres lentilles sont attaquées par des champignons, un bon nettoyage à l’alcool à 90°devrait suffire à les rendre plus présentables. Bien évidement, il est illusoire de croire que vous allez remettre votre objectif dans la situation de sortie d’usine ! Vous n’avez pas de salle blanche et toutes les précautions que vous allez prendre ne pourront empêcher l’introduction de poussières. Par chance, le 103A que j’ai récupéré a ses deux groupes optiques collés qui ne sont pas attaqués (enfin visuellement et sans démontage). L’état des autres lentilles n’est pas préoccupant, des champignons sont certes présents, mais ce n’est pas une cave parisienne à l’ombre et pleine d’humidité.

              Voyons maintenant les précautions de démontage car il n’existe pas de schéma type. Les grands constructeurs essayent toujours d’avoir des structures semblables pour des objectifs similaires. Il faut donc en avoir déjà démonté un pour savoir ce qu’il y avait dans les têtes des ingénieurs japonais quand ils ont fait la conception. C’est raté pour aujourd’hui, celui-ci sera mon premier ZOOM TAMRON !

Démontage et entretien.

              Par rapport à l’objectif FUJICA qui a été présenté sur ce site, celui-ci sera bien plus difficile à ouvrir… Avec un peu d’ingéniosité, on s’en sortira. Je vous présente donc ci-dessous mon « tournevis à bague frontale » !

Et oui, c’est un étau (de petite taille quand même), en acier… qui va supporter deux clous (en acier aussi !) qui ont été légèrement limés pour rentrer dans les encoches des bagues frontales ou arrières des fixations de lentille.

              Bien sûr, beaucoup d’entre vous serons « étonnés » de voir un tel équipement face à un objectif aussi fragile qu’un zoom ayant une lentille frontale de 58 mm.  Laissez-moi toutefois quelques lignes pour expliquer ce choix.  Le risque principal est évidement que si vous dérapez, la lentille frontale sera bonne pour la poubelle (et l’objectif avec).  Ce risque, bien sûr, j’en suis conscient et c’est pour cette raison que j’ai utilisé tous ces éléments en acier qui ne risquent pas de se déformer. Pour la bague qui serre les lentilles, le serrage en fabrication ne sera que modéré (si on serre trop fort, on peut fissurer la lentille !). Alors le but premier est seulement d’amorcer un desserrage que vous pourrez finir à la main.  Si vous avez des doutes sur ce procédé, bien évidement absentez-vous  de vous lancer dans le démontage d’un objectif !

              Donc pour ceux qui n’ont pas encore de cheveux qui se hérissent sur la tête, on continue…

Lentille frontale démontée avec le « tournevis spécial » précédent.

              Le groupe avant ne peut pas être retiré de la même manière car ce groupe est mobile par nature (il peut tourner dans le filetage du fut) car il est réglé pour assurer la mise au point à l’infini. Il y a donc des vis qui le bloquent en rotation. Ce sont ces trois vis qu’il faut desserrer pour démonter le groupe avant.

              De la même manière que l’on a démonté le cercle lié à la lentille frontale,  le bloc contenant le groupe avant sort sans trop de difficulté.

              Si vous vous souvenez de l’analyse que l’on avait faite de l’objectif, ce groupe avant contenait des lentilles collées et il apparait qu’elles n’ont  subit aucun dommage dû aux champignons. Un bon nettoyage à l’alcool à 90°c de la lentille frontale et de cet élément nous donnera un groupe avant comme neuf !

              On continue avec notre tournevis spécial, en ayant pris soin de se mettre en focale 80 mm…

              Bien sûr, on arrive sans mal à retirer les lentilles avant du groupe mobile. Et hélas, ce que l’on craignait est arrivé, un bloc collé a un début de contamination de la colle.

