Le Kodak Easy Load 35 KE 85

Vu le temps qu’il fait pour l’instant dans notre petit royaume, nous avions opté pour une brocante couverte, une fois n’est pas coutume, ce weekend.

Manque de bol, c’était aussi un « méga vide dressing » ! Finalement, il y avait plus de fringues que de brocanteurs. Mais j’ai quand même trouvé un petit appareil surprenant, un Kodak Easy Load 35, le modèle KE 85.

Un peu d’histoire :

Ah, quand on parle de Kodak, il est impossible de ne pas faire un tour dans l’histoire édifiante de la marque et de son fondateur, Georges Eastman. Mais je vais (essayer d’)être rapide et concis.

Le trait de génie de Georges Eastman se résume en un slogan publicitaire, qui a fait le tour de la terre : « You press the button, we do the rest » qui, en bon français, se traduit par « vous appuyez sur le bouton, nous nous occupons du reste ».

Source : histoire des inventions

Si, à l’origine la société Eastman Dry Plate Cie commercialise des plaques en verres « prêtes à l’emploi », son fondateur, Georges Eastman (1854 – 1932) pense à simplifier encore la méthode de prise de vue. John Carbutt, un employé de la firme propose d’utiliser le celluloïd (nitrate de cellulose) pour coucher l’émulsion. Ainsi nait le premier support souple, en 1888.

La société, basée aux USA, se lance en Europe avec des comptoirs en France et en Grande-Bretagne. Plus tard, ces trois pays développeront leurs propres produits Kodak, mais c’est une autre histoire.

Dans la foulée de cette invention du film souple, Eastman invente le concept de l’appareil préchargé : pour 25$ de l’époque, vous achetiez un appareil (un box) chargé d’un film pour 100 vues. Lorsque le film était terminé, vous renvoyiez l’appareil et le film chez Kodak, qui développait les négatifs et rechargeait l’appareil d’un nouveau film de 100 vues, tout ça pour 2$. Vous n’aviez plus qu’à faire faire les agrandissements ou les tirages.

Source : le chronoscaphe. Le Kodak n° 1, qui était chargé d’un film de 100 vues.

Au fait, pourquoi « Kodak » ? Ce nom ne veut rien dire mais il peut se prononcer de la même façon partout dans le monde. Une autre idée géniale de Georges Eastman. Ce nom apparait en 1888, lors du lancement des premiers appareils photo.

Le film souple est une révolution qui permettra à Thomas Edison et William Kennedy Laurie Dickson de créer la première caméra cinématographique, le kinétographe (1891).

En 1898 apparait le premier appareil de poche à soufflet, le Folding Pocket Kodak, qui utilise un film de 57x82mm (le film 102 qui sera longtemps la référence).

Toute l’histoire de la marque est faite d’inventions qui tendent à simplifier la vie du photographe amateur – les plus nombreux sur le marché – car Georges Eastman voulait que la photographie soit « aussi simple qu’un crayon » :

  • création du Brownie (1900), le premier appareil que l’on charge et décharge soi-même, vendu à un prix très démocratique – 1$ (c’est lui qui a vraiment démocratisé la photographie dans le monde) avec un film à 15 cents
  • apparition du film 120, une bobine de film entourée d’un papier qui la protège, à l’occasion de la sortie du Brownie n°2, qui était le vingtième appareil de la marque, d’où l’appellation 1-20 (1901)
  • le nitrate de cellulose, très inflammable, est remplacée par l’acétate de cellulose (1908)
  • invention du film 135 par Oskar Barnac, le film ciné mis à l’horizontale pour être utilisé dans son appareil Leica, que Kodak reprend et magnifie
  • le film doit être simple à mettre en place, ce qui entrainera la création de la bobine fabriquée industriellement (1934) et jetable
  • 1935, invention de la pellicule couleur, la Kodachrome
  • création de la cassette en 126 (1963) : elle contient le film qui ne doit plus être chargé dans l’appareil; diffusion massive des Instamatic, les appareils prévus pour son utilisation
  • création du format 110 (1972), une cassette plus petite pour les appareils dits « pockets »
  • Kodak ira ensuite se fourvoyer avec les Kodak Disc, un disque qui porte 15 négatifs de 10x8mm (1981)
  • et il récidivera plus tard avec le film APS (1996) et ses Adventix

Voilà, en gros, ce qui peut être retenu de la riche histoire de la marque. J’ai volontairement omis ses déboires avec Polaroïd et son raté dans le numérique, dont elle était pourtant pionnière.

In fine, deux choses sont importantes : le film en 135, ou 24x36mm et le film 120, toujours produits et utilisés.

Présentation du Kodak Easy Load 35 KE85 :

Quand j’ai manipulé celui-ci pour la première fois, ce qui m’a sauté aux yeux, c’est l’esprit « Easy load », « facile à charger » en français, cher à la marque.

Les Kodak Easy Load ont vu le jour à la fin des années nonante et seront fabriqué pour Kodak en Chine.

Ils se déclinent en plusieurs modèles, du Easy Load au Easy Load KE115. Vous vous en doutez, le nombre désigne la capacité de l’objectif. Certains étant des « fix-focus », d’autres des appareils avec un zoom. Ils s’appelaient Easy Load KE20, 35, 50, 60 pour les fix focus et KE 85 ou 115 pour les zoom.