              Nous voyons ici les premières lentilles du groupe mobile et la dernière est un élément contenant deux lentilles collées.  Un début de contamination apparait quand on regarde la lentille en éclairage rasant. (Le défaut est pratiquement invisible sur notre photo).  Vous pouvez frotter pendant des heures avec un chiffon doux imbibé d’alcool à 90°, rien n’y ferra,  le défaut restera. Toutefois, celui-ci est très peu visible et ne sera pas non plus visible sur vos photos. Par contre, les lentilles avaient bien besoin de ce nettoyage. Le groupe arrière a lui aussi été démonté et cela n’apportera  pas de nouveaux éléments à notre article. Toutefois, comme la contamination était très réduite, j’ai utilisé un autre objectif qui avait la même maladie comme exemple.

Sur ce zoom MAMIYA, on peut voir en périphérie de lentille des traces, comme un effet de bulles de savon. La formule optique utilisée pour ce zoom inclut des lentilles  collées dès le groupe avant. Il n’est pas encore bon pour la poubelle car ces traces ne recouvrent pas la totalité de la lentille frontale. Je le testerai un jour, en le comparant à un objectif sain.

              Passons au remontage…Prenez soin de mettre un peu (j’ai dit vraiment un peu) de graisse silicone sur les filetages, cela sera bien plus facile à remonter et protégera les filetages de la corrosion. Bien évidement, le remontage se fait dans l’ordre inverse du démontage et vous veillerez à ne pas remettre une lentille à l’envers !  (Ne riez pas, cela peut facilement vous arriver car personne n’aurait l’idée de mettre des repères au marqueur indélébile sur ces précieux et fragiles éléments !). Nous arrivons au dernier remontage, le groupe avant qui règle la mise au point…

              Ne le fixer pas encore, vous DEVEZ le régler en position.  Pour ce faire, il vous faudra un boitier (Ici, un CANON AV-1) et une vision sur le monde extérieur.  En mettant la focale 210 mm et la position infinie  pour la mise au point, vous regardez par votre fenêtre l’objet qui se situe le plus loin. Bien évidement, le télémètre vous dira certainement que la mise au point n’est pas faite.  Plutôt que de tourner la bague de mise au point, c’est le groupe avant que vous allez tourner de manière à être en accord avec le télémètre. Quand tout le monde est d’accord, vous pouvez passer au serrage des trois vis de fixation.

Le CANON AV-1 nous servira à faire le dernier réglage, celui de la mise au point à l’infini.

              Ce dernier réglage fait, les trois dernières  vis serrées,  votre zoom est prêt à reprendre du service pour quelques décennies…

Voilà un nouvel objectif sauvé grâce à l’ingéniosité d’Olivier.

Je vous avoue qu’il m’a fait peur avec son « tournevis à bague frontale ». Pour ma part, lorsque je dois démonter certaines pièces, j’utilise un spanner, un outil réglable prévu pour ce type de démontage (environ 15€ sur les grands sites de vente).

Quelques modèles différents de l’outil.

2 commentaires sur “Le Tamron 80 – 210 f3,8 – 4, une belle découverte, par Olivier.

  1. Bonjour JP…. Je te rassure, depuis cette dernière expérience, j’ai investi dans un spanner. Au début, je n’en avais jamais eu besoin car les filetages n’étaient pas oxydés. Mais depuis que je récupère des objectifs bien « sales », j’ai demandé à mon petit ami chinois s’il n’avait pas de spanner à me proposer…. Et il n’en a fourni un à 7 euro ! Bref, je suis d’accord avec toi…. C’est quand même mieux avec un spanner. Le prochain sur la liste est un 28 mm TAMRON f 2.5, qu’un vendeur du BONCOIN va m’envoyer pour 10 euro.

    • hihihi… comme je te le disais autre part, je me suis douté que tu investissais dans du bon matériel, mais ta démarche montre qu’avec un brin d’imagination on peut se sortir de bien des difficultés, en attendant mieux. Toutes mes amitiés Olivier.

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