Cette gamme s’adresse essentiellement aux familles, pour les vacances ou les petits évènements de tous les jours.

Ce KE 85 possède donc un zoom de 38 à 85mm et un objectifs Ektanar en 6 éléments qui ouvre à f3,8 à 38mm et f8,5 à 85mm.

Si vous le regardez par derrière, il y a un petit panneau LCD. C’est là que vous allez pouvoir régler ses différentes fonctions, très simples :

  • le réglage du flash, respectivement automatique avec réduction des yeux rouges, sans réduction, fill in (pour les contre-jours), flash éteint, vue nocturne avec ou sans flash
  • les modes, qui annule le flash avec réduction yeux rouges, active la fonction portrait avec réduction, portrait de près
  • le réglage du retardateur

Des fonctions somme toute classiques pour l’époque.

Là où l’appareil se distingue, c’est par la facilité offerte pour le chargement du film. Kodak fait très fort.

Après avoir déverrouillé la porté arrière avec le gros loquet marqué « open », vous découvrez un morceau de la chambre : celle réservée à la place de la bobine.

Ma première réaction en voyant cela a été de me dire : « et pourtant ce n’est pas un APS ! »

En fait, c’est assez malin : pour éviter que l’on introduise mal le film, il suffit de placer la bobine avec un bout d’amorce sortie, de glisser celle-ci dans la fente prévue à cette effet et de refermer l’appareil. Non seulement il va lire le code DX (sensibilité des films) mais il va amener la pellicule à la première photo, sans aucun intervention du photographe.

L’avantage de cette manière de faire, outre qu’elle simplifie à l’extrême le chargement, permet encore de protéger le film en cas d’ouverture inopinée de la porte car la majeure partie de celui-ci est enroulé dans une chambre noire et étanche. Une sécurité supplémentaire vous empêche d’ouvrir le compartiment tant que le film n’est pas complètement revenu dans la bobine.

Et vous pouvez rembobiner préventivement le film, au cas où (petit bouton « rewind »).

Attention : tant qu’il n’y a pas de film dans l’appareil, il est impossible de déclencher et faire jouer le zoom.

Bon, vous avez mis une pile CR2 dans le compartiment, vous avez chargé un film, voyons comment l’appareil fonctionne.

L’œil au viseur, vous découvrez un cercle au milieu et deux lignes brillantes au dessus.

Le cercle est celui de la mise au point, que vous pouvez mémoriser en appuyant à mi-course le déclencheur (et donc déplacer le point ensuite).

La mise au point commence à 60cm et si un sujet est entre cette distance et 90 cm, n’oubliez pas de cadrer avec les lignes brillantes, qui sont l’indication de la correction de la parallaxe.

Si vous devez utiliser le zoom, c’est en manipulant la touche marquée d’un arbre (près) ou d’une rangée d’arbres (loin).

Le zoom se rétracte automatiquement après 4 minutes, lorsque le boitier se met en veille.

Une petite diode, près de l’oculaire, vous indique si le flash est chargé et que vous pouvez prendre la photo si celui-ci était utile.

Pour le reste, je vous renvoie au mode d’emploi (en trois langues dont le français) que vous pouvez télécharger ci-dessous.

Finalement, que penser de ce Kodak Easy Load 35 KE 85 ?

Pour tout vous dire, je reste mitigé …

Retenons la facilité d’emploi, les fonctions utiles, la manipulation aisée des boutons et de l’appareil.

Mais l’ensemble fait terriblement plastique !

D’autres de cette époque le sont aussi mais ils donnent quand même le sentiment de tenir quelque chose en main, avec un certain poids et un sentiment de solidité que je ne retrouve pas ici. Même si tout est bien assemblé.

Ensuite, Kodak n’a plus l’aura de ses débuts et face aux concurrents japonais surtout, il fait « cheap » (bon marché). Notons que c’est le but recherché : un appareil facile à utiliser, pas trop cher.

Mais ça manque de panache.

En résumé, si ce n’est pas un mauvais appareil, vous devriez pouvoir l’acheter pour 15€ maximum et en être très content.

Pas mauvais, écrivais-je, ce que vous pouvez constater avec les exemples de photos captées avec cet appareil LA.

Videos d’illustration :

Des données techniques :

Pour le mode d’emploi, c’est par ICI.

Des références :

https://retrospekt.com/products/kodak-easy-load-35-ke85-35mm-point-and-shoot-film-camera, http://camera-wiki.org/wiki/Kodak_EasyLoad_35_KE85, https://collectiblend.com/Cameras/Kodak-Eastman/Easy-Load-35-KE85.html, https://filmphotography.eu/en/kodak-easyload-35-ke50/, https://www.sinagcameras.com/products/kodak-easy-load-35, https://www.kodak.com/en/motion/page/chronology-of-film/, https://www.kodak.com/en/company/page/photography-history/, en anglais ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Kodak, https://www.histoiredesinventions.com/2016-11-03-1888-le-premier-kodak-de-georges-estman/, https://lechronoscaphe.com/les-premiers-films-kodak-une-nouvelle-ere-photographique/, https://phototrend.fr/2020/12/kodak-ascension-chute-empire-photo/, https://www.lomography.fr/magazine/352036-le-120-l-histoire-et-les-caracteristiques-du-moyen-format, en français.

